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mardi 31 décembre 2013

Mes 18 coups de coeur de reportages culturels, politiques et de tous autres genres ....

Les personnalités 2013 qui ont impressionné ma conscience ...

L'année 2013 a été si fourni en tous domaines d'événements que les journalistes, toutes rubriques confondues, se sont intensément investis pour relayer, de la manière la plus satisfaisante possible, ces événements, marquants ou non. Personnellement, à la veille de la nouvelle année, je me dois de partager avec les lecteurs fidèles de ce Blog, mes coups de cœur, pour l'année finissante. Avant de lancer quoi que ce soit, je présente mes Voeux de Santé et de Bonheur, de Réalisation de soi à Vous, fidèles lecteurs abonnés de "Stars du Bénin". Que 2014 vous permette de réaliser un significatif pas de plus !

Dieu Esprit-Saint, Chef de la Mission de Banamè : En matière de coups de coeur pour 2013, il y a d'abord, à mon niveau, Gblagada ma su hon do, Papa Yèssissin-Mawu Yèssissin, Mawu Adja lonlon, Daagbo, Dieu Tout-Puissant, Qui fait l'insigne honneur au Bénin de Sa présence à Banamè, dans la Commune de Zangnanado. Un reportage anodin pour corroborer les rumeurs d'imposture et de décalage catholiquement religieux et, je me retrouve nez-à-nez avec Dieu Tout-Puissant, fascinant et déroutant, illisible, à l’œuvre depuis 2009 ...

 

Le Pape Christophe XVIII : Vicaire de Dieu Esprit-Saint, son éloquence véhémente et poignante, sans pareille, réveille les esprits les plus obtus de leurs contradictions, de leurs errements spirituels ...











Boni Yayi : Président de la République du Bénin, Chef de l'Etat, Chef du Gouvernement. Tout le long de 2013, il a fait l'actualité, capitalisant toutes les formes d'analyses ; il tient du roc contre qui s'écrasent les ennemis, et de l'eau qui s'infiltre inévitablement, tenant à bout de bras ses objectifs chèrement disputés et arrachés ...





Angélique Kidjo : Ambassadrice universelle de la musique béninoise : Qui l'eût ? Cette icône mondiale, en concert, entre autres, le 2 décembre 2013, au Théâtre de verdure de l'Institut français de Cotonou, énergique, du haut de ses 53 ans, gamine, branchée, fulgurante, intrépide, vibrante, humble, inspirée, faisant impitoyablement danser Madame l'Ambassadeur de la France près le Bénin et son mari, coachant, comme une maîtresse de classe, les icônes nationales de la chanson comme les Tériba, Zeynab, Sessimè, interprétant, avec son orchestre d'un standing international, plusieurs morceaux mondialement partagés : "Zélié", "Kélélé", "Batonga", "Arouna", "Sèdjèdo", "Sènamou", "Petite fleur", "Malaïka", "Gbè Agossi", "Wombo lombo", "Adouna", "Move on up", "Pata pata", "Afrika", "Agolo", "Tumba", ... Angélique Kidjo, la Diva aux cheveux ocre ...

Dominique Zinkpè : Artiste-plasticien très connu pour ses inspirations fulgurantes, inaccessibles et anticonformistes, corpulence malingre domptant des sculptures gigantesques et des lignes d'une abstraction multidimensionnelle, visionnaire, inventif, son art n'a pas échappé à Roger-Pierre Turine qui, le 3 décembre dernier, a rendu publique, à La Maison rouge, à Cotonou, l'édition du livre intitulé, Les destins de Zinkpè, retraçant la biographie et la démarche artistique complexe de l'homme, une annonce sur fond de l'exposition "Spirit maestria ", s'étant déroulée du 4 au 8 décembre 2013, comme pour concrétiser la valeur de l'homme et la reconnaissance scientifique internationale de son art. Dominique Zinkpè est sur la voie de devenir
ce qu'Angélique Kidjo est actuellement dans le monde entier.

