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lundi 14 juin 2010

Projet "Théâtre à l'école"

Une séquence de représentation de la première des deux troupes du Lycée Montaigne ayant joué La nuit de Valognes (Photo de Jessica Vuillaume)




Représentation de La nuit de Valognes au Centre culturel français de Cotonou




Un don juan à la Eric–Emmanuel Schmitt




Jouée les 25 et 26 mai dans le cadre du projet Théâtre à l’école, par les élèves du lycée français Montaigne, la pièce, La nuit de Valognes, présente Don Juan selon l’imagination de l’auteur belge, Eric-Emmanuel Schmit.




Personnage mythique de la littérature française du 17e siècle, Don juan reste un mythe qui a toujours inspiré les écrivains, un personnage qui a d’ailleurs rendu célèbres plusieurs auteurs dont Molière. A l’époque, d’autres auteurs à l’image du belge Eric-Emmanuel Schmit reprennent le personnage, là où Molière l’avait laissé : aux portes de l’enfer. Cela donne la pièce, La nuit de Valognes. Une dramaturgie qui laisse assez de place à l’humour. Dans La nuit de valognes, Don Juan se retrouve face à cinq de ses anciennes victimes, des femmes qu’il avait "abusées" et abandonnées. Des femmes qui, pour se venger, de celui qui les avait trompées toutes, ont décidé de lui intenter un procès. Un procès dans une cour constituée par elles et dont le verdict, comme on peut s’y attendre, est défavorable à Don Juan. Au célèbre papillon qui voyage de femme en femme, 1003 en Espagne, 100 en France, etc., il fut ordonné de ne s’attacher qu’à une seule désignée par la cour et de se résoudre au mariage avec elle, c'st-à-dire la propre nièce de l'initiatrice du procès. Ne pouvant subir un tel emprisonnement, Don Juan se donne la mort.
Dans un décor simple et sur une mise en scène d'Yvon Levagueresse, les élèves de l’option "Théâtre" du Lycée Montaigne ont réussi à faire aimer la pièce au public composé essentiellement de parents d’élèves et de responsables de cet établissement. En témoignent la réaction de quelques-uns d’entre eux pour qui le spectacle aura été très folichon. Cette pièce, jouée mardi 25 et mercredi 26 mai, selon respectivement deux troupes différentes du même Lycée, a été la première d’une série de trois œuvres prévues pour être représentées dans le cadre du Projet "Théâtre à l’école", initié par l’association Arts vagbonds Rézo Afrik Bénin, dirigée par le comédien béninois, Christel Gbaguidi. Les deux autres pièces ont été Certifié Sincère de Florent Couao-Zotti, écrivain béninois et L’Avare de Molière. Elles ont été respectivement interprétées par les collèges Père Aupiais de Cotonou et le Collège d'enseignement général de Godomey.




Alban Codjia

lundi 26 avril 2010

Projet "Théâtre à l'école"

Alougbine Dine, Directeur de l'Ecole internationale de théâtre du Bénin (Eitb)





Déroulement du Projet "Théâtre à l'école"







Christel Gbaguidi introduit une dimension instructive et ludique


Démarré depuis le 29 mars dernier, le Projet "Théâtre à l'école", initié par le jeune comédien béninois, Christel Gbaguidi, et soutenu par le Service de coopération et d'action culturelle de l'Ambassade de France, a connu plusieurs étapes, notamment la participation des élèves des collèges impliqués et de leurs parents au Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). Et, pour l'enrichir davantage, son promoteur a organisé et tenu le samedi 17 avril dernier un après-midi distractif qui s'est achevé à 19 heures : la visite de l'Ecole internationale de théâtre du Bénin (Eitb), créée par Alougbine Dine.


Ce samedi 17 avril dans l'après-midi, le départ est prévu pour 14 heures, devant le Lycée Montaigne. Lorsque les retardataires rejoignent le groupe des premiers venus qui sont les élèves des troupes théâtrales des établissements Père Aupiais et Montaigne, on prend le départ, les jeunes participants au Projet du Ceg Godomey sont embarqués dans un autre parcours et fusionneront avec le groupe au point d'arrivée : l'Ecole internationale de théâtre du Bénin, situé à Togbin, sur l'itinéraire très balnéaire de la Route des pêches.
Dans l'un des véhicules où se trouve justement Christel Gbaguidi, celui-ci m'explique : "Il est important de mettre un aspect ludique dans toute activité pour que les acteurs décompressent, se décontractent et oublient la pression de la création". C'est donc dans ce contexte que s'inscrit cette visite de l'un des espaces phare du théâtre béninois et Christel, toujours, montre : "Des personnalités comme Alougbine Dine, ce n'est pas à leur mort qu'on va leur rendre hommage, il faut le faire de leur vivant. D'ailleurs, j'appartiens à la première promotion qu'il a formée à l'Eitb, et je me devais de lui rendre cet hommage, de permettre aux jeunes qui s'intéressent au théâtre de découvrir son histoire et les grandes figures qui l'animent au Bénin".
C'est ainsi parti pour quelques petites heures de brassage où un peu plus d'une trentaine de collégiens et de lycéens, des apprentis acteurs venus de trois horizons différents mais partageant une même passion pour le théâtre, vont se fondre dans une même tournée. Participaient aussi à l'aventure, notamment, Yvon Le Vagueresse, professeur-encadreur de la troupe du Lycée Montaigne, Patrice Tomédé, alias Pat'ace, le styliste chargé de la confection des costumes de scène des acteurs de Montaigne et du Collège Godomey.





A l'Eitb





C'est un Alougbine Dine d'une grande simplicité qui reçoit ses hôtes. Sans formalité particulière, il les introduit dans l'univers de l'Eitb par la grande salle de répétition qu'il annonce et qu'il fait visiter. Une seule formalité à accomplir : se déchausser pour évoluer dans un milieu auquel il faut conférer le prestige d'un temple de la conception créatrice de plusieurs dizaines d'acteurs qui sont passés par là. Quelque part dans l'aile droite, une table sur laquelle se trouvent exposés plusieurs instruments traditionnels de musique qu'Alougbine fait intervenir parfois dans la mise en scène de ses pièces. Explications aux visiteurs des caractéristiques des plus remarquables d'entre eux.



Alougbine Dine, avec ses jeunes hôtes, autour des instruments traditionnels de musique







La grande salle de répétition débouche sur une certaine terrasse au dehors, qui a une histoire légendaire : la pose de la dalle, à la construction de cette terrasse, sur une pièce de monnaie. Tout un symbole d'arrachement de la prospérité au futur.


Alougbine Dine, en jaune, au centre, et ses hôtes sur la terrasse, dans l'arrière-cour de l'Eitb




Tout cet état des lieux fait, c'est maintenant l'étape des confidences avec Alougbine Dine.
Assis à même le sol propre de la grande salle de répétition, entouré de l'ensemble de ses jeunes visiteurs silencieux de curiosité, tel un conteur, il narre ses vingt années d'existence dans le théâtre avant de commencer à en jouir, il narre, il ne fait que narrer, narrer, narrer tout sur sa vie tant convoitée par les jeunes, du début jusqu'à maintenant, du refus de ses parents de le voir faire carrière dans l'art dramatique et à en vivre jusqu'à aujourd'hui où il est reconnu et vit allègrement d'une profession très controversée qu'il assume, de ses misères de jeune ambitieux de faire du théâtre et de ce pragmatique décorateur de scène et d'artiste-peintre, à ce grand expérimenté de 58 ans ayant roulé sa bosse d'ancien exilé du régime Prpb, entre autres, au Gabon, de ce talent africain ayant conquis son premier grand marché de décoration d'une valeur de six millions de francs au Bénin dans les années 1979-1980, à ce père de quatre garçons dont l'aîné a huit ans et demie, de ce fondateur de la célèbre troupe Zama-Hara et formateur du feu grand Joseph Kpogbly, à l'initiateur de l'Ecole internationale de théâtre du Bénin, notamment, Alougbine Dine ne laisse rien traîner de lui, suscitant spontanément sentiments divers : admiration, respect, curiosité, satisfaction, ...



