Affichage des articles dont le libellé est Editions plurielles. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Editions plurielles. Afficher tous les articles

samedi 27 septembre 2014

"Le kleenex qui tue", un drame social sur le châtiment de l'infidélité à la béninoise, en lecture-spectacle, ce samedi après-midi

Ce sera au Studio-théâtre de l'Eitb 

L'après-midi de ce samedi 27 septembre 2014 donnera lieu à la lecture-spectacle de la pièce de théâtre, "Le kleenex qui tue" d'Hermas Gbaguidi. Ce sera au Studio-théâtre, mis en place et dirigé par Alougbine Dine. Au menu de l'action, une situation de répression privée, à la mode africaine, de l'adultère. 


L'adultère, un acte que beaucoup banalisent, de plus en plus, aujourd'hui, se trouve puni, en privé, par la personne qui en est victime. Pour découvrir de quelle manière s'opère ce châtiment, selon une méthode purement africaine, il faudra se rendre à Togbin, au Studio-théâtre de l'Ecole internationale de théâtre du Bénin (Eitb), dirigée par Alougbine Dine, ce samedi 27 septembre ; il s'agira d'assister à la lecture-spectacle du "Kleenex qui tue", qui sera assurée, à partir de 16 heures précises, par les étudiants de cette structure académique.
Voilà un ouvrage de drame social appartenant à un recueil de quatre pièces, lancé, le 5 septembre dernier, à la salle bleue du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). Inévitablement, il faudra s'attendre à voir déclamer sur scène des acteurs incarnant, respectivement, Martial, le fiancé trompé, Nafissa, la fille infidèle et Rockson, l'amant de la précédente. 
Grâce à une pochette de papiers-mouchoir, le "kleenex", négligemment abandonnée, comportant deux préservatifs pleins et attachés, le premier découvre l'infidélité de sa promise au mariage, ce qui le met en querelle avec celle-ci et qui le fait disparaître des lieux, avec la précieuse pièce à conviction dont l'utilisation occulte peut causer la mort de Rochson. Celui-ci, tenu au courant de la situation, finit par se retrouver chez Martial pour des négociations finalement infructueuses. 
A tout point de vue, "Le kleenex qui tue" se révèle une concentration savamment opérée, en 23 pages, par le dramaturge, Hermas Gbaguidi, qui démontre, par là, la maîtrise de l'art théâtral contemporain : trois personnages au plus, des répliques simplifiées au strict minimum, sauf dans des rares cas, une subdivision quinquénaire, chacune des cinq parties ayant une dénomination assez expressive, de quoi en situer rapidement le lecteur sur le contenu. 