Ousmane Alédji : Directeur du Centre culturel "Artisttik Africa", ce comédien, ce metteur en scène et ce dramaturge de talent se révèle plus qu'honorable, vu sa double envergure de roc et d'eau, faisant courageusement l'épreuve de l'ostracisme culturel mais résistant et défendant sans coup férir la capacité nationale à circonscrire et à réussir des initiatives de promotion de facteurs de la culture authentiquement béninoise. Cette combativité de peau de pachyderme voit clairement son but pendant que beaucoup le croient enlisé ... Il doit souvent rire de leur méprise !

Didier Awadi : Rappeur sénégalais de nationalité authentiquement béninoise, son art vocal et vociférateur a fait trembler les clôtures du Théâtre de verdure de l'Institut français du Bénin, en décembre dernier, donnant juste une esquisse à ses compatriotes de toute la chaleur et de toute la "battance" qui sont le secret de son succès hors du pays natal.
 







Erick-Hector Hounkpè : D'une humilité peu connue et, désigné Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) par le Conseil d'administration de l'institution, son charisme de conteur, d'homme de théâtre et de déclamateur poétique lui donne un blanc-seing, du côté de bon nombre de ses pairs quant à la réussite de sa mission. Pourvu que le Ministre béninois de la Culture, Jean-Michel Hervé Babalola Abimbola, dans ses calculs très serrés, n'oublie pas sa désignation officielle, le Fitheb devant théoriquement se tenir dans trois mois !

Koffi Attédé : Directeur des "Editions plurielles", il manifeste une fougue de réussite qui ne se ressent qu'à travers les résultats probants de ses initiatives. Ses faits d'armes, la conduite, de pair avec Brice Bonou de l' "Atelier ouverture azo", du Projet "Bénin en création" et, particulièrement, du "Concours national "Plumes dorées", depuis cinq années, donne la mesure de l'engagement de ce jeune à voir mener autrement la barque de l'édition, lui qui, à la tête du système "Bénincultures", innove, chaque jour que Dieu lui donne d'user de son inspiration. Bonne relève, n'est-ce pas ?

L'Institut français du Bénin : Cet espace français de la promotion culturelle béninoise, sortant fraîchement de la commémoration de son cinquantenaire, ne cesse de briller par le rôle cardinal qu'il joue au Bénin, et que bon nombre d'acteurs culturels nationaux rêvent de voir le pays s'approprier, rien que par nécessité d'assumer une certaine souveraineté ou par orgueil national, par chauvinisme culturel, même s'ils doutent que le Bénin puisse mieux faire. Dans l'excellence d'assurance d'une partition déplaisante, pour certains, mais incontournable, cette institution, dans les dernières semaines de 2013, a plu par le jeu de la dérision de sa stature de froide structure républicaine française, en se donnant au jeu du défilé de son personnel, devant un public profondément acclamateur !

Sanvi Panou : Réalisateur béninois vivant en France, ses déboires avec Marie-Elise Gbèdo n'ont en rien émoussé son rêve de voir le Bénin, son pays, célébrer un cinéma professionnel et exportable. Mais, s'en donne-t-il les moyens? Oui, sauf que ce tenace brûle souvent les règles de ce petit quelque chose qui fait fondre le compatriote et qui le transforme aisément en un collaborateur de réformes. Mentalité métropolienne oblige !



Dag Jack : Vu et entendu de loin, c'est GG Vikey tout craché. Professeur de musique, maître de son art, il ne publie souvent pas d'album, au grand regret de ses nombreux fans, très tôt consolés dès qu'il monte sur scène. Dag Jack, valeur sûre de la musique béninoise, humble dans son parcours, gagnerait à se mettre au-dessus des sentiers battus de la victoire sur le quotidien.  