Alougbine, entouré par les élèves à qui il raconte ses aventures, ses différentes expériences, parfois difficiles, dans le théâtre.









Abreuvés du parcours profondément instructif de la grande icône du théâtre béninois, Alougbine Dine, et remontés par un casse-croûte rapide, les jeunes visiteurs prennent congé de lui, appelés à une brève escale sur un autre site culturel. Dans les voitures, nécessité de faire réussir le brassage entre les établissements impliqués dans le Projet. Christel procède au repositionnement des locataires : il faut se frotter à l'autre et goûter à l'ambiance des taxis non climatisés. Expérience engageante pour bon nombre des déplacés.




L'au-revoir d'Alougbine Dine à ses hôtes ...





Vers un vernissage ...



L'étape Eitb franchie, cap vers un centre de loisirs, en remontant de l'Ecole vers Fidjrossè, toujours sur le littoral ; il y a intérêt à être à l'exposition "Remous" qui a cours jusqu'au 1er mai ; elle est de Sophie Négrier, Jessica Vuillaume et Marius Dansou, trois encadreurs des jeunes acteurs du Projet "Théâtre à l'école", dans la catégorie "Photographie" ; les deux premières présentent justement des images prises sur l'itinéraire de la Route des pêches et, le troisième expose cinq pièces de masques en bois de pirogues : ce sont des visages de pêcheurs de la fameuse Route. Prise de contact entre les jeunes et les trois exposants, quelques questions sur l'expo, des réponses rapides, regroupement et concentration pour une photo de famille. Voilà qui sonne le retour vers Fidjrossè et, progressivement, le Lycée Montaigne, point de ralliement et de dispersion vers les domiciles individuels.





Photo de famille des jeunes collégiens et lycéens du Projet avec les exposants Marius Dansou (en chemise carrelée, à gauche), Sophie Négrier et Jessica Vuillaume (les deux femmes blanches en bas, à gauche)





Très prochainement ...




Le Café littéraire du 15 mai 2010 à l'auditorium du Centre culturel français de Cotonou : prochaine manifestation du Projet "Théâtre à l'école" entré dans sa phase active depuis le 29 mars 2010, grâce à l'appui du Service de Coopération et d'action culturelle (Scac) de l'Ambassade de France près le Bénin. Ce Café se déroule entre 16h30 et 18h, sous la forme d'une discussion autour des trois oeuvres théâtrales devant faire l'objet de la représentation de chacun des trois établissements du Projet, plus précisement L'avare de Molière, Certifié sincère de Florent Couao-Zotti et La nuit de Valognes d'Eric-Emmanuel Schmidt. Ce sera avec le modérateur Yvon Le Vagueresse qui s'entretiendra avec justement Florent Couao-Zotti et Tola Koukoui. Bien avant cette étape, les jeunes collégiens acteurs auront visité le Ccf à 16h.



Marcel Kpogodo

jeudi 25 mars 2010

Initiatives culturelles au Bénin

Christel Gbaguidi, en plein jeu scénique, dans la pièce "L'exception et la règle" de Bertolt Brecht
Bientôt à Cotonou
Lancement du projet "Théâtre à l'école"
Dans les tout prochains jours, l'univers du théâtre béninois va s'enrichir d'un projet d'une importance capitale pour le développement de l'art dramatique en milieu scolaire. A l'occasion d'une causerie avec quelques journalistes culturels, Christel Gbaguidi, Président de l'Association "Arts Vagabonds Rezo Afrik Bénin", a accepté de parler de cette initiative.
La date du 29 mars 2010 est celle qu'il faut retenir pour le lancement de ce projet qui est intitulé "Théâtre à l'école". En partenariat avec le Service de coopération et d'action culturelle (Scac) de l'Ambassade de la France près le Bénin, il est justement mis en place par l'Association "Arts Vagabonds Rezo Afrik Bénin". Selon son Président, Christel Gbaguidi, il vise à établir un pont entre le lycée français Montaigne de Cotonou, le Ceg Godomey et le Collège catholique Père Aupiais, d'une part, et à travailler au retour du théâtre professionnel dans les écoles, les collèges et les lycées du Bénin, d'autre part. C'est dans cette optique que "Théâtre à l'école" se propose d'offrir une opportunité de création et de formation à au plus soixante jeunes collégiens issus des établissements scolaires précités. Concernant particulièrement le volet "Formation", l'Association "Arts Vagabonds Rezo Afrik Bénin" a prévu que ces stagiaires volontaires aient l'opportunité de s'investir à acquérir des connaissances pratiques dans plusieurs sous-secteurs liés au théâtre : la mise en scène, la décoration, les costumes, la photographie et la régie. Et, ce sont des professionnels concernant chacun de ces compartiments, qui seront chargés d'animer les ateliers, respectivement Patrtice Toton, Nathalie Hounvo-Yèkpè, Serge Zossou et Christel Gbaguidi aussi, pour la mise en scène, Christian Gbégnon et Marius Dansou, pour la décoration, Pamela Houénoudé et Patrice Tomédé, pour les costumes, Jessica Vuillaume et Sophie Négrier, pour la photographie et, enfin, Jean-Claude Ouangbey, pour la régie générale.
Les autres points focaux du programme
A en croire Christel Gbaguidi, ce projet qui démarre le 29 prochain va permettre aux élèves du lycée Montaigne, des collèges Godomey et Père Aupiais de travailler pendant quatre mois sur la mise en scène de trois pièces dont chacune est spécifiquement affectée à chacun des établissements pour être jouée : L'avare de Molière, pour le compte du Ceg Godomey, Certifié sincère de Florent Couao-Zotti, pour Père Aupiais, et La nuit de Valognes d'Eric-Emmanuel Schmidt, pour Montaigne. Par ailleurs, le stratégique travail de la compréhension globale de ces différents ouvrages sera réalisé en faveur des élèves participants par les professeurs Yvon Le Vagueresse et Dieudonné Adingbossou, exerçant respectivement à Montaigne et à Aupiais.
Pour ce qui est du déroulement proprement dit du Projet, Christel Gbaguidi précise des dates clés : du 29 mars au 07 avril, la visite d'échanges entre les lycées et collèges sur fond de participation des élèves volontaires des trois collèges au Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) dont les manifestations démarrent le 27, le 10 avril, la tenue au Centre culturel français de Cotonou d'un café littéraire et la visite des locaux de cette institution par les élèves stagiaires, le 17 avril, la découverte par tout le groupe de l'Ecole internationale de théâtre du Bénin (Eitb) d'Alougbine Dine et la discussion avec ce grand nom du théâtre béninois sur la pièce Le médecin malgré lui, qu'il va faire jouer au Fitheb. En outre, les 26, 27 et 28 mai, il est prévu la représentation des spectacles préparés par les élèves au Ccf et dans certains établissements scolaires. Entre temps, ces stagiaires en théâtre auront tourné des séances vidéo avec l'autre célébrité, Tola Koukoui. Et, le Projet s'achève, entre autres, par la réalisation d'un Livret d'information devant témoigner de l'initiative.
Des perspectives de l'événement
Christel Gbaguidi, dans son exposé, a expliqué que le Projet "Théâtre à l'école" est pilote. S'il s'y donne pour mission de rehausser le prestige du théâtre béninois, il entend le pérenniser, avec des éditions prochaines qui vont voir s'élargir le nombre des établissements participants. Les pouvoirs publics béninois devraient s'approprier cette initiative, vu, d'une part, qu'elle permet à la génération apprenante actuelle de combler le vide en activités de formation additive à l'édification intellectuelle de cette jeunesse, et qu'elle augmente le nombre de cordes professionnelles des jeunes adhérents au Projet, des cordes qui leur seront utiles lorsqu'ils auront fini leurs études et qu'ils se trouveront confrontés au monde de l'emploi. Christel Gbaguidi aura donc contribué à susciter et à développer la vocation des jeunes pour le théâtre.
Marcel Kpogodo

