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samedi 7 juin 2014

’’Danxomè-xo », une magistrale réussite artistique et intellectuelle

Suite à sa représentation à l’Institut français de Cotonou


La soirée du vendredi 30 mai 2014 a donné lieu à la représentation de la pièce, ’’Danxomè-xo’’, écrite et mise en scène par l’homme de théâtre, Patrice Toton. Un spectacle d’une totale réussite qui a marqué les esprits aux plans artistique et intellectuel.

De gauche à droite, Patrice Toton, Souléman Laly, Parfait Dossa, Charrelle Hounvo et Edouard Ahlonsou, remerciant le public, à la fin de la représentation
A la fin de la représentation du spectacle, « Danxomè-xo », le vendredi 30 mai dernier, à la grande paillote de l’Institut français de Cotonou, les nombreux spectateurs, encore sous l’effet de la prestation impressionnante des artistes de l’Association ’’Katoulati’’, déambulant dans les environs de la cafétéria, voient Alougbine Dine, comédien, metteur en scène, responsable d’espace de représentation théâtrale et ancien Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), les deux mains sur la tête de Patrice Toton, auteur et metteur en scène de la pièce jouée, comme en signe de bénédiction, le féliciter en ces termes : « C’est très bien ! C’est très bien ! Tu as frappé fort ! Je suis content, je suis content ! »

L'inédit "standing ovation" des universitaires avec, de gauche à droite, les Professeurs, Bienvenu Akoha, Toussaint Tchitchi et Guy Ossito Midiohouan
Une autre image saisissante et révélatrice du succès éclatant de "Danxomè-xo" : le ’’standing ovation’’ d’un carré de professeurs d’université venus assister à la représentation théâtrale, au moment où les acteurs avaient fini de faire connaître leur identité au public. Bienvenu Akoha, appuyé de son épouse, Guy Ossito Midiohouan, Toussaint Tchitchi et, d’un autre côté du premier rang des bancs, Dodji Amouzouvi, continuaient d’applaudir après le public.

Après la pièce, la satisfaction probante du Professeur Guy Ossito Midiohouan, en bleu, du Département des Lettres Modernes, de la Faculté des Lettres, de l'Université d'Abomey-Calavi
Même lui, ce public, n’est pas resté en marge des félicitations par le geste. Après avoir app

laudi à tout rompre, à plusieurs reprises, à la fin du spectacle et au cours de la présentation des acteurs par Patrice Toton, il resté, pendant plusieurs minutes, accroché à son siège, comme s’il demandait une reprise du spectacle. Intensément et abondamment comblé par la prestation des acteurs, il n’avait de cesse de finir de digérer ce jeu extraordinaire, animé et instructif.   
Côtoyant ces maîtres du savoir, Ignace Yètchénou, comédien, acteur de cinéma, n’a pas manqué de faire connaître ses impressions, à la fin de la pièce, confiant à Patrice Toton : « J’ai perdu le goût d’aller au théâtre. Mais, avec ce spectacle, tu m’as redonné l’espoir et l’envie d’aller au théâtre. »
Toutes ces marques d’un succès éclatant qui ne trompe pas, ne sont pas gratuites. En 65 minutes, les trois comédiens-conteurs-personnages et le percussionniste, alternant les rôles, passant du récit engagé au jeu bien cadré d’un héros circonstanciel, en transitant par des séquences bien synchronisées de chants traditionnels en chœur, Parfait Dossa, Charrelle Hounvo, Souléman Laly et Edouard Ahlonsou, pour ce qui est de leur nom à l’état-civil, ont restitué des réalités historiques stratégiques du Bénin pré-colonial à celui contemporain, résumant, dans une exposition fortement exprimée, la volonté inextinguible d’hégémonie du royaume du Danxomè sur les 14 autres, de la côte, de l’est, du centre, de l’ouest et du nord de l’actuel Bénin. Une volonté érigée en une forte détermination conquérante de souverains successifs, Houégbadja, Agadja, Guézo, Glèlè, Béhanzin, aux déboires spécifiques et fatals  mais, une détermination concrétisée par des avancées conquérantes sérieuses, freinées opportunément par le colon militaire français et récupérées à son profit par lui pour asseoir une colonisation durable. 

Parfait Dossa, Agadja
Souléman Laly, en Béhanzin
Parfait Dossa, à cet effet, a incarné le téméraire Agadja et y a réussi, de même que Souléman Laly, par rapport à Béhanzin, sans compter Charrelle Hounvo qui, dans la même plus que châtiée diction que ses homologues de scène, une profération parfois mécanique, à souhait, a retracé des tranches de parcours illustres de ces célébrités. Et, que ne pas dire d’Edouard Ahlonsou, dont la voix mélodieuse et entraînante, renforcée par un timbre de griot, a lancé et scellé des chants du sud et du nord du Bénin, contraignant ses trois compagnons de scène à une chorégraphie circonstancielle embellie par le chorus de l’accoutrement.

