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samedi 1 octobre 2022

7 espaces culturels montrent l'art contemporain

Face à la 1ère édition du “Cotonou gallery weekend”


Le jeudi 29 septembre 2022 a eu lieu, à la boutique hôtel ’’Maison rouge’’, sis quartier de Fidjrossè, à Cotonou, une conférence de presse dans le but d’annoncer la tenue de la première édition du projet dénommé "Cotonou gallery weekend" (Cgw). Sept espaces culturels en abriteront les activités dont, chacun, une exposition d’art contemporain.


Aperçu des conférenciers


La boutique hôtel “Maison rouge”, “Africa design school’’,’’Borna Soglo gallery’’, ’’Le Centre’’ de Lobozounkpa, ’’Le Parking’’ et, entre autres, ’’Septieme gallery’’. Les espaces culturels ouvrant leurs portes à une exposition d’art contemporain, en relation avec le projet, ’’Cotonou gallery weekend’’ (Cgw), selon ce qu’en a annoncé un consortium constitué par les représentants respectifs de ces espaces, au cours de la conférence de presse qui a été organisée dans la matinée du jeudi 29 septembre 2022 à la boutique hôtel ’’Maison rouge’’ du quartier de Fidjrossè à Cotonou.


Dominique Zinkpè, Gregory Olympio, Joël Dègbo, Didier Viodé, Sophie Négrier et Léonce Raphaël Agbodjèlou sont les artistes contemporains dont les œuvres pourront être vues par le public constitué, notamment, par des amateurs, des professionnels du secteur et par des collectionneurs.


L'organisation du Cgw, selon Adénilé Borna Soglo, promoteur de la “Borna Soglo gallery”, est « une manière de contribuer à la dynamique qui est mise en place et d’accompagner la création du marché de l’art contemporain au Bénin, qui est en train aussi de se développer ». S’exprimant ainsi, il faisait référence à la grande exposition diptyque organisée précédemment par le gouvernement béninois et qui avait été intitulée, “Art du Bénin d'hier à aujourd'hui : de la restitution à la révélation”.

 


Rendre l'art contemporain accessible à tous


« L’art contemporain peut paraître un secteur très fermé, très élitiste », a constaté, de son côté, Julie Nanatre, l’une des promotrices de la “Septieme gallery”, face au manque d’engouement des populations pour le secteur des arts visuels. Par conséquent, le Cgw se veut un projet pour drainer un public non forcément connaisseur autour de l'art contemporain pour « casser cette idée et montrer que les lieux sont ouverts sur la ville, sur le public », a tenu à en préciser la même intervenante.


Allant dans le même sens, Léa Périer Loko, l’autre promotrice de la structure sus-indiquée, a fait ressortir plusieurs éléments plaisants du Cgw, de façon à décider le grand public à y faire le grand déplacement. Le « ''Cotonou gallery weekend'' présente un parcours de vernissages, d’expositions, un forum de discussions […] et une série d’événements festifs et conviviaux autour de l'art contemporain », a-t-elle commencé avant d’exhorter : « Les citoyens de Cotonou et environs sont notamment attendus dans les différents espaces culturels. C'est pour cette raison principale que l'accès est totalement gratuit à la communauté locale ».

 

 

Réaliser l’attractivité de Cotonou

 

L’ouverture des ateliers énumérés au public, grâce au projet du Cgw, pour la découverte d’œuvres d’art contemporain, se fonde sur un l'objectif principal, celui de contribuer à rendre effective une ville de Cotonou qui rayonne. Spécifiquement, ce défi se trouve porté par les galeries “Borna Soglo gallery” et “Septieme Gallery”, Ainsi, il s’agit d’inscrire le Cgw dans l’agenda artistique national, sous régional et international.


Par conséquent, il sera organisé annuellement pour se développer au fil des années afin, d’une part, d’attirer un public toujours plus large aux fins de ce rayonnement de la capitale économique du Bénin par les arts et, d’autre part, d’inspirer d’autres villes de la sous-région à créer des collaborations événementielles artistiques.


La première édition du Cgw a démarré avec des artistes béninois et pourrait être ouverte à des créateurs internationaux dès les prochaines éditions, ont laissé comprendre les conférenciers. Elle s’achève le dimanche 9 octobre 2022.


Et, la soirée du jeudi 29 septembre a vu ouvrir les manifestations du Cgw par le vernissage de l’exposition, ’’Au fil du temps’’, à la boutique hôtel ’’Maison rouge’’. Elle permet de montrer des travaux du peintre-illustrateur, Hector Sonon, et du sculpteur, Marius Dansou.

 

Léandre Houan / Marcel Gangbè-Kpogodo

jeudi 19 novembre 2020

Une posture de monarque pour Patrice Talon à Lobozounkpa

Dans le cadre de l’exposition, ’’Carte blanche’’


Le vendredi 13 novembre 2020 s’est tenu le vernissage de l’exposition, ’’ Carte blanche’’, dans les espaces de démonstration du ’’Centre’’ de Godomey, sis quartier de Lobozounkpa à Atropocodji, dans la commune d’Abomey-Calavi. Mr Stone et Seencelor Labombe, les deux artistes de la soirée, ont présenté leurs œuvres de graffitis, de tags et, entre autres, de portraits. Parmi ceux-ci s’est laissé découvrir le Chef de l’Etat, Patrice Talon, en monarque du royaume du Danhomè.


De gauche à droite, un ''Egungun'' graffé et le Président Talon en un monarque du Danhomè

Une fresque politique valant le détour à travers, de manière bien reconnaissable, la représentation du Chef de l’Etat béninois, Patrice Talon, arborant un chapeau royal du Danhomè, une récade à l’épaule droite et la bouche prolongée de la pipe effilée du roi Béhanzin dans ses images d’exil ayant fait le tour du monde. Entre autres, l’une des œuvres patrimoniales fortes dont le public est appelé à aller se délecter pour le compte de l’exposition, ’’Carte blanche’’, dont le vernissage s’est déroulé dans la soirée du vendredi 13 novembre 2020 au ’’Centre‘’ de Godomey, situé à Lobozounkpa dans la commune d’Abomey-Calavi.  


Patrice Talon, ainsi rendu, laisserait croire que l’artiste qui en est l’auteur, Seencelor Labombe, dans son subconscient de création de la fresque, voyait plus l’autorité suprême en un monarque qu’en un président de la République, selon les repères que le dirigeant béninois aurait montrés de sa personnalité désormais connue de tous, après près de cinq années de gouvernance.