vendredi 12 mars 2010

Théâtre au Ccf de Cotonou

Philippe Adrien, face aux journalistes

Spectacle au Ccf de Cotonou ce weekend
Philippe Adrien parle de la pièce "Rêver à Cotonou"
"Rêver à Cotonou" est une pièce de théâtre d'un genre particulier qui sera représentée les vendredi 12 et samedi 13 mars 2010 au Centre culturel français de Cotonou. Le Français Philippe Adrien, qui en est le metteur en scène, montre l'ancrage de cette création dans l'univers du rêve.
Premier élément d'originalité: "Rêver à Cotonou" est un spectacle déambulatoire, ce qui suppose que les spectateurs seront amenés à se déplacer d'un point à un autre. Plus précisément, ils iront, notamment, au sein du Centre culturel français, de la scène au bar, en passant par la paillotte et, quelque part sur le parcours sera visualisable la vidéo de l'artiste béninois Totché, qui est un film monté en boucle. A en croire Philippe Adrien, la mobilité de la pièce se justifie par la nécessité de "déshabituer les spectateurs", de leur faire "voir autre chose"; il affirme, en outre, que ''l'idée de ce parcours est cohérente avec le rêve où il faut sans cesse décaler." Et, dans cette vague d'anticonformisme de la mise en scène s'inscrit le second facteur d'originalité: la pièce elle-même est une pratique initiatique de l'univers du rêve! Selon Philippe Adrien, "Rêver à Cotonou" donne lieu à un ''traitement scénique des rêves''.
Pour une pièce qui sera jouée lors du prochain Festival international du théâtre du Bénin (Fitheb), il s'agit d'un jeu fondé sur un maximum de quinze rêves sélectionnés parmi près d'une cinquantaine, des rêves faits par des comédiens, collectionnés par ceux-ci auprès de leurs amis, de leurs connaissances, en général, des rêves racontés, scénarisés et mis en scène, avec le concours de deux personnalités d'une importance capitale: Rémi Secret, Directeur du Centre culturel français, avec l'engagement et la collaboration de qui l'idée de représentation de rêves au théâtre est née et s'est vue concrétisée par Philippe Adrien appelé à cette oeuvre. Deuxièmement, le metteur en scène laisse entendre que Gustave Akakpo, écrivain togolais de pièces de théâtre, a joué une partition fondamentale, celle du traitement des rêves collectionnés, un cru que lui aussi a contribué à enrichir de ses propres rêves. En ce qui concerne les langues de la pièce, les spectateurs entendront du fon et français, et "des langues inventées", pour des rêves dont le contenu étonne Philippe Adrien, de par les thèmes typiquement béninois: l'argent, le sexe et la mort. Donc, ce sont des rêves qui vont permettre d'entendre "des malheurs, des misères, des vérités contradictoires, paradoxales, dérangeantes ... " Ils donneront l'occasion aux spectateurs d'entrer en contact avec l'inconscient des Béninois, s'inscrivant dans une problématique globale qui matérialise la manière dont les Africians vivent la question de l'ailleurs, la manière dont les Béninois entendent les rapports Nord-Sud.
Le fond de la préparation
Pour Philippe Adrien, il a fallu une dizaine de jours de stage, qu'il a passés à l'Ecole internationale de théâtre du Bénin (Eitb) d'Alougbine Dine, à former treize comédiens béninois qui ne sont plus des inconnus. Parmi eux, Jean-Louis Kédagni, Charelle Hounvo, Tonton Mass, Alfred Fadonougbo, Florisse Adjanohoun, Carole Lokossou, Guy Kpohento, Didier Nassègandé et Fidèle Anato. D'autres noms très influents du monde artistique béninois ont apporté leur pierre à l'édifice de l'oeuvre, tous autres domaines confondus, entre autres, le musicien Eric Thomson, le plasticien Dominique Zinkpè, le producteur et réalisateur Claude Balogoun et le spécialiste de vidéos Totché. Grâce à tout ce beau monde, Philippe Adrien, Diresteur du "Théâtre de la tempête", Professeur de théâtre et d'interprétation au Conservatoire national de Paris, qui se réjouit d'avoir travaillé avec des artistes béninois, promet: les spectateurs "vont avoir quelque chose à démêler, ils auront à démêler des sensations, ils auront des surprises". Reste alors à aller voir cette pièce, de quoi constater si les fruits vont tenir la promesse des fleurs.
Marcel kpogodo

mercredi 27 janvier 2010

Fitheb 2010

Pascal Wanou, Directeur du Fitheb


Passation de service au siège du Fitheb


Le nouveau Directeur, Pascal Wanou, sous pression


Les acteurs du théâtre et, un grand nombre du monde culturel, en général, se sont retrouvés à l'ex-Ciné Vog de Cotonou, le mardi 26 janvier 2010, afin d'assister à l'installation de Pascal Wanou, en tant que nouveau Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). A peine entré dans ses fonctions, il a le couteau sous la gorge.


Plusieurs défis sont laissés en héritage à Pascal Wanou, Directeur entrant du Fitheb. Selon Orden Alladatin, son prédecesseur, trois chantiers l'attendent : la poursuite des travaux de rénovation du siège de l'institution, l'apurement des dettes existant avant son propre mandat et la remise en fonction du site Internet du Fitheb, bloqué depuis septembre 2009. Mais, le plus pressant d'entre eux reste la tenue de la Xe édition de la manifestation internationale, ce que la personnalité du jour s'est engagée à respecter sans faillir, "à bonne date", c'est-à-dire, "entre fin mars et début avril", a-t-elle précisé. Conscient qu'il s'agit d'une course contre la montre, Pascal Wanou a appelé le Chef de l'Etat à s'impliquer personnellement dans l'organisation du Fitheb 2010, en prenant des mesures exceptionnelles de facilitation de décaissement des ressources financières. En effet, comme l'a souligné Orden Alladatin, en prenant la parole avant son successeur, le décaissement des fonds de fonctionnement du Fitheb par le Trésor public accuse, à chaque année d'organisation, une lenteur préjudiciable, ce qui crée d'énormes difficultés au déroulement des manifestations prévues et de la programmation des spectacles. Ainsi, Pascal Wanou attend de Boni Yayi de lui permettre d'économiser beaucoup de temps dans les procédures administratives de décaissement des fonds alloués au Fitheb.