L'engagement sans failles des comédiens-conteurs dans le conte théâtralisé, "Danxomè-xo"

Un accoutrement uniforme des conteurs, constitué, à la base, d’une sorte de tunique en coton, de manches courtes ovales et débordantes, une tunique ornée, le long des boutonnières, au col et au bord des manches, du même registre d’un large motif indigo dominant, agrémenté par de gros points jaunes. C’était une tunique sur un pantalon ample. Cet accoutrement, surtout chez les trois premiers conteurs, était extraordinaire par sa capacité, sans rien en laisser paraître au spectateur, à se muer rapidement en un autre. Ainsi, l’accoutrement de scène était aussi colonial, avec, pour les conteurs, des lunettes à la petite monture fine posée sur le nez. Dans un autre univers, constitué, en quelques petites minutes, par le biais d’un chant chaleureux exécuté à l’unisson, toujours par les mêmes trois conteurs, dos tourné au public, en retrait dans un coin droit de la scène, ce nouvel univers leur a fait continuer la pièce avec une chemise désormais sans manches sur un pantalon blanc, le tout mis en valeur par un chapeau feutre noir !
Et, nous voilà, en un tournemain, plongé dans notre Bénin du 21ème siècle, dans la capitale économique, avec ses réalités côtières de pêche d’une habitude séculaire, de belle vie de plage et de pratiques sexuelles débridées. Toute l’atmosphère savoureuse de l’environnement de la ’’Route des pêches’’ !

Les comédiens-conteurs, dans une séquence à la fois chantée et dansée

Et, dans ce passage aisé d’une époque historique à l’autre de notre pays, pas de rupture dans le jeu de scène, les chants et les danses aidant à cela. Le public a savouré des séquences chorégraphiques courtes et plaisantes qui s’enchaînaient habilement à d’autres séquences de récit ou de jeu de rôles. Ces moments chorégraphiques, mis au point stratégiquement, ont permis au metteur en scène de faire pratiquer par les comédiens-conteurs un déplacement agile et aisé sur la scène ; l’exploitation équilibré de celle-ci était fondée sur le positionnement des comédiens-conteurs en un triangle qui se déployait, s’élargissant en carré, en rectangle ou en cercle, selon les circonstances. Ceux-ci, maîtrisant leur texte, le vivaient, chaleureusement et joyeusement, disant, chantant, déclamant, célébrant même des rituels royaux, sacrés ou profanes, manipulant facilement des accessoires convertibles qui, eux aussi, changeaient de fonction : les bâtons à sculptures de jumeaux étaient auparavant des esclaves et les tabourets ont été restitués en balcons de maison à étages, balcons du haut desquels les colons pouvaient dédaigneusement considérer la population réduite à la soumission.
Au centre, Edouard Ahlonsou, dans son rôle de chanteur-percussionniste
Entrant en concordance avec tout ce système de successions des époques, des héros, des costumes, des accessoires, la lumière, blanche, jaune ou rouge, forte ou allégée, alternait, s’adaptant aux circonstances de détresse, de recueillement ou de joie, rougeoyant s’assombrissant ou éclatant, lançait ses feux.
Voilà une complète effervescence qui a animé la pièce, chassant du public l’ennui, l’instruisant par les faits d’histoire, le maintenant attentif et entretenant en lui un suspens qui a duré jusqu’à la fin de la pièce. Voilà une totale réussite ayant induit aussi bien la réticence du public à quitter les lieux du spectacle à la fin de la pièce, que les nombreuses félicitations au metteur en scène et la reconnaissance des professeurs d’université. Une telle pièce ne pourrait-elle pas épanouir les spectateurs du prochain Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) ?


Un speech de feu


Au-delà de son volet purement artistique, la pièce ''Danxomè-xo'' a laissé Patrice Toton, son auteur et metteur en scène, rappeler le contexte du premier jeu du spectacle, la participation de l’Association ’’Katoulati’’ au Festival ’’Yeleen’’ du Burkina Faso, en novembre-décembre 2013. 

Patrice Toton, dans son adresse au public, après le spectacle
L’homme de théâtre a alors, fortement et brièvement, partagé sa conviction de la nécessité que les universitaires s’emparent du processus qui est le sien de la réécriture de l’histoire nationale, selon la vérité des faits et non à partir de celle qui arrangeait l’ancien colonisateur et qui a été véhiculée jusqu’à aujourd’hui. Une véritable envolée intellectuelle de Patrice Toton qui, visiblement, a suscité l’intérêt des professeurs présents, quitte à ce que des initiatives scientifiques ultérieures viennent donner corps à un tel projet.     


Marcel Kpogodo

vendredi 30 mai 2014

Patrice Toton parle de "Danxomè-xo" qui sera jouée ce vendredi

Sous la grande paillote de l'Institut français de Cotonou

A quelques heures du jeu, sous la grande paillote de l'Institut français de Cotonou, ce vendredi 30 mai, à 20h30, de la pièce de théâtre, "Danxomè-xo", Patrice Tonakpon Toton, qui en est l'auteur et le metteur en scène, se prononce sur la quintessence de cette œuvre, tout en justifiant la nécessité pour le public de faire un déplacement massif en cette soirée du vendredi 30 mai. 


Patrice Tonakpon Toton

Stars du Bénin : Patrice Toton, tu es l’auteur et metteur en scène de la pièce de théâtre, ’’Danxomè-xo’’, qui sera jouée ce vendredi 30 mai, à l’Institut français de Cotonou. Après la dernière répétition avec les comédiens, quel appel as-tu à lancer au public béninois ?

Patrice Tonakpon Toton : J’invite tout le peuple béninois, hommes comme femmes, étudiants et élèves, tout le monde, j’invite tout le monde, j’invite le public, à venir nombreux, pour voir ce spectacle, ’’Danxomè-xo’’, qui est le spectacle de tout le monde. A partir de cet instant, ce n’est plus mon spectacle, c’est le spectacle de tout le monde.
Nous, on a fait un travail et, on l’a fait pour le peuple béninois, on l’a fait pour le monde entier, pour que ceux qui sont ici et qui n’ont pas eu la possibilité ou qui n’ont pas l’occasion de traverser, de voyager à travers l’histoire, de la remonter, depuis les origines jusqu’à nos jours, de vivre, en une heure dix minutes (1h10mn), les guerres de conquête du royaume du Danxomè, les rapports qu’entretenaient les royaumes du Bénin, les rapports entre le royaume du Danxomè et les royaumes du Nord, les rapports entre le royaume du Danxomè et les royaumes du Sud, ceux de Porto-Novo, d’Allada, de Savi, des Sahouè, à travers les différentes guerres de conquête. Ceux qui n’ont pas eu l’occasion donc de vivre ça en peu de temps, je les invite à venir voir ce spectacle et à venir voir comment on peut raconter plusieurs siècles d’histoire en une heure dix minutes, tout en parcourant, de manière cohérente, l’essentiel, c’est-à-dire, la période pré-coloniale, à travers le royaume du Danxomè et les guerres de conquête et l’esclavage, la période coloniale, - qui sont deux époques douloureuses pour le Bénin – et puis, après, la période communiste, donc, le marxisme-léninisme, et, la période démocratique, donc, la période contemporaine. Tout cela a été raconté, joué, sur fond de musiques et de chants traditionnels, de chants béninois, sur fond d’incantations, sur fond de poésie aussi et, par de charmants conteurs, par un percussionniste-chanteur talentueux.


Une des séquences fortes de la répétition du jeudi 29 mai, sous la grande paillote de l'Institut français de Cotonou
Je demande à tout le monde de venir apprécier ce texte, d’apporter sa pierre à l’édifice, parce que, ce pour quoi nous faisons ce spectacle, ce n’est pas seulement pour plaire au public, c’est pour amener les gens à réfléchir … Ce n’est pas une sorte de pacotille, ce n’est pas un spectacle créé pour gagner de l’argent, c’est pour susciter un débat de société, c’est pour inviter les gens à réfléchir sur l’histoire qu’on enseigne à nos enfants, c’est pour amener les gens à se poser la même question que nous : « Qu’est-ce que nous savons de notre histoire ? Qu’est-ce qui s’est réellement passé et, où allons-nous ? Ceux qui vont venir après nous, des décennies et des siècles après nous, qu’est-ce qu’ils vont avoir en héritage ? Quel patrimoine laisserons-nous à nos enfants et aux générations à venir ? »
C’est maintenant qu’il faut susciter cette réflexion-là, c’est maintenant qu’il faut provoquer ces débats, pour que demain soit meilleur à ceux qui vont nous succéder, à notre descendance. C’est pour ça que je pense que, d’une manière ou d’une autre, tout le monde est interpellé, ce n’est pas seulement pour le plaisir de venir au spectacle, mais c’est une mission et, cette mission, je me demande s’il faut l’honorer ou la trahir, cette mission qui consiste à réinventer notre histoire, à la réinventer, à notre manière, de notre point de vue, afin que nos enfants et les générations à venir en soient fière.
C’est de ça qu’il s’agit ; c’est pour ça que je demande à tout le monde de venir soutenir ce spectacle, ce n’est plus soutenir Patrice Toton, ce n’est pas soutenir l’Association ’’Katoulati’’, mais c’est soutenir une cause commune, une cause nationale, c’est une cause noble, parce qu’on dit souvent que celui qui ne connaît pas son passé est comme un enfant ; on dit que tout le peuple qui n’a pas d’histoire est un peuple sans vie.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo

mercredi 28 mai 2014

L'Association "Katoulati" prépare un "Danxomè-Xo" époustouflant

Pour la soirée du vendredi 30 mai 2014

C'est la veillée d'armes au niveau de l'Association "Katoulati", pour le spectacle "Danxomè-Xo", prévu pour être donné, le vendredi 30 mai 2014, à partir de 20h30, à la grande paillote de l'Institut français de Cotonou. Sur les lieux, en cette soirée du mercredi 28 mai, Patrice Toton, auteur et metteur en scène de la pièce, a accepté de nous parler quelque peu de l'œuvre et des préparatifs de scène.

Un extrait du spectacle "Danxomè-Xo" du vendredi 30 mai prochain
Dans la soirée du mercredi 28 mai 2014, l’Association ’’Katoulati’’ a mis en place une séance de répétition avec réglage de lumière, de manière précise, sur la scène de la pièce, qui est la grande paillote de l’Institut français de Cotonou. ’’Danxomè-Xo’’, devant être jouée, dans la soirée du vendredi 30 mai prochain, mérite le déplacement massif des Cotonois, en particulier, et des Béninois, en général. En effet, il s’agit d’une pièce significative qui revisite l’histoire socio-politique du Bénin, selon quatre grandes étapes : la pré-coloniale, la coloniale, la post-coloniale et la contemporaine. A en croire le metteur en scène, Patrice Toton, qui en est en même temps l’auteur, il s’agit d’une fresque historique ayant pour but de « provoquer le débat sur l’histoire du Bénin, et d’inviter tout le peuple à s’interroger sur sa part de responsabilité dans l’histoire qui est enseignée à ses enfants et aux générations à venir ». Il continue en mentionnant que « ’’Danxomè-Xo’’ mérite d’être vue par tout le peuple béninois, pour susciter un débat national, une conférence nationale sur l’histoire du Bénin ». Montant le ton, il s’exclame : « D’ailleurs, il est temps que l’Afrique toute entière corrige son histoire pour lever le voile sur des siècles de mensonges et de duperie, dans le rapport entre les colons et les colonisés, entre les plus forts et les plus faibles, les dominants et les dominés ! »

Concernant la forme de la pièce théâtrale, il rappelle que ’’Danxomè-Xo’’ est un spectacle dans le genre du conte théâtralisé où, un décor profondément suggestif, selon les époques décrites par la pièce, permettra à trois acteurs-conteurs de déclamer leur texte, à un percussionniste de réguler le chant et la musique, et, surtout, pour les trois premiers, d’interpréter plusieurs personnages différents, se moulant l’un dans l’autre, tout en narrant, sans rien y laisser paraître. C’est ce jeu particulièrement complexe et expérimenté, huilé de sensationnels moments chorégraphiques de toutes les cultures du Bénin, que le public est appelé à venir savourer massivement, le vendredi 30 mai, en soirée, à l’Institut français de Cotonou, sous la grande paillote, en guise d’une bonne détente d’ouverture de la fin de semaine. A cet effet, Souléman Laly, Parfait Dossa, Charrelle Hounvo et Edouard Ahlonssou sont respectivement distribués pour incarner, respectivement, les trois acteurs-conteurs et le percussionniste.  
"Danxomè-Xo" est une pièce ayant brillamment participé, en 2013, au Festival international de conte Yeleen, au Burkina Faso, et voici l'appréciation qu'en fait François Moïse Bamba, l'administrateur de cette manifestation culturelle : " ''Danxomè-Xo" est l'un des meilleurs spectacles de la programmation de la 17ème édition du Festival Yeleen ... Un spectacle à voir et à revoir ... ". 
Ce spectacle très excitant l'est parce qu'il fait un balayage bien inspiré de l'histoire des 15 royaumes phares du Bénin pré-colonial avec, en leur centre, le très conquérant et provocateur royaume du Danxomè ! A voir, donc, et à revoir, car, un peuple sans histoire manque de repères pour se développer. Rien qu'une simple durée pour vous détendre : 1h10 mn.

Marcel Kpogodo