Il est important d’aller contempler l’inénarrable technique du fendu, en graffiti 3D, que le jeune créateur a exploitée, en favorisant l’impression que l’image présidentielle graffée prend les contours de l’intérieur d’un mur cassé. L’artiste rejette d’avoir vécu puis concrétisé l’inspiration selon laquelle le Président, à son corps défendant, s’est plus fait percevoir comme un monarque au règne absolu que comme un chef d’Etat. « Les graffeurs sont apolitiques », se défend-il. « Au final, tout le monde fait de la politique », continue-t-il, avant d’ouvrir son cœur : « Le choix du Président Talon en Béhanzin est lié à sa dévotion, à sa lutte pour vaincre ; il me rappelle le requin, l’emblème de Béhanzin. La volonté du Président est d’évoluer, sa mentalité est de vaincre. Et, ce qu’il dit, il le fait : regardez les voies, le bitumage, ses acquis ».


Et, doigtant les grands éclats de brique, rassemblés opportunément au bas de la fresque afin de perpétuer l’illusion du registre du mur cassé, Seencelor Labombe conclut sentencieusement : « Il faut plutôt allumer les bons côtés de la personne, pour évoluer ».

Seencelor Labombe, au cours de ses explications

Une transition comme pour mener les visiteurs vers d’autres travaux que le public féru ou non d’art visuel devrait regretter de ne pas aller savourer avant le 12 février 2021, la date de clôture de l’exposition, ’’Carte blanche’’. Ainsi, Seencelor Labombe pousse dans un véritable univers où il faudrait entrer, à pas feutrés, comme dans une chambre initiatique aux facteurs d’un patrimoine social et d’un autre, historique. D’abord, il faudra découvrir comment ses murs s’arment d’un développement personnel contagieux amenant au redimensionnement positif de l’action de ses sens et de ses organes naturels, et valorisant la maîtrise de soi, la patience et l’amour : « Quand on fait tout dans le bruit, on est perturbé », commente-t-il. Ensuite, la chambre proprement dite est réelle, une entrée-coucher autobiographique, avec ses éléments matériels constitutifs à découvrir, une fois de plus, dans leur magie à imprégner Seencelor Labombe du graffiti, une opportunité pour prendre connaissance du fondement psychologique ayant travaillé à faire de l’artiste ce dont il a toujours rêvé et qu’il est aujourd’hui, notamment, « un des meilleurs graffeurs d’Afrique », sans perdre de vue le carrefour très incontournable, chez l’adolescent d’antan, de l’amour. Enfin, Seencelor Labombe, il est souhaitable d’aller aussi le lire dans la restitution historique de l’unique reine du Danhomè : Tassi Hangbé ! Tassi Hangbé, la créatrice du corps des amazones, des femmes qui, à la base, comme elle, étaient ce que l’histoire commence à révéler : des chasseuses d’éléphants ! Et, le tag, le vandal, le graffiti simple, le graffiti 3D, de même que le lettrage se sont imposé comme des outils d’expression visant à communiquer en frappant par la force des effets.

 


Chez MrStone


Seencelor et MrStone ont associé leurs inspirations respectives, laissant se succéder leurs œuvres sur les murs d’exposition du ’’Centre’’ de Godomey. De son côté, le second détermine la visite par une expression spécifique d’un même engagement, celui de faire rayonner le patrimoine culturel et celui historique béninois. Dans le cas de la restitution de la vérité dans les faits du passé, MrStone se projette dans une révolte qui ne dit pas son nom en manifestant par le tag la réhabilitation de la généalogie réelle de la dynastie de l’ex-Danhomè, ce qui amènera le visiteur à comprendre dans quelles conditions il faudrait passer de 11 rois officiellement enseignés à 14 avec, en ajout, 3 maintenus dans les oubliettes. « Il faut connecter le peuple à son histoire », explique-t-il à ce propos. « Pour être connecté à son histoire, il faut la connaître », appuie-t-il.

MrStone, posant sur le fond d'une de ses oeuvres

Et, l’homme d’Etat béninois qu’il choisit reste Mathieu Kérékou pour une motivation frappante : « Le Général Kérékou a fait passer le Bénin de la révolution, de la dictature à la démocratie sans violences ; cette histoire m’a personnellement marqué ». L’admiration  de l’artiste débouche alors sur une vision : « Il faudrait ériger de lui un monument dans la ville de Cotonou afin d’informer sur son parcours ».


Par ailleurs, MrStone porte son intérêt sur le cultuel qu’il sauvegarde à proximité, déjà, du portrait présidentiel indiqué précédemment. Un signal fort ! Un appel ? Une interpellation, surtout qu’un artiste ne fait jamais rien par un pur hasard ? « Les ’’Egungun’’ sont nos revenants, les hommes de la nuit ; ils nous rappellent la culture endogène ». En outre, l’univers de l’artiste prend l’allure d’un ésotérisme profane qui excite la curiosité, constitué qu’il est de pictogrammes, de symboles scripturaux, de l’alphabet africain attaché à des pays bien déterminés, sans oublier qu’il démontre une manipulation adroite et esthétique des lettres de l’alphabet, qu’il architecture, d’où l’art du lettrage ! Une découverte à ne manquer sous aucun prétexte, bien avant le 12 février 2021, la date de la clôture de ’’Carte blanche’’ …


S’il y a un compartiment de la galerie du ’’Centre’’, qui fusionne les choix de Seencelor et de MrStone, c’est un espace ’’Bibliothèque’’, à parcourir à travers les différentes connaissances dont il donne l’occasion d’enrichir le visiteur sur l’art du graffiti et des techniques qui lui sont liées, à travers des livres, des catalogues et, notamment, des vidéos. Tout est mis en place pour une édification intellectuelle en théorie et en pratique ...

DJ Steven, à l'œuvre, dans les jardins du ''Centre'', au cours du vernissage ...

De façon globale, la lecture des différentes étapes de l'exposition s'est réalisée dans des conditions inédites d'une musique hip-hop d'un volume entraînant, une ambiante propice à l'environnement de travail des graffeurs, sous la direction de DJ Steven.

... pour un jeune public vivement intéressé


Marcel Kpogodo Gangbè

 


Impressions de visiteurs


Yaïwa Blaise Tchétchao, Directeur des Arts et du livre du Ministère du Tourisme, de la culture et des arts :

« Nous avons été agréablement surpris par le fait que la galerie du ’’Centre’’ a été métamorphosée par deux talentueux artistes du graffiti. Nos impressions en sont très bonnes. 

Y. Blaise Tchétchao
Nous sommes là pour représenter le Ministre du Tourisme, de la culture et des arts dans le cadre du vernissage de l’exposition, ’’Carte blanche’’. Franchement, c’était réellement ’’Carte blanche’’ ».  