Plusieurs cadres du Ministère de la Culture, de l'alphabétisation et de la promotion des langues nationales ayant fait le déplacement de l'installation, il est à espérer que l'appel de Pascal Wanou ne soit pas entré dans des oreilles de sourds. Cependant, il appartient au nouveau Directeur de garder langue avec son prédécesseur, de s'accrocher à lui, pour comprendre le secret de la tenue sans anicroches des Fitheb 2006 et 2008, malgré la persistance de la lenteur de décaissement par l'Etat de la subvention de la biennale. Ensuite, en dehors de la tenue "à bonne date" de l'édition de la présente année, il se doit de ne pas nous ramener en arrière, avec des partenaires du Fitheb grognant parce que non payés, des troupes bloquées à leur hôtel ou empêchées de prendre le départ de Cotonou après le Fitheb, pour des préalables non remplis, ou encore pour des fournisseurs qui vont vociférer sur les médias, ou pour des membres du Bureau du Fitheb qui s'entre-déchirent. Le défi de Pascal Wanou est titanesque, vu que les conditions de son élection n'ont pas été simples et qu'il doit organiser le Fitheb 2010 en deux mois ! Le sang froid qu'on lui connaît serait un de ses principaux atouts.



Marcel Kpogodo

mardi 26 janvier 2010

Patrice Toton 2010

Patrice Toton a de quoi être profondément heureux ...


Représentation de la pièce "Dans l'arène du fou" au CCF de Cotonou



Patrice Toton remporte un grand triomphe!


La pièce tant annoncée, "Dans l'arène du fou" a été jouée au Centre culturel français de Cotonou, dans la soirée du samedi 23 janvier 2010. Un grand public bien coloré a fortement applaudi Patrice Toton, à travers la prestation des acteurs qu'il a minutieusement choisis.


"Vive la presse! Vive la liberté d'expression! Je vous remercie." Ce sont les mots de gratitude par lesquels Patrice Toton a répondu aux applaudissements nourris d'un public, profondément acquis au jeu des acteurs, qui a duré un peu plus de soixante minutes. Le déroulement de la pièce "Dans l'arène du fou" a permis de comprendre qu'un point de presse donné par le ministre de l'intérieur informe l'opinion de l'évasion de M. Fata, un journaliste commandité, selon les dires de l'autorité, par le réseau terroriste Al-qaïda. Mais, le fugitif, ayant pris la place de son frère jumeau, un fou, et se faisant passer comme tel, échappe aux recherches de deux policiers et de son épouse. Entre temps, les deux premiers, attirés par la prime de 50 millions mis en jeu par le pouvoir pour la capture du journaliste, essaient, séparément et vainement, de s'entendre avec le faux fou pour la livraison de son frère, contre un certain pourcentage de l'argent. Par la suite, en lieu et place du président de la République dont la présence a été exigée par le fou pour révéler la cachette de son "frère", c'est le ministre de l'intérieur qui fait son apparition, pour mener, de main de maitre, la torture du fou, quand le membre du gouvernement, lui-même, est tué par l'un des deux policiers-gardes de corps, qui enlève aussi la vie à son collègue, membre des forces de l'ordre.

C'est une pièce mouvementée dès le début, qui a frappé le public ; l'un des journalistes, qui participe au point de presse donné par le ministre est logé devant, dans l'une des rangées du public, à la grande surprise de tous. Et, la tension qui monte, avec la fermeté du ministre et le ton contestataire du journaliste M. Je-sais-tout, baisse très peu au cours de la représentation, ce qui a l'avantage que le public s'ennuie très peu et qu'il rie à intervalles réguliers, suite à des répliques, surtout venant du fou, mettant en exergue des comiques de situation et des paradoxes décapants. En outre, le metteur en scène, pour marquer la présence sur scène d'une horde de journalistes participant, au point de presse, fait recours à un enregistrement sonore, de même que pour les coups de feu qui vont tuer, respectivement le ministre de l'intérieur et l'un des policiers. Un autre niveau de réussite de cette représentation reste le décor, purement pragmatique, où le fou, personnage central, est le mieux servi, de même que le ministre. Le second se voit pourvu, pour l'entretien qu'il donne au début de la pièce, d'un pupitre, surmonté de micros circonstantiellement fabriqués, émanant d'organes médiatiques, tandis que le premier garde la part du lion avec un périmètre réduit qui lui sert de dortoir, où nous trouvons, principalement, une chaise et des objets pêle-mêle dont des poupées ; là, nous sommes à droite de la scène, lorque nous lui faisons face. A gauche, on trouve un porte-manteau surmonté, de façon forterment visible, d'un ample boubou en bazin bleu ciel. Au centre, c'est une ouverture dont la porte est un tissu beige proportionnellement dimensionné, décoré par des motifs de lignes indigo. Patrice Toton a donc su utiliser, sur scène, juste ce dont il avait besoin pour faire réussir le jeu des acteurs. Quant au message de la pièce, il est assez fort et original, le premier qu'un homme de théâtre béninois ait fait passer, depuis de nombreuses années, pour aider les journalistes : la dépennalisation des délits de presse et la liberté d'expression du professionnel des médias dans notre pays. D'ailleurs, l'universalité de ce message se matérialise par l'évocation de noms forts de ce métier à hauts risques, tués en plein champ d'investigation, entre autres, Norbert Zongo, Jean Nérac, Jean Hélène. Par rapport aux acteurs, le spectateur n'a pas eu de mal à voir que, ayant été bien triés, chacun d'eux a donné le meilleur de lui-même, notamment, Didier Nassigandé ayant incarné le rôle du fou ; tout, à ce propos, est réussite chez lui : l'accoutrement, le déguisement, le naturel des propos et du jeu, la manifestation de la poésie de son âme, l'incarnation du personnage. Enfin, le happy end n'a pas été absent au rendez-vous : les mauvais, incarnés par le ministre et les policiers, sont punis, et les bons échappent à la spirale de la mort, c'est-à-dire le faux fou et le vrai journaliste dénonciateur, son épouse qui, en fin de compte, a montré qu'elle était effectivement décidée à le sauver, M. Je-sais-tout, notamment.

A travers "Dans l'arène du fou", Patrice Toton vient de réussir un nouveau grand coup de représentation, l'une de ses dernières, retentissante et inoubliable, étant la pièce "Je chausse du 45. Et toi?", jouée au Fitheb 2008.

Marcel Kpogodo

vendredi 4 septembre 2009

liberté de la presse: nouvelle création théâtrale au Bénin


A propos de la très prochaine représentation de sa nouvelle pièce sur la liberté de la presse



Patrice Toton : « […]Quand tu tues un journaliste, il en naîtra une vingtaine d’autres … »



La presse et les fondements de son exercice préoccupent plus d’un esprit aujourd’hui. Parallèlement, dans les prochains jours, le monde du théâtre béninois verra naître une pièce consacrée à la liberté de presse et au travail délicat des journalistes : Dans l’arène du fou. Son auteur, Patrice Toton, nous parle plus profondément de l’œuvre, à travers cette interview qu’il a bien voulu nous accorder.


Marcel Kpogodo : Bonjour Patrice Toton, tu es en train de travailler sur une nouvelle création intitulée Dans l’arène du fou, et qui est prévue pour être jouée courant décembre 2009. Peux-tu nous parler un peu de cette pièce ?