En outre, l'intrigue, très simple, du genre "Tromperie-Découverte de la faute-Châtiment", n'en demeure pas moins chargée d'une richesse thématique à la sauce endogène, ce qui contribue à faire connaître ce que nous sommes, Africains, Béninois, dans notre refus de l' "avalement" de ce qu'on peut considérer comme une banalité à notre époque : l'infidélité amoureuse.
Mais, peut-on accepter cette vengeance, lorsqu'on sait que Martial et Nafissa ne sont que fiancés ? Alors, l'absence du statut de mariage chez ces personnages ne rabaisse-t-elle pas la punition provocatrice de mort à la mesure de l'énorme marteau qui sert à tuer une minuscule mouche ? Aurait-on pu tuer un "cocufieur" qui a touché à une femme non mariée ? Socialement, en coutumes béninoises du sud, tout au moins, si les deux protagonistes que sont Martial et Nafissa ne sont que fiancés, c'est qu'il n'y a pas eu un mariage reconnu par les ancêtres, à travers la dot. Problème de réalisme social.
Pourtant, la liberté de la stratégie de traitement du sujet par le dramaturge doit être respectée, même s'il se révèle inacceptable que, pour une maison d'édition de la trempe des "Editions plurielles", chez laquelle des publications régulières laisse transparaître son aspiration à un professionnalisme indéniable, la pièce, "Le kleenex qui tue", héberge d'incompréhensibles coquilles : "Pousses-toi ...", au lieu de "Pousse-toi ...", à la 8ème réplique de Nafissa, à la page 55, une concordance de temps, manquée, à la 6ème réplique de Martial, à la page 56 : "Je ne parlerai pas de trahison si ce n'était qu'avec moi seul", au lieu de "Je ne parlerais pas de trahison si ce n'était qu'avec moi seul", un accord mal conclu, avec la seconde réplique de Nafissa, de la page 59, à la 22ème ligne : "[...] tu as foulé au pied ...", au lieu de "[...] tu as foulé aux pieds,  ...", une autre concordance ratée, à la page 61, au niveau de la 1ère réplique de Rockson, dans " [...] je savais que tu ne peux pas tenir ta langue", au lieu de "Je savais que tu ne pouvais pas tenir ta langue", un autre accord irrésolu, avec "Tu es sans scrupule ...", au lieu de "Tu es sans scrupules ...", à la 1ère réplique de Rockson, de la page 70, une erreur qui revient chez Martial qui lui répond : "Qui es-tu pour parler de scrupule ici?", au lieu de "Qui es-tu pour parler de scrupules ici?". Enfin, pour boucler une logique aussi désastreuse, une autre grosse coquille, en guise de cerise sur le gâteau : "Vous êtes entrain de me chercher", à la 3ème réplique de Rockson, de la page 75, au lieu de "Vous êtes en train de me chercher". Par ailleurs, une ponctuation complètement imprécise écume l'ensemble de la pièce. 
Ce sont, néanmoins, autant de ratés d'ordre formel qui n'enlèvent rien à la qualité d'une pièce qu'il faut aller découvrir absolument, cet après-midi, vu que c'est plutôt le texte à écouter qui sera au rendez-vous ...