Daté Atavito Barnabé-Akayi : Professeur de Français et écrivain intervenant dans plusieurs genres littéraires, il anime, avec ses deux compères, Anicet Mègnigbèto et Armand Adjagbo, la maison d'édition "Plumes Soleil". Prolifique, aussi bien dans sa production que dans l'édition personnelle d'ouvrages, il présente toutes les caractéristiques de la mentalité frondeuse de la nouvelle génération. Rien ne l'effraie ni ne l'arrête ; il poursuit son chemin, défiant, enflammant les entiers battus, explorant, dictant des normes nouvelles, fixant des expériences inédites ...

Laudamus : Tête brûlée des arts plastiques béninois, courageux expérimentateur de la sculpture féminine vivante, créateur alchimique, innovateur inculturé, il n'a de cesse de provoquer pour survivre artistiquement, ce qui le pousse plus loin et donne, chaque fois, une dimension nouvelle à la peinture béninoise. Mordu de cinéma et de promotion d'espace culturel, il se fraie, de manière concomitante, un nouveau chemin dans chacun de ses deux secteurs, brisant les obstacles et se créant pragmatiquement ses leçons. Bonne endurance !


Jolidon Lafia, Zeynab, Jean Adagbénon et les Tériba : La belle symbiose musicale, du 14 décembre 2013, au Théâtre de verdure de l'Institut français de Cotonou, animée par cet ensemble des 4, a ému plus d'un, vu que, logés dans l'interprétation commune des morceaux personnels, ils ont donné l'image de la noyade du "tchédjinnabisme", mentalité noire relevant de la béninoiserie et poussant le Béninois à ne poursuivre que ses intérêts, marchant sur tout. Ils ont montré que le domaine de la musique est en avance sur la société béninoise, toujours emmurée dans ses recherches d'un égoïsme de jour en jour plus délétère. Enchantant et distrayant le public en cette soirée, ils ont, le temps d'une prestation commune, fait aimer la musique profondément béninoise et le Bénin.

Alihossi Gbènonhin Alofan : Son regard parle, plus que toute autre chose, de sa vie artistique mouvementée, cousue de déboires et de sacrifices, de petites joies, de brefs sursauts de satisfaction, mais d'une course quotidienne, lente, sûre, vers la victoire décisive. Métamorphosée en une flamme aiguillonnant son cœur, celle-ci la détermine plus que jamais, dope son espérance, lui donne forme et lui permet de louvoyer parfois à portée de ses mains. C'est ainsi que, discrète mais incrustée dans son milieu professionnel, elle se meut vers ses paires quand besoin est, ne marchandant rien de sa force de travail. Henriette Goussikindey, de la Galerie d'art Saint-Augustin de Cotonou, en sait bien quelque chose ! Alihossi Gbènonhin Alofan n'est pas souvent sous les feux de la rampe. Mais, son talent défie les frontières ouest-africaines, notamment, le temps que son endurance renforce son élan vers des contrées plus lointaines et plus prometteuses.


Tony Yambodè : Inévitablement, ce gagneur a marqué l'année 2013 par la concrétisation sans failles de sa deuxième initiative de promotion culturelle, après le Festival International et itinérant de théâtre des lycées et collèges du Bénin (Fithélycob) : le Bénin révélation stars (Brs). A la fin d'une laborieuse sélection fondée sur une interprétation de morceaux d'artistes confirmés de la musique béninoise, en live et en acoustique, deux lauréats ont été retenus, appelés à  recevoir leurs prix, le 25 janvier 2014, en même temps que sera lancée la deuxième édition de la manifestation. Quelle endurance ! Voilà une effervescence respectable à laquelle aussi bien les structures de financement de la Culture que l'Etat béninois gagneraient à ne pas rester indifférents ; les initiatives ont encore de beaux jours devant elles pour sortir le domaine culturel d'une léthargie tenace et récurrente.
Noélie Houngnihin Noudéhou : Directrice du Festival "Lagunimages", elle a patronné le déroulement de la septième édition de cette manifestation cinématographique, lui redonnant des lettres de noblesse perdues, surtout que, cet événement, qui a eu lieu, du 5 au 9 décembre 2013, a permis la formation, l'initiation d'élèves et le renforcement des capacités d'étudiants en cinéma, garantissant ainsi la naissance d'une génération plus professionnelle dans ce domaine, pour les prochaines années.






Marcel Kpogodo

mardi 3 décembre 2013

Propos de Mirabelle Lontchédji, sculpture vivante de Laudamus



« […] le métier de sculpture vivante n’a rien à voir avec la prostitution »

Suite à sa prestation en tant que sculpture vivante, le jeudi 21 novembre 2013, au vernissage de l’exposition « Rêve flou » de Laudamus, Mirabelle Lontchédji, exubérante et passionnée, a accepté de nous livrer son âme …




Stars du Bénin : Mirabelle, tu as été le modèle de cette soirée de vernissage de l’exposition « Rêve flou » de Laudamus. On t’a vue, exposée au public. Quelles sont tes sentiments, surtout que tu as dû te laisser regarder par le public, sous toutes tes facettes ?

Mirabelle Lontchédji : Je suis très très contente. Actuellement, les mots me manquent vraiment pour m’exprimer ; cela m’enchante beaucoup, cela m’emporte beaucoup de voir qu’à travers moi, un artiste-plasticien arrive au moins à mettre en valeur la femme, c’est-à-dire, la beauté féminine et tout ce que la femme africaine, la femme noire a de plus cher en elle. Je suis très très contente et très très émue.

Pour accepter d’être une sculpture vivante, c’est-à-dire, une jeune femme qu’on va couvrir de peinture, il faut quand même avoir un peu de courage pour accepter de se laisser regarder par tous … Où puises-tu cette force pour avoir un tel courage ?

D’abord, que mettez-vous dans « courage » ? On parle de courage à quelqu’un quand cette personne se force à faire quelque chose ; je ne me force pas à faire de l’art, l’art est en moi. Même en me regardant, même en parlant, on voit l’art à travers moi. Je ne parlerai pas de courage pour exposer mon corps ou pour exposer l’art ou les œuvres de quelqu’un mais, je parlerai plutôt d’audace. Il y a une différence, même si on l’ignore : ce n’est pas du courage, c’est de l’audace ; je suis l’art, je ne fais pas de l’art. 


Tu penses donc qu’être une sculpture vivante, c’est être une artiste …


Oui, parce que, sans la sculpture vivante, je ne pense pas que l’auteur des œuvres pourra faire grand’chose. En réalité, l’artiste même, je pense que c’est la sculpture vivante car c’est cela qui éveille l’auteur dans ses sensations et dans tous ses états.

Comment fait-on pour devenir un modèle pour artiste ou une sculpture vivante ?

(Rires). Je viens de vous dire précédemment que je ne faisais pas de l’art mais que j’étais l’art ; je n’ai rien fait pour devenir modèle ou sculpture vivante. Laudamus a vu en moi un modèle, je n’ai pas fait des efforts pour cela, il peint juste à travers moi et à travers mes poses. 


Quel est ton métier d’origine ?
 
Je suis comptable, j’ai fini, j’ai soutenu. Là, je n’ai pas encore un travail en comptabilité comme ce que j’ai appris à l’origine. Mais, l’art m’emporte vers un autre chemin. Et, si je devais choisir entre la comptabilité, métier d’école ou d’université et l’art, un domaine que j’aime tant, j’aurais aimé faire l’art.

Pourquoi ?

Parce qu’on ne force pas quelqu’un à faire ce qu’il ne veut pas, puisqu’on se sent mieux dans ce que l’on veut et on le fait mieux que de le faire parce qu’on nous force à le faire. La comptabilité ou les études, je les ai faites pour mieux m’exprimer dans la vie, cela me permet aujourd’hui de parler et de réfléchir comme une intellectuelle mais, l’art, je l’aime ; je pense que je vais plus me donner à l’art qu’au métier de comptable ou de financier. 


Tu as fait la comptabilité pour répondre à la volonté de tes parents ?


En fait, nous, les Africains, on ne demande pas ce que nous voulons faire, ce qui nous plaît, mais on nous dit d’aller à l’école, d’étudier ; voilà la différence. Si, réellement, les parents pouvaient prendre les enfants dès leur bas âge et leur demander ce qu’ils cultivent en eux, ce qui les passionnent, cela leur ferait un peu plaisir. 


De quelle manière penses-tu pouvoir exprimer ta vocation artistique ?


La sculpture vivante, c’est très beau ; je ne pense pas qu’il y aura encore d’autres procédés pour exprimer ma vocation artistique. Vous me voyez dans d’autres procédés ? On va me prendra en photo, me peindre mais, dès que tu présentes la sculpture vivante qui montre tout ce qu’il y a de si beau sur le corps d’une femme, je pense que c’est plus cher : il est impossible de l’emmener, impossible de la toucher ; la personne sera très émue et très frappée de regarder … Vous l’avez remarqué tout à l’heure, il n’y a pas meilleure manière. Je pense que Laudamus a trouvé la meilleure solution en mettant de la sculpture vivante dans les choses ; on voit tellement de tableaux, on voit tellement de photos, mais la sculpture vivante, c’est très rare, cela ne se voit pas comme cela et, vous le savez.


Y a-t-il longtemps que tu prêtes ton corps pour être une sculpture vivante ?


Je peux dire qu’il y a longtemps que je le fais ; je travaillais en cachette avec Laudamus pour ses œuvres, vraiment en cachette. Mais, il a décidé de me faire sortir maintenant parce qu’il voit sûrement que l’heure a sonné pour que les gens regardent enfin, en live ou en face, ce qu’il met à travers ses tableaux. 


Comme viviez-vous la sculpture vivante en cachette ?


Laudamus faisait ses peintures en cachette de la manière suivante : je suis là, il regarde, il prend la pose et il peint. Il ne peut pas se lever du jour au lendemain pour le faire, il faut nécessairement une sensation qui l’éveille ou une pose qui l’anime …


Qu’est-ce qui te plaît tant que cela dans la sculpture vivante ?


Ce qui est en moi, je ne peux pas te dire si cela me plaît ou pas, je suis née comme ça, je suis née avec ça ; même dans mon âme, dans mon intérieur, je vis l’art, cela ne peut que me plaire, ce n’est pas un objet que je suis venue arracher, je suis née comme ça ! Cela me plaît tant qu’il faudra et quand il le faudra. 


Comment Laudamus t’a trouvée ?


Vous entrez dans une question un peu délicate. Il m’a vue et, je pense que les conditions dans lesquelles il m’a vue, c’est lui qui m’a rehaussée. J’avais l’art en moi mais je l’ignorais, il m’a montrée que j’avais l’art en moi et que je suis née pour l’art. La manière dont il m’a vue, je pense que c’est une question un peu privée.


Peut-il exister un sentiment d’amour entre l’artiste et son modèle qui est le sculpture vivante ?


Impossible ! C’est impossible. D’autres artistes pourraient le faire, mais c’est impossible chez Laudamus. Lui, sa spécialité, c’est de peindre le corps de la femme, c’est de voir la femme. Si, jusqu’à ce jour, personne n’a encore eu à se plaindre de lui, c’est que c’est vraiment impossible. Il n’est pas comme ça, ça ne pourra pas arriver, c’est vraiment impossible. Je ne pourrai pas parler au nom des autres, mais je le ferai au nom de mon chef et de moi : c’est carrément impossible qu’un sentiment d’amour naisse entre nous. 


S’il n’y a pas de sentiment d’amour entre vous, y a-t-il parfois des tentatives d’attouchements, des tentatives de relations sexuelles ?


Non, jamais ! Il n’y en a pas eu, jusque-là et, il n’y en aura pas ; le travail, c’est le travail, le monde des sentiments, c’est le monde des sentiments, c’est deux choses carrément à part. 

Ton ami ou ton compagnon sait-il que tu fais la sculpture vivante ?


Oui, j’ai un ami qui sait que je fais la sculpture vivante ; il ne dit rien, il approuve, il aime bien, parce qu’il aime aussi l’art. Parfois, il est un peu jaloux de voir que mon corps est comme ça ; il dit souvent : « Ce que moi, je vais toucher, tu l’exposes … » Mais, ça lui va. Vous connaissez la jalousie des jalousie des hommes, mais il essaie de s’en sortir.


Quels sont tes projets d’avenir ?


Evoluer vraiment dans l’art. Si seulement l’art pouvait évoluer au Bénin, cela me ferait vraiment plaisir. Evoluer, voyager encore plus et faire connaître au monde entier ce que la femme africaine cache en elle, car nous cachons beaucoup de choses que nos cultures ne nous permettent pas de faire sortir, de valoriser ; il est temps que cela se fasse.


Ne penses-tu pas que si la femme fait sortir ce qu’elle cache cela risque de la dévaloriser ?


Non, je ne le pense pas. Bien au contraire. Tu exposes le corps féminin, tout le monde applaudit, tout le monde aime mais personne n’a touché, je ne pense pas que cela soit dévalorisant. Au contraire, en exposant la beauté féminine comme cela, beaucoup d’hommes, beaucoup de gens aimeraient la toucher. Et, tant qu’ils ne l’ont pas fait, tu auras toujours de la valeur devant ceux-ci. Cela n’a rien à voir avec ’’dévaloriser’’. Il ne sert à rien de cacher son corps sous un pantalon ou sous un pagne et de passer son temps à passer d’homme en homme. Je pense que c’est cela qui est plus se dévaloriser que d’exprimer la beauté. 


Penses-tu que la culture africaine est compatible avec la sculpture vivante ?


Oui, parce que, dans l’ancien temps, on voyait nos grand-mères qui mettaient des perles, le Blanc ne connaît pas les perles. Avant, c’était caché et c’était pour le mari seul ; aujourd’hui, non, nous pouvons les exposer parce que les perles ne veulent pas dire la valeur de la femme, elles montrent plutôt la beauté féminine, comment est-ce que la femme africaine a tellement de rondeurs ; on nous qualifie à l’extérieur de femmes-jarre. La femme africaine est une femme de beauté, certaines disent qu’elle a une forme coca-cola ou une forme marmite, parce que notre forme est recherchée et si cela est ainsi, c’est parce que nos mères avaient l’habitude de mettre des perles et cela fait ressortir la forme des hanches. Aujourd’hui, avouons que celui qui voit une sculpture vivante avec des perles et des formes est un homme, il sera séduit, mais, cela ne veut dire qu’il va toucher cela, ce n’est pas sûr qu’il y touche. Je crois que la sculpture vivante est vraiment compatible avec notre culture ; ceux qui sont encore dans la culture purement béninoise ou purement africaine s’en indigneront mais cela n’a rien à voir avec incompatibilité de cultures et présentation de valeurs béninoises ou de valeurs africaines. C’est vraiment à rehausser, c’est vraiment à aimer et c’est beau ! C’est beau de voir qu’en Afrique, nous avons tout ceci que nos parents cachaient, tout ceci que nos parents se disaient appartenir à leur mari. Je suis désolé, le métier de sculpture vivante n’a rien à voir avec la prostitution, comme les gens le disent. 


Après une séance de sculpture vivante, comment tu gères les nombreuses personnes qui te font la cour ?


Ce sont des admirateurs, plutôt …


Des admirateurs qui ont vu la beauté de ton corps et qui pourraient rêver d’aller plus loin avec toi


Je suis désolé, le travail n’entre pas dans ce cadre et puis, je n’ai pas encore rencontré quelqu’un qui ait eu envie d’aller plus loin, après avoir vu mes œuvres, car le travail, c’est le travail et, cela dépend du visage que tu donnes à la personne qui est en face de toi.


As-tu un mot de fin ?


J’aimerais vraiment dire « merci » à vous tous, à vous tous qui êtes venus nous soutenir, et j’espère vous revoir prochainement. J’en serais très très ravie. J’aimerais aussi demander aux personnes qui voudraient faire avancer l’art au Bénin de le faire, car nous le méritons ; l’art béninois mérite d’être envoyé à l’extérieur et d’être plus connu. Quant aux artistes béninois, les gens les prennent pour des chiffons, des torchons mais, en réalité, ils cachent en eux des secrets que nous devons valoriser ; la valorisation des cultures africaines nous ferait du bien. Merci à vous tous.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo           

lundi 2 décembre 2013

Laudamus Sègbo au ’’Mojito’’


Pour l’expression d’un « rêve flou »


En début de soirée du jeudi 21 novembre 2013, l’artiste-plasticien, Laudamus Sègbo, a tenu le vernissage d’une nouvelle exposition intitulée « Rêve flou ». C’était au Restaurant « Le Mojito », situé en face de la Librairie Sonaec, au quartier Ganhi. Les tableaux qui devaient capitaliser l’intérêt des visiteurs portaient une flamme commune : la femme, dans de tous nouveaux états artistiques.


Laudamus Sègbo, dans ses explications ...


L’atmosphère jazzy, d’abord, zouky, ensuite, sirotante, rougement douillette et amoureusement intime du « Mojito », restaurant du quartier Ganhi de Cotonou, en face de la librairie Sonaec, ce jeudi 21 novembre 2013, a accueilli 14 tableaux bien répartis aux murs de la principale salle de consommation, réalisés par l’artiste-plasticien, Laudamus Sègbo, connu comme le précurseur de la sculpture vivante au Bénin. Sans trop de surprise, le thème fondant l’exposition ouverte au public, depuis le 22 novembre dernier, est la femme, celle-ci, cette fois-ci, moulée dans un genre nouveau d’approche de l’artiste, la chevelure tressée, longue et blanche, cassée en de petites craquelures carrées ou rectangles ; celles-ci se manifestent sous forme de gerçures qui, au dire de l’auteur, sont faites au couteau. Selon lui, cette technique vise à manifester les résultats d’une recherche de plusieurs années et l’originalité d’une approche qu’il veut rendre inimitable. A ce propos d’ailleurs, Laudamus se dit un artiste dont beaucoup de collègues marchent dans les pas, lui qui, depuis près de quatorze ans, a lancé la sculpture vivante qui fut largement copiée, ce qui fait qu’aujourd’hui, aucune cérémonie officielle n’échappe plus à la tradition de ce procédé appliqué à des modèles masculins, où l’on voit une personne figée ou changeant par intermittence de position,  artistiquement maculée de terre et de peintures, selon l’événement à honorer.
Toujours à en croire ses explications, « Rêve flou », qui aura cours au « Mojito » jusqu’au 20 décembre 2013, constitue la suite logique de l’exposition, tenue, une année auparavant, sur le thème, «Le Fâ, langage des dieux ». Ainsi, ce mode divinatoire étant présent dans la femme et celle-ci étant mutuellement l’un de ses fondements cardinaux, elle porte la volonté de l’être humain, de son bien-aimé, d’une part, d’appréhender ce qu’elle est, son côté insondable, cette psychologie mystérieuse qu’elle est et qui s’identifie à « la partie invisible de l’iceberg » pendant que la femme se bat pour rester plus que jamais illisible. D’autre part, selon Laudamus, le bien-aimé de la femme aspire à « partager avec elle son amour et le bonheur ». Voici deux quêtes vaines, celle de l’être profond de la femme et celle d’un amour épanouissant en sa compagnie, vu la fermeture de la femme à se laisser dompter, d’où le « rêve flou » qui met l’homme dans la perpétuelle attente d’être rassuré par la femme.
Le plasticien béniniois, Charly d'Almeida, était de la partie.
Dans les conditions d’une telle inspiration prodigieuse, une trentaine de tableaux ont vu le jour et, les quatorze présentés au public, ce jeudi 21 novembre, au « Mojito », portent des titres tentant d’évoquer, de manière synthétique, la signification des couleurs, tantôt fortes, tantôt sourdes, tantôt vives, tantôt légères, tantôt harmonieusement agencées, celles de la maturité d’un artiste allant à la révélation de la femme, en connaissance de cause : ’’Rêve flou’’, ’’Adoration’’, ’’Chevalier du destin’’, ’’Liberté’’, ’’Réflexe’’, ’’Elevation’’, ’’Mon ange’’, ’’Sublime’’, ’’Pirogue du destin’’, ’’Affection’’, ’’Agitation’’, ’’Awô’’, ’’Les tresseuses’’, notamment, qui travaillent à magnifier la femme, dans la parole de ses traits positifs de caractère tels que l’amour, la paix, l’évolution, la maturité, la solidarité, l’altruisme, l’abnégation, le sens de sacrifice, entre autres. Et, dans son intarissable éclairage, Laudamus Sègbo, dans un regard resplendissant, avoue, en guise de justificatif : « La femme tient le destin de l’homme entre ses mains. Elle qui peut le modifier à sa guise, prions pour qu’elle ne prenne pas conscience de sa force ou qu’elle n’en abuse pas, elle qui peut aussi se révéler un objet de violence contre l’homme, ce dont la société tient rarement compte ; elle est belle, la femme, dans ses formes, elle est belle quand elle aime, quand elle passe, elle est poésie ».


Ultime sculpture vivante


La sculpture vivante de Laudamus, dans toute sa majesté de mystère et de provocation ...

 Contre toute attente, Laudamus Sègbo, selon une sensibilité, semble-t-il, profondément nostalgique, a choisi de capitaliser les regards et la concentration des assistants au vernissage du jeudi 21 novembre dernier sur un objet censé prendre sur lui et en lui tout le sens de l’exposition en cours depuis le lendemain, le vendredi 22 novembre : une véritable sculpture vivante, positionnée au centre de la salle de consommation du « Mojito », vêtue d’un fond de la peinture rouge de la passion et blessée, des cheveux aux pieds, de touches de la blancheur de la pureté, de la chasteté ! Une fois de plus, Laudamus avait réussi son coup et, la perle, de son regard scrutateur noir et de ses tétons d’une même couleur, défiait la curiosité alentour, largement partagée, de percer le secret de la flamme passionnelle qu’elle suscitait, assise, la hanche ceinte d’un luisant tissu jaune du contentement. Changeant souvent de position, ce regard, à la fois innocent et perfide, renvoyait au public l’impuissance tant révélée par l’artiste, celle à connaître la femme. A en croire ses analyses, cette sculpture vivante, cette lumière plus parlante de son œuvre que tout propos, cette réussite humaine de la soirée du jeudi 21 novembre, venait clore cette vague lancée depuis près de quatorze ans et à laquelle il choisit de se remettre sous une dimension toute rénovée dont le secret sera incessamment livré.


L’appel de Laudamus

Laudamus, en compagnie de la responsable du "Mojito" ...
« Le rêve flou », cette exposition plus qu’intimiste de Laudamus, s’ouvre au public, avec à plaisir pour celui de se libérer, de se défouler, de se délecter d’une lettre d’amour à l’être de ses rêves, qu’il soit fiancé (e), amant (e), mari, épouse, pourvu que le destinataire soit une personne profondément aimée. Il pense ainsi réunir autant de lettres de ce genre que possible pour en concrétiser un recueil sur l’expression de l’amour, un livre de lettres d’amour, un document aussi libérateur qu’inspirateur. Un livre d’or se trouve ouvert à cet effet, jusqu’au 20 décembre prochain au « Mojito ».


Marcel Kpogodo