Patrice Toton : Bonjour Marcel. Je te remercie pour la question et pour l’intérêt que tu accordes à ma modeste personne. Je suis comédien, conteur et, par moments, j’essaie de faire de la mise en scène, puisque j’ai évolué, j’ai fait une école de théâtre, l’Ecole internationale de théâtre du Bénin, dirigée par Alougbine Dine. Sorti de cette école-là, il est important pour moi d’organiser une carrière dans laquelle la comédie a une place, le conte a une place, la mise en scène a aussi une place. Mais, dans mes nuits, dans mes insomnies, dans mes heures de distraction, dans mes heures de contemplation et de réflexion, je cogite un peu sur l’homme, sur les faits, sociaux, sur l’humanité, sur la tradition, sur l’histoire du monde, sur même l’histoire du théâtre. Et, ça me tente d’écrire quelques fois ; je n’écris pas forcément parce que je suis auteur, parce que je veux devenir grand auteur, mais j’écris pour traduire quelque chose, pour mettre sur papier ce que je sens, ce que je pense, pourvu que cela soit utile aux autres et à moi-même, à partir d’un certain moment.
Donc, c’est en faisant justement cela que j’ai réussi à écrire une pièce que j’ai titrée Dans l’arène du fou. Cette pièce, j’ai commencé à l’écrire depuis 2003 ; ça a connu des étapes, ça a été joué comme création ou spectacle test, sur le Festival d’Orden Alladatin en 2003 à Parakou. Après, j’ai repris une autre version, j’ai participé à des chantiers d’écriture à Cotonou, organisés par La Comédie de Saint-Etienne, j’ai repris encore une autre version et, en 2007, j’étais à Lomé, à un autre chantier d’écriture, organisé par La Comédie de Saint-Etienne et les Ecritures vagabondes, je crois, ou Escales d’écriture. A cet Atelier-là, j’ai encore travaillé sur la pièce avec le grand auteur, Slimane Benaïssa, qui est un Franco-algérien, qui m’a donné des consignes que j’ai exécutées et, enfin, j’ai une version plus ou moins finalisée de la pièce Dans l’arène du fou, que j’ai entrepris de mettre moi-même en scène, avec des comédiens professionnels béninois.


De quoi parle cette pièce ?



Je remonte dans le passé ; il y a un journaliste qui a été assassiné au Burkina Faso, qui s’appelle Norbert Zongo, en 1998, je crois bien. Ce fait de société m’a marqué, comme la mort de Sankara m’a marqué. Je ne suis pas révolutionnaire, mais je suis un admirateur de tous ceux qui se battent pour une cause commune, pour une cause noble. Et, je classe, moi, les journalistes dans cette catégorie d’hommes qui se sacrifient, qui donnent leur intelligence, qui donnent leur savoir à tout un peuple, à toute une nation, qui mettent leur vie au service du peuple. Donc, je suis sensible à ces personnes-là ; tout ce qu’ils font m’intéressent. Du coup, la mort de Norbert Zongo m’a marqué et j’ai décidé de contribuer à mettre fin aux sévices que subissent les journalistes, mais je voudrais donner mon opinion sur cet état de choses et montrer l’importance du journaliste dans une société démocratique, donc, montrer l’importance du quatrième pouvoir dans une société de droit. Alors, ma pièce est essentiellement axée sur cela, sur la protection du journaliste et sur l’enracinement de la démocratie. Dans cette pièce-là, je défends la cause des journalistes. Sans être trop dans de la sensibilisation, j’écris une pièce tout simplement, mais dans cette pièce, il est bien question de la dépénalisation des délits de presse, de la protection des journalistes, de la bonne gouvernance, de l’enracinement de la démocratie ; il est aussi bien question d’une pièce de qualité, au service d’une démocratie durable qui profite à tout le peuple.



Pouvons-nous avoir un petit résumé de la pièce ?



Il s’agit, dans cette pièce, d’une histoire très banale ; je raconte l’aventure d’un journaliste évadé de prison donc, un journaliste en cavale, qui est recherché par le gouvernement, parce qu’il détient des informations qu’il menace de publier, des informations top secret, des informations qui en diront beaucoup sur la mauvaise gouvernance, sur les crimes crapuleux du pouvoir, sur les détournements, sur les violations de la loi fondamentale, sur, également, le blanchiment d’argent, sur tout ce qui salit l’image de nos gouvernants, de nos Etats, de nos peuples, et qui les opposent, la plupart du temps, aux journalistes. Alors, ce journaliste évadé, pour rester en contact avec l’actualité, va prendre la place de son frère jumeau qui est un fou. Celui-ci avait érigé domicile dans un vieil immeuble que j’appelle l’arène du fou ; il va se substituer à son frère le fou qu’il ira cacher quelque part dans les égouts du Palais de la liberté, qui est en face du Palais de la République. Donc, il a pris la place du fou et il suit l’actualité. Comme le pouvoir s’est mis à la recherche du journaliste, il a appris qu’il est allé rendre visite à son frère le fou, avant de disparaître ; le fou est devenu très célèbre du fait que son frère journaliste lui aurait rendu visite. Les policiers, la femme du journaliste évadé, le pouvoir incarné par le ministre de l’intérieur et de la défense nationale, le représentant des journalistes, tout le monde sonne à la porte du fou qui est devenu, du coup, célèbre, sans que personne ne se rende qu’en fait le fou dont il s’agissait en ce moment-là, c’était le journaliste lui-même. On a découvert le pot-au-roses à la fin de la pièce qui bascule en drame ; le ministre a trouvé la mort, ainsi que l’un des policiers chargés de traquer le journaliste en cavale, un peu pour dire qu’il faut renouveler le pouvoir, qu’il faut que le pouvoir change de vision à l’endroit des journalistes et que le pouvoir, qui est un pouvoir oppresseur, doit partir et disparaître, pour que vive le pouvoir qui collabore avec le journaliste, qui lui tend la main. A la fin du spectacle, la dernière phrase est dite par le policier survivant, au journaliste et au porte-parole des journalistes : « Vous êtes libres, vous n’avez rien à craindre, le président ne viendra pas, vous êtes libres ». Donc, c’est une manière de dire : « Le pouvoir vous renouvelle toute sa confiance, le pouvoir vous renouvelle son attachement, le pouvoir comprend votre importance et, ensemble, nous allons œuvrer pour l’assainissement de la maison, pour la bonne gouvernance, pour que le peuple vive en paix et que les richesses du pays soient équitablement partagées entre tous ». C’est de cela que je parle.



Tu dis avoir entamé Dans l'arène du fou depuis 2003, mais on constate qu’elle est d’une réelle actualité …



C’est une bonne et belle coïncidence et cela va demeurer ainsi, parce que, je ne suis pas grand auteur, mais je pense que, pour qu’une œuvre théâtrale dure dans le temps, c’est qu’elle parle des événements présents, et continue de parler des événements futurs ; c’est ce que j’essaie de faire. Cette pièce parle, en général, de la liberté de presse, de la liberté d’expression, de la protection du journaliste, de l’enracinement de la démocratie, mais, ces questions ont été abordées depuis la nuit des temps, depuis les siècles passés par de grands auteurs : Victor Hugo parlait déjà de l’Etat de droit, de la libre expression et, on continuera de parler de cela, durant les années, les siècles qui vont venir. Il faut juste savoir aborder le sujet pour que cela reste universel, pour que cela reste un sujet de tous les temps. Et moi, c’est ce que j’ai essayé de faire. S’il plaît à Dieu – j’exagère, ce n’est pas une question de Dieu – mais, qu’il plaise au temps, cette pièce restera l’allié du temps, donc une pièce de tout le temps.



Peut-on dire que Dans l’arène du fou est une pièce de dénonciation ?



En partie, oui, dans la mesure où l’allusion est faite à beaucoup de crimes commis, comme la mort de Norbert Zongo, la disparition mystérieuse de Frédéric Nérac en Irak, l’assassinat crapuleux de Jean Hélène en Côte d’Ivoire, de Michel Congo en RDC, ainsi de suite. Donc, cette pièce fait allusion à tant de crimes, à tant d’actes crapuleux commis sur des personnes de journalistes, ce qui permet de dire que c’est une pièce de dénonciation. C’est aussi une pièce de vision, une pièce de révélation, une prophétie pour dire que, quel que soit ce qu’on fera à l’endroit de la presse, elle est immortelle, elle demeurera immortelle, et qu’il est juste de comprendre et d’accepter, malgré tout, que la presse constitue un quatrième pouvoir, et qu’il faut faire avec ; il faut conjuguer avec la presse, si on veut garder durablement l’Etat de droit, la démocratie. Si on veut cultiver effectivement la bonne gouvernance, il faut comprendre et accepter qu’on ne saurait arracher à tout un peuple la liberté d’expression. Parlant de liberté d’expression, les journalistes représentent donc vraiment cette liberté d’expression dans un Etat de droit.



Est-ce que tu penses te servir de cette pièce pour produire un impact réel sur la situation de la presse au Bénin ?



Justement, c’est pour cela que nous avons entrepris de monter cette pièce en ce moment précis, dans la mesure où, tout d’abord, le problème de liberté de presse reste un problème majeur au Bénin, puisqu’il n’y a pas d’année où on n’entend pas parler de répression sur les journalistes, de journalistes martelés, de journalistes emprisonnés. De deux, nous sommes presqu’en fin de mandat ; il sera question bientôt d’élections présidentielles et d’élections législatives couplées et tout cela interpelle la presse et le pouvoir. Vous connaissez autant que moi, en tant que journalistes, le comportement du pouvoir en ces moments sensibles, vous connaissez également l’engouement des journalistes en ces moments délicats. Nous sommes dans le besoin d’arbitrer, de dire : « Faites attention ! », nous sommes dans le besoin de solliciter une presse de qualité au service d’un pouvoir et d’un Etat conscients de l’importance de la presse, d’un Etat conscient de l’utilité de la presse au service de la démocratie, du développement, de l’Etat de droit. C’est très important pour nous de monter cette pièce en ce moment, de parler, à la fois, à la presse, aux organes de presse, aux journalistes, comme nous parlerons également au pouvoir en place, pour que la paix soit sauvegardée, pour que notre démocratie soit durable, pour que le quatrième pouvoir soit respecté et qu’il respecte le pouvoir exécutif, et que l’Exécutif respecte le quatrième pouvoir, et que le législatif soit impliqué et, élabore les lois. Comme nous parlons de dépénalisation, nous voulons l’interpeller aussi ; cette pièce va interpeller aussi le législatif pour lui dire le besoin d’élaborer des lois pour protéger les journalistes, dans un Etat de droit comme le nôtre. Nous avons tous besoin que la démocratie prospère, que le peuple prospère dans la paix et dans le partage des richesses nationales. C’est ce que nous pensons faire et c’est utile en ce moment.



Qu’en est-il de la distribution des rôles au niveau des acteurs ?



Cela est bien provisoire, puisque nous sommes encore en pleine réflexion autour du casting, quand bien même il est déjà très clair que la pièce sera montée. Il y a, en tout et pour tout, six personnages dans cette pièce et, vous pouvez être rassuré que ces rôles seront confiés à des comédiens professionnels qui ont déjà apporté plus d’une fois la preuve de leur talent, de leur ambition de continuer au théâtre, de continuer à faire du théâtre, d’évoluer dans le théâtre et de mettre leur talent au service de leur nation.
En plus des six comédiens qui vont interpréter les six personnages de la pièce, il y aura un septième acteur qui sera un musicien et qui va jouer du talking-drum, ce que nous appelons en nago le « guinguin » ; il va accompagner, à un moment donné, l’action du porte-parole des journalistes.



On connaît Patrice Toton comme l’un des acteurs béninois ayant une diction remarquable. Est-ce que tu penses interpréter l’un des six rôles de la pièce ?



Je ne crois pas, je ne crois pas. Ce n’est pas possible, parce que, tout simplement, on nous reproche déjà au Bénin, nous, acteurs, culturels, comédiens, d’embrasser beaucoup de choses à la fois. Quand bien même je trouve utile et nécessaire, à la limite, indispensable qu’on ait plusieurs cordes à son arc, il faut quand même tirer une seule corde à la fois. Du coup, je voudrais être à la mise en scène, je voudrais mettre ma vision de metteur en scène au service de cette création, et permettre à d’autres comédiens de s’exprimer en tant que tels et de mettre leur talent aussi au service de cette création.



Un dernier mot ?



Avant d’en arriver au dernier mot, nous allons encore en dire deux qui sont pour moi très importants. Le premier concerne l’utilité de notre théâtre ; il est important aujourd’hui qu’on croie en ce que font les hommes de théâtre, il faut croire que le théâtre constitue une discipline artistique noble, et que le théâtre doit cesser tout simplement, pour des pays comme le nôtre, d’être juste un objet de distraction et devenir un objet de développement ; il faudrait que le théâtre soit un théâtre utile, que notre théâtre parle, que notre théâtre touche durablement, que notre théâtre contribue à changer quelque chose au sein de notre société. Et, c’est vers ce type de théâtre que nous tendons, c’est ce type de théâtre que nous voulons offrir au peuple béninois, c’est un théâtre de développement, c’est un théâtre au service du peuple, au service de la nation ; c’est ce que notre association, l’association Katoulati s’évertuera à faire, dans les années à venir.
Le deuxième mot concerne la manière dont nous allons procéder pour réussir ce projet. C’est d’abord de remercier ceux qui collaborent déjà avec nous et qui croient en ce projet, comme le Ministère de la Culture, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales qui, à travers sa Direction du fonds d’aide à la culture, subventionne cette création, en nous accordant une aide substantielle qui nous permettra de supporter les charges de décor et de costumes. Mais, il reste beaucoup d’autres charges auxquelles nous allons faire face pour que ce projet soit une réussite. Alors, nous nous faisons d’office l’honneur d’y associer tous les organes de presse béninois, tous les journalistes béninois ; autant qu’ils se sentent utiles à quelque chose, qu’ils nous contactent et qu’ils apportent leur pierre à l’édifice, comme on le dit. Nous nous faisons l’honneur d’y associer aussi la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication, à travers son Président, le Ministère de la Communication et des nouvelles technologies, les Ambassades et toutes les structures qui se battent pour la liberté de presse et la protection du journaliste, et aussi pour l’enracinement de la démocratie. Que toutes ces structures retiennent que nous sommes ouverts pour collaborer avec elles et, d’office, leur nom est impliqué à ce projet qui est un projet utile pour notre peuple.
Pour finir, je voudrais dire que ce projet est celui de tout le peuple béninois, de la communauté internationale, de tous les journalistes et, comme nous l’avons su les qualifier dans cette pièce de théâtre, l’océan est trop petit pour les contenir ; nous voudrions aussi que le monde soit trop petit pour contenir cette pièce de théâtre, nous voudrions, comme nous l’avons décrit dans cette pièce, que la presse, quand on la tuera, quand on la détruira, elle se reconstituera dans les minutes qui vont suivre. C’est ce que nous avons dit dans la pièce : quand tu tues un journaliste, il en naîtra une vingtaine d’autres ; c’est comme cela que nous souhaiterions que les échos de cette pièce retentissent et ne cessent de retentir, parce que dès que ce projet est mis en ondes, dès que ce projet est mis sur la toile, il cesse d’être le nôtre, il devient le projet de la Haac, du Palais de la République, de l’Ambassade de France, du Centre culturel français, du Fitheb, du théâtre béninois, de tous les acteurs culturels béninois, de tous les organes de presse, de toutes les entreprises béninoises qui pourront se faire de la visibilité par cette action que nous qualifions de la plus grande action du théâtre en faveur de la presse béninoise et de la presse universelle. Nous n’allons pas arrêter de nous obstiner, nous n’allons pas arrêter de croire en la réussite de ce projet et, inch’Allah, ce sera ainsi.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo

Pour contacter Patrice TOTON :
Tél. : (00229) 97 607 209 / (00229) 93 260 388
E-mail : patotcool@yahoo.fr




mardi 1 septembre 2009

Nominés des Grands Prix Afrique du Théâtre Francophone 2009

Galiou Soglo, Ministre de la Culture du Bénin

Le vendredi 28 Août 2009, le Comité d’organisation des Grands Prix Afrique du Théâtre Francophone, lors d’une grande soirée de proclamation, qui a eu lieu au Théâtre de verdure du Centre Culturel Français de Lomé au Togo, a rendu publique la liste des 77 nominations, faites dans 14 catégories pour 14 Prix à décerner, au soir du Samedi 19 Décembre 2009 à Cotonou, lors d’un Gala spectacle. C’était sous la direction de Florent Couao-Zotti, Président du Jury.

Les catégories sont les suivantes : Meilleur Costume, Meilleur Lumière, Meilleur Metteur en scène, Meilleur Promoteur Culturel, Meilleure Comédienne, Meilleur Comédien, Meilleur Auteur, Meilleur Décor, Meilleure Scénographie, Meilleur Spectacle Elitiste, Meilleur Théâtre de Sensibilisation, Meilleur Média, Meilleur Humoriste et Meilleur Théâtre Populaire.

Il faut préciser que les nominés de l’édition 2009 proviennent de 20 pays africains et de 03 pays de la Diaspora : Algérie, Angleterre, Bénin, Burundi, Burkina Faso, Centrafrique, Cameroun, Comores, Côte d’Ivoire, Etats Unis, France, Sénégal, Madagascar, Gabon, Guinée Conakry, Guinée Equatoriale, Congo Brazzaville, Djibouti, Niger, Mali, Tchad, Tunisie et Togo.

A titre de rappel, les Grands Prix Afrique du Théâtre Francophone, sont comme les Oscars en France ; elles constituent des distinctions annuelles qui feront la promotion de leurs bénéficiaires, à l’échelle africaine et internationale.


En réalité, il s’agit d’une initiative de l’Association culturelle CBEOA, dirigée par le Béninois Euloge Béo-Aguiar.

Voici la liste des différents nominés :

1° Catégorie : Meilleur Metteur en scène

01
Minoungou Etienne : ‘’A la vie à la mort’’
Burkina Faso

02
Ildevert Méda et Luca Fusi : ‘’Le tigre’’
Burkina Faso

03
N’doye Ibrahima : ‘’L’hospitalité’’
Sénégal

04
Prince Bilau Yaya Georges : ‘’Héritage perdu de Mabi et Miko’’
France

05
Mwanbayi Kalengayi Alexandre : ensemble de ses oeuvres
RDC

06
Amoussa Koriko : ensemble de ses oeuvres
USA

07
Koubidina Alanda : ensemble de ses oeuvres
Togo



2° Catégorie : Meilleur Promoteur Culturel



01
Théâtre El Hamra : ensemble de ses oeuvres
Tunisie

02
FITHEGA : ensemble de ses oeuvres
Gabon



3° Catégorie : Meilleure Comédienne



01
Mme Sanogo Diarrah : ‘’Bougouniéré invite à dîner ‘’
Mali
02
Mme Ahogbédji Rachelle : ‘’Côté coeur ‘’
Bénin
03
Mme Wegang Nicaise Magloire : ‘’Qu’il en soit ainsi’’
Cameroun



4°Catégorie : Meilleur Auteur



01
Wegang Nicaise Magloire : ‘’Qu’il en soit ainsi’’
Cameroun
02
Mellal Arezki : ‘’Fada rive droite’’
Algérie
03
Fanou B. Marcel :’’Lorsque l’Afrique traduira l’Europe en justice’’
Bénin
04
N’diaye Alioune Ifra : ‘’Bougouniéré invite à dîner’’
Mali
05
Wilsi Akpéné Samuel :’’Le caleçon du roi’’
Togo
06
Malanda Mandounou Michel : ‘’Calibre 12’’
Congo Brazza



5° Catégorie : Meilleur Décor



01
Cie Falinga : ‘’A la vie à la mort’’
Burkina Faso
02
Cie l’oeil de Cyclone : ‘’Tatu ou la guerre du Che au Congo’’
Burkina Faso
03
CRESAS : Ensemble de ses oeuvres
Côte d’Ivoire
04
Malanda Mandounou Michel : ‘’Trente contre trois’’
Congo Brazza
05
Cie UNIVERSALISAPO : ‘’Héritage perdu de Mabi et Miko’’
France



6° Catégorie : Meilleur Comédien



01
Ernest Guy Kaho : ‘’L’enfer comme station balnéaire’’
Bénin
02
Sangaré Michel : ‘’Bougouniéré invite à dîner’’
Mali
03
Ouédane Wéssé-Kpamon Michel : ensemble de ses oeuvres
Centrafrique
04
Koubidina Alanda : ensemble de ses oeuvres
Togo
05
Dissaké Martin Alvarez : ‘’Le bal des coqesses’’
Cameroun
06
Ndoye Ibrahima : ‘’L’hospitalité’’
Sénégal
07
Prince Bilau Yaya Georges : ‘’Héritage perdu de Mabi et Miko’’
France
08
Tobachi Pastor : ‘’A petites pierres’’
Guinée Equatoriale



7° Catégorie : Meilleure Scénographie



01
EAC Les Muses : ensemble de ses oeuvres
Bénin
02
Cie Tam-tam : ensemble de ses oeuvres
RDC
03
CRESAS : ensemble de ses oeuvres
Côte d’Ivoire
04
L’oeil de Cyclone : ‘’Tatu ou la guerre du Ché au Congo’’
Burkina Faso



8° Catégorie : Meilleur Spectacle de recherche, élitiste, classique ou autre



01
L’oeil de Cyclone : ‘’L’oeil de cyclone’’
Burkina Faso
02
Cie Universalisapo : ‘’ ‘’Héritage perdu de Mabi et Miko’’
France
03
Cie Falinga : ‘’A la vie à la mort’’
Burkina Faso
04
Théâtre Evasion : ‘’Le tigre’’
Burkina Faso
05
Blonba Production : ‘’Bougouniéré invite à dîner’’
Mali
06
Association VEC : ‘’L’hospitalité’’
Sénégal
07
Cie Koz’art : ‘’L’ombre de mon propre vampire’’
Cameroun



9° Catégorie : Meilleur Théâtre de sensibilisation



01
Association VEC : ‘’Khakhatar’’
Sénégal

02
EAC Les Muses : ensemble de ses oeuvres
Bénin

03
Evaglo Cie Femmes et Théâtre : ensemble de ses oeuvres
Togo

04
Cie Rubli Africa : ‘’Un monde sans barrière’’
RDC

05
Bousri Ben : ensemble de ses oeuvres
Comores

06
Samafou Diguilou : ensemble de ses oeuvres
Tchad

07
Cie Tam-tam : ensemble de ses oeuvres
RDC

08
Cie Pataclowns : ensemble de ses oeuvres
Côte d’Ivoire



10° Catégorie : Meilleur Média



01
LCF : pour ses programmes culturels
Togo

02
Canal 3 : pour ses programmes culturels
Bénin

03
Nana FM : pour ses programmes culturels
Togo

04
Radio France Internationale : pour ses programmes culturels
France

05
Vox Africa : pour ses programmes culturels
Angleterre



11° Catégorie : Meilleur Humoriste



01
Cie Pataclowns : ensemble de ses oeuvres
Côte d’Ivoire

02
Samafou Diguilou : ensemble de ses oeuvres
Tchad

03
Docteur Mabuze : ‘’Le mal s’expire’’
RDC

04
Cie Sèmanko : ensemble de ses oeuvres
Bénin



12° Catégorie : Meilleur Théâtre Populaire



01
Docteur Mabuze : ‘’Le mal s’expire’’
RDC

02
Cie Rubil Africa : ‘’Un monde sans barrières’’
RDC

03
Blonba Production : ‘’Bougouniéré invite à dîner’’
Mali

04
Cie Sèmanko : ensemble de ses oeuvres
Bénin

05
Bousri Ben : ensemble de ses oeuvres
Comores



13° Catégorie : Meilleur Costume



01
Cie l’oeil de Cyclone : ‘’Le geste des Etalons’’
Burkina Faso

02
Blonba Production : ‘’Sud Nord’’
Mali

03
Malanda Mandounou Michel : ‘’Trente contre trois’’
Congo Brazza

04
EAC Les Muses : ensemble de ses oeuvres
Bénin



14° Catégorie : Meilleure Lumière



01
L’oeil de Cyclone : ‘’Tatu ou la guerre du Che au Congo’’
Burkina Faso

02
Cie Universalisapo : ‘’Héritage perdu de Mabi et Miko’’
France

03
Ndoye Ibrahima : ‘’ Khakhatar’’
Sénégal

04
Blonba Production : ‘’Bougouniéré invite à dîner’’
Mali

05
Cie Tam-tam : ensemble de ses oeuvres
RDC

06
Cie Falinga : ‘’ A la vie à la mort’’
Burkina Faso

07
CRESAS : ensemble de ses oeuvres
Côte d’Ivoire


N.B. : Les catégories Meilleur Homme ou Meilleure femme de théâtre de l’année et de la Diaspora restent ouvertes.

mardi 3 février 2009

Théâtre au CCFde Cotonou



Représentation théâtrale au Centre culturel français de Cotonou


Saendou Amadou broie du noir


Après son fameux Je chausse du 45. Et toi ? ayant obtenu un succès fulgurant au Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), édition 2008, tous ceux qui étaient curieux de suivre une nouvelle production de Saendou Amadou sur scène ont été servis. Mes 2 p’tites dames, le titre de la pièce de théâtre, dont il est encore l’auteur, a été représentée, vendredi 23 janvier dernier, au Centre culturel français(Ccf) de Cotonou. L’occasion pour le jeune dramaturge et metteur en scène béninois de laisser percevoir par le public un certain état d’esprit : le pessimisme.


Marcel Kpogodo


Un grand rideau noir en fond de scène et surgissent deux chaises et une table sur laquelle il y a un repas et une bouteille de boisson. Dans ce décor sobre apparaissent également, l’une après l’autre, deux femmes, vêtues, de la tête aux pieds, en tenue de deuil, chacune, dans un style vestimentaire spécifique. Le spectateur ne tarde pas à comprendre que la situation du jour consiste en des funérailles d’un homme décédé, laissant une grande fortune et deux épouses qui sont deux sœurs jumelles, l’une, légitimement mariée à lui et, l’autre, non. En réalité, Joseph Codjovi, l’époux défunt, Directeur de la Prévention nationale anti-sida, est un faux porteur du virus mais qui, grâce à sa position, s’enrichit énormément par la grosse manne d’argent dont il dispose pour la lutte contre le mal du siècle et, au nom de tous les malades du pays. La réussite de l’imposture est le fait de l’une de ses femmes qui, grâce à un laborantin qu’elle avait rencontré dans un centre psychiatrique où elle était internée, a obtenu les faux résultats positifs au test du Vih/sida.


Le noir partout


En dehors du noir profond du décor, constitué par le grand rideau de cette couleur et par les vêtements des deux femmes, d’autres noirs. D’abord, la guerre pour l’héritage, qui s’engage entre les deux femmes. Pour la circonstance, elles n’ont plus rien de sœurs jumelles mais donnent l’impression de vautours impitoyables, acharnés à s’approprier les riches restes de leur « mari » ; il n’est pas facile de les percevoir comme des veuves joyeuses. Le sentiment amoureux n’a plus sa place ; la conclusion qui s’impose est le fond d’intérêt matériel et pécuniaire qui sous-tend les unions maritales et qui, semble-t-il, déterminent les femmes à l’amour et au mariage.
Dans la même logique du noir, l’épisode de l’une des sœurs jumelles, instrumentalisée dans le passé par un chef de couvent, en tant qu’objet divinatoire, d’où la folie dont elle est victime par la suite ; c’est l’incursion dans l’univers mystérieux et apparemment redoutable de l’ésotérisme des pratiques de fétiche. Cette pièce est aussi celle d’un haut niveau d’immoralité : les deux sœurs rivales et adversaires sont aussi d’intenses lesbiennes.
Par ailleurs, le dénouement de la pièce est d’un noir plus profond que tout : les deux veuves se trouvent tuées. C’est le renoncement regrettable de l’auteur de la pièce à la logique du « happy end ». Qui a-t-on voulu punir et, de quoi ? Pour quelle conviction ? N’y avait-il réellement aucune possibilité de récupération morale de ces deux femmes cupides mais qui ont eu le mérite de n’avoir pas été emportées dans le flot mortel endigué par la providence ? Si l’écrivain détient le même pouvoir de création que Dieu, pourquoi n’imite-t-il pas l’être suprême jusqu’au bout en rachetant le pécheur ? Pourquoi ce pessimisme chez Saendou Amadou qui nous donne une fin tragique, catastrophique, réduisant ainsi à néant toute capacité à croire que malgré les vicissitudes auxquelles l’existence soumet l’homme, celui-ci n’a aucun autre choix que l’espérance en une vie meilleure ? Avec ce choix, le dramaturge ne s’inscrit-il pas dans la logique d’un plus noir que lui, Olympe Bhêly-Quenum, qui, avec un Ahouna candide et intègre, finit son Piège sans fin en le soumettant à la fatale incinération du bûcher ? L’Afrique n’a plus besoin de cette teinte noire qui envahit ses œuvres littéraires s’identifiant à la logique inacceptable dans laquelle la communauté internationale se plaît à la plonger : guerres, génocides, sécheresses, famines, sida, … D’ailleurs, les dirigeants africains eux-mêmes ne font rien pour casser une telle spirale.


Des points de blanc ...


Au-delà d’un dénouement qui casse le bonheur qu’avait éprouvé le public à suivre, en avril 2008, au Fitheb, Je chausse du 45. Et toi ?, une pièce inimitable par la lutte permanente de l’auteur pour restituer une intrigue voguant dans le perpétuel inattendu et aboutissant à un happy end d’autant plus extraordinaire, plaisant qu’inespéré, Mes 2 p’tites dames recèle de plusieurs niveaux de mérite : le public s’est difficilement ennuyé, vu que la pièce comportait de nombreux temps forts, les deux personnages féminins passaient très facilement de la danse à la bagarre, de la bagarre à la joie, des rires aux pleurs, de la jovialité à la haine, du passé noir au présent prometteur d’un futur radieux. En outre, même si le jeu d’Akofa Kougblénou et de Rosaline Daguè, les deux actrices incarnant les veuves, a manqué de réalisme, à quelques rares niveaux du déroulement de la pièce, elles ont réussi à restituer l’atmosphère intime propre au labyrinthe sinueux de la ruse féminine fondées, en même temps, sur la jalousie et le détachement amoureux, et à faire détester par le public la transformation par les institutions humaines de la pandémie du sida en une entreprise pour enrichir les cadres.