Marcel Kpogodo

vendredi 6 juin 2014

"Houèdo" ou Claude Balogoun, la source du conte théâtralisé au Bénin

Face à la parution de son premier livre

Depuis janvier 2014, Claude Balogoun, connu comme un grand réalisateur audiovisuel, a fait son entrée dans le monde des écrivains béninois. C'est à travers la parution de son livre intitulé "Houèdo ou l'arc-en-ciel", suivi du conte "Gbèxo, le respect de la tradition". Décryptage d'un écrit d'un genre particulier en ce qu'il a lancé le conte théâtralisé au Bénin.


"Houèdo ou l'arc-en-ciel", suivi de "Gbèxo, le respect de la tradition", un recueil de deux contes, dont le premier est théâtralisé. 74 pages. La place que les deux textes prennent sur un nombre de 105. Ce livre est paru en janvier 2014, aux ’’Editions Plurielles’’, sous la signature de Claude Balogoun qui, par cet acte, fait son entrée dans le rang des écrivains béninois.
Le premier conte raconte la naissance surnaturelle, mythique à but purificateur de Houèdo, l’arc-en-ciel, après neuf ans de travail de délivrance, de la part de sa mère, Ngopi, parturiente. Son père, Nkako, a aussi une naissance extraordinaire, vu qu’il est issu d’une termitière. C’est ce que laisse comprendre l’exposition. Et, si Houèdo a vu le jour, tout adulte, dans des conditions où c’est lui-même qui a dicté les circonstances de sa naissance, c’est pour accomplir, de la part de ses « oncles sans âge », une mission apparemment impossible : réinstaurer l’ordre et la justice dans le monde des ’’hommes fromagers’’ où règnent toutes sortes de calamités morales.
Ceux-ci, réfractaires à tout changement, lui ont envoyé Okou, la mort, qu’il a dû affronter, pendant trois jours, avant d’en être sauvé par le boa géant qui n’a pas eu d’autre choix que d’avaler le missionnaire pour le recracher sous la forme des sept couleurs de l’arc-en-ciel. Depuis cette victoire, la mort se venge sur les hommes en les tuant.
’’Houèdo ou l’arc-en-ciel’’ présente tous les ingrédients du conte théâtralisé, déjà que l’auteur du livre, Claude Kokou Balogoun, a mis à l’écrit un conte qu’il avait produit, en 1994, pour le jeu théâtral, qui avait été mis en scène par le feu Urbain Adjadi ; il a été joué, dès 1996, par la troupe Wassangari, au Bénin, en Afrique et dans le monde, à en croire un pan de l’avant-propos de l’auteur et les informations apportées, à la fin du second conte, par l’éditeur, dans la rubrique, « Historique de la création du spectacle ’’Houèdo’’ ».
Le caractère théâtralisé de ce conte est formellement prouvé par la subdivision du texte en un prologue et en quatre actes. Pour ce qui se rapporte au fond, ces ingrédients, en particulier, sont relatifs, d’abord, au titre des deux histoires ; ils ont, chacun, une première partie en fon, ''Houèdo'', ''Gbèxo'', et, une deuxième, en français, un groupe nominal actif en la démonstration du contenu de l'élément en langue nationale, comme si le titre lui-même devait agir, jouer à rendre le conte, avant sa lecture, sa découverte. 
Ensuite, concernant la facture de conte théâtralisé, il y a la fonction révélatrice du prologue laissant comprendre, par la séquence de litanie et, les trois autres, de chant, l’immersion de l’histoire dans la culture du sud-Bénin.
Par ailleurs, nous avons, manifestant le conte théâtralisé, la présence, dans la pièce, d’un processus où les cinq comédiens incarnant les rôles clés de Houèdo, d’Okou, des 1er et 2ème vieillards, et de l’adepte de fétiche, sont à la fois personnages et conteurs, ce qui les fait se mettre dans la peau de quatre personnages supplémentaires que sont Kinninsi (Premier acte), les 1er et 2ème guerriers, et la voix (Deuxième acte).
