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jeudi 5 novembre 2015

Du ’’Kouvito’’ avec Clarke, Yaovi et Pencréac’h, au Centre ’’Arts et cultures’’

Depuis le vernissage du vendredi 30 octobre 2015


En fin d’après-midi, le vendredi 30 octobre 2015, le Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa a tenu le vernissage d’une exposition d’un genre particulier, liée aux revenants. Bruce Clarke, Christelle Yaovi et Stéphane Pencréac’h, les trois artistes concernés, ont ainsi mis à l’actif de leur inspiration, un peu plus d’une quarantaine de fruits d’une réelle curiosité, après un mois de résidence.
Bruce Clarke, Kouvito et Stéphane Pencréac'h
Accueil par un personnage tout en fer, tout en noir pur. L’air d’un robot. Du Rémy Samuz tout craché et, c’est l’arrivée au Centre ’’Arts et culture’’, trois peintures murales circonscrivant stratégiquement tout l’espace, en un rectangle qui encadre le regard et le parcours du visiteur. Jusqu’au 30 janvier 2016, ces 3 peintures murales, 2 installations, 10 œuvres en impression numérique de personnages debout et 18 œuvres en toiles, peuvent être vues par le public, à ce Complexe culturel de Lobozounkpa, sis Quartier Atropocodji, dans l’Arrondissement de Godomey, de la Commune d’Abomey-Calavi, dans la ruelle du Complexe scolaire, ’’La Plénitude’’. Le vernissage de cette exposition dénommée ’’Kouvito’’, ’’Revenants’’, en langue fon, s’est effectué, le vendredi 30 octobre dernier, devant un grand nombre d’invités parmi lesquels des responsables d’espaces culturels, des artistes de tous genres, notamment, et des hommes de médias. Dominique Zinkpè, Directeur exécutif du Complexe culturel, a patronné le lancement de la visite.

Les trois artistes, au cours de leurs échanges ...

Bruce Clarke, Christelle Yaovi et Stéphane Pencréac’h ont montré un premier niveau de manifestation de leur particularité artistique, à travers la peinture murale que chacun d’eux a réalisée, sans oublier la déambulation, au cours de la soirée du vernissage, d’un personnage vivant, peint en ’’Kouvito’’ par le marquage sur son corps, à l’acrylique, grâce à l’art de Bruce et de Stéphane, des traits du squelette, lui donnant l’allure d’un vrai mort vivant, d’un fantôme : Marius Bâjidé Dakpogan n’a pas voulu ne pas être de la fête.   

... avec le public
Premièrement, Stéphane Pencréac’h se fait signaler, à l’entrée dans le Centre ’’Arts et cultures’’. Dès que le visiteur franchit le 2ème portail, il remarque, à sa droite, une prise en charge artistique de la façade haute et droite du mur, représentant désormais comme un espace de plage, dans une technique de mise en perspective. Selon l’auteur de cette réalisation, il s’agit de la matérialisation d’une plage symbolique du départ massif des bras valides des pays côtiers de l’Afrique, vers l’Europe et les Amériques. Tout un réveil des trois siècles du commerce triangulaire.

Visite de l'exposition ...
Tout au fond, la deuxième peinture murale capture le regard. Du Bruce Clarke. Elle attire et soustrait vers elle. Le personnage, les deux mains en arrière, le corps tendu en avant, danse peut-être. C’est selon la lecture du visiteur. C’est l’antichambre vers l’atelier de travail de ce créateur, la salle d’exposition de la dizaine des ’’personnages debout’’ du même Bruce Clarke.  Et, la réelle logique du ’’Kouvito’’. Maintenus dans cette position grâce au vertical panneau en toile relevant d’une impression numérique suspendue par du fil au plafond, ces personnages, hommes, femmes, enfants, tous sexes confondus, célèbrent leur résurrection des entrailles d’un génocide de 1994 puissamment meurtrier, mais dont Bruce Clarke maintient la mémoire, eux qui constituent un million de condamnés dont la vérité sur les conditions de la disparition reste réservée à un cercle restreint de privilégiés, ce qui horrifie l’artiste anglo-sud-africain.

.... par le public
En revenant sur ses pas comme si l’on voulait sortir du Centre, la troisième peinture murale, celle-ci, de la Franco-béninoise, Christelle Yaovi. Elle a exploité le mur latéral de la bibliothèque pour livrer ses mots intimes, par un texte entièrement écrit à l’encre de Chine, intitulé, ’’Body trip’’, ’’Revenante vivante’’, en français (Texte à lire en annexe). Une véritable confession de la ’’résilience’’, d’un cheminement qui lui est interne, du parcours ordinairement humain de naissance, de rencontre des réalités aussi bien dures qu’absurdes de la vie, pour finir par renaître dans une espérance absolument rayonnante. « […] j’ai choisi de vivre, debout en habit de lumière », conclura-t-elle, en ’’kouvito’’ positive, ne ménageant aucun répit au visiteur et le lançant instantanément dans l’une de ses deux installations, à quelques petits mètres du mur : le ’’Body trip’’ 2, dans un espace bien délimité. L’essentiel de l’œuvre est un dispositif sur bois que de nombreuses lames parcourent, que nous soyons au sol ou au sommet du support. Et, tout près, un avertissement sentencieux, un appel, semble-t-il à l’humilité : « Poussière tu es, poussière tu retourneras ».

Les peintures murales de Stéphane Pencréac'h ...
Empreint de la force d’une telle suggestion, le visiteur aborde, en toute sérénité, la caverne d’Ali Baba, la galerie d’exposition d’une alternance de surprenantes toiles des trois anciens résidents. Du côté de Christelle Yaovi, la technique de l’acrylique et du collage fait son chemin à travers les œuvres, même lorsque certains dessins sont réalisés à l’encre de Chine. 

... et de Bruce Clarke
Cette démarche honore pas moins de 17 œuvres réparties entre les trois salles de cette galerie et son atelier de travail. Stéphane Pencréac’h, lui, occupe, de ses 6 toiles, l’essentiel de la salle 1 d’exposition, développant un procédé artistique unique, celui de l’acrylique sur pagne. Innovant. Avec Bruce, la première salle d’exposition resplendit de deux revenants, deux ’’hommes debout’’, par les œuvres ’’Muted response’’ et ’’A place in history’’. Dans la salle 3, deux catégories de toiles : deux peintures de ces personnages-revenants, le ''Fantôme de la mer'' 1 puis le ''Fantôme de la mer'' 2, un hommage, selon l'auteur, aux personnes perdues dans les immigrations vers l'Europe, et deux photos brouillées d’une longueur verticale de la même facture que celles de l’impression numérique, ’’Fantôme de la terre’’ 1 et ’’Fantôme de la terre’’2 ;  A voir absolument !

Marcel Kpogodo  




Texte de Christelle Yaovi : Body trip - Body trip revenant - Revenante vivante

Présentation murale du texte de Christelle Yaovi
Body trip, le voyage vivant du corps.
De mon corps, du corps du nouveau-né, de la petite fille, du petit garçon
Du corps féminin, du corps masculin, du yin, du yang.
La lumière fut et le cri jaillit. Voici le voyage … L’obscurité de notre humanité nous emporte. Cache-cache nous tient, nous broie. Voici le bal des faux-semblants, des âmes perdues, des mots assassins, d’une mort lente, d’une agonie sans fin. Voici la brûlure qui vide l’âme, rend l’esprit fou. Ce corps assassiné, les entrailles en feu, le cœur à l’arrêt … Voici la solitude abyssale rendue au néant, au gouffre d’avant-création.
Le voyage demeure avec le corps meurtri mutilé assassiné. Survivre jour après jour, des instants douloureux se laissant traverser vivants. Il faut se rendre à l’évidence, la vie reste la plus forte tapie de lumière. Demeurer au milieu du ko, au cœur du corps sanguinolent, les entrailles en bataille, les genoux flottants, s’agrippant à son propre pardon … Miracle chante, danse … Ecroulement des paravents, des représentations, déchirement du voile des apparences. Cette capacité d’aimer nous cheville au corps, aucune renonciation à l’horizon, une dévotion se meut, le corps devient plus fort à l’endroit de la cassure, le corps se bat, cicatrise, guérit, pardonne, s’apaise puis danse à nouveau, une danse de corps jumeaux en transe qui se noie dans la lumière de jouissance puissante d’énergie. Corps violon pour boire l’éternité, les yeux dans les yeux … Voici la présence, qu’as-tu fait à ta vie ? Qu’a-t-on fait à ta vie ? Assassinée ? Mutilée ? Sacrifiée ? Niée ? Soldée ? Naître à ce qui est, choisir de vivre, choisir d’aimer, choisir la résilience … J’ai été assassinée et j’ai choisi de vivre, debout en habit de lumière.
Going home.



Christelle Yaovi, 2015. 

jeudi 29 octobre 2015

Clarke, Yaovi et Pencréac'h exposent dès ce vendredi 30 octobre à Lobozounkpa

Dans le cadre des activités du Centre ’’Arts et cultures’’  



Une conférence de presse s’est déroulée dans l’après-midi du mardi 20 octobre dernier, au Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa. Il s’agissait pour Dominique Zinkpè, le Directeur de l’Espace, d’annoncer la tenue de l'exposition à laquelle participeront trois gros baobabs du secteur des arts plastiques, suite à une résidence assez laborieuse : Bruce Clarke, Christelle Yaovi et Stéphane Pencréac'h.


De gauche à droite, Bruce Clarke, Christelle Yaovi et Stéphane Pencréac'h, au cours de la conférence de presse
Après bientôt un mois de résidence, l’anglo-sud-africain, Bruce Clarke, le Français, Stéphane Pencréac’h et la Franco-béninoise, Christelle Yaovi, livreront le résultat de leurs inspirations, à travers une exposition dont le vernissage aura lieu dans l’après-midi du vendredi 30 octobre 2015. Au Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa. Cette information a été partagée par le Directeur de cet Espace, Dominique Zinkpè, au cours d’une conférence de presse dont il a pris l’initiative. En réalité, selon cette personnalité, c’est la troisième fois que le cadre indiqué abrite ce genre de processus, après les expériences de novembre 2014 et de février 2015. Il a, en outre, précisé que le Centre ’’Arts et cultures’’ étant multidisciplinaire, il héberge des résidences d’artistes pour que ceux-ci développent un travail particulier et qu’ils fassent des échanges, des rencontres et des partages. Et, dans leur manière de procéder en travaillant, ils évoluent dans leur studio, d’abord, et prennent en otage l’espace, ensuite.

Un aperçu du travail de Stéphane Pencréac'h ...
Concernant les artistes en action, il est revenu à chacun d’eux de décrire leur démarche. Ainsi, dans ses explications, Stéphane Pencréac’h a fait savoir que le fondement de son travail serait de réaliser des tableaux et des sculptures. Dans le premier cas, notamment, l’artiste a déclaré exercer son art à l’aide de toiles qui auront un fond de tissu imprimé, ce qui lui permettrait de peindre à partir des motifs des pagnes choisis. Et, selon lui, l’être humain fonde son inspiration : « Le sujet de la peinture, c’est l’homme », affirme-t-il, en approfondissant : « Je m’empare d’un objet qui, à mes yeux, est important, avec un regard sans morale, sans leçon de morale, sans aucun mauvais esprit ». Aussi, étant donné qu’il entend exploiter les murs du Centre pour son expression artistique, il confie vouloir mettre en perspective l’esclavage, en tant qu’ « occidental, Blanc et Français », surtout que cette notion n’est enseignée que depuis peu dans les écoles occidentales.

... de Bruce Clarke et de ...
Quant à Bruce Clarke, il donne la vision, dans sa démarche, de pratiquer un procédé lui étant familier, les personnages « qui partent debout », ce qui symbolise pour lui « la peinture de la dignité humaine ». A en croire ses propos, au cours de cette résidence, il compte exécuter un travail en deux parties, l’une murale et, l’autre, picturale. Donc, d’une part, il réalisera des peintures au mur et, d’autre part, des peintures sur tableaux, ce qui matérialise, chez lui, le début d’un nouveau projet qui lui tient à cœur : « les disparus de la méditerranée, parmi ceux qui essaient de la traverser ». Selon lui, le public devra s’attendre à une série de tableaux montrant «  des personnages debout, dignes sur l’eau ».

... Christelle Yaovi
Se rapportant à la Franco-béninoise, Christelle Yaovi, elle a annoncé travailler sur un fond de la « thérapie » de son « histoire » et de celle de tous ses « héritages », entre autres, l’esclavage ; elle relatera donc des aspects de sa généalogie, avec une profonde positivité. Elle pense, en outre, se manifester, à travers ses œuvres, par un genre particulier dont elle raffole : écrire sur les murs. Et, le projet qui portera cette attitude devenue, pour elle, artistique est tout trouvé : ’’Body trip’’. Selon les analyses de cette première femme à avoir réalisé une résidence de création au Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa, avec ses deux co-résidents, ils forment trois ’’mousquetaires’’ dont une communion intime entre leurs esprits respectifs a contribué à créer une rapide alchimie. Vivement donc le vernissage du 30 octobre pour toucher du doigt les marques de cette symbiose artistique à tri-dimension humaine.   


Marcel Kpogodo

dimanche 20 janvier 2013

Destruction de '' L'homme debout '' à Ouidah

Coup de gueule des artistes béninois

L'oeuvre détruite, ''L'homme debout'' de Bruce Clarke, une femme debout ...
En marge d'un reportage sur un vernissage à la Place du Souvenir, ex-Place des Martyrs de Cotonou, ce samedi 19 janvier 2013, des artistes béninois, Prince Toffa, Thierry Oussou (Ces deux premiers ont fait partie de la construction collective de '' Lhomme debout '' avec Bruce Clarke) et Marius Dansou, ont réagi concernant le rasage, sur les ordres du Ministère de la Culture du Bénin, sur le site de la Porte du Non-Retour à Ouidah, de l'Oeuvre artistique collective de sept artistes béninois, patronnée par le plasticien Sud-africain, Bruce Clarke, dénommée ''L'Homme debout''. Elle avait été réalisée sous l'initiative de la Fondation Zinsou. Cet artiste mondialement connu s'est déjà illustré dans ce genre de chef-d'oeuvre dans un pays comme le Rwanda sur les lieux de mémoire du génocide des Tutsis .



L'artiste-plasticien Prince Toffa : 
" Ce qui m'a fait mal, moi, dans cette affaire, c'est que, faisant partie du ''workshop de Bruce Clarke'' qui était passé au Bénin, c'est que nous avons travaillé de manière acharnée pour deux semaines avant d'avoir accroché la toile et, il paraît que c'est le Ministre de la Culture qui a donné l'ordre qu'on la casse ... Ce qui me fait mal, c'est l'oeuvre d'art cassée ; on ne peut pas casser une oeuvre d'art, c'est une toile de 8m x 3m ! On aurait pu l'enlever ... (Visage très amer) On aurait pu l'enlever avant de casser l'endroit ! On ne peut pas casser une oeuvre d'art, c'est impossible ! Si c'était le Ministre de la Défense ou le Ministre des Travaux Publics, on aurait pu comprendre cela ! Là, maintenant, on parle du Ministre de la Culture, quelqu'un qui est censé connaître la Culture, la valeur d'une oeuvre d'art ! Je suis désolé, c'est impossible, c'est terrible ! Je ne suis pas du tout content ... "

L'autre plasticien, Thierry Oussou : 
" Un Ministre ? Donner l'ordre d'aller casser une oeuvre ! C'est vraiment dommage ! A sa place, moi, j'aurais démissionné, même si c'est qu'on m'avait demandé de le faire ... On aurait pu décrocher l'oeuvre et casser le mur ! Ce mur était resté là pendant très longtemps avant qu'on ne travaille sur une bâche tissée ... On aurait pu appeler la Fondation Zinsou pour lui dire : " Venez enlever la bâche ... " On est en train de se battre pour que la population accepte l'art béninois mais, lui, il est en train de faire le contraire ! Nous, nous sommes contre le fait qu'ils aient cassé l'oeuvre ! Il peut y avoir quelque chose entre le Ministre et la Fondation ; nous, on ne veut rien en savoir. Mais, c'est l'acte que moi, je condamne ! " 

Le plasticien, spécialiste des Masques, Marius Dansou : 
" Franchement, il faut placer des gens à la place qu'il faut ! Moi, je suis désolé qu'un Ministre de la Culture puisse donner l'autorisation de casser une oeuvre ... J'ai été choqué quand j'ai appris l'histoire ... Comment on peut casser une oeuvre d'art ? On ne peut pas détruire une oeuvre d'art ! Il y a de l'émotion là-dedans ! Cela a été conçu par des artistes ! Cela a été réfléchi, pensé, pendant des années ! Je suis désolé ! On ne peut pas détruire une oeuvre d'art comme ça, par amour et par respect pour l'art ! Je suis désolé ! Je suis vraiment désolé ! Actuellement, là où je suis, je suis choqué, je n'arrive même pas à m'exprimer comme il faut ... " 

Propos recueillis par Marcel Kpogodo