 

 

Dieudonné Fanou, Responsable à la Communication du Centre culturel chinois :

« Dans l’ensemble, le travail est assez bien. Les artistes Seencelor et MrStone ont donné le meilleur d’eux-mêmes. J’admire bien le message véhiculé et le style dans lequel il est fait. Ce que j’ai compris comme leçon de cette exposition, c’est que, dans un premier temps, ils sont en train de sensibiliser les visiteurs par rapport à une thématique donnée : l’histoire du Bénin. 

Dieudonné Fanou
Dans un deuxième temps, c’est un appel à l’unité et à la culture de l’amour. Pour finir, ils sont en train de prôner une nouvelle forme d’expression artistique qu’est le graffiti qui n’est pas bien connu au Bénin mais qui est en train de faire son petit bonhomme de chemin. Grâce à eux, je pense que le graffiti a de beaux jours au Bénin ».

 

Vioutou Jennifer Houngbo, Mannequin :

« C’est une grande première. D’habitude, les œuvres des graffeurs, c’est sur les murs, c’est dans la rue. Mais, là, c’est en exposition. Je suis contente que cela se passe de cette manière. 

Vioutou J. Houngbo
J’espère que cela pourra continuer, ce qui nous fera découvrir, à travers d’autres expositions, les artistes graffeurs béninois et, Dieu sait qu’il y en a beaucoup à Cotonou ».

Propos recueillis par Marcel Kpogodo Gangbè   

dimanche 9 août 2020

Exposition "Le monde fond" : Achille Adonon, intraitable et profondément humain

Dans le cadre de son exposition au "Centre" de Godomey

La galerie du "Centre" de Godomey a accueilli le vernissage de l'exposition intitulée "Le monde fond" de l'artiste plasticien, Achille Adonon, le vendredi 7 août 2020. Cette présentation du fruit de plusieurs mois de production est ouverte depuis le 8 août et suscite l'intérêt, vu l'abondance et la profondeur des oeuvres que le jeune créateur fait découvrir, dans un état d'esprit de fidélité à lui et d'empathie.


"Le chaos"

Achille Adonon est une sérénité couvant tristesse séculaire et amour de l'humain. Ce qui explose à travers 47 pièces réparties en 4 catégories et par une magistrale installation, un ensemble varié qu'il est important d'aller découvrir dans les quatre compartiments de la galerie du "Centre", sis quartier de Lobozounkpa, à Atropocodji, dans la commune d'Abomey-Calavi, depuis la soirée du vendredi 7 août 2020 où a eu lieu le vernissage de l'exposition, "Le monde fond", réalisée par l'artiste plasticien de la nouvelle génération, Achille Adonon.


" "Le monde fond" est l'histoire d'un petit village appelé le temps", explique-t-il, dès qu'il lui est donné de dire un mot sur la séance de présentation d'un nombre impressionnant d'oeuvres relevant d'une inspiration dans laquelle il a commencé à puiser depuis novembre 2019. 


Le village concerné est traversé par un grande rivière calme mais au fond tumultueux, une rivière à travers laquelle l'on navigue pour s'ouvrir à une lecture peu flatteuse ni reluisante du fonctionnement du monde frappé par des bouleversements apocalyptiques trouvant leur source dans la perversion de la mentalité humaine qui a laissé le temps lézardé de calamités, d'épidémies, de bouleversements et, entte autres, d'actes de grande immoralité.


Ceci n'a pas de quoi réjouir ni épanouir Achille Adonon, d'où la matérialisation de son sentiment de compassion par des couleurs discrètes. 


Afin de riposter contre les abus de l'homme sur la nature, l'artiste se saisit d'une entité aussi fondamentale qu'irrépressible et intemporelle, l'enfant, qu'il travaille à sauver, surtout que, particulièrement, cet être fragile est délaissé, "abandonné" et qu'il mérite qu'on lui redonne "vie et espoir".


Ce genre d'être humain, Achille Adonon le symbolise par la chaussure entière ou en "rebut" qu'il récupère, qu'il retravaille ou qu'il assemble à d'autres, qu'il peint, selon ce qui lui dicte son inspiration. 


Sans doute, l'enfant manifeste une grande proximité avec l'énergie qui l'habite, qui le motive et qui le fait se mouvoir à des actes de vie, cette force que l'artiste récupérateur localise opportunément au niveau des membres inférieurs : "La force de l'homme vient des pieds", explique-t-il, précisant le fondement de l' "assemblage" de chaussures ou de leurs rebuts : la conjonction, la fusion des énergies.


Et, dans une logique de rappel aux humains de leur petitesse essentielle, Achille Adonon projette la pérennisation de l'esprit de l'enfant : "Quel que soit son âge, l'être humain reste un enfant pour ses parents". 


Et, avec l'omniprésence de la chaussure dans l'exposition, c'est un orphelinat spirituel que l'artiste bâtit pour l'enfant en appelant à de l'amour et à de la protection de l'enfant, c'est un appel discret et vibrant qu'il lance à l'homme et à la femme, comme à en revenir à la dimension salvatrice de l'enfant en gérant la planète et en exploitant ses potentialités, ses richesses, avec une innocence qui préserve la terre, qui lui donne les moyens de se regénérer. 

Achille Adonon, au cours du vernissage ...

Par conséquent, Achille Adonon, inspiré, produit un Achille Adonon protecteur de l'enfant, un Achille Adonon, récupérateur, un autre, peintre, un autre encore, sculpteur, et, enfin, un Achille Adonon, magistral installateur, à travers l'oeuvre, "Le chaos", qu'il faudrait tout sacrifier aux fins d'une découverte, d'un décryptage et d'une auto-instruction sur les observations d'un jeune artiste contemporain béninois, profondément imprégné des défis de son époque, ceux-ci se centrant autour du retour de l'homme à sa vraie nature, autour de la conservation de l'environnement. Il est souhaitable, en outre, pour le public, d'aller voir "Le chaos" afin de comprendre de quelle manière elle conquiert en elle toute l'exposition.


Voilà le résultat d'une laborieuse et, apparemment, éprouvante aventure spirituelle, intellectuelle, psychologique et physique d'un Achille Adonon qui, pourtant, au vernissage, était d'une telle fraîcheur, pour un accouchement digne d'intérêt, pour une création d'une abondance respectable, pour une exposition diversifiée, riche et irrésistible qui se tient jusqu'au 31 octobre 2020. 


Marcel Kpogodo

jeudi 9 juillet 2020

Le maire Angelo Ahouandjinou au ’’Centre’’ de Godomey

Dans le cadre de sa démarche de prise de contacts

Le maire de la commune d’Abomey-Calavi, Angelo Ahouandjinou, a effectué une visite de découverte au ’’Centre’’ de Godomey, situé à Atropocodji, le mercredi 8 juillet 2020. Il en a profité pour connaître les différents compartiments de l’espace culturel.

Ci-contre, de gauche à droite, Angelo Ahouandjinou, Marion Hamard et Dominique Zinkpè, au cours de la visite

La bibliothèque, la galerie d’exposition, le ’’Petit musée de la Récade’’. Ce qu’il a été donné au maire d’Abomey-Calavi, Angelo Ahouandjinou, de découvrir au cours de sa visite, au milieu de l’après-midi du mercredi 8 juillet 2020, au ’’Centre’’ de Godomey, sis quartier de Lobozounkpa, à Atropocodji.


A 16h45, les véhicules du cortège de la délégation se sont immobilisés, à tour de rôle, dans la cour de l’espace culturel multidimensionnel. L’autorité a alors été accueillie par Marion Hamard, Directrice générale du ’’Centre’’, entourée des membres de son équipe. Angelo Ahouandjinou avait, à ses côtés, entre autres, Sénamy Christelle Dan, sa Deuxième adjointe. Sans tarder, il s’est fait expliquer par son hôte les conditions de la création de l’espace culturel et ses objectifs avant qu’elle ne le conduise à la bibliothèque dont les conditions de fonctionnement lui ont été détaillées par le responsable des lieux, Salinas Hinkati.


Ensuite, Angelo Ahouandjinou a découvert les dédales de la galerie d’exposition, de même que la présentation artistique en cours, intitulée ’’Déambulations urbaines’’, qui s’achève le 31 juillet 2020, puis la synthèse d’idées que Marion Hamard leur a évoquée des œuvres des artistes Richard Di Rosa, Joannès Mawuna et de la vidéo d’Eric Médéda.


Enfin, au ’’Petit musée de la Récade’’, Marius Dakpogan, son conservateur, a démontré au maire et à sa délégation la richesse et la valeur des pièces, d’une part, en récades de rois du Danhomè, de ministres de la cour, de dignitaires des religions endogènes et de dirigeants de ce qui est devenu la colonie du Dahomey. D’autre part, les visiteurs ont pris de l’intérêt à connaître des récades contemporaines créées par des artistes de passage au ’’Centre’’ pour une exposition.


Le maire Angelo Ahouandjinou, donnant ses impressions de visite dans le livre d'or du "Centre"

Angelo Ahouandjinou a clos sa visite par une brève déclaration devant la presse et par la signature du livre d'or, en présence de l’artiste Dominique Zinkpè, Président d’Honneur du ’’Centre’’ et de Marion Hamard.


Il reste à espérer que ce déplacement du maire d’Abomey-Calavi déclenche, au sein de la municipalité, une dynamique qui puisse aller au-delà de l’auto-satisfaction qu’il ait été mis à disposition du ’’Centre’’ un terrain pour héberger ses structures d’existence et de fonctionnement.


Si, d’aujourd’hui jusqu’à la fin de son mandat, Angelo Ahouandjinou n’a pas conçu, déterminé et appliqué un système judicieux d’implication financière et d’autres ordres, complémentaire dans la vie du ’’Centre’’, cette visite n’aura été que folklorique, d’ailleurs, comme celles respectives des ministres Aurélien Agbénonci, Oswald Homéky et Jean-Michel Abimbola. Ainsi, Angelo Ahouandjinou porterait, avec ces personnalités, solidairement, sur la conscience, de n’avoir rien fait pour que le ’’Centre’’ existe de manière pérenne après que ses actuels bailleurs français auraient cessé tout financement, après avoir espéré en vain la relève du Bénin, avec toutes ses exigences, à travers les différents niveaux d’autorité de ce pays, en ce qui concerne les arts et la culture, en particulier, et le domaine politique, en général.


Marcel Kpogodo

mardi 21 janvier 2020

"Le petit musée de la Récade" enrichi de 28 nouvelles pièces

Dans le cadre d'une grande cérémonie effervescente

"Le centre" a connu une véritable atmosphère de fête culturelle le vendredi 17 janvier 2020, à l'occasion de la remise officielle de 28 nouvelles pièces historiques à son entité de conservation patrimoniale, "Le petit musée de la Récade". Pour l'occasion, des personnalités de haut rang ont fait le déplacement, parmi lesquelles le principal mécène de l'espace culturel, "Le centre", Robert Vallois.


18 récades d'anciens rois du Danhomè exposées, 8 sabres bien visibles et 2 objets religieux de l'ethnie fon. La moisson dont "Le petit musée de la Récade" s'est fait le récepteur au "Centre" de Godomey et dont il est le gardien et le conservateur depuis l'après-midi du vendredi 17 janvier 2020 où une cérémonie grandiose a eu lieu pour marquer l'événement.


L'ont immortalisée de leur présence Robert Vallois, fondateur et mécène de l'espace culturel, appuyé par une délégation des antiquaires de Saint-Germain-des-Prés, donateurs des pièces reçues, Éric Torah, Directeur de Cabinet, représentant le Ministre béninois de la Culture, et appuyé par le staff dudit Cabinet, Ousmane Alédji, Conseiller culturel du Président Patrice Talon, un représentant du Maire d'Abomey-Calavi et des élus locaux, Dominique Zinkpè et Marion Hamard, respectivement, Président d'honneur et Directrice générale du "Centre", de même que plusieurs artistes contemporains béninois et étrangers, des apprenants puis la population de Lobozounkpa, qui a massivement fait le déplacement.


Avant que le public ne puisse suivre les discours respectifs de Dominique Zinkpè, du représentant de l'autorité communale et d'Eric Torah, il a assisté à la majestueuse déambulation de l'artiste qui a développé son talent en la matière, Prince Toffa, et de sa troupe de combattantes et de combattants, sans oublier qu'un groupe folklorique féminin a joué sa partition d'animation tout le long de la soirée.


Dans son intervention, Dominique Zinkpè a fait connaître l'évolution du "Centre" de Godomey depuis sa création le 6 février 2015, cet espace qui trouve à son actif plusieurs résidences de création, des expositions effectuées par des artistes émanant de quatre horizons continentaux et, "Le petit musée de la Récade" au niveau duquel tout visiteur peut venir découvrir 120 décades et "objets royaux". Puis, après l'allocution d'Éric Torah, il a été donné à Marius Dakpogan, le conservateur du "Petit musée", de faire parcourir aux invités et au public les 28 nouveaux objets reçus du Collectif des Antiquaires de Saint-Germain-des-Prés.