En outre, particulièrement, dans cette pièce, le conteur principal n’est pas connu d’avance, il est choisi au hasard et, ce qui est intéressant est qu’il est remplacé par un autre, s’il est reconnu défaillant.
De plus, cette pièce de théâtre, appartenant au premier livre écrit par Claude Balogoun, présente des séquences chantées et même ritualisées, un système culturel synthétique émanant des ethnies fon, mina et yoruba, de notre pays.
Aussi, le conteur principal active la participation perpétuelle du public et le maintient psychologiquement dans l’intrigue, jusqu’à son dénouement, en scandant, périodiquement, « Ikosoukouriyo », ce à quoi il répond par « Soukourigo ». L’auteur utilise rationnellement cette relance, la rendant abondante dans l’acte premier, comme pour attacher l’attention de ce public au contenu de l’exposition ne comportant que trois personnages : le conteur, Kinninsi et le féticheur. Pour un récit assez long qui risquerait de devenir ennuyeux, face à une exposition qui détermine les conditions de la naissance du personnage principal, Houèdo, ce qui est fondamental pour la compréhension de la suite de l’histoire.
Claude Balogoun gratifie donc l’acte premier de huit relances, de même que le quatrième qui, vu qu’il gagne en tension, au regard de Houèdo, pourvu de sa mission et devant affronter le système d’opposition à celle-ci, le vaincre, subir sa propre métamorphose mythique en arc-en-ciel et laisser Okou matérialiser son dépit sur les hommes.
Toujours lié à la relance « Ikosoukouriyo »-« Soukourigo », le deuxième acte n’en a aucune, probablement parce qu’il est court et que quatre personnages l’animent : les 1er et 2ème guerriers, Houèdo et l’adepte, sans compter que deux séquences de chant lui donnent des couleurs. Enfin, dans le troisième acte, la moisson de relances est maigre : une, qui remet Houèdo en scène, par l’intermédiaire d’une plus ou moins longue tirade du conteur, des pages 43 à 44, pour laisser place à la voix et à Houèdo, échangeant de courtes répliques, ce qui donne de la vigueur à l’histoire et au jeu théâtral, des pages 44 à 45, pour, enfin, mettre l’homme-né-adulte face à l’information de sa mission de re-moralisation de la société des ’’hommes fromagers’’. Vivre la représentation selon de telles marques où, dans l’organisation du jeu de scène, rien n’est laissé au hasard, serait un vrai régal.   
En réalité, le conte théâtralisé est en pleine mode aujourd’hui et, inévitablement, par ’’Houèdo ou l’arc-en-ciel’’, Claude Balogoun en est le pionnier au Bénin. Il entre dans le monde littéraire béninois en faisant connaître une vocation de conteur, lorsqu’on considère qu’il a aussi écrit ’’Gbèxo, le respect de la tradition’’, second conte du recueil proposé au lecteur par le biais des ’’Editions Plurielles’’.
Cette histoire montre la punition de Gbèxo et de sa femme, pour avoir violé les principes sacrés de la vie au village. En nombre de pages et dans son traitement interne, la disproportion avec le premier conte est flagrante. Si ’’Gbèxo, le respect de la tradition’’ ne montre pas des signes d’avoir été jamais joué, Claude Balogoun aurait dû, dans cette édition, le préparer à l’être, en faisant l’équité, en proposant sa mise en scène écrite, de quoi démontrer, une nouvelle fois, son art de théâtralisation du conte, lui donnant une vie cultuelle et culturelle, en l’entrecoupant de chants, de litanies, de dialogues poétiques, de comédiens à l’ardeur inspirée. Rien ne montre qu’il ne se donne pas les moyens de donner corps à cette intention.

Marcel Kpogodo

mercredi 28 mai 2014

Erick-Hector Hounkpè face à trois initiatives culturelles de poids

Dans le cadre des activités des "Initiatives Gbadalisa"

Quelques jours auparavant, le mercredi 30 avril 2014, plus précisément, Erick-Hector Hounkpè, Président du Directoire des "Initiatives Gbadalisa", rencontrait les journalistes culturels pour leur présenter la substance d'un pack de trois activités d'ordre culturel, que son organisation tiendrait ces jours-ci : deux concours et une activité itinérante de promotion du livre et de la lecture.

Erick-Hector Hounkpè, face aux journalistes culturels, le 30 avril dernier, pour exposer le contenu du pack "3 en 1"
Erick-Hector Hounkpè l'avait appelé le "3 en 1", dans son intervention devant les journalistes culturels béninois, ce mercredi 30 avril 2014, au siège des "Initiatives Gbadalisa", non loin de la Place du Bicentenaire, à Cotonou.
Le "3 en 1" reste ce pack de trois projets très importants. 
Premièrement, sous le couvert de la commémoration des dix ans de la disparition de Théodore Béhanzin, il s'agissait du lancement d'un concours de poèmes sur un thème qui « résume bien la vie et la vocation de l'illustre disparu : "Culture, Démocratie et Développement" ». La clôture de ce concours est intervenue le 19 mai dernier. Un concours très significatif, vu qu'il concerne Théodore Béhanzin, alias Kossi, tragiquement emporté par un fatidique accident de la circulation, le 19 juin 2004. Lutter contre l'oubli aussi bien de la tragédie que de la personnalité irremplaçable du monde du théâtre béninois, qui en a été victime. Voilà le premier fondement de cette initiative, le deuxième étant carrément une sorte de revendication: immortaliser le carrefour de l’accident en le marquant et en lui attribuant les caractéristiques de cette célébrité : nom et effigie, entre autres.
Selon le conférencier, à la proclamation des résultats de ce concours, « des prix sont à décerner, des lectures et des spectacles sont à donner sur nos places publiques, dans nos écoles, nos collèges, lycées et universités ». Ceci, des 19 au 21 juin 2014, et jusqu’à la fin de l’année en cours. Au-delà de ces circonstances, il s’agira de lancer ce qu’il avait appelé, ce mercredi 30 avril, au cours de la conférence de presse, la ’’Génération Kossi’’, « en détectant et en promouvant de jeunes talents des arts vivants, palette d’arts où excellait Kossi … », expliquait-il.
Dans un deuxième temps, l’autre événement annoncé du pack ’’3 en 1’’ est la célébration de l’édition 2014 de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, celle-ci étant reconnue, à travers le monde, le 23 avril de chaque année.
Cette célébration est aussi prévue pour se manifester par un concours de sketches, lancé depuis le 1er mai et qui va se clore le 13 juin prochain. A en croire Erick-Hector Hounkpè, il permettra de faire sélectionner les meilleurs textes par un jury, de les primer et de les éditer dans un recueil qui sera publié, sans oublier « qu’ils seront également mis en scène par des jeunes metteurs en scène, sélectionnés après appel à candidatures, et joués sur nos places publiques, dans nos écoles, nos collèges, lycées et universités », finira-t-il, sans oublier de faire percevoir à ses interlocuteurs qu’en marge de tout ce processus sera lancé, par les ’’Editions Plurielles’’, l’ouvrage, ’’Pour que vivent les hommes’’, un recueil de 27 poèmes dont, lui, Erick-Hector Hounkpè, est l’auteur.  
Quant à la dernière manifestation du pack, ’’3 en 1’’, il s’agit de l’activité ’’Libre kermesse de la lecture’’. Elle en est à sa quatrième édition, en 2014, et ne renoncera pas à sa vocation consistant, en faveur de la jeunesse, à « raviver le goût du lire et l’amour du livre », selon le Président du Directoire des ’’Initiatives Gbadalisa’’, pour qui, les grèves ne seront un obstacle à ce que « la caravane nationale du livre circule, dans nos rédactions, dans nos administrations et sur nos places publiques ». Bon vent, donc, au ’’3 en 1’’ dont nous nous trouvons en plein cœur de la phase opérationnelle !    

Marcel Kpogodo

vendredi 3 mai 2013

"Bénin en création"

Une endurance enrichissante pour des acquis culturels solides

La Salle polyvalente du Palais des congrès de Cotonou a été le témoin de la présentation du bilan du Projet "Bénin en création". C'était dans l'après-midi du mardi 30 avril 2013. Pour l'occasion, elle était remplie, notamment, d'acteurs et de journalistes culturels, et des membres des associations étant parties prenantes du Projet en question.  Au-delà des allocutions prononcées, "Bénin création" révèle un parcours d'endurance profondément productif. 

Après 15 mois de déroulement, le Projet "Bénin création", qui en était à sa deuxième édition, est arrivé à sa phase d'achèvement, ce qui justifie la tenue de la cérémonie de restitution du travail impressionnant réalisé par les associations "Atelier ouverture azo" (Aoa) et les "Editions plurielles". La devise du Projet était : "Un pas vers la décentralisation de la culture et de l'action culturelle". Les membres des deux structures de même que des acteurs culturels de tous ordres et des professionnels des médias ont honoré de leur présence cette manifestation au cours de laquelle plusieurs allocutions, entrecoupées par des projections explicatives, ont été prononcées. 
Wilfried Martin ...
... et Nicolas Méido


Wilfried Martin, Directeur de Cabinet du Ministère de la Communication, Nicolas Méido, Coordonnateur du Programme Société civile et culture (Pscc), de même que
Koffi Attédé et Brice Bonou, respectivement Directeur des "Editions plurielles" et de l'Association Aoa, sont intervenus.
Brice Bonou, à gauche, et, Koffi Attédé, à droite, lors du passage des allocutions
La page de couverture de "Tremblement de corps"
Selon le dernier de ces orateurs, le déroulement de "Bénin en création" a débouché sur cinq résultats probants : la formation de 102 acteurs du système de la création théâtrale, l'organisation d'une résidence de formation et de réécriture en faveur de 12 jeunes auteurs, l'édition en 1000 exemplaires du recueil des cinq meilleures pièces de théâtre écrites en résidence, et de deux autres textes émanant de jeunes dramaturges de moins de 18 ans, la création, en résidence du spectacle de théâtre Tremblement de corps, fondant 20 représentations dans 14 communes du Bénin, et, enfin, le renforcement des capacités de 48 acteurs de la vie culturelle béninoise, choisis dans chacune des précédentes communes, à travers les départements du pays : ce sont des élus locaux, des responsables de services culturels, des gestionnaires d'espaces culturels et des acteurs culturels de ces communes que le Projet a permis de sillonner. 
Voilà donc 15 mois d'un parcours laborieux ayant abouti à des résultats aussi tangibles, enrichis par la vulgarisation, au cours de la cérémonie de restitution, d'un "Document de plaidoyer" ; il reste le fruit de la contribution des 48 acteurs précédemment évoqués. Ceux-ci sont intervenus sur le thème : "Pour une réelle décentralisation de l'action culturelle au Bénin".  
Brice Bonou a clos son allocution en remerciant plusieurs institutions, notamment le Pscc, le principal partenaire financier de "Bénin en création". 


Le "Document de plaidoyer", le repère pour la renaissance de la culture béninoise

Le "Document de plaidoyer", c'est un catalogue format moyen, de 32 pages de bonne facture de présentation, et en couleurs. S'ouvrant par la préface de Théonas Moussou, Directeur du Cabinet d'études et de recherche-action, Riah, il se poursuit par la description décisive,  photos suggestives à l'appui, de la richesse culturelle spécifique de chacune des 14 communes prises en compte par le Projet "Bénin en création", que sont : Abomey-Calavi, Bohicon, Cotonou, Dassa-Zoumè, Djougou, Grand-Popo, Ouidah, Parakou, Pobè, Porto-Novo, Savalou et Savè. Il se clôt par la synthèse de la contribution des 48 acteurs de tous ordres, selon le thème : "Pour une réelle décentralisation de l'action culturelle au Bénin". Il s'agit du plaidoyer proprement dit qui interpelle les acteurs culturels, les décideurs au plan local et l'Etat. Cet outil intellectuel devient un bréviaire qui place chacune de ces trois composantes essentielles devant ses responsabilités d'actions concrètes. 


Des interventions

A la fin de la cérémonie de restitution, les deux têtes de pont de "Bénin en création" ont bien voulu nous confier leurs impressions :

Koffi Attédé, Directeur des "Editions plurielles" : "Déjà, c'est une satisfaction, c'est un soulagement, parce qu'on arrive à la fin d'un long processus, un processus qui a commencé depuis février 2012, qu'on a conduit pendant 15 mois ; on a eu plein d'activités, plein d'enjeux qu'on a su relever. Donc, mes impressions sont déjà des impressions de soulagement, parce qu'on a conduit tout un processus jusqu'à terme.


Quelle suite faut-il attendre à présent ?


Actuellement, la sixième édition du Concours national d'écriture est en cours, on finit d'ailleurs aujourd'hui, le 30 avril, la date limite de dépôt des romans, puisque c'est de romans qu'il s'agit, cette année. Donc, le concours continue ; ce dont on a parlé tout à l'heure, c'était la quatrième édition de ce concours qui était partenaire de "Bénin en création". Nous avons fait la cinquième édition, nous en sommes à la sixième et nous préparons la septième édition ; les deux événements qui se sont mis ensemble continuent leur petit bonhomme de chemin, de façon autonome. Si, d'aventure, après, on a d'autres choses qui nous mettent ensemble, on se mettra encore ensemble. L'enjeu, aujourd'hui, sur le Projet "Bénin en création", en lui-même, c'est de travailler à ce que la culture ne soit plus la rubrique budgétivore des Communes ; nous voulons plutôt travailler pour que la culture soit cet outil-là qui apporte de l'argent aux Communes, voilà l'enjeu actuel. C'est pour ça, justement, que nous nous traçons un chemin avec le Document de plaidoyer qui a été édité à l'issue de ce Projet.


Au niveau des "Editions plurielles", vous avez réussi à éditer des ouvrages de genres littéraires différents, au moins, sur cinq ans, par le biais de projets. Comment allez-vous faire pour réaliser la sixième édition de "Plumes dorées" ?


Ce n'est pas juste quand vous dites que nous avons publié juste sur des projets ; nous publions des auteurs. Publier, c'est déjà, par définition, publier à compte d'éditeur. Nous publions des auteurs, nous recevons des auteurs que nous publions tout le temps. Actuellement, nous sommes en train de publier des auteurs, Donc, "Plumes dorées", c'est juste un créneau pour sortir les jeunes porteurs de projet d'écriture. Mais, nous sommes, avant tout, une maison d'édition, nous publions des ouvrages régulièrement et, concernant la question relative à la capacité à faire pérenniser l'activité, celle-ci dure depuis six ans et, on en est à la  sixième édition ; des partenaires nous rejoignent, d'autres s'en vont mais, d'autres de plus importants reviennent vers nous. Donc, il est important de comprendre que là où nous en sommes aujourd'hui, nous avons tout fait pour prouver notre sérieux, notre crédibilité et notre engagement pour la chose. C'est pour ça que je peux vous donner l'assurance que ça va continuer, il n'y a pas de souci pour ça.


Comment avez-vous réussi à supplanter beaucoup de maisons d'édition qui existaient avant vous ?


Nous n'avons pas réussi, nous continuons de nous battre. La différence, c'est que, dans le contexte actuel, quand on prend, aujourd'hui, le secteur littéraire, tel qu'il est, on ne peut pas vivre de ça, il ne faut pas se faire des illusions ; le secteur de l'industrie culturelle au Bénin, actuellement, tel qu'il est organisé, ne peut pas faire vivre son homme, on ne peut pas en vivre. Donc, pour nous, aujourd'hui, c'est un sacerdoce, c'est un sacerdoce qui va payer, nous en avons la certitude. Et, nous, les revenus que nous avons sur certaines initiatives beaucoup plus importantes, beaucoup plus lucratives, nous les réinvestissons dans la publication de jeunes auteurs, pas dans le cadre de "Plumes dorées", justement, mais, dans le cadre des publications ordinaires que nous faisons. Comment nous faisons ? Nous faisons les choses dans les règles, nous faisons les choses dans les normes. Aujourd'hui, les bailleurs ont besoin d'avoir des interlocuteurs sérieux, des interlocuteurs crédibles, des gens compétents. Ces trois critères-là, beaucoup de porteurs de projet, malheureusement, ne les ont pas ; sérieux, crédibilité et compétence, c'est rare de trouver des gens qui remplissent ces trois critères ensemble. Et, c'est difficile, je le dis encore, en contre-poids, c'est difficile pour un jeune porteur de projet, pour un jeune entrepreneur culturel, aujourd'hui, d'être à la fois sérieux, crédible et compétent, c'est difficile, parce que, quand vous voulez regrouper ces trois paramètres, vous devez mettre des années à vous affirmer. Et, vous savez qu'aujourd'hui, la pratique, c'est le raccourci ; beaucoup de gens prennent un raccourci. Nous avons décidé de ne pas prendre un raccourci. Nous ne sommes même pas encore arrivé à 50% du chemin, on a encore du chemin devant. Et, nous cherchons tous les jours, nous cherchons tous les jours! Il n'y a pas que les partenaires que vous voyez, qui sont derrière nous ; il y en a que nous sollicitons et qui ne viennent pas, mais qui viennent au bout de deux, trois, quatre ans ! Par exemple, cette année, l'Institut français s'est aligné derrière nous, la Commission de la Francophonie à Cotonou s'est alignée derrière nous financièrement. Or, ce sont des structures à qui nous déposions des projets dès le départ et qui ne nous donnaient rien mais, à la fin de chaque édition, on leur déposait des rapports. Et, cela a duré cinq ans ! C'est après cinq ans que ces gens se sont positionnés sur la sixième édition pour mettre un financement. Donc, le sérieux, la crédibilité et la compétence, il faut arriver à les concentrer aujourd'hui dans chaque porteur de projet, dans chaque entrepreneur culturel, surtout, au niveau des jeunes ; c'est la clé ! Et, surtout, être persévérant, patient. Ce que nous faisons aujourd'hui, nous en sommes à la sixième édition pour "Plumes dorées". C'est six ans ! Ce n'est pas un an, ce n'est pas un an et demi. Les gens, quand ils commencent, ils veulent un résultat tout de suite. Cela fait six ans ! Et, nous n'avons pas encore vu 10% de tout ce que nous sommes capables de mobiliser comme financements ! Il y encore mieux devant, et, vous allez le voir, par la grâce de Dieu, dans les années à venir.


Brice Bonou, Responsable de l' "Atelier Ouverture Azo" : "Je suis content qu'on soit au bout des 15 mois ; ça n'a ps été facile et, c'est évident qu'aucune action humaine n'est facile. Mais, toute l'équipe administrative, tous les encadrants, tous les partenaires ont répondu fidèles, présents à tout ce qu'on s'était dit au départ et, aujourd'hui, on est en train de faire la restitution. Pour nous, c'est capital de faire la restitution, parce que cela ne sert à rien de faire un projet, de s'entendre juste avec les bailleurs et d'envoyer un rapport ; il faut faire une restitution publique pour permettre à ceux qui n'avaient pas participé ou qui n'ont pas eu les échos des activités d'avoir des informations sur ce qui a été fait et, aussi, d'apporter leur contribution à l'édifice "Culture" et, spécialement à l'édifice "Théâtre". Donc, par rapport à "Bénin en création", je pense qu'aujourd'hui, on peut être satisfait de tout ce qui a été fait.


Le parcours a sûrement été jalonné de difficultés ...


Absolument ! Des difficultés, mais beaucoup plus d'ordre technique, parce que les hommes étaient présents, mais, vous savez, lorsque vous invitez, par exemple, les gens à un atelier de mise en synergie, et qu'ils doivent venir la veille, vous réservez les hôtels, mais ils ne viennent jamais la veille. Donc, après, les responsables de l'hôtel peut-être laissent  les places à d'autres personnes et, le lendemain, quand les invités viennent, c'est compliqué à gérer. Mais, cela n'a pas empêché que nous allions jusqu'au bout et, c'est ça le plus important. Les difficultés, elles existent mais, si vous les surmontez, vous êtes plus forts.


Maintenant que "Bénin en création" arrive à son terme, que peut-on attendre désormais de l'Association "Atelier Ouverture Azo" ?


L' "Atelier Ouverture Azo" continue. "Bénin en création" était juste une activité de l' "Atelier. Elle est à terme, les autres continuent ; nous avons déjà commencé à préparer la troisième édition de "Bénin en création" qui va beaucoup s'accentuer sur la décentralisation de la culture. Et, au-delà de ça, nous avons d'autres projets ; on travaille sur un projet de conte, où on va éditer aussi un livre sur le conte. On a d'autres projets qui sont en vue. Donc, l' "Atelier Ouverture Azo" y travaille tous les jours et ne s'arrêtera pas de travailler.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo