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mercredi 7 octobre 2015

L’Agence ’’Air France-Klm’’ de Cotonou montre 6 artistes de la jeune génération

Dans le cadre de l’exposition ’’In the way’’ liée au concept ’’Le monde de Sica’’

Le vendredi 2 octobre 2015 s’est tenu le vernissage de l’exposition ’’In the way’’, à l’Agence ‘‘Air France-Klm’’, à l’initiative de l’artiste plasticienne franco-béninoise, Christelle Yaovi, avec l’appui d’Eric Michel, Directeur de cet espace réservé aux clients de la compagnie de voyages. Ce sont ainsi 6 créateurs d’une génération naissante d’artistes plasticiens béninois qui retrouvent leurs œuvres soumis à l’appréciation des visiteurs.

Eric Michel, Christelle Yaovi et, entre autres, Eliane Aïsso, représentante des artistes en exposition
4 peintres et 2 photographes d’art voient désormais leurs œuvres respectives contemplées et, celles-ci sont susceptibles d’être acquises par des visiteurs qui ne sont personne d’autre que des clients d’un type particulier de l’Agence ’’Air France-Klm’’ de Cotonou, ceux de la catégorie ’’Flying blue platinum’’. Eliane Aïsso, Gandhi Tomédé et Lionel Ferréol Yamadjako, alias Yamferlino’s, de même que Gopal Amah, Daavo et Yanick Folly, sont les artistes concernés par cette manifestation de mise en lumière de leurs productions. Et, ’’In the way’’ reste la dénomination de l’exposition dont le vernissage a eu lieu, le vendredi 2 octobre dernier, sous la direction fortement engagée d’Eric Michel, Délégué d’ ’’Air France-Klm’’ pour le Bénin, et à l’initiative de Christelle Yaovi, promotrice de la manifestation artistique, dans le cadre des activités de son concept, ’’Le monde de Sica’’.

Aperçu des invités
La première personnalité, qui voit en son espace une « Agence iconoclaste », conçoit les expositions qui s’y déroulent périodiquement comme « un trait d’union entre le monde des affaires et celui des artistes, entre celui réel et celui imaginaire ». En substance, son mot introductif, suivi, entre autres, par un bref propos de Christelle Yaovi, a permis de passer à la découverte des 6 inspirations artistiques, à l’honneur, au cours de la soirée de vernissage.



Bref aperçu de la mentalité artistique des exposants
L'artiste Daavo

Du côté des artistes peintres, Daavo est aussi un sculpteur dont la spécificité de la présentation, lors du vernissage, est un ensemble de deux œuvres sur socle avec, comme matériaux, du bois, du fil électrique, des objets de récupération, du fer. Pour lui, il s’agit, notamment, de dénoncer les installations électriques, informelles et anarchiques, encombrant celles de la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee) et enlaidissant l’espace, dans les grandes villes de notre pays.

Gandhi Tomédé, à côté de ''son'' Mandela
Quant à Gandhi Tomédé, elle exposait 2 tableaux aux sujets antinomiques du pacifisme et de la tyrannie politique, chacun d’eux représentant les portraits respectifs de Nelson Mandela et de Muammar Khadafi. Selon cette jeune femme, son objectif de base est de montrer qu’il existe deux voies différentes, l’une, bonne et, l’autre, mauvaise, pour atteindre un même but, chacune aboutissant à un type spécifique de résultat.

Eliane Aïsso
Avec Eliane Aïsso, la logique du regroupement est de mise sur ces toiles, à travers la récurrence, sur ses toiles, d’amas latéraux, ce qui lui permet de stigmatiser, en douceur, la tendance répandue, en Afrique, en général, et, au Bénin, en particulier, à évoluer seul, une stratégie qui, selon elle, n’est pas productrice de résultat.

Yamferlino's

Se rapportant à Yamferlino’s, ses 4 œuvres se trouvent étroitement liées, par leurs titres respectifs, à la mode, ce qui ne devrait aucunement surprendre, étant donné la qualité de ’’fashion designer’’ qu’il se reconnaît. Ainsi, associant la peinture à la mode, il lui arrive de peindre, sur ses toiles, des mannequins.


Gopal Amah
Concernant les artistes photographes, Gopal Amah se distingue immanquablement par le nombre impressionnant de ses œuvres de plusieurs types de dimensions. Un autre aspect de sa particularité réside dans le fait que, pour réaliser ses photos, il choisit au hasard ses modèles et qu’il leur compose le maquillage qu’il juge adapté à leur profil facial. Sa façon propre de célébrer et de mettre en valeur la beauté féminine.
Yanick Folly
Son autre collègue, Yanick Folly, s’impose un refuge artistique chez les enfants dont il se sert comme modèles pour faire passer son message. « C’est eux le futur du monde », affirme-t-il, le visage rayonnant d’enthousiasme, lui qui, à en croire ses propos, s’est vu voler son enfance. Ainsi, sa proximité avec eux lui permet de vivre ces années d’innocence et d’insouciance dont il n’a jamais goûté.



Eric Michel et Christelle Yaovi
Ce sont donc six vues du monde dont l’originalité n’aurait jamais été communiquée sans le courage ni l’audace d’Eric Michel, sans une chaleur ni une soif, celles de Christelle Yaovi à projeter une lumière très révélatrice sur le comportement contemporain des arts plastiques au Bénin.




Marcel Kpogodo

vendredi 2 octobre 2015

6 jeunes artistes en vernissage ce 2 octobre en soirée à l'Agence ''Air France-Klm'' de Cotonou

Dans le cades des activités du ''monde de Sica’’ de Christelle Yaovi


Pour la troisième fois, l’Agence ’’Air France-Klm’’ de Cotonou accueille une exposition de produits d’arts plastiques, à l’initiative, notamment, de l’artiste plasticienne franco-béninoise, Christelle Yaovi. Une opportunité pour elle de tendre la main à six jeunes artistes béninois dont bon nombre sont peu connus.

Au milieu, Christelle Yaovi, entourée de ses protégés
15 œuvres de peinture et de sculpture. Pas moins d’une cinquantaine de photographies d’art de toutes tailles. Et, Eliane Aïsso, Ferréol Lionel Yamadjako, alias Yamferlino’s. Déjà en vue, mais de la jeune génération. Avec Gandhi Tomédé, Gopal Amah, Yanick Folly et Daavo. Pour ceux dont le public devra désormais travailler à connaître le talent et une pratique artistique spécifique. Le résumé d’un travail sélectif de fourmi qu’opère Christelle Yaovi, artiste plasticienne franco-béninoise. Cet engagement qu’elle se donne la force et la passion de concrétiser se trouve en symbiose avec la volonté d’une personnalité de faire honneur aux clients de son Agence de voyages, en leur faisant voir autre chose que le cadre habituellement froid dont il leur est difficile de se détacher : Eric Michel, Directeur d’ ’’Air France-Klm’’.
Ainsi se réalise la démarche du Monde de Sica, que Christelle ne tarde pas à rappeler : « Mettre en lumière les artistes, montrer ce qui se fait dans le pays, en matière d’arts plastiques, intéresser les profanes à la chose artistique ». Et, finalement, dans un bilan rapide de ce concept, le visage de l’artiste s’éclaire, puisqu’elle relève l’intérêt du personnel de l’Agence ’’Air France-Klm’’ pour le décor de type nouveau et pour le positionnement adéquat des œuvres, lors de la préparation de chaque nouvelle exposition, sans oublier l’émerveillement des clients qui peuvent se faire servir, contempler des tableaux et, en acheter. Le comble de la satisfaction ne pourrait se fonder alors que sur celle de ses jeunes poulains. Ceux rencontrés, entre 22 et 26, sont d’une joie qui défie la morosité ambiante. Gandhi, Gopal, Yanick et Daavo touchent du doigt la porte de l’ouverture et toutes ses opportunités, qu’ils attendent, de pied ferme, dès ce vendredi 2 octobre, en début de soirée, à l’Agence ’’Air France-Klm’’ de Cotonou, non loin de l’aéroport.

Marcel Kpogodo

lundi 3 août 2015

Christelle Yaovi à cœur ouvert : « […] je cultive la lumière, même si ce n’est pas facile tous les jours»

Dans une interview exclusive


Elancée, teint d’or, arborant un port altier, Christelle Yaovi, de famille de Souza, s’inscrit, depuis peu, dans une logique de jet de ses projecteurs sur des inspirations d’artistes béninois et étrangers. Dans le cas d’espèce, elle initiait, le 3 juillet 2015, à l’Agence ’’Air France-Klm’’ de Cotonou, l’exposition ’’Voyage imaginaire’’ faisant valoir l’œuvre de Sœur Henriette Goussikindey. Une énergie ainsi investie suscite, vis-à-vis de cette personnalité qu’est Christelle Yaovi toute une curiosité très vite étanchée par cet entretien qu’elle a bien voulu nous accorder. Il en ressort que la lumière constitue l’un de ses puissants moyens d’action ….  

Christelle Yaovi
Stars du Bénin : Bonjour Christelle Yaovi. Vous êtes une artiste franco-béninoise. Pouvez-vous définir votre place dans les arts au Bénin ?


Christelle Yaovi : Je suis peintre ; je pense que c’est le domaine que je préfère. Je suis plasticienne, puisque je fais aussi des installations ; j’ai eu l’occasion de pouvoir le faire, en résidence, avec Meshac Gaba, également, à Bakou, à Azerbaïdjan, où j’ai été invitée après la Biennale, celle de Cotonou.
Je sculpte, je fais de la photographie et j’écris, j’écris aussi beaucoup. D’ailleurs, lors de mes expositions, quand je mets mes œuvres, j’écris sur les murs ; j’aime beaucoup l’écriture (Voir des textes de l’artiste, à la fin de l’interview, Ndlr).


Pouvez-vous nous parler de votre passage à Azerbaïdjan ?
Au cours de la Biennale du Bénin en 2012, il y a eu plusieurs artistes qui y ont participé, des Japonais, des Brésiliens, des Sud-Américains, des Français, notamment, Daphné Bitchatch, artiste française, qui a, elle-même participé à différentes expositions à Azerbaïdjan, a parlé de mon travail qu’elle a découvert ici. C’est comme cela que je me suis retrouvée à y être invitée pour réaliser une grande installation.


Et, comment c’était, à Azerbaïdjan ?
Moi, j’ai adoré. D’abord, ce sont des gens qui vous accueillent de manière extraordinaire, qui adorent les artistes et, c’est un pays controversé parce qu’on parle de dictature, - mais, bon, nous sommes en Afrique, donc, nous savons de quoi nous parlons … - mais qui investit énormément sur les artistes. Ils aiment recevoir et, surtout, découvrir des artistes du monde entier. Donc, l’artiste franco-béninoise que je suis, a été découverte et appréciée à sa juste valeur.  


Comment une artiste plasticienne, franco-béninoise, comme vous, exerce au Bénin ? Comment travaillez-vous, dans ce contexte de double nationalité ?
Déjà, comme tu peux le voir dans mon atelier, je participe à certains projets, mais dont je suis souvent l’initiatrice, puisque j’ai créé ’’Le monde de Sica’’, qui a pour concept de faire des expositions collectives, justement, pour prononcer le lien entre les artistes, entre les œuvres, mais, aussi, toujours dans mon côté assez spirituel de la chose, en me disant que « l’union fait la force » et qu’on est tous ensemble, qu’on n’est pas si séparés. C’est quand même mon grand concept.
Comme j’ai pu aussi travailler avec ’’Air France’’, en présentant Sébastien Boko et Dina, j’initie surtout des projets, entre autres, ’’Starting block’’, avec Meshac Gaba et Thierry Oussou, ’’Le monde de Sica’’, avec Daphné Bitchatch, Diagne Chanel et Dominique Zinkpè, d’une part et, Sébastien Boko et Dina, d’autre part. Mais, voilà, c’est un travail très personnel. Comme on ne m’inclut pas souvent dans les projets, je crée les miens, je vends lors des visites de mon atelier. L’édition de mes propres catalogues permette aussi de faire connaître mon travail. C’est à peu près comme cela que je fonctionne.


En tant qu'artiste plasticienne, après nous avoir dit de quelle manière vous avez commencé à peindre ou ce qui vous a amenée à ce métier, pouvez-vous décrire votre démarche artistique ?
Ma démarche artistique?
En premier, je dirai que cela a été ma thérapie, la peinture m'a permis d'exorciser la souffrance, la douleur de mon héritage et ainsi garder un espoir envers et contre tout. C'était la première étape. 

Ma démarche artistique est constituée d'étapes. Je n'en avais pas conscience en commençant.
Il y a cette première étape douloureuse, tourmentée, et l'étape suivante a été d’entrer en contact avec les autres, mettre en lumière les différents liens, autant dans la mémoire collective que le tragique collectif, ou dans l'histoire de chacun d'entre nous.

Il y aura toujours une part de cette étape dans les suivantes.

Aujourd'hui, je commence l'étape où l'on sait en grande partie qui on est, où on assume tout, et où on se met à nu, on met à nu aussi les autres.

Ma démarche est toujours un pas vers les autres, des pas, vers soi même ...

Les thèmes s'imposent et je les suis, mais avec toujours une grande liberté! Art= Liberté. Avec une immense ouverture d'esprit, qui, d'une manière, entraîne vers un hors thème, selon d'autres... Lors d'une résidence, je ne m'attache pas trop au thème, je le rends extensible pour pouvoir laisser libre cours à ma créativité.


Vous dites qu’on ne vous inclut pas souvent dans des projets. Est-ce que cela veut dire que l’univers des arts plastiques au Bénin ne vous accepte pas ?
Me rejeter ? Non ; je ne suis pas la seule dans ce cas. Je pense que la première place, qui est la place de choix, est faite aux hommes. Les hommes artistes, au Bénin, sont reconnus bien plus facilement ; les femmes, elles, émergent. Et, c’est plus compliqué pour les femmes, c’est franchement plus compliqué. Mais, je dirais aussi que, par exemple, quand vous prenez le domaine des artistes chanteurs ou autres, vous avez ceux qu’on mettra toujours sur le devant de la scène et ceux à qui on ne va pas la laisser forcément accéder. Je pense que c’est dans ce cas de figure que je me retrouve. Mon métissage est parfois un handicap, parce que ma légitimité, du coup, d’être aussi Béninoise ne m’est pas reconnue ; ce sont des moments où on me l’enlève. D’un seul coup, on se dit : « Elle est un peu trop blanche … ». Et, même, il y a des visites de projets qui viennent de l’Extérieur, où des Blancs, qu’ils soient Américains, Français ou autre, ont jugé que je suis trop blanche pour représenter une artiste béninoise. L’art contemporain est universel, il n’y a pas l’art contemporain fait pour moi, béninois ou africain, français ou autre ; c’est de l’art contemporain.
On stigmatise encore les gens et, du coup, moi, je n’entre pas forcément dans des cases. Quand quelqu’un dit, à propos de moi : « Tiens, je vais te présenter une artiste béninoise ! ». On le dit comme ça et, moi, je rectifie toujours, « franco-béninoise … ».      


Cela veut dire que votre côté européen, parlant de votre peau blanche, n’est pas un avantage pour vous …
Pas toujours. Il l’est, cela dépend où je me trouve. Que je sois en Europe ou en Afrique, par exemple, c’est un avantage ou un handicap, selon les situations et, selon, aussi, la bonne ou la mauvaise foi des gens.
J’ai l’impression qu’au Bénin, les gens se diraient, en me voyant, la peau claire, l’air distingué, que je suis trop à l’aise pour entrer dans certains projets. Et, de l’autre côté, on se dirait que je ne suis pas assez dans la précarité pour bénéficier d’un projet visant à faire sortir les artistes locaux de l’ombre …
De toute façon, j’ai écrit un texte sur mon métissage. Au fait, c’est selon les gens, parce que le métissage, ça dérange toujours. Quand vous prenez Obama, on dit qu’il est noir, or il est métis. Il est métis, on est bien d’accord ? Et, pourtant, on te dit qu’aux Etats-Unis, on s’obstine à dire qu’il est noir. Il est noir et blanc, à la fois.
Finalement, ça dérange les gens, parce que c’est une forme d’unité et de résilience ; on unit plusieurs cultures, selon les différents métissages, les différentes couleurs, les différents héritages, en une seule personne, la plupart des gens ne sont pas à l’aise avec ça.
Moi, que j’aille bien ou pas, que j’aie de l’argent ou que je n’en aie pas, vous n’allez pas le voir ; c’est peut-être comme cela que j’ai été élevée où on est toujours très fiers, avec beaucoup de dignité. Mais, comme tu le dis, les gens qui me voient me perçoivent juste grande, avec une forme très distinguée. Du coup, quand on me voit, on se dit : « Hum, celle-là, elle n’a besoin de rien, donc elle n’a pas besoin de venir faire partie de ce projet … », « Celle-là, elle en a tellement qu’elle ne va même pas nous regarder ... ». Et, il y a des jeunes artistes qui, parfois, me disent : « Je n’ai pas osé venir vous dire « bonjour » ou vous proposer quelque chose … ».
Moi, je dois respect à toute personne qui me respecte.  En dehors de ça, il n’y a pas de grand, il n’y a pas de petit, on est tous faits pour apprendre ; les aînés m’aident à quelque chose, je suis aînée de certains, je suis là, je discute avec tout le monde, je ne fais pas de snobisme, du tout ! On préfère me mettre cette étiquette, avant d’apprendre à me connaître. On ne me donne aucun bénéfice du doute, puisque les gens estiment que je suis trop belle pour être intelligente et talentueuse. C’est quand ils se mettent à parler avec moi qu’ils se disent : « Ah, elle est belle, mais elle a quand même aussi un cerveau … », parce qu’on aime dire que les femmes qui sont belles n’ont pas de cerveau … Ils disent : « Ah non, elle a aussi un cerveau, elle sait réfléchir, elle sait analyser et, elle est aussi généreuse, elle est aussi très gentille et, à l’écoute, quand elle peut rendre service, elle le fait ». Pour les gens, ça fait trop … Donc, je suis trop …, pas assez … Enfin, voilà …


Pour résoudre ce problème, vous ne vous enflammez pas, vous ne vous aigrissez pas, vous mettez plutôt un système pour vous positionner, en créant des projets. D’où vous vient cette faculté de dépassement ?  
Je vais t’expliquer cela le plus simplement possible. J’ai toujours eu la faculté de m’accrocher au positif et non au négatif. Tout au long de ma vie, bien évidemment, depuis ma plus tendre enfance, j’ai rencontré des personnes généreuses, attentionnées et bienveillantes qui ont laissé leur empreinte, une empreinte si forte que mon expérience avec les autres malveillants, méchants, assassins, dans leur comportement, ne m’a jamais inspirée. Ma spiritualité, ma foi me permettent de savoir que la vie met les pendules à l’heure, d’elle-même ; je n’ai donc pas à me soucier de me venger. Du coup, je n’ai pas besoin d’être aigrie. J’aime la lumière, je baigne dans la lumière, mes œuvres sont empreintes de lumière, je suis une lumière, je cultive la lumière, même si ce n’est pas facile tous les jours. De cultiver la lumière, d’être positive, d’évoluer dans la bienveillance, permet de construire dans l’espoir et de transmettre l’espoir.  


Pouvez-vous parler un peu de votre vie de famille ? Etes-vous mariée ? Avez-vous des enfants ?
Je suis divorcée avec un fils qui aura bientôt 19 ans et que j’ai élevé seule, en grande partie. Mais, je suis également la maman de 9 filles, mes sœurs.


Etant mère d'un garçon, pouvez-vous évoquer les relations que vous entretenez avec votre fils?
Mon fils! Avant de pouvoir répondre, je me suis demandé si ce n'était pas trop privé. Ça l'est.
Et, en même temps, je peux en parler un peu.
Mon fils a un œil très critique, une critique que je qualifie de constructive. J'aime qu'il puisse avoir sa propre vision. J'ai réussi une partie de mon rôle de mère. J'ai toujours voulu qu'il exerce son œil sur le monde dans lequel il vit, qu'il ne prenne jamais pour argent comptant ce qu'il entend, ce qu'il lit, ce qu'on lui apprend et même ce que je peux lui dire. Il est vital d'apprendre à nos enfants qu'ils ont un cerveau qu'ils doivent utiliser au maximum et qu'ils doivent trouver leur propre vérité, car je pense qu'il existe autant de vérités que d'humains dans l'univers.
Nous avons une grande complicité et un respect mutuel de notre individualité.
Nous apportons beaucoup à nos enfants, mais ils nous apportent énormément aussi, et mon fils est une vraie bénédiction! 


Propos recueillis par Marcel Kpogodo



Textes de Christelle Yaovi de Souza, illustrés de quelques œuvres significatives pour l'artiste


Il paraît

Il paraît que je ne suis personne, ni noire, ni blanche, trop noire, trop blanche...
Je suis noire, je suis blanche, je suis toutes les couleurs de l'arc-en-ciel... Je suis Or, je suis
Sica... Je suis métisse, un mélange harmonieux de tout ce que contient l'Univers.
Il paraît que je suis guenon et je me sais Reine en Héritage. Je suis Amazone, guerrière Femme.
On me réduit à un vagin sur pattes, je me sais sacrée et habitée du Divin.
Nous sommes tous issus de la lumière! Les liens sont et demeurent envers et contre tout. Toutes les étiquettes restent le bla bla des âmes perdues! Compassion pour les âmes perdues ... Le bla bla n'est que du néant!

Christelle Yaovi de Souza




Merci


Merci c'est rendre Grâce ... Un mantra de gratitude pour l'Amour, pour la Vie... Merci pour tant de courage...



Les larmes de l'âme


Pleurer à l'intérieur ... Taire ses larmes, taire sa souffrance... L'âme pleure... Les larmes de l'âme 



 Papa où t’es ?




Mon père est décédé, il m'a inspiré cet œuvre ... Il n'a pas été un bon père, il reste mon père et la chanson de Stromae conte d'une certaine manière une partie de notre histoire... Le titre a été une évidence ... 



Animus



Crédit photos : Christelle Yaovi


Sœur Henriette Goussikindey en exposition à l’Agence ’’Air France-Klm’’ de Cotonou

Depuis le 3 juillet 2015


Le début de soirée du vendredi 3 juillet 2015 a permis d’assister au vernissage de l’exposition ’’Voyage imaginaire’’, sous le couvert du concept ’’Le Monde de Sica’’ dont l’artiste plasticienne franco-béninoise, Christelle Yaovi de Souza, est la promotrice. La manifestation s’est révélé une opportunité pour les invités et les visiteurs de découvrir la spécificité avec laquelle l’artiste en exposition, Sœur Henriette Goussikindey, récupère et transmet les réalités de son milieu d’inspiration.
Soeur Henriette Goussikindey, au vernissage du 3 juillet 2015
23 toiles de l’artiste béninoise, Sœur Henriette Goussikindey, exposées jusqu’au 3 octobre 2015, aux murs de l’Agence ’’Air France-Klm’’ de Cotonou. Le contexte de cette manifestation artistique reste ’’Le Monde de Sica’’, un concept que fait valoir l’artiste franco-béninoise, Christelle Yaovi de Souza. C’est ainsi que le vendredi 3 juillet dernier, elle a lancé l’exposition ’’Voyage imaginaire’’ par laquelle Sœur Henriette, comme on l’appelle communément, donne à voir des tableaux exprimant le résultat de l’exploitation de la latérite et du calcaire, de même que de la sève de bois en guise de colle, pour graver les réalités qui captent son attention, dans notre quotidien.
Cette artiste a aussi fait comprendre, dans son propos, au cours du vernissage, le 3 juillet dernier : « Je m’évade, je m’amuse, je communique et dialogue avec Dieu, à travers des techniques simples de gravure, de récupération ». Ceux qui ne l’ont pas encore fait doivent donc effectuer le déplacement du hall climatisé, accueillant, chaleureux de l’Agence ’’Air France-Klm’’ de Cotonou, sis Route de l’aéroport, pour prendre connaissance de la manière dont des tableaux, contrastant fortement entre le noir, le blanc et le rouge,  rayonnent d’un engagement écologique de l’artiste, mis au service d’une peinture mi-réaliste, mi-abstraite, ne laissant aucun doute sur la proximité de Sœur Henriette avec le commun de la vie au Bénin, notamment.

Eric Michel, posant avec Sœur Henriette
Bien avant elle, Eric Michel, le Directeur de l’Agence ’’Air France-Klm’’ avait pris la parole pour souhaiter la bienvenue au public et saluer l’événement de cette exposition. Celui-ci se révèle inédit, vu qu’il permet aux clients, tout en attendant de se faire servir, de récompenser leur intérêt instantané pour des œuvres d’art.
A sa suite, Christelle Yaovi de Souza a fait connaître ses réflexions. Initiatrice de l’événement qui fait désormais de Sœur Henriette une membre à part entière du ’’Monde de Sica’’, elle a montré que l’exposition ’’Voyage imaginaire’’ se justifie : « […] vous faire découvrir le monde de l’artiste Sœur Henriette ». Pour elle, ceci constitue la 2ème édition d’une initiative cultivée par le Directeur de l’Agence, celle-ci visant à faire de ce lieu de travail « une vitrine pour les œuvres d’artistes béninois ». A en croire toujours les propos de la Franco-béninoise, la 1ère édition avait permis, quelques mois plus tôt, d’exposer les travaux du sculpteur Sébastien Boko et de l’artiste peintre Dina, dans le cadre du Projet ’’L’envol’’.

Christelle Yaovi de Souza, au cours de son allocution
Selon Christelle Yaovi, Sœur Henriette, qu’elle considère comme « une artiste confirmée, reconnue talentueuse », l’a inspirée à lui faire tenir l’exposition « pour son talent, sa vision, son engagement auprès des jeunes artistes, notamment, auprès des jeunes artistes femmes ». Elle la voit comme « un bel exemple ».
En réalité, Sœur Henriette Goussikindey, 47 ans, membre de la Congrégation des Sœurs de Saint-Augustin, est une artiste autodidacte, dont l’expérience dans le milieu de la peinture se densifie par la mise en place de résidences de création, l’initiation d’expositions et par la participation à bon nombre d’autres, depuis la deuxième moitié des années 1990. Par ailleurs, elle a reçu une première formation fondamentale, de 1997 à 2001, à l’Institut de formation artistique (Ifa), au Cameroun, puis, une formation en gravure et en art visuel, de janvier à octobre 2011, à l’Atelier de gravure Claude Langlois au Gesu, à Montréal, au Canada.  

Crédit photos : Christelle Yaovi de Souza


Marcel Kpogodo

mardi 31 mars 2015

Sébastien Boko ou l'appel à une intériorisation du regard humain

Ce que révèle l’exposition ’’L’envol take off’’


Depuis le vendredi 27 mars 2015 se tient l’exposition dénommée ’’L’envol take off’’, qui a été lancée par un vernissage. C’était à l’Agence de voyage ’’Air France-Klm’’ de Cotonou. Parmi les deux artistes mis en vue par Christelle Yaovi, l’initiatrice de l’événement, se trouve Sébastien Boko dont les œuvres donnent l’impression d’une nouvelle dimension d’un travail purement interpellatif. L'exposition prend fin le 27 mai.
Sébastien Boko
Sébastien Boko prend part à l’exposition ’’L’envol take off’’, présentant pas moins de 9 sculptures de deux factures différentes. La première est constituée de 5 pièces ; chacune est un  visage géant en bois sculpté sur socle. La seconde catégorie d’œuvres se rapporte à 4 sculptures en bois couleur claire, avec des traces noires qui, entretenant le contraste, les rendent belles. Elles sont devenues ordinaires, seulement que, depuis peu, les formes en sont plus arrondies.

Une des pièces de Sébastien Boko
Concernant les visages, ils ont la particularité de porter une paire de lunettes d’un genre particulier : les glaces, de chaque côté, sont un amoncellement de cadenas, petits ou moyens, fermés. Tout simplement ! Se prononçant sur ce choix, Sébastien Boko n’a pas manqué de remonter à la signification originelle du cadenas dans la sociologie béninoise : « Je suis conscient que le cadenas signifie un élément de fermeture, un facteur d’envoûtement, d’ensorcellement, d’enfermement de l’âme d’une personne à qui l’on veut nuire ; j’en suis conscient … ». Sans tarder, il précise le sens réel de sa démarche artistique : « Les êtres humains ont de la facilité à reprocher des choses aux gens, on ne se regarde pas, on fuit vers ce qu’on désire, on ne se recherche pas, on ne se voit pas ». Devant un constat aussi amer, il préconise la solution : « Si on se regarde, on peut voir autre chose, on peut voir des portes qui vont s’ouvrir pour nous apporter quelque chose de bien, de plus positif ; il faut que les hommes se voient ».
La stratégie artistiquement cadenassée de Sébastien Boko révèle donc son appel à ce que l’homme se repère, se regarde, entre en lui-même, et qu’il parte de l’intérieur de lui pour envisager l’extérieur, ce qui, selon l’artiste, ne peut qu’être porteur de satisfaction pour lui, d’où le phénomène de l’intériorisation du regard de l’homme.


Sébastien Boko dans ’’Le monde de Sica’’

Christelle Yaovi, au centre, avec Dina, au cours du vernissage de ''L'envol take off''
’’Le monde Sica’’ est un concept de fédération, par petits groupes, des énergies artistiques, opéré par l’artiste peintre franco-béninoise, Christelle Yaovi. Très sélective, elle n’inclut pas dans son univers n’importe qui, si l’on consulte les artistes qui, avec elle ou non, ont déjà exposé dans ce concept : en février 2014, Daphné Bitchatch, Diagne Chanel et le phénoménal Dominique Zinkpè, en décembre de la même année, Thierry Oussou et l’autre imprévisible, Meschac Gaba, sans compter qu’à présent, Sébastien Boko se trouve nez-à-nez avec Dina.
Se prononçant les raisons de l’entrée triomphale de Sébastien Boko dans son ’’Monde’’, Christelle Yaovi est sentencieuse sur son labeur : « Il mouille la chemise, qu’il ait de l’argent ou pas, il travaille énormément et très dur, il ne se lamente pas ; le bois est lourd et, pourtant, il y travaille, c’est quelqu’un qui cherche à apprendre, il est très humble et très respectueux, de même qu’il a beaucoup de talent … Je le connais depuis 3 ans, j’aime bien ce qu’il fait ».


Sébastien Boko, le Turc

S’il n’a pu être au vernissage de ’’L’envol take off’’, dans la soirée du vendredi 27 mars dernier, c’est qu’il était en train de revenir de Turquie où il a bouclé un séjour purement professionnel en Turquie. Il venait d’y participer au Symposium de la culture sur bois, à l’occasion du ’’World wood day’’, en français, Journée mondiale du bois. Seul sculpteur représentant le Bénin et, égrenant sa troisième participation à ce rendez-vous où 90 pays ont droit au chapitre, il a marqué son empreinte, une fois de plus, par la sculpture d’une déesse, celle qui, à coup sûr, lui portera davantage bonheur, pour des dimensions plus que jamais reluisantes, surtout que, dès le 1er avril 2015, il devra s’enfermer au ’’Café cauris coquillages’’, dans le cadre de la résidence de création, ’’Cénacle phénoménal’’, en compagnie de huit autres de ses collègues artistes plasticiens.


Marcel Kpogodo