Marcel Kpogodo

mardi 7 janvier 2020

Jean-Michel Abimbola visite "Le petit musée de la Récade"

Dans le cadre de la réception de nouvelles récades

En prélude à la réception, dans les prochains jours, par "Le centre", de nouvelles récades, le Ministre béninois du Tourisme, de la culture et des arts, Jean-Michel Abimbola, a effectué une visite de découverte du "Petit musée de la Récade" qu'héberge "Le centre" de Godomey, le vendredi 3 janvier 2020. Il était accompagné, à cet effet, de plusieurs membres de son cabinet.


De gauche à droite, Jean-Michel Abimbola et Marion Hamard, l'accueillant à son arrivée au ''Centre''
Plus d'une quarantaine de pièces dont 29 récades royales authentiques et 18 récades actuelles conçues par des artistes contemporains. Ce qu'il a été donné de découvrir à Jean-Michel Abimbola, Ministre du Tourisme, de la culture et des arts, dans l'après-midi du vendredi 3 janvier 2020, au "Petit musée de la Récade" logé au sein du Complexe culturel dénommé "Le centre" de Godomey. 


A cette occasion, l'autorité gouvernementale était entourée de son Assistant, Blaise Tchétchao, et de membres de son cabinet, comme celui qui en est le Directeur, Éric Totah, du Directeur des Arts et du livre, Koffi Attédé, du Directeur du Patrimoine culturel, Paul Akogni, et de ses Conseillers respectifs à la Culture, Florent Couao-Zotti, et aux Arts, Carole Borna. 


Guidé par le Conservateur du Musée, Marius Dakpogan, Jean-Michel Abimbola a donc pu contempler, outre des décades des rois du Danhomey, Gangnihessou, Akaba, Glèlè et Béhanzin, une sculpture, un siège de commandement et un peu moins d'une vingtaines de récades, créées par des artistes ayant tenu une résidence au "Centre".


En rapport avec les décades royales, dans le communiqué de presse, rendu public à la suite de la visite ministérielle, "Le centre" a précisé qu'il se prépare à en recevoir, le 17 janvier 2020, "27 nouvelles", de même que des "sabres" et des "objets de culte fon offerts par le Collectif des Antiquaires de Saint-Germain-des-Prés, mécène du "Centre" ". 



D'autres points du "Centre" visités par Jean-Michel Abimbola


A son arrivée à l'espace culturel aux alentours de 15h 40, le Ministre de la Culture a été accueilli par Marion Hamard, Directrice générale du "Centre", qui n'a pas hésité à lui en montrer les lieux clés : le jardin d'entrée comportant des oeuvres d'art, témoignant de résidences d'artistes et d'expositions passées, la médiathèque et les salles d'exposition de la galerie hébergeant jusqu'au 25 janvier l'exposition dénommée "In Situ" relevant de l'événement biennal, "Les échos de Lobozounkpa", et présentant le fruit de l'inspiration circonstancielle de pas moins de 13 artistes contemporains. 


Dominique Zinkpè, Président d'honneur du "Centre", a aussi marqué sa présence à la visite du Ministre en accompagnant sa délégation et lui dans tout leur parcours, ce qui lui a aussi donné l'occasion d'apporter son éclairage, en cas de besoin.

Marcel Kpogodo

dimanche 15 décembre 2019

Les Frères Guèdèhounguè sur les "Échos de Lobozounkpa" 2019

Selon une conférence de presse tenue à Godomey

La 3e édition des "Échos de Lobozounkpa", se tient sous peu au Centre de Godomey, sur le fondement d'un programme riche et diversifié dans lequel sont enregistrés pour un concert les Frères Guèdèhounguè, ce qu'a révélé une conférence de presse, ayant été organisée le vendredi 13 décembre à l'espace de spectacles de la structure indiquée.

De gauche à droite, Auré, Hector Sonon, Marion Hamard et Carole Ahodékon, au cours de la conférence de presse
Une exposition, des productions sur scène, dont celle des Frères Guèdèhounguè, une conférence-débats, du cirque et, notamment, un podium hip-hop. Le menu du programme qui s'annonce comme devant mettre en effervescence le "Centre" de Godomey, où a été animée, le vendredi 13 novembre 2019, une conférence de presse de présentation et d'explication des différentes activités prévues pour meubler le programme concerné. 


A en croire Carolle Ahodékon, responsable à la communication du "Centre", les "Échos de Lobozounkpa", ce festival brassant plusieurs domaines artistiques, se tiendra du vendredi 20 au dimanche 22 décembre 2019 au sein du complexe culturel. Il s'inaugure alors, à la fin de l'après-midi du premier jour, par un spectacle déambulatoire qui parcourra tout Lobozounkpa, ce après quoi s'ouvrira l'exposition intitulé "In Situ", du nom de tout le festival.


Ensuite, selon la chargée des médias, "Pépit'Art", un groupe de jeunes de 8 à 16 ans, se fera valoir sur scène en milieu de soirée, sans oublier qu'après cette prestation, "Dj Roto" rejoindra les spectateurs pour les régaler pendant une bonne quinzaine de minutes avant que ne soit lancée la performance de danse, dénommée, "Hors norme", qui sera assurée par les jeunes danseurs contemporains, Arouna Guindo et Yvon Ékué.


Quant au samedi 21 décembre ''Dj Roto" est prévu pour clore les manifestations de cette journée à travers une nouvelle prestation sur scène qui démarrera à 22h30, bien avant le concert qu'animeront les Frères Guèdèhounguè dès 20h30. Mais, de 16h30 à 18h30, des performances s'organiseront dans l'espace public par "des artistes qui seront déployés à Lobozounkpa pour créer des oeuvres sur place", a précisé Carolle Ahodékon, sans oublier qu'à 15h, selon ce qu'a annoncé l'artiste dessinateur, illustrateur et créateur de bandes dessinées, Hector Sonon qui était aussi au podium de la conférence de presse, un " atelier jeune public" sera ouvert pour "initier les jeunes aux techniques du dessin et pour leur expliquer comment utiliser cet art pour raconter une histoire". En outre, a-t-il poursuivi, il se donne comme mission de réaliser un "reportage dessiné de tout ce qui se passera au "Centre" pendant les 3 jours". 


Par ailleurs, de 10h à 12h30, une "rencontre-discussion" est prévue pour réunir, ce 21 décembre, plusieurs responsables de centres culturels sur un questionnement lié à la programmation dans ces espaces, à leur fonctionnement dans l'environnement géographique dans lequel ils sont implantés et à la participation des habitants qui leur sont voisins. 


De plus, la journée du dimanche 22 décembre démarrera musicalement à 14h avec la Compagnie artistique, "Toffodji", qui circulera dans les dédales du quartier de Lobozounkpa en pratiquant de la danse traditionnelle. Une heure plus tard, un spectacle de cirque sera donné à l'intention du jeune public, a fait savoir l'artiste rappeur, Auré, du groupe, "Mamba noir", et membre du Comité d'organisation du Festival.


A en croire ses propos, dès 18 heures précises, dans le cadre d'une "création pluridisciplinaire" sur le thème, "De Harlem à Cotonou, une histoire subjective du hip-hop", en réalité, un projet à l'actif, entre autres, du Collectif, "Alia", plusieurs rappeurs se succèderont sur la scène d'une soirée hip-hop. Et, à 19h30, " Dj Seven" assurera une animation.


Pour Marion Hamard, Directrice du "Centre" de Godomey, le festival, "Les Échos de Lobozounkpa", est devenu, depuis 2019, une biennale.

Marcel Kpogodo

jeudi 20 septembre 2018

« […] je suis artiste performeuse, vidéaste et auteure », se présente Cléophée Moser


A travers l’interview accordée à notre Rédaction

Cléophée Moser, une jeune artiste française qui a du souffle, s’est illustrée, dans la soirée du mercredi 5 septembre 2018, dans la communication, au public venu l’écouter, de plusieurs expériences de travail, qu’elle a menées au Cameroun et en République démocratique du Congo (Rdc), notamment, à travers plusieurs disciplines artistiques. L’événement s’est produit au ’’Centre’’ de Lobozounkpa, au quartier d’Atropocodji de l’Arrondissement de Godomey, dans la Commune d’Abomey-Calavi. Découverte de Cléophée Moser, un esprit aussi bien intense qu’aventureux …

Cléophée Moser, au cours de l'interview ...
Le Mutateur : Bonjour Cléophée Moser. Dans le cadre d’une résidence que tu as effectuée au ’’Centre’’ de Lobozounkpa, situé au quartier d’Atropocodji, tu as présenté, dans la soirée du mercredi 5 septembre 2018, les résultats d’un travail de création multidimensionnelle qui t’a conduite dans plusieurs pays africains avant le Bénin …


Cléophée Moser : Mi fon gandji a ? (Bonjour ! Comment vous portez-vous ? Ndlr) E na tchè nou mi gandji … (Merci beaucoup à vous …Ndlr) Kwabo do ’’Le Centre’’! (Bienvenue au ’’Centre’’ ! Ndlr).
Le mercredi 5 septembre a été inauguré un cycle d’interventions dont c’est le premier essai, qui a été pensé par Marion Hamard, la personnalité chargée de la direction artistique du ’’Centre’’. Il s’agit d’une formule qu’on a appelée ’’Artiste en présence’’. Donc, il a été question d’une rencontre artistique où l’on a invité le public à venir rencontrer l’artiste en personne, que je suis, qui a parlé de son travail. Cela s’est révélé une opportunité, à la fois pour le public d’amateurs d’art, pour un public non averti mais, aussi, pour d’autres artistes et pour des critiques d’art, de venir voir comment l’artiste percevait son propre travail et son processus créatif, et comment elle envisageait les différents thèmes sur lesquels elle travaille, et quels outils, quelles méthodes elle développe pour réaliser des œuvres qui portent sur les messages dans lesquels elle s’engage.

Cléophée Moser, au cours de l'exercice d'explication de son travail au public
Cela a eu particulièrement du sens de faire une intervention ’’Artiste en présence’’, dans mon cas, parce que je suis artiste performeuse, vidéaste et auteure, et que la part de relationnel et d’échanges avec le public constitue une partie très importante de mon travail et de ma recherche.
Le mercredi 5 septembre 2018, j’ai présenté plusieurs travaux différents, j’ai évoqué différentes disciplines artistiques : j’ai d’abord parlé de la performance comme un acte symbolique, de l’art vidéo comme un moyen de faire un art engagé qui touche le public et qui l’amène à s’interroger sur des problématiques qui sont celles que je soulève. J’ai parlé aussi des Rencontres internationales ’’KinAct’’ où j’ai été invitée, cette année, en tant qu’artiste, parce que j’ai sollicité les organisateurs de ce Festival pour qu’ils m’intègrent à la programmation. La manifestation du mercredi a été l’opportunité pour moi de parler, à la fois, de l’importance de choisir ses maîtres, c’est-à-dire ceux chez qui on entre dans l’atelier, ceux qui vont nous former, et d’expliquer aussi que c’est un engagement de ma part d’aller me former chez les meilleurs. Donc, souvent, cet objectif de qualité d’apprentissage m’amène vers le continent africain et, plus particulièrement, vers des créateurs spécifiques tels qu’Eddy Ekété qui m’a beaucoup appris, cet été.
Cela a été aussi l’occasion de parler des collaborations artistiques qui sont au centre de mon travail et j’ai emmené, petit à petit, cette conférence vers l’histoire de ce qu’on appelle l’art relationnel, c’est-à-dire les artistes qui utilisent aussi les relations humaines et les liens qu’ils nouent et qu’ils tissent avec les différents contextes et avec les humains avec lesquels ils travaillent, comme un laboratoire d’invention de nouveaux rapports entre êtres humains, qui permettent, en fait, de casser un tout petit peu le chaînon de la violence, qui nous enlise et qui nous fait stagner dans des relations stériles.
Pour le mercredi 5 septembre, il a été bon pour le public d’être venu parce qu’il fallait qu’il voie qu’il est important de profiter des artistes tant qu’ils sont vivants, pour comprendre le travail qu’ils entreprennent. Il est aussi intéressant pour d’autres artistes d’échanger sur la question d’ « artiste émergent », parce que, moi, je suis une artiste émergente, j’appartiens à une Agence, en France, qui défend, accompagne ce qu’on appelle les artistes émergents et fait leur promotion, c’est-à-dire les très jeunes artistes, ceux qui ne sont pas encore reconnus sur la scène internationale, n’ont pas encore de quote sur le marché international, ces artistes qui œuvrent, travaillent de façon professionnelle et qui ont besoin d’être accompagnés sur cette scène-là. C’est une agence qui n’a pas de frontières et qui s’intéresse aux artistes du monde entier. Donc, c’est intéressant pour les jeunes artistes de comprendre ce concept d’émergence et, finalement, comment on trouve le courage et quels outils, quelles méthodes s’offrent à nous pour nous imposer sur cette scène, en tout cas, pour nous faire une petite place.


Etant donné qu’il est difficile pour les êtres humains de se pratiquer et de travailler les uns avec les autres, comment avoir réussi à mobiliser plusieurs énergies artistiques, plusieurs artistes autour de toi ?

Je suis d’accord avec votre observation quand vous dites que les êtres humains ont peur d’aller les uns vers les autres. C’est vrai que c’est quelque chose qui va en empirant dans la société à mesure que le capitalisme et l’individualisme prennent plus de place sur la terre et endommagent une vision de la vie, plus communautaire, avec des liens plus forts. C’est quelque chose qui se sent un peu moins, ici, en Afrique de l’Ouest, mais qui est très présent en Europe ; on est très isolés les uns des autres, on a beaucoup de mal à rassembler des synergies autour d’un projet. Néanmoins, la solidarité se met énormément en place entre artistes parce qu’on en a besoin et, je pense que c’est un parti pris de mettre l’échange et l’invention de ces nouveaux rapports au cœur de notre création. C’est ce qui nous permet aussi de concrétiser notre vision d’un monde différent et de faire de nos relations le laboratoire de ce monde-là.
L’autre chose, c’est aussi que moi, j’ai commencé ma formation artistique pratique dans une école d’art en Angleterre où je me suis spécialisée dans la vidéo et l’art d’installation. Ce sont des pratiques qui nécessitent de créer, de rassembler des énergies, des forces autour de soi et de prêter aussi, soi-même, son énergie pour les projets d’autres, puisque ce sont des projets qui sont très difficiles à réaliser tout seuls. Donc, il y a une question de nécessité, aussi, à la base. Ensuite, je me suis formée à la réalisation dans le cinéma et l’audiovisuel en Estonie, à la ’’Baltik film and media school’’. Et, quand on est sur un plateau de tournage, on se rend compte que chaque film consiste à faire une œuvre collective. D’ailleurs, le statut d’un film, c’est d’être une œuvre collective, avec un partage des droits. Même si des rôles sont définis, même s’il y a un auteur, par exemple, un réalisateur, c’est vraiment grâce à une équipe et à un rassemblement de personnes qu’on va réussir à donner corps, à donner matière à ce rêve qui nous animait à la base.
Comme cela a été mon mode de formation, c’est quelque chose qui est resté dans ma pensée profondément. Il y a des temps, dans mon travail, qui sont des temps solitaires, comme n’importe qui. Déjà, je pense seule, avant toute chose, mais je suis nourrie, en permanence, à la  fois, du monde qui m’entoure, des artistes qui l’animent et, j’aime que mon travail fasse appel à d’autres plasticiens, dans un souci d’élévation collective où, ces œuvres qui sont les miennes, à la fin, montrent des collaborations et mettent le talent aussi des autres en avant et révèlent un tout petit peu des scènes artistiques.
C’est là où mon travail est à cheval entre le reportage, le documentaire et la création ; il y a beaucoup d’images et de vidéos que vous allez voir mercredi soir, qui contextualisent de façon très subjective, par exemple, une scène artistique, avec une entrée dans une fiction, mais qui rend hommage à cette scène qui la révèle sous le jour sous lequel moi, je l’ai vue. Donc, c’est un croisement de regards artistiques pour montrer les talents que moi, je vois aussi, les synergies, et montrer qu’on est un certain nombre d’artistes à avoir travaillé dans ce sens qui va ensemble, et que ce n’est pas une question de frontières, que ce n’est pas une question de séparations mais, plutôt, de rencontres, de croisement de regards, et qu’on est capable de s’embrasser quand on se retrouve au même endroit et qu’on crée ensemble. Et, je pense que le public reçoit cette énergie, je pense qu’il y a quelque chose qui entre, en ce moment-là, dans le corps du public, qui est intéressant, aussi, dans cette histoire d’invention de nouveaux rapports.


Pouvez-vous nous donner le nom de ces artistes avec lesquels vous avez collaboré ?

Bien sûr ! Ceux que nous avons eu l’occasion de découvrir, mercredi, à travers mon travail, c’est d’abord un groupe de danseurs, fameux, que j’ai rencontré au Cameroun, l’année dernière, et qui a participé à un film, à une fiction que j’ai écrite, qui est une performance dans l’espace public, qui suit le chemin d’une jeune fille. Le film s’appelle ’’Fauves’’. Donc, ces fauves, ce sont ces artistes-là ; je les ai découverts à Douala. 


Black Barby dans ''Fauves'' de Cléophée Moser - Court métrage
Comme moi, ils aiment agir dans l’espace public, ils aiment être en contact directement avec les habitants des villes, avec les usagers des villes ; ils utilisent leurs corps, des costumes, la danse, le mouvement, le geste libératoire, des actions parfois transgressives, pour venir questionner la population sur sa manière de percevoir la ville et les relations humaines qui se tissent à l’intérieur. Ce collectif est dirigé par un grand danseur qui s’appelle @LL ONE, qui est un chorégraphe de génie camerounais, qui touche à toutes les danses, qui prend l’espace public et qui encourage les artistes qui font partie de son collectif à s’emparer de l’espace qui est le leur, c’est-à-dire la ville dans laquelle ils habitent.


Cléophée Moser (à gauche), 'Mami Wata'', 'dans la performance ''Papi Wata'' - Crédit photo : Arthur Poutignat

On a aussi découvert le travail que j’ai réalisé en collaboration avec un artiste qui s’appelle Paty Masiapa ; il m’a invitée à le rejoindre dans une performance qu’il avait déjà faite, qui, pour moi, a été une expérience formidable. Paty Masiapa, qui est un très bon artiste plasticien, qui vit à Kinshasa en République démocratique du Congo, est aussi un grand musicien qui a réalisé une performance qui s’appelle ’’Papi Wata’’. En fait, il y effectue un déplacement, il utilise l’image de la divinité ’’Mami Wata’’ qui traverse, comme cela, les imaginaires d’Afrique équatoriale et des zones, en particulier, qui ont une présence littorale forte ou une présence fluviale ; c’est le cas pour la région du fleuve Congo.
Il a donc fait un déplacement de cette divinité, il l’a changée en homme et, il m’a invitée à le rejoindre dans cette performance. Pour moi, cela a été l’occasion d’entrer, cette fois, dans le travail d’un autre artiste, pas de faire entrer quelqu’un dans mon travail mais, moi, de me mettre à la disposition de cet artiste et de laisser le masque, que lui a inventé, prendre le dessus sur mon corps et trouver une façon juste d’interpréter ce que ce masque a raconté. C’est très beau parce qu’à la fin de cette collaboration, on voit qu’on est, tous les deux, dans une invention ; là, on touche à quelque chose de magnifique qui est une vraie œuvre collective où l’invention est spontanée, juste et, elle raconte un message qui s’est construit, sur le moment, entre deux personnes qui collaborent. Mais, ce travail part de la base de l’œuvre de Paty Masiapa ; on a vu, à travers la vidéo, qu’il a réalisé un travail magnifique de costumes, que, moi, j’ai eu, vraiment du plaisir à interpréter.



Cléophée Moser, dans le cadre de la performance ''Shopping-Shopping'', conduite avec l'assistance de Paty Masiapa - Crédit photo : Jean-Baptiste Joire
On a aussi parlé d’un exercice de performance, qui est connu dans le milieu des performeurs ; il m’a été proposé par le grand artiste, Eddy Ekété. Il est un plasticien et un performeur reconnu sur la scène internationale. Il a construit, avec le Collectif ’’Eza Possible’’, à Kinshasa, le Festival des Rencontres internationales de performeurs, ’’KinAct’’. C’est un projet dont le Collectif ’’Eza Possible’’, auquel Eddy Ekété appartient, est à l’origine. Moi, j’avais sollicité le Collectif ’’Eza Possible’’ et l’organisation du Festival ’’KinAct’’ pour apprendre. En ce moment, il y a eu aussi la Biennale de Kampala.
On se rend compte que ces ateliers d’artistes, ces espaces de formation qui s’ouvrent et qui sont reconnus sur la scène internationale, qui émanent du continent africain draguent et attirent des artistes du monde entier – cela a toujours été le cas - qui viennent apprendre auprès des maîtres.  
La scène de la performance, à Kinshasa, a quelque chose de brûlant, de très spécifique également et en rapport, dans le cadre du Festival ’’KinAct’’, avec l’espace public qui est vraiment exceptionnel. Moi, j’ai envie d’apprendre avec les meilleurs. Donc, j’ai fait appel au Collectif ’’Eza Possible’’ et, Eddy Ekété m’a fait réaliser une performance dont il est l’auteur, pendant ce Festival qui a été un vrai enseignement pour moi, parce que c’est une performance qui parle du déplacement et de la capacité de prendre le rôle de quelqu’un pour révéler aux habitants d’une ville la dimension performative et artistique que tous les habitants mettent en place.


Cléophée Moser, en personnage de vendeuse de pain, dans la performance, ''Lipa Yango Yo'' (Du pain pour tous) d'Eddy Ekété - Crédit photo : Mugabo Baritegera
Donc, c’est rendre hommage à la ville, à l’énergie de cette ville qu’est Kinshasa, en interprétant le rôle d’une vendeuse de pain, pour montrer l’ampleur charismatique, les stratégies performatives qu’elle emploie dans une optique commerciale et puis, pour me plier moi-même à cet exercice pour faire l’ expérience du travail de ces femmes qui marchent des kilomètres et des kilomètres avec du poids. Eddy Ekété l’enseigne très bien : la performance, c’est aussi une gestion de soi, une gestion spirituelle, une gestion mentale et, aussi, une performance physique, c’est-à-dire un effort et une énergie qu’il faut arriver à conserver.
Cette œuvre d’Eddy Ekété, je l’ai interprétée comme un exercice de performance, sous son enseignement.
On a aussi vu de l’art vidéo au féminin, des vidéos dont je suis auteur et qui impliquent que mon corps ou non m’appartient, ma personne ou non ; ces vidéos sont des moments où je passe le message de l’art engagé que je défends, qui est un art féministe qui revendique un certain nombre de changements dans les rapports entre les hommes et les femmes, entre êtres humains aussi. 


''Elles voix rouge'' - Vidéo de contestation - Crédit photo : Cléophée Moser

On a donc montré deux vidéos par rapport à cela, qui sont des vidéos féministes où je parle de mon engagement et des techniques que j’utilise pour mettre en images cet engagement. Ce sont des projets très personnels.


Quels sont tes rapports particuliers avec ’’Le Centre’’ de Lobozounkpa, à Atropocodji, ce lieu où tu as réalisé cette exposition audiovisuelle multidimensionnelle ?

J’ai découvert ’’Le Centre’’ qui est dirigé par l’artiste Dominique Zinkpè et soutenu par la Galerie Vallois ; il est installé ici, au Bénin, à Lobozounkpa, à Atropocodji. Il y a deux ans, quand j’étais en train de terminer mes études de Master 2, en « Art et Société », je me suis intéressé à cet endroit parce que j’ai découvert, d’abord, le travail des artistes. Et, c’est par le travail des artistes qui appartiennent un petit peu au cercle de Dominique Zinkpè mais, plus largement, des artistes qui sont originaires du Bénin et dont on voit les travaux sur la scène internationale, que j’ai découvert ces créateurs et puis ’’Le Centre’’ où ils sont régulièrement exposés, qui est aussi un espace de travail, de laboratoire, d’expérimentation, de rencontres entre ces artistes et la scène internationale, de confrontation avec le public, un espace de démonstration, un espace d’ateliers et puis un espace qui porte aussi un musée très important qui est ’’Le Petit musée de la Récade’’ sur les collections desquelles j’ai travaillé, dans le cadre de ma recherche.
Je suis tombée amoureuse de cet endroit, je suis tombée amoureuse de l’équipe qui le gère, des projets qu’il développe, de la manière avec laquelle cet endroit stimule la créativité des artistes, sa générosité, les moyens humains qui sont mis à disposition, et les exercices critiques que cet endroit nous propose, ce qui nous amène à méditer sur notre travail.
Donc, je suis d’abord venue ici en tant que chercheuse pour mettre à la disposition du ’’Centre’’ mon savoir-faire technique en audiovisuel pour réaliser des vidéos promotionnelles, mettre au service des artistes mes textes, mes écrits. En échange, ’’Le Centre’’ m’a donné énormément d’informations qui m’ont permis de rédiger un mémoire qui a été validé. Et puis, je suis revenue, cette fois, en tant qu’artiste créateur, en tant qu’artiste plasticienne pour présenter mon travail, le confronter au regard de mes contemporains, de mes pairs et de mes aînés, de mes grands frères, de mes grandes sœurs, que j’ai eu la chance d’étudier et, aujourd’hui, je viens avec beaucoup d’humilité leur montrer ce que j’ai su faire ces deux dernières années où ils m’ont vu marcher un peu dans le monde, m’essayer à concrétiser ma pratique artistique et à revendiquer une professionnalité, pour recevoir leur regard, entendre leurs retours, leurs conseils et bénéficier de leurs critiques, puisque c’est cela qu’on fait entre nous : on se donne des critiques constructives pour avancer et pour faire un travail qui touche, qui parle et qui arrive dans le sens de ce qu’on veut bouger dans le monde et dans les sociétés dans lesquelles on voyage.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo