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vendredi 15 mars 2019

’’Artisttik Africa’’ à Cotonou : ouverture ce 15 mars du 1er des 12 spectacles de théâtre

Dans le cadre d’une vaste programmation annoncée en conférence de presse

Le mardi 12 mars 2019 s’est tenue une conférence de presse à l’Espace culturel, ’’Artisttik Africa’’. Animée par son fondateur et Directeur, Ousmane Alédji, elle a donné l’opportunité à la personnalité de faire connaître aux journalistes la nouvelle programmation théâtrale devant enrichir le fonctionnement du Centre indiqué pendant les mois de mars et d’avril, à commencer par le vendredi 15 mars 2019.
Ousmane Alédji, au cours de la conférence de presse, de même qu' ... - Crédit photo : ''Artisttik Africa''
’’Négrititudes’’, à 20h30, au Centre culturel ’’Artisttik Africa’’, le vendredi 15 mars 2019, pour un ticket d’une valeur de deux mille francs Cfa, par personne. Le spectacle qui ouvre une série de douze représentations théâtrales, ce qu’a annoncé Ousmane Alédji, Fondateur et Directeur de l’Espace concerné, à travers une conférence de presse qu’il y a animée dans le milieu de la matinée du mardi 12 mars 2019.
Selon cette personnalité qui a construit de manière autonome et mis en scène le texte à partir de plusieurs productions d’Aimé Césaire, le comédien béninois Isidore Dokpa se livrera, à travers ’’Négrititudes’’, à un jeu de ’’One man’s show’’ permettant de cerner l’attitude contemporaine vis-à-vis de la négritude, un concept défendu par cet auteur martiniquais. Et, cette pièce de théâtre sera aussi jouée le samedi 16 et le dimanche 17 mars, à la même heure, selon le même tarif par unité de spectacle, sans oublier qu’elle revient sur scène les 5, 6 et 7 avril 2019.

Isidore Dokpa et ... - Crédit photo : ''Artisttik Africa''
A en croire, toujours, Ousmane Alédji, une seconde pièce, elle, au titre parodique, fera aussi son chemin à ’’Artisttik Africa’’, dans la même période : ’’La tragédie du roi Césaire’’, jouée pendant le Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), dans son édition 2018. Par ses explications, il a montré que cet ouvrage est une adaptation d’une pièce de théâtre bien connue du même auteur martiniquais : ’’La tragédie du roi Christophe’’. Ce livre de base reste le noyau d’une œuvre qu’a composée le metteur en scène béninois en exploitant d’autres pièces, des recueils de poèmes et, notamment, des essais césairiens. Il est question d’une « couture entre plusieurs portions de textes », a expliqué Ousmane Alédji.

... Nicolas Houénou de Dravo - Crédit photo : ''Artisttik Africa''
Ainsi, pendant 75 minutes, le public pourra se délecter du jeu d’un duo de comédiens s’illustrant par un parcours professionnel impressionnant : Nicolas Houénou de Dravo et Raphaël Hounto. La pièce, ’’La tragédie du roi Césaire’’, connaîtra six dates de représentation, à ’’Artisttik Africa’’ : les 22, 23 et 24 puis les 29, 30 et 31 mars 2019, selon les mêmes conditions de tarif et d’heure. Aux spectateurs, donc, d’aller massivement expérimenter un effort de programmation soutenue permettant de mettre en valeur une vision de travail acharné, un espace culturel dans ses installations et, entre autres, des comédiens rompus à l’exercice de leur profession.

Marcel Kpogodo

vendredi 20 mai 2016

Le Ministre de la Culture, Ange N’Koué, fait honte au Nouveau départ

Dans le cadre des cérémonies d’hommage à Jean Pliya


Sous le couvert de la commémoration du 1er anniversaire du décès de Jean Pliya, a eu lieu, le samedi 14 mai 2016, la représentation magistrale, au Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou, de la pièce, ’’Kondo le Requin’’, assurée par le ’’Théâtre Kaïdara’’, dans une bonne succession de tableaux. Mais, un gros cheveu sur la soupe : n’est pas venu le Ministre du Tourisme et de la culture, Ange N’Koué. Un désaveu pour une vision d’espérance du Nouveau départ de Patrice Talon.

Une séquence de de la représentation de l'intronisation du Roi Béhanzin
Une absence de taille : le Ministre du Tourisme et de la culture, Ange N’Koué, n’a goûté à aucune seconde des deux explosives heures de la représentation de ’’Kondo le Requin’’, une pièce historique écrite par Feu Jean Pliya. Cet événement signalait le dernier acte, en cette soirée du samedi 14 mai 2016, d’une série de manifestations liées à la commémoration du 1er anniversaire du décès, justement, de cet auteur, dramaturge, entre autres. Et, très chargé, il n’a pu se rattraper les mercredi 18 et jeudi 19 mai, deux dates où la pièce avait été à nouveau jouée.
Elle relate les difficiles relations du Roi Béhanzin, ’’Kondo le Requin’’, avec le colon français que représente le Général Dodds. Celui-ci est sorti gagnant d’une dure guerre contre le Royaume du Danhomè, ce qui en a conduit le souverain à se rendre à l’ennemi et à être conduit en exil.
La mise en scène par Tola Koukoui de la représentation d’une telle pièce a réussi, d’abord, du fait de la restitution d’un décor rappelant le rouge ambiant de la terre argileuse du cadre ordinaire de la vie au Royaume du Danhomè. Grégoire Houdéhou, qui s’en est chargé a fait le choix d’une façade de fond de scène d’un long mur d’enceinte, doté d’une ouverture centrale enregistrant les brusques arrivées et sorties du roi et de sa suite, puis conçu avec des passages décrépits, comme dans le vrai, sans oublier des panneaux, de part et d’autre de ce mur, montrant deux différentes époques de règne : celle du Roi Glèlè finissant, avec le lion, et l’œuf matérialisant celle de Béhanzin.
Au centre de la scène se déroulait l’essentiel des actions dont la plupart concernaient le souverain. Dans une répartition symétrique, les femmes, à gauche et, les hommes, du côté droit, suivaient tout de près, les premières pour ne lancer que des louanges au ’’Dada’’, les êtres de sexe masculin, pour, parmi ceux qui en avaient la posture, respectueusement s’adresser au Roi et tenter de faire passer leur point de vue. Il s’agit donc d’une mise en scène qui est restée fidèle à la mentalité sociale de l’époque du Royaume du Danhomè : les femmes n’avaient pas le droit à la parole, surtout en public. Si elles devaient la prendre, ce ne devait être qu’en groupe pour couvrir ’’Dada’’ de chansons glorifiantes.

Un des merveilleux tableaux de la pièce ...
Par ailleurs, la mise en scène de ’’Kondo le Requin’’ par Tola Koukoui a réussi, comme à cette représentation au Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), dans son édition 2008. En effet, l’intérêt du spectateur était permanent tellement des tableaux captivants se sont succédé : l’épisode de l’entrevue de Kondo avec Dodds, Glèlè, le roi en exercice étant malade, la danse du deuil du décès de celui-ci, la cérémonie d’intronisation de Béhanzin, dans ses deux aspects rituel donc privé, restreint à quelques ministres, et public, ce qui veut dire ouvert à tous, les chants et les danses, la consultation négativement accueillie par le Roi de Guèdègbé, les louanges des griottes, Béhanzin en privé avec deux de ses épouses rivalisant de câlins et de massages, pour se faire préférer, les critiques en privé de paysans comme de nobles, la détresse de Béhanzin avec, à son point culminant, le célèbre ’’discours d’adieu’’.
Tous ces faits du jeu théâtral ont été assurés par une brochette de comédiens et de comédiennes béninois distribués, dont le professionnalisme n’a fait qu’exploser davantage : Josette Loupéda et Carole Lokossou, les coépouses du roi,  Eliane Chagas, notamment, dans le rôle de l’intrigante Vitchégan,  Nathalie Hounvo-Yèkpè,  Sandra Adjaho, Nicole Dadjo, Nadjibath Ibrahim, Espoir Abogourin, Blanche Hounga, Félicité Gounou, Céciline Abissi, entre autres, toutes des griottes, Koffi Gahou le ’’Guèdègbé’’, devin du roi, Patrick Gbaguidi, Raphaël Hounto, Fidèle Anato, James Salanon, alias ''Major'', Bardol Migan, le ministre de la justice, Franck Béhanzin le ’’Yovogan’’, Mathieu Koko le ’’Mèhou’’, Serge Zossou le ’’Gahou Goutchili’’, chef des armées du royaume, et, surtout, Nicolas Houénou de Dravo, dans le rôle tant exposant de Béhanzin.
En outre, le metteur en scène, Jean-Michel Coulon et le bibliothécaire, David Longin, ont assuré les rôles respectifs de représentants coloniaux. Et, Adolphe Koffi Alladé, acteur aussi, a coordonné les chants et les danses par le biais de son groupe de ballet, ’’Hwendo na bua’’, sans oublier Koffi Gahou s’étant aussi chargé des costumes et des accessoires. Du côté de la régie du spectacle, Bruno Adadja a fait montre d’une science sans failles.


Le gros hic

« Nous acceptons de rencontrer ceux-là qui nous permettront enfin de mettre en place les soubassements, les fondements d’une culture de la vraie culture ». Ainsi s’est exprimé, quelque peu déçu, à la fin de la représentation théâtrale, Tola Koukoui, entouré par les comédiens ayant salué le public et avec, à sa proximité, le Professeur Adrien Huannou, organisateur des manifestations d’hommage au Feu Jean Pliya ; il cherchait des yeux un représentant du Gouvernement pour mettre fin officiellement à celles-ci, le spectacle venant clore les activités de la commémoration du premier anniversaire du décès de cet homme de Lettres, de culture, de naturothérapie et d’évangélisation.

Au premier plan, de gauche à droite, Adrien Huannou et Tola Koukoui
En réalité, si la représentation de ’’Kondo le Requin’’ n’était pas un événement, elle avait un cachet particulier, vu qu’elle visait à faire se souvenir de Jean Pliya, à faire honneur à ses qualités de dramaturge, à marquer le premier anniversaire de sa disparition. Ainsi, la présence d’Ange N’Koué, Ministre du Tourisme et de la culture, au spectacle et à la cérémonie de clôture aurait montré l’intérêt du Gouvernement de la Rupture pour la célébration de la mémoire des grands hommes de la République. Dans le cas d’un agenda supposé chargé, un membre de son cabinet aurait valablement rempli cette mission, ce qui aurait sauvé les meubles du respect de l’Exécutif pour la chose artistique et culturelle. N’avoir pas pris la précaution d’être présent ni de se faire représenter semble montrer le poids léger des événements culturels dans l’esprit d’Ange N’Koué ; il devrait résolument reconsidérer cette conception, étant donné l’espoir immense que suscite le régime du Nouveau départ dans l’univers béninois des Arts et de la culture.




Marcel Kpogodo    

dimanche 12 avril 2015

''Omon-mi'', une pièce atypique d'Ousmane Alédji, selon Pierre Médéhouègnon

Remarque au cours d'une cérémonie de présentation tenue à ''Artisttik Africa''  

  
Le Centre culturel ’’Artisttik Africa’’ a abrité le lancement de l’ouvrage, ’’Omon-mi’’, une pièce de théâtre écrite par Ousmane Alédji, Directeur intérimaire du Festival international de théâtre du Bénin. La manifestation, qui a eu lieu le mercredi 8 avril 2015, a drainé un nombre importants de personnalités du monde des Lettres ; l’une d’elles s’est chargée de la présentation d'un livre à l'agencement peu commun.

Ousmane Alédji et Pierre Médéhouègnon (Photo d'Herbert Aliou Adjalla)
25ème pièce de théâtre d’Ousmane Alédji et la 4ème à être éditée, 92 pages, 14 scènes précédées par une levée de rideau, et l’histoire d’un infanticide. La substance d’ ’’Omon-mi’’, un ouvrage présenté par le Professeur Pierre Médéhouègnon, le mercredi 8 avril dernier, à l’Espace ’’Artisttik Africa’’ sis quartier Agla Kanglouè de Cotonou. Fruit d’une co-édition des structures ’’Artisttik éditions’’ et ’’Plumes soleil’’, cette pièce de théâtre dont le titre signifie, en yoruba, ’’Mon enfant’’, raconte l’histoire d’une mère qui se voit enlever son enfant de deux jours que la sagesse sociale décide de tuer, pour le fait qu’il soit né, son placenta collé à lui, ce qui poussait à identifier ces deux éléments comme des jumeaux. Les supplications de celle-ci n’ont rien empêché, le conseil de famille confie le nourrisson à deux exécuteurs qui le mettent dans un trou sans le recouvrir de terre.


La page de couverture du livre
Dans son propos analytique, l’universitaire Pierre Médéhouègnon a relevé plusieurs éléments d’anticonformisme littéraire chez l’auteur : le développement de ce qu’il a appelé une « satire fine », la caractère anonyme des personnages à part le chef de famille portant le nom de « Dah », l’apparence atypique du bébé de 2 jours à sacrifier, vu ses pleurs stridents qui déconcentrent les exécuteurs et son regard les malmenant psychologiquement, autant de facteurs qui constituent, selon le critique, « des éléments de perturbation du projet » de tuerie.
Dans l’organisation interne de la pièce, M. Médéhouègnon a identifié la « construction d’un récit à deux niveaux : le déroulement de l’action et le renvoi en arrière », avec, comme conséquence inévitable, la nécessité pour le lecteur de produire un effort de reconstitution d’une sorte de puzzle, avant de saisir la trame de la pièce. Par ailleurs, l’intervenant a relevé d’autres réalités particularisantes de la pièce : l’existence d’un narrateur qui régule le déroulement de l’action, un mélange de genres littéraires, la poésie alternant avec des textes dialogués, des récits et des commentaires, notamment.

Une vue du public ayant fait le déplacement (Photo d'Herbert Aliou Adjalla)
Voilà autant d’ingrédients qui font d’ ’’Omon-mi’’ une pièce de théâtre qu’il faudra absolument lire afin de toucher du doigt ce que l’analyste du jour a compris comme une technique de construction du texte non habituelle au Bénin.
En outre, la manifestation de présentation du nouveau livre a donné lieu à la lecture scénique d’un de ses extraits, laissant les comédiens Bardol Migan, Gisèle Gandébagni, Raphaël Hounto et, notamment, Nicolas Houénou de Dravo, donner au public un avant-goût de l’émotion captivante d’une dénonciation implicite de la trop socialisée pratique de l’infanticide, dans une mise en scène d'Isidore Dokpa. 
Parmi les personnalités ayant fait le déplacement de ce lancement, il fallait compter les Professeurs Guy Ossito Midiohouan, Bienvenu Koudjo, Fernand Nouwligbèto, du Département des Lettres Modernes de la Faculté des Lettres, arts et sciences humaines (Flash) de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac), Eric Totah, ancien Secrétaire général du Ministère de la Culture, la Directrice de la Promotion du livre, au niveau du même ministère, des hommes de théâtre tels que Claude Balogoun, membre du Conseil économique et social (Ces), Orden Alladatin, ancien Directeur du Fitheb, le journaliste et animateur Florent Eustache Hessou, entre autres, des étudiants et un grand nombre de journalistes culturels. Ce sont autant d’esprits inspirés qui ont contribué à nourrir des échanges riches ayant permis d’orienter le débat autour de la défense ou non de l’infanticide, lorsque des conditions particulières sont réunies pour le provoquer.

Marcel Kpogodo

dimanche 14 septembre 2014

Arsène Codo, Nicolas Houénou de Dravo, Arsène Kocou Yémadjê et Alfred Fadonougbo parlent du fiasco des élections des représentants du monde du théâtre au Ca/Fitheb

Pour une montagne qui a accouché d'une grosse souris


Les élections du vendredi 12 septembre dernier, celles comptant pour la désignation des représentants respectifs des comédiens, des metteurs en scène et des dramaturges dans le prochain Conseil d'administration du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) n'ont pas pu se tenir. Dans la salle Vip du Ministère de la Culture, la tension était si vive, et on était au bord de l'affrontement entre membres de différents. C'est alors qu'Arsène Codo, Président du bureau de vote et actuel Conseiller technique juridique du Ministre Jean-Michel Abimbola, a mis un terme aux travaux. Etant sur les lieux, nous avons tendu notre micro à cette personnalité, de même qu'à trois hommes de théâtre : Nicolas Houénou de Dravo, Arsène Kocou Yémadjê et Alfred Fadonougbo. Ils éclairent, chacun, à sa manière, notre lanterne sur les tenants et les aboutissants du conflit ayant conduit à la suspension des travaux. 



Arsène Codo, Président du bureau de vote et Conseiller technique juridique du Ministre de la Culture

Stars du Bénin : Bonjour M. Arsène Codo, vous êtes le Président du bureau de vote devant conduire l'élection des représentants des acteurs culturels du théâtre au Conseil d'administration (Ca) du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). Nous vous voyons en train de sortir de la salle Vip du Ministère de la Culture, où devait se tenir le scrutin et d'où on entend un grand brouhaha. Que s'est-il passé? 

Arsène Codo : Là, c’est un malentendu entre les artistes ; certains disent que d’autres ne sont pas du théâtre … De toute façon, nous, on a procédé à la vérification des mandats, on a constaté. Maintenant qu’il y a un désordre impossible, nous sommes obligés de suspendre les opérations et de rendre compte à l’autorité, quitte à reprogrammer  l’élection.

Est-ce que vous pouvez nous décrire ce désordre, s’il vous plaît ?

En toute élection, il y a des gens qui arrivent avec des intentions ; on a constaté que, là, il y a des groupes organisés qui ne veulent pas de l’élection et qui sont en train de faire du désordre. Et, comme nous, nous n’allons pas voulu aller à l’extrémité et appeler la police pour vider les gens, et que nous avons toujours voulu du consensus, c’est pourquoi, en tant que Président du bureau de vote, j’ai pris la responsabilité de surseoir à la poursuite aux opérations, rendre compte à l’autorité et faire une autre programmation.




Stars du Bénin : M. Nicolas de Dravo Houénou, vous venez de sortir de la salle du déroulement des élections des représentants du monde du théâtre au Conseil d’administration (Ca) du Festival international de théâtre du Bénin. Que s’est-il passé ?

Nicolas de Dravo Houénou : Effectivement, nous sommes là pour les élections, en tant que comédien, metteur en scène et directeur de troupe. C’est un secteur qu’il faut quand même assainir, c’est un secteur qu’il faut amener à son émergence, comme on a l’habitude de le dire. Mais, ce secteur est pris d’assaut par des gens qui ne sont pas du métier.


Tout le monde est du métier. Mais, comme j’ai souvent l’habitude de le dire, il faut qu’on arrive à dissocier les arts de la culture, parce qu’on dit que l’art et la culture, cela englobe tout. Les acteurs même, ceux-là qui vivent, qui travaillent, qui sont présents dans le domaine doivent apprendre à se faire diriger ou à prendre en mains ce que eux-mêmes sont en train de faire.
On constate que c’est un mélange, un fourre-tout ; vous venez, vous allez, vous participez et vous constatez que ceux qui sont des professionnels sont là et ce sont d’autres personnes qui vont vous diriger, d’autres personnes qui ne sont pas de votre secteur, je ne vais pas participer à ça. Je n’étais pas parti nécessairement pour dire que si je n’étais pas responsable, que si je n’étais pas membre du Ca, ce serait la fin du monde ; il faudrait que qui que ce soit qui participe à ce vote, pour peu qu’il ait un beau projet, une bonne mentalité, une vision, je crois que ça peut permettre de faire quelque chose. Le Fitheb a fait 20 ans et on en est encore là à choisir et à pleurnicher sur les responsables, c’est vraiment malheureux, c’est malheureux !
Nous sommes tous au Bénin, on sait qui est comédien, qui est metteur en scène, qui est dramaturge. « Ce n’est pas l’habit qui fait le moine », dit-on, mais quand on voit le moine déjà, on sait que ça, c’est un moine. Quand vous êtes là et que tout le temps, chaque année, ce sont les mêmes problèmes, on prend les mêmes, on commence et, quelques jours après, on va commencer à dire que le Fitheb ne marche pas, il vaut mieux commencer à faire une autre politique ; les gens n’aiment pas démissionner dans ce pays, mais, moi, je dis qu’il vaut mieux qu’on commence un jour à le faire et, ce serait mieux.


On a appris que vous étiez candidat à siéger au Ca du Fitheb …

Oui, j’ai été candidat pour représenter les metteurs en scène, mais, j’y ai renoncé parce que ce qui devait commencer depuis neuf heures, on est à quatorze heures moins quinze et, c’est maintenant qu’on veut démarrer, on en train de tirailler sur des choses qui n’existent pas. Le décret est biaisé, il y a trop de choses à revoir, ce qui m’a amené à me dire qu’il vaudrait mieux me retirer pour permettre aux autres de continuer.
Le problème du décret est que des gens décident à la place des acteurs ; les responsables des fédérations ou des associations qui se sont réunis et qui ont validé ces textes-là ne sont même pas là, maintenant, aujourd’hui, et ce sont les acteurs qui sont là, ce sont quelques acteurs qui sont là. Ces responsables, ils restent dans un bureau, on les réunit pour des journées de réflexion ou pour des journées de sommeil, je ne sais pas, où ils écrivent, ils viennent, ils vous plaquent ça et, c’est fini, vous, vous allez rester et subir cela.
Ce qui est même grave : un metteur en scène ne peut pas être nécessairement membre d’une association, un comédien ne peut pas être membre d’une association ; c’est vrai qu’il faut réunir tout le monde, mais, je suis comédien, je ne suis pas appelé à jouer rien que dans mon association. Cela veut dire que je ne suis pas associativement comme ça et on ne peut pas me prendre pour m’imposer ce qu’il faut faire. Un comédien qui est reconnu par le Ministère de la Culture est libre de venir postuler, est libre de venir participer à une élection, alors qu’on nous dit que vous serez représentés par une association, ou bien que c’est une association qui va vous envoyer. Et, si, demain, je ne suis pas membre de cette association mais que je suis comédien ? Non, il faut arrêter ça. 



Arsème Kocou Yémadjê


Stars du Bénin : La salle devant abriter l'élection des représentants des hommes de théâtre dans le Conseil d’administration du Fitheb se vide de plus en plus et, vous, vous êtes dehors. Que se passe-t-il ?


Arsène Kocou Yémadjê : La situation s’explique par le fait qu’il y a une belle pagaille qui s’est organisée et que les véritables hommes de théâtre qui sont dans la salle n’ont pas voulu laisser faire la pagaille. Tout simplement, c’est de ça qu’il s’agit. Je suis venu ici par curiosité. Excusez-moi, j’ai pratiquement 17 ans de carrière théâtrale ; quand je regarde dans la salle, je n’ai pas identifié beaucoup de comédiens et de metteurs en scène. Pourtant, il s’agit d’élire un représentant des metteurs en scène et des comédiens. Excusez-moi, je n’en ai pas identifié beaucoup. C’est une belle pagaille, une très belle pagaille ; j’ai été heureux que des candidats aient refusé de se faire élire dans des conditions pareilles et se soient retirés ; c’est responsable !



Qui sont ces candidats qui ont refusé de se faire élire dans de telles conditions ?

Nicolas Houénou de Dravo et Alfred Fadonougbo ; je suis tout à fait d’accord avec eux.  






Alfred Fadonougbo 


Stars du Bénin : Nous avons appris que vous étiez candidat à l’élection des représentants des acteurs du théâtre dans le Conseil d’administration (Ca) du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), dans la catégorie des comédiens. Nous voyons une salle qui s’est pratiquement vidée complètement des votants. Que s’est-il passé ?


Alfred Fadonougbo : Il faut dire que, quand les membres du Comité d’organisation des élections ont lancé le processus, il y a eu des interventions qui ont énuméré un certain nombre d’insuffisances par rapport, d’abord, au libellé des agréments qui ont permis aux gens d’entrer dans la salle, pour constituer le corps électoral. Et, en substance, il a été relevé que ces agréments ne portent pas, de façon explicite, l’objet de ces associations. Donc, on ne peut pas savoir si les associations qui ont mandaté ceux qui entrent dans la salle en tant que votants sont effectivement dans le domaine du théâtre. Et, même s’ils sont dans le domaine du théâtre, cela ne règle pas le problème.
Concernant le deuxième point, il y a des associations qui ont relevé qu’on ait mis ensemble les dramaturges, les metteurs en scène et les comédiens, et que le corps électoral qui a été constitué procède à l’élection de ces gens-là. Il s’est posé un problème parce que le décret qui institue les nouveaux statuts du Fitheb n’a jamais dit qu’il faut mettre tous ces corps ensemble ; le décret a bien dit que les associations professionnelles se réunissent pour élire leurs représentants, mais le décret n’a jamais dit qu’il faut mettre plusieurs domaines ensemble.
Si les promoteurs culturels se sont mis entre eux pour élire leur représentant, si les journalistes culturels se sont mis ensemble pour élire leur représentant, pourquoi on ne ferait pas de même avec les autres corps de métier qui concourent à la création d’une œuvre théâtrale ? Les comédiens, c’est un corps responsable. Les metteurs en scène, c’est un corps responsable. Les dramaturges, c’est un corps responsable. Ce sont des gens qui ont leurs compétences. Et, s’ils doivent se faire élire, ce sont des gens qui doivent être convaincus de la compétence de ceux qui vont les élire, de ce qu’ils sont, de ce qu’ils représentent, ils doivent savoir s’ils sont membres du secteur.
En fait, un autre problème, c’est que les acteurs culturels sont très minoritaires au sein du Conseil d’administration ; sur les 15 personnes qui le constituent, il y en a 6 – si je compte les journalistes culturels parmi les acteurs culturels et, je crois que je ne me trompe pas en le faisant – le reste, ce sont des administratifs qui n’ont aucun intérêt particulier, qui ne maîtrisent pas forcément les enjeux que portent les nouvelles réformes, les enjeux du Fitheb.
Le Fitheb est tombé, nous voulons le relever et, nous nous sommes associés à ces réformes-là, nous avons soutenu le Ministre de la Culture en nous associant à ces réformes, et nous n’entendons pas être là pour que ces réformes-là, qui sont bien parties, commencent à avoir des couacs. Et, nous disons que les collaborateurs du Ministre de la Culture ne nous écoutent pas forcément ou, du moins, ceux qu’il écoute sont des gens qui ne sont pas bien aguerris, qui ne sont bien au fait des problèmes, des réelles préoccupations des hommes de théâtre. Le D/Pac (Directeur de la Promotion artistique et culturelle, Ndlr) décide d’écouter les fédérations d’associations d’artistes, alors qu’il ne cherche pas à comprendre si ceux qui sont dans ces fédérations connaissent réellement les vraies questions qui se posent au niveau du théâtre.
A la suite de ce problème qui a été soulevé, il y a eu beaucoup de remous, beaucoup d’interventions et, le candidat Nicolas Houénou de Dravo, qui était candidat pour représenter les metteurs en scène, a décidé de retirer sa candidature, ce que j’ai fait aussi, et j’ai argumenté ma décision ; en substance, j’ai dit ceci : le Rcb (Réseau des comédiens du Bénin, Ndlr), que j’ai représenté, d’abord, aux Journées de réflexion, a fait un travail colossal ; nous avons pris beaucoup de risques, nous connaissons les coups que nous avons reçus pour que les réformes se fassent de façon responsable. Mais, si on laissait faire ces élections-là ... ! parce que ceux qui étaient dans la salle, il faut l’avouer, on ne les maîtrisait pas, on ne les connaissait pas … Nous sommes combien ?
Aujourd’hui, tout le monde est comédien, tout le monde est metteur en scène, tout le monde est dramaturge ; il faut arrêter cette pagaille-là ! Et, les autorités, les cadres du Ministère ont dit d’écrire au Ministre pour dénoncer ces insuffisances et, nous avons dit : « Non ! »  On ne peut pas continuer à écrire … Il faut que vous sachiez que nous ne sommes pas d’accord. C’est ce qui s’est passé, ce matin.
En dehors de tout cela, il y a eu quelqu’un qui n’a pas pu se contrôler et qui a voulu porter des coups, cela a créé une pagaille. Ainsi, les gens ont été obligés de suspendre cette séance qui devait procéder à l’élection des représentants des acteurs du théâtre au Ca/Fitheb.
Mais, toute cette expérience pose un problème, c’est celui de la volonté réelle des autorités du Ministère de la Culture et des acteurs culturels que nous sommes, à vouloir faire des réformes vraiment conséquentes, pour le Fitheb. C’est hyper important, il faudrait que nous nous posions la question ! Et, il faut que le Ministre instruise ses collaborateurs pour qu’ils associent les vrais acteurs du milieu du théâtre ; ils les connaissent bien ! Si ces collaborateurs ne veulent pas les associer, il n’a qu’à leur demander pourquoi.
Moi, je dis que c’est eux qui sont responsables de ce qui s’est passé aujourd’hui ; il faut qu’on en tire les leçons. Malgré tout, nous allons adresser une correspondance au Ministre de tutelle pour faire le point de ce qui s’est passé aujourd’hui, pour déplorer cela et lui dire que nous, nous étions engagés dans les réformes mais, que, si cela continue comme cela, nous ne sommes plus partant. En effet, il faut qu’on arrête, dans ce pays, de mélanger torchon et serviette.
Nous sommes une corporation responsable et, nous devons être considérée comme telle. Vous voyez, il y a des flics qui ont été commis ; les comédiens et les metteurs en scène ne sont pas des gens violents. Mais, pourquoi on a été obligé d’appeler des policiers ? Est-ce que ces responsables-là qui nous ont convoqués sont bien outillés pour gérer les acteurs culturels que nous sommes ? Nous ne sommes pas des gens violents ! Ceux qui ont amené la violence, ils n’ont qu’à les chercher à les identifier. C’est important. Et, désormais, si on doit relancer ce processus, il faut que cela se passe dans les normes ; tant qu’on va amener des gens qu’on ne connaît pas, pour désigner des gens qui doivent porter des combats responsables, on ne pourra que déplorer des situations de ce genre. Il faut que les autorités et les acteurs culturels tirent les leçons de la situation que nous avons vécue aujourd’hui. Je vous remercie.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo

dimanche 24 février 2013

Projet ''Ho-Lomi-Lomi'' du Théâtre ''Aboki''

Cap sur la deuxième activité


Le Projet ''Ho-Lomi-Lomi'', "Paroles utiles, bonnes à dire et à entendre", est un Projet piloté par le Théâtre ''Aboki'' et financé par le Programme Société civil et culture (Pscc). Parmi les cinq activités qu'il comporte, la deuxième vient de commencer ; elle consiste en la formation de trente (30) enfants conteurs, à Cotonou et à Porto-Novo,,ce qui a débuté depuis plus de deux mois.


Le 1er décembre 2013 est la date à laquelle l'activité de la formation de 30 enfants conteurs a commencé, à Cotonou et à Parakou, dans le cadre du déroulement du Projet Ho-Lomi-Lomi, "Paroles utiles, bonnes à dire et à entendre", initié par le Théâtree ''Aboki'', avec la participation financière du Programme Société civile et culture (Pscc). 
Une banderole de la 2ème Activité du Projet à l'Ecole Saint Jean-Baptiste de Cotonou  ...
Depuis, cette date, tous les samedis, de 14 heures à 17 heures, simultanément dans les deux villes, ces apprenants subissent un encadrement fourni par un formateur expérimenté. Dans la capitale économique du Bénin, il s'agit de Nicoals Houénou de Dravo, 27 ans d'expérience dans l'art théâtral, chargé de former 14 d'entre eux, pendant qu'à Parakou, Sylvanos Tokpé, de l'Association ''Aiyé culture'', prend en compte les 16 autres. D'un âge variant entre 8 et 12 ans et naviguant entre les classes du Ce1 et du Cm2, ces jeunes stagiaires acquièrent des capacités bien précises : la bonne diction du texte, l'art de susciter l'émotion chez l'auditeur, de maintenir son attention, cultiver la démarche du conteur et, notamment, une bonne modulation de la voix. Selon les formateurs, interrogés chacun de son côté, pour en arriver à cette étape, certains préliminaires doivent être cultivés chez ces enfants : exercices du corps, de diction, de la voix, de la technique de narration, de l'étude des personnages et du texte de conte proprement dit. 
L'encadreur Nicolas Houénou de Dravo, en pleine activité ...
Par ailleurs, depuis le début de la formation, ils sont exercés à s'habituer l'un à l'autre, à faire disparaître la honte, le trac, à dire tout ce qu'ils pensent, à bien se tenir sur scène, à s'auto-critiquer et à se critiquer mutuellement. A la fin de l'activité, ils doivent être capables de dire un conte et de faire fonctionner deux spectacles de conte, l'un en solo et, l'autre, en groupe. 
Livrant leurs impressions, Houénou de Dravo, l'encadreur de Cotonou, constate que les écoliers du privé ont plus d'engouement que ceux du public et qu'il est plus facile d'encadrer des enfants, vu qu'ils appliquent simplement ce qu'on leur demande. Pour Sylvanos Tokpé, "la mise en oeuvre de l'activité se passe sans grandes difficultés, car les parents reçoivent, à la dernière séance du mois, les frais de déplacement de leurs enfants et, aussi, à chaque séance, ces enfants ont toujours droit à un goûter qui leur permet de reprendre des forces pour poursuivre jusqu'à 17 heures le travail qui aurait démarré depuis 14 heures. En plus de cela, ils disposent de la logistique nécessaire pour prendre des notes. En outre, les échanges avec la Coordination nationale du Projet se passent dans les meilleures conditions qui soient. " 
Si le traitement des stagiaires est le même, d'une ville à l'autre, les formateurs font remarquer quelques éléments différentiels entre les enfants ; avec ceux de Cotonou, il faut travailler à corriger le snobisme de la parole, alors que ceux de Parakou développent plutôt un naturel de la parole, qu'il s'agit de savoir mettre en valeur. 

Vue sur les résultats de la première activité

Manondon Kpozé, l'un des deux transcripteurs-traducteurs, en plein travail, en décembre 2012 à Savalou, lors de la résidence d'écriture
La première activité du Projet ''Ho-Lomi-Lomi'', "paroles utiles, bonnes à dire et à entendre", concernait l'édition d'un recueil de 30 contes mahi. Si elle s'est achevée depuis le 23 décembre 2012, à l'issue d'une résidence d'écriture tenue à Savalou entre des transcripteurs-traducteurs des contes mahi et des écrivains professionnels, cette première activité a donné lieu à la sélection d'un certain de nombre de contes. Concernant cette situation, les transcripteurs-traducteurs se prononcent, à travers le Rapport d'activités qu'ils ont déposé au Théâtre ''Aboki''. Selon donc Manondon Epiphane Kpozé et Epiphane Dossou, le processus de sélection s'est révélé très laborieux : "[Au stade de la transcription des contes audio en langue nationale mahi], les contes écoutés ont été transcrits fidèlement en langue mahi, sauf ceux dont l'exploitation s'est avérée infructueuse. Dans ce lot, on retrouve principalement le fichier contenant une trentaine de contes collectés lors du Paslo (Projet Arts de la scène, des langues et de l'oralité, Note de la Rédaction) et figurant dans le répertoire de l'Association Katoulati. En effet, l'incohérence des récits, l'absence d'originalité et d'authenticité dans les contes, la répétition des idées et la mauvaise qualité de la diction des conteurs, sont, parmi tant d'autres, des problèmes qui ont empêché l'exploitation de ces contes." Et, à l'heure du bilan, ils concluent, faisant leurs comptes : "A la fin, c'est donc, au total, trente-et-un (31) contes, au lieu de trente (30), comme le prescrit le Projet Ho-Lomi-Lomi, qui ont subi la rigueur littéraire et artistique des auteurs (Les écrivains Hermas Gbaguidi et Patrice Toton, ayant travaillé pendant la résidence d'écriture de Savalou, Note de la Rédaction). C'est le lieu de reconnaître que les contes relevant de la résidence d'écriture sont le fruit du travail intellectuel des transcripteurs-traducteurs et des auteurs. Ainsi, toute ressemblance avec des contes publiés ou non ne serait que pure coïncidence". 
Cette mise au point faite, les prochains jours donneront lieu au lancement du recueil de ces contes mahi qui, finalement, ne pourront être revendiqués, dans leur propriété, par qui que ce soit.

Marcel Kpogodo