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jeudi 27 janvier 2022

« Kan xóxó nù » à découvrir au ’’Centre’’ de Lobozounkpa

Dans le cadre du vernissage de l'exposition 


Après de long mois de silence liés à la Covid 19, l’espace artistique et culturel,  ’’Le centre’’ de Lobozounkpa, a repris ses activités, le vendredi 21 janvier 2022, à travers le vernissage de l’exposition,  « Kan xóxó nù ». 

Découverte des œuvres par le public après le vernissage

Des œuvres d’une dizaine d’artistes béninois et d'autres nationalités. Ce qu'il faut attendre de « Kan xóxó nù », l’exposition dont le vernissage a fait déplacer le public, dans la soirée du vendredi 21 janvier 2022, au ’’Centre’’ de Lobozounkpa. Cette expression signifie, littéralement, ’’Au bout de l’ancienne corde …’’, une façon, sûrement, de rappeler un proverbe bien connu des Béninois : « C’est au bout de l’ancienne corde qu’on tisse la nouvelle ».

Dans une ambiance de joie, le public s'est laissé conquérir, successivement, par les œuvres d’Uché James Iroha, Catherine de Clippel, Yvon Ngassam, Eric Bottéro, Cortex Asquith S., Nazanin Pouyandeh, Audace Aziakou, Sébastien Boko, Sarah Trouche et par un tableau de l’atelier de la famille Yémadjè.

Uché James Iroha, dans ses photographies, montre des personnages habillés en tenues traditionnelles, dans une boîte de nuit. Malgré le luxe qui les entoure, ils restent fidèles à leur culture. Catherine de Clippel renvoie au culte ''vodun'', avec le noir-blanc des photographies qu'elle présente. Quant à Yvon Ngassam, ce sont des casques de motos qui sont transformés en objets d’art, rappelant les masques ’’Guèlèdè’’ des cultures yoruba et nago du Bénin, du Nigéria et du Togo. S’agissant d’EricBottéro, il fait valoir une pharmacie ’’vaudou’’, composée essentiellement de bouteilles de sérum, utilisées dans la médecine moderne. Dans un style qui lui est particulier,  Nazanin Pouyandeh, de son côté, aborde, le monde contemporain et le monde traditionnel ; elle y demande de se souvenir de ses ancêtres et du culte ’’vaudou’’. Avec Sarah Trouche, il faut se rendre compte du résultat de dix séances de travail avec des enfants : une toile appliquée, en référence à la technique de la tenture pratiquée au Danxomè, depuis le temps du roi Agadja. Tout comme l’œuvre de cette artiste française, une toile appliquée de l’atelier de la famille Yémadjè affirme la force d’une divinité.


Talents béninois de la nouvelle génération

Trois jeunes artistes béninois, invités à joindre leurs œuvres à la collection du ’’Centre’’, ont su captiver le public par leur création.

Cortex Asquith S., artiste visuel, designer et diplômé en relations internationales, donne envie de voir une série de deux œuvres intitulées ’’Infirmières doto gbo azon tché’’, ''Les infirmières m'ont guéri (e)'', en français. Elles mettent en superposition deux mondes : le traditionnel et le moderne. Elles sont réalisées au marqueur sur du papier bristol d’une dimension de 65 X 100 cm ; une infirmière y soigne le corps, une autre, traditionnelle, guérit l’âme et l’esprit à travers la préparation d’infusions en chants et musique.

Photographe professionnel, Audace Aziakou, en ce qui le concerne, a hérité de la photographie de son père et de son grand-père. Ayant à son actif une dizaine d’années d’expérience, avec plusieurs expositions, tant aux plans national qu’international, fait ressortir, dans sa production, le côté moderne des revenants, ’’Egoun-goun’’ et le savoir-faire traditionnel des artisans qui fabriquent leurs costumes.

Avec Sébastien Boko, le regard suit une pièce atypique sculptée grâce au métal tiré de voitures et de motos et en a conçu un habit d’ ’’Egoun-goun’’, dénommé ’’L’habitat des invisibles’’.

’’Le centre’’ de Lobozounkpa gagne ainsi le pari de sa première exposition de la nouvelle année qui s'achève le 20 mars 2022 et laisse place à de nouveaux défis à relever. Il est situé à Atropocodji, dans l’arrondissement de Godomey, principalement, dans la ruelle du collège ’’La plénitude’’.

Pour cette reprise des activités, Marion Hamard, Directrice du ’’Centre’’ de Lobozounkpa, a saisi l’occasion pour présenter au public, non seulement la collection de tableaux du complexe artistique et culturel indiqué mais, aussi, pour montrer de quelle manière les artistes contemporains peuvent associer la tradition africaine à la modernité, dans leur création.

Annick Zondéhinkan


Interview ...

Marion Hamard : « […] on espère que les gens vont venir nombreux pour voir cette exposition […]

En marge du vernissage de l’exposition, « Kan xóxó nù », Marion Hamard, Directrice générale du ’’Centre’’ de Lobozounkpa, a bien voulu nous en livrer, notamment, les motivations …  

Marion Hamard

Stars du Bénin : Marion Hamard, nous sommes au vernissage de l’exposition, « Kan xóxó nù ». Cela fait de longs mois que ’’Le centre’’ a organisé des expositions à cause du Covid-19. Qu’est-ce que cela vous fait de revoir le public, de reprendre contact avec les artistes, de façon générale ?

 

Marion Hamard : C’est des mois qui ont été longs. Sur 2021, on n’a présenté que deux expositions alors qu’habituellement, on en présente entre cinq et sept par an. Evidemment, c’est lié à la pandémie qui a fait qu’on a fortement réduit nos activités, en relation avec les institutions gouvernementales, pour éviter la propagation du virus. Donc, c’est beaucoup de bonheur.

C’est important, aussi, pour nous, quand on travaille, de voir les publics et les artistes qui sont là et qu’on se retrouve tous, parce qu’en effet, cela fait plusieurs mois qu’on ne s’est pas retrouvés. L’équipe est heureuse d’enfin pouvoir recommencer ses activités, et puis, commencer l’année par un vernissage me semble plutôt être en adéquation avec l’identité du ’’Centre’’. Donc, on est comblés, ce soir.

 

Quels sont les objectifs qui sous-tendent cette exposition que vous organisez ?

Lorsque les artistes viennent en résidence de création au ’’Centre’’, ils nous font don d’une œuvre pour qu’on puisse fonder une collection. Cela fait partie du contrat que nous passons ensemble. La réflexion a été menée par l’équipe : finalement, avoir une collection, c’est une chose, et on la montre très peu.

L’autre idée était de commencer l’année par la présentation de ces œuvres qui racontent un fragment de notre histoire et de la mettre en relation avec quelques productions récentes, avec les artistes invités comme Cortex Asquith S., Audace Aziakou et Sébastien Boko. Sinon, toutes les autres œuvres qu’il y a dans cette exposition sont extraites de notre collection ; elles ont été produites en résidence de création au ’’Centre’’, ces cinq dernières années.

 

Sur quelle base avez-vous pu inviter ces trois artistes dont vous venez de parler ?

La base de l’exposition est vraiment partie de la nature de notre collection. On a constaté que la question des traditions se retrouve dans beaucoup de créations de ces artistes qui venaient en résidence, d’un point de vue intellectuel, philosophique ou plastique, comme vous avez pu le constater.

Ces dernières années, on a eu des coups de cœur pour ces trois artistes. Donc, on s’est dit que, faire rencontrer ces artistes et des productions qui nous ont fait écho et qui dialoguent, c’est aussi une bonne chose. On ne doit pas rester dans le passé ; on doit rester dans le présent. C’est aussi la thématique de l’exposition.

Le titre de l’exposition incarne aussi ce choix des œuvres qui ont été créées préalablement, ce qui se passe aujourd’hui et comment les faire dialoguer, parce que chaque artiste ou chaque œuvre que vous voyez a une histoire très singulière et quasiment émotionnelle pour nous. Voilà : il y a la visite officielle des œuvres avec les propos des artistes et on pourrait faire des visites beaucoup plus subjectives avec des rencontres humaines, des générosités, des sensibilités qui ont créées cette exposition.

 

Cette exposition peut-elle être perçue comme une rentrée ?

On peut dire cela : une rentrée post-interdiction liée au Covid et aussi comme l’envie d’un nouveau départ après ces deux dernières années qui ont été éprouvantes pour ’’Le centre’’, pour tous les acteurs du milieu culturel et pour les artistes. C’était un moment difficile et on nous a rappelé quelle était la place de la culture dans le monde entier.

 

Pour ce nouveau départ, ’’Le centre’’ a certainement prévu beaucoup d’autres activités pour 2022 …

Pour 2022 ? Vous serez très prochainement avec nous pour voir cela, non ? Ce qui est important pour nous, c’est de pérenniser les actions qu’on a déjà, donc, tout ce qui est jeune public, accompagnement d’artistes.  Après, on souhaite encore développer d’autres axes. Mais, c’est encore un autre travail en cours. On attend les réponses de nos collaborateurs. Donc, je ne peux pas vous donner de réponse.

En effet, au-delà de pérenniser, on va essayer de s’engager dans de nouveaux axes, de trouver de nouveaux types d’événements et de nouvelles méthodologies de travail, pour se renouveler.

 

Avez-vous un mot de fin ?

J’espère fondamentalement que toutes les entités qui composent la société vont prendre conscience de l’importance de la culture pour toutes les sphères, qu’elles soient économique, artistique, éducative,… Et, on espère que les gens vont venir nombreux pour voir cette exposition, en particulier, et aux événements du ’’Centre’’, en général.

 

Propos recueillis par Annick Zondéhinkan

mardi 23 février 2021

’’Je te dis : « Bravo ! »’’ : Eric Thom’son chante pour la réélection de Patrice Talon

Dans le cadre de la prochaine présidentielle


Parmi les initiatives qui pleuvent, dans leur originalité spécifique, afin de contribuer à la réélection du Président Patrice Talon, se trouve celle qui vient de voir le jour dans le secteur musical. L’artiste de la chanson, Eric Thom’son, après quelques semaines de travail en studio, a mis au point ’’Je te dis : « Bravo ! »’’, une chanson appelant au renouvellement du mandat de l’actuel locataire de la Marina, qu’il a fait connaître aux journalistes culturels le jeudi 18 février 2021 dans les locaux de son studio d’enregistrement, ’’Sitou’’. Le morceau concerné laisse constater la participation de deux voix inattendues de la musique béninoise.

De gauche à droite, Hector Houégban, Rosine Dagniho et Eric Thom'son, au studio d'entegistrement, ''Sitou''

4 minutes d’un reggae entraînant avec des paroles d’encouragement à renouveler sa confiance à Patrice Talon, Président de la République, candidat à sa propre succession. Ce qu’il faudrait retenir du morceau, ’’Je te dis : « Bravo ! »’’, créé par l’artiste béninois, Cossi Eric Thossou, alias, Eric Thom’son, et qu’il a présenté aux hommes de média le jeudi 18 février 2021 à ’’Sitou’’, son studio d’enregistrement, sis quartier d’Atropocodji dans la commune d’Abomey-Calavi.


« Les grandes nations sont parvenues à un tel niveau par le travail », explique le musicien selon qui il est important de « manifester son soutien à ce qui est positif et par rapport à ce que certains font de spécial ». Ainsi, sur une initiative personnelle, Eric Thom’son s’est donné comme mission d’ « accompagner par une œuvre ce qui se fait ces dernières années », d’où la mise au point du morceau, ’’Je te dis : « Bravo ! »’’, ce qu’il définit comme «  une création personnelle » qui lui permet d’apporter concrètement son soutien à la réélection du Chef de l’Etat, Patrice Talon, « afin que le Bénin fasse le pas qu’il lui faut pour avancer ».


Toujours à en croire Eric Thom’son, les nouvelles infrastructures routières créées, les nouveaux marchés en construction et, notamment, l’évolution d’un système éducatif en dépit de ses difficultés, restent des critères suffisants pouvant amener à appeler à la continuation de la gouvernance du Président de la République. Pour lui, ce morceau préfigure d’une véritable fête pour une personnalité politique de haut rang, qu’il a dénommée le « porteur de la dynamique du développement », une véritable « fête de la continuité », a-t-il appuyé. Pour une chanson par rapport à laquelle il est aussi prévu la réalisation d’un clip, il a déclaré : « On n’a pas besoin d’une loupe pour constater le développement en route dans notre pays ».


Quant à justifier le rythme du reggae, qu’il a choisi afin de faire passer son message, Eric Thom’son a démontré que la musique créée, promue et popularisée par Bob Marley symbolise « le combat pour l’identité des peuples » et pour leur participation aux causes nobles.


 

Deux invités surprise


L’auteur du célèbre morceau, ’’Na sa kaka’’ s’est fait accompagner en featuring par des voix de la musique béninoise auquel le public n’est pas habitué : l’activiste culturel, Hector Houégban, et, surtout, Rosine Dagniho, députée à l’Assemblée nationale, émanant de la 18ème circonscription électorale !

Le premier, dans ses années estudiantines, a fourbi ses armes dans les ’’Jhek’s Fav’’ et, remarquablement, chez les ’’Kasseurs’’ de l’ex-Université nationale du Bénin (Unb), devenue l’Université d’Abomey-Calavi.

Quant à la seconde, opératrice économique de profession, elle a été élève au fameux Collège ’’Gbégamey’’, et, étant donné ses prédispositions naturelles, dans son enfance, à la chanson qu’elle tient d’un héritage maternel, elle se fit remarquer dans son établissement, ce qui lui facilita l’intégration du célèbre orchestre scolaire, ’’Les sphinx de Gbégamey’’ auquel appartenaient Isbath Madou, alias Madou, et Angélique Kidjo, sans oublier Stan Tohon et, notamment, Huguette Bokpè Gnancadja. Myriam Makéba et, entre autres, Bella Bellow, étaient les références musicales à interpréter à l’époque. En outre, la mère de la jeune Rosine Dagniho, traumatisée par le décès tragique et prématuré de Bella Bellow, découragea sa fille à s’engager dans une carrière musicale.

Dans le studio ’’Sitou’’ d’Atropocodji, les improvisations effectuées par l’Honorable parlementaire ont témoigné qu’elle est une voix rouée, expérimentée, ce qui témoigne qu’en choisissant le soutien vocal d’Hector Houégban et de l’Honorable Rosine Dagniho, Eric Thom'son s’est attaché un appui technique de haute conviction, surtout que la députée, de par son appartenance politique, est aussi engagée dans le combat pour la réélection du Président Talon.

Marcel Kpogodo Gangbè

dimanche 9 août 2020

Exposition "Le monde fond" : Achille Adonon, intraitable et profondément humain

Dans le cadre de son exposition au "Centre" de Godomey

La galerie du "Centre" de Godomey a accueilli le vernissage de l'exposition intitulée "Le monde fond" de l'artiste plasticien, Achille Adonon, le vendredi 7 août 2020. Cette présentation du fruit de plusieurs mois de production est ouverte depuis le 8 août et suscite l'intérêt, vu l'abondance et la profondeur des oeuvres que le jeune créateur fait découvrir, dans un état d'esprit de fidélité à lui et d'empathie.


"Le chaos"

Achille Adonon est une sérénité couvant tristesse séculaire et amour de l'humain. Ce qui explose à travers 47 pièces réparties en 4 catégories et par une magistrale installation, un ensemble varié qu'il est important d'aller découvrir dans les quatre compartiments de la galerie du "Centre", sis quartier de Lobozounkpa, à Atropocodji, dans la commune d'Abomey-Calavi, depuis la soirée du vendredi 7 août 2020 où a eu lieu le vernissage de l'exposition, "Le monde fond", réalisée par l'artiste plasticien de la nouvelle génération, Achille Adonon.


" "Le monde fond" est l'histoire d'un petit village appelé le temps", explique-t-il, dès qu'il lui est donné de dire un mot sur la séance de présentation d'un nombre impressionnant d'oeuvres relevant d'une inspiration dans laquelle il a commencé à puiser depuis novembre 2019. 


Le village concerné est traversé par un grande rivière calme mais au fond tumultueux, une rivière à travers laquelle l'on navigue pour s'ouvrir à une lecture peu flatteuse ni reluisante du fonctionnement du monde frappé par des bouleversements apocalyptiques trouvant leur source dans la perversion de la mentalité humaine qui a laissé le temps lézardé de calamités, d'épidémies, de bouleversements et, entte autres, d'actes de grande immoralité.


Ceci n'a pas de quoi réjouir ni épanouir Achille Adonon, d'où la matérialisation de son sentiment de compassion par des couleurs discrètes. 


Afin de riposter contre les abus de l'homme sur la nature, l'artiste se saisit d'une entité aussi fondamentale qu'irrépressible et intemporelle, l'enfant, qu'il travaille à sauver, surtout que, particulièrement, cet être fragile est délaissé, "abandonné" et qu'il mérite qu'on lui redonne "vie et espoir".


Ce genre d'être humain, Achille Adonon le symbolise par la chaussure entière ou en "rebut" qu'il récupère, qu'il retravaille ou qu'il assemble à d'autres, qu'il peint, selon ce qui lui dicte son inspiration. 


Sans doute, l'enfant manifeste une grande proximité avec l'énergie qui l'habite, qui le motive et qui le fait se mouvoir à des actes de vie, cette force que l'artiste récupérateur localise opportunément au niveau des membres inférieurs : "La force de l'homme vient des pieds", explique-t-il, précisant le fondement de l' "assemblage" de chaussures ou de leurs rebuts : la conjonction, la fusion des énergies.


Et, dans une logique de rappel aux humains de leur petitesse essentielle, Achille Adonon projette la pérennisation de l'esprit de l'enfant : "Quel que soit son âge, l'être humain reste un enfant pour ses parents". 


Et, avec l'omniprésence de la chaussure dans l'exposition, c'est un orphelinat spirituel que l'artiste bâtit pour l'enfant en appelant à de l'amour et à de la protection de l'enfant, c'est un appel discret et vibrant qu'il lance à l'homme et à la femme, comme à en revenir à la dimension salvatrice de l'enfant en gérant la planète et en exploitant ses potentialités, ses richesses, avec une innocence qui préserve la terre, qui lui donne les moyens de se regénérer. 

Achille Adonon, au cours du vernissage ...

Par conséquent, Achille Adonon, inspiré, produit un Achille Adonon protecteur de l'enfant, un Achille Adonon, récupérateur, un autre, peintre, un autre encore, sculpteur, et, enfin, un Achille Adonon, magistral installateur, à travers l'oeuvre, "Le chaos", qu'il faudrait tout sacrifier aux fins d'une découverte, d'un décryptage et d'une auto-instruction sur les observations d'un jeune artiste contemporain béninois, profondément imprégné des défis de son époque, ceux-ci se centrant autour du retour de l'homme à sa vraie nature, autour de la conservation de l'environnement. Il est souhaitable, en outre, pour le public, d'aller voir "Le chaos" afin de comprendre de quelle manière elle conquiert en elle toute l'exposition.


Voilà le résultat d'une laborieuse et, apparemment, éprouvante aventure spirituelle, intellectuelle, psychologique et physique d'un Achille Adonon qui, pourtant, au vernissage, était d'une telle fraîcheur, pour un accouchement digne d'intérêt, pour une création d'une abondance respectable, pour une exposition diversifiée, riche et irrésistible qui se tient jusqu'au 31 octobre 2020. 


Marcel Kpogodo

lundi 22 février 2016

King Houndékpinkou, un pré-vernissage doublement pratique

Dans le cadre de l’exposition ’’ Terre de mémoire’’


Le début de soirée du vendredi 19 février 2016 s’est révélé particulièrement pratique au Centre ’’Arts et culturels’’ de Lobozounkpa, à Atropocodji, dans l'Arrondissement de Godomey, de la Commune d'Abomey-Calavi. Le vernissage de l’exposition ’’Mémoire de terre’’ permettant au public de découvrir les œuvres du Français Jean-Baptiste Janisset et du Franco-béninois King Houndékpinkou, relevant de 30 jours de travaux en résidence, a donné l’occasion au second de laisser découvrir deux pratiques différentes de l’art de la poterie.

Les réalisations de King Houndékpinkou

Madame Adanglo, potière originaire de la Commune de Sè, dans le Département du Mono, assistée par son fils, assise, face au public du Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa, part d’une boule de l’argile verdâtre de cette localité du Bénin pour, à l’aide de ses agiles et expérimentées mains, aboutir, en un tourne-main, à un récipient en finition, ce qui se complète par une situation du même genre mais laissant voir, dans la cour du Complexe culturel, près d’une trentaine de minutes plus tard, King Houndékpinkou, céramiste et potier franco-béninois, surveillant la cuisson d’un récipient, dans un four fait principalement d’un tonneau, un objet qu’il finit par en sortir, grâce à de logues pinces, ce qui permet au public d’apercevoir un récipient complètement rougi de feu, cuit à au moins 950° C, et qu’il dépose brutalement dans un seau en métal contenant du copeau de bois, sous les applaudissements des nombreux témoins, visiblement impressionnés. L’ambiance assez chaleureuse et fortement démonstrative de la soirée de vernissage de l’exposition, ’’ Terre de mémoire’’, le vendredi 19 février 2016, au Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa.

Madame Adanglo, en démonstration devant le public ...

En réalité, la présence de Dame Adanglo, potière à Sè, dans l’exposition des 2 artistes précédemment évoqués, se justifie par le parcours initiatique qu’a imposé à King Houndékpinkou, résidant à Paris et s’étant formé à la céramique et à la poterie au Japon, un appel intérieur à retourner à ses racines potières béninoises dont la réputation internationale s’est révélé à lui : « L’univers a une mémoire ; on n’échappe pas à sa culture et à ce qu’on a dans son sang », explique-t-il, au cours de la visite de ses œuvres.
Ainsi, à l’école de cette femme, il a découvert les étapes de la poterie béninoise, encore manuelle, artisanale, celles dont elle en a pratiqué quelques-unes devant le public du Centre : fabrication brute du récipient à la main et, à l’aide d’un chiffon, lissage de l’objet, réalisation de formes décoratives et du fond, raclage de la base du récipient, son polissage grâce à une palette. Enfin, la dernière closant le processus est mise au four.

... de même que King Houndékpinkou
Du côté de King Houndékpinkou, sa technique pour réaliser des objets de céramique s’inspire de celle japonaise l’amenant à cuire l’objet, précédemment fabriqué, dans un four, le ’’Raku’’, dans lequel de la cendre de bois se colle à la pièce, ce qui insinue une certaine aléatoire décoration, de même que celle qu’apporte de la paille de riz, des tessons de bouteille, dont les résidus donnent une texture particulière au récipient. Selon l’artiste, au cours de sa démonstration, on ne sait réellement pas à quoi s’attendre, concernant la texture finale. Mais, son travail débouche sur la fabrication de ce qu’il appelle des ’’pièces hybrides’’ : d’une part, des sculptures et, d’autre part, plusieurs types d’objets utilitaires : vases, coupes, bols, gobelets, entre autres.
Ce public qui a fait le grand déplacement
Considérant que, dans un premier temps de l’exposition, ’’Terre de mémoire’’, des poteries de Sè pourront être découvertes par le public, que, dans un deuxième, ce sont les récipients de King Houndékpinkou qui seront perceptibles, et que, dans un troisième, Jean-Baptiste Janisset, déjà de retour à Nantes mais ayant communiqué avec le public présent par une vidéo qu’il a préalablement enregistrée, a laissé voir des sculptures d’un genre particulier aussi : elles complètent, sur de grandes bâches de photos d’autels fétiches, un endroit spécifique du corps, le visage, ou un phallus en forte érection, notamment.   
Ces 3 catégories de réalisation peuvent être visitées par le public jusqu’au 30 mars 2016, pour une exposition qui devrait contribuer à mettre en valeur la portée artistique de la poterie et de la céramique.

Crédit photos : Centre ''Arts et cultures'' de Lobozounkpa

Marcel Kpogodo

jeudi 18 février 2016

La ’’Soirée Cabaret’’ désormais au Centre ’’Arts et cultures’’

Animation par le chanteur-musicien Danny King


Le Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa tient désormais la ’’Soirée Cabaret’’ qui sera menée par l’artiste musicien, Danny King. L’édition de lancement de cette manifestation hebdomadaire s’est tenue  le samedi 13 février 2016.

Danny King, à la ''Soirée Cabaret'' 
3 bonnes heures d’une animation musicale faite d’interprétations de morceaux mythiques américains et français, de même que du jeu de chansons relevant de sa propre création. Pour un public conquis et participatif ayant fait un déplacement important. Le menu de la prestation de l’artiste musicien, Danny King, au piano et au chant, renforcé par le petit orchestre qu’il a constitué, le samedi 13 février dernier, au Centre ’’Arts et cultures’’. Le contexte n’en était rien d’autre que la manifestation qui s’est révélé inaugurale de la ’’Soirée Cabaret’’, prévue pour avoir lieu, désormais, tous les samedis, de 19h à 22h. Ce sera au Café de l’infrastructure culturelle. Selon Salinas Berthold Hinkati, Directeur administratif du Complexe, cette initiative vise à récréer les habitués, entre autres, de la fréquentation de cet espace culturel comportant une bibliothèque, une galerie d’exposition et,  notamment, un musée. Elle sera le moyen pour Danny King de se produire régulièrement et d’induire une animation musicale hebdomadaire à laquelle le public d’Atropocodji, de Godomey et d’Abomey-Calavi devra s’habituer, s’abonner et se fidéliser. La ’’Soirée Cabaret’’ devient donc un rendez-vous incontournable qui élargit la gamme des activités culturelles, en majorité, qui concourent à donner vie et rayonnement au Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa, né avec des dents et tourné, à en croire Salinas Berthold Hinkati, vers d’autres défis de satisfaction du public.


Marcel Kpogodo     

jeudi 5 novembre 2015

Du ’’Kouvito’’ avec Clarke, Yaovi et Pencréac’h, au Centre ’’Arts et cultures’’

Depuis le vernissage du vendredi 30 octobre 2015


En fin d’après-midi, le vendredi 30 octobre 2015, le Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa a tenu le vernissage d’une exposition d’un genre particulier, liée aux revenants. Bruce Clarke, Christelle Yaovi et Stéphane Pencréac’h, les trois artistes concernés, ont ainsi mis à l’actif de leur inspiration, un peu plus d’une quarantaine de fruits d’une réelle curiosité, après un mois de résidence.
Bruce Clarke, Kouvito et Stéphane Pencréac'h
Accueil par un personnage tout en fer, tout en noir pur. L’air d’un robot. Du Rémy Samuz tout craché et, c’est l’arrivée au Centre ’’Arts et culture’’, trois peintures murales circonscrivant stratégiquement tout l’espace, en un rectangle qui encadre le regard et le parcours du visiteur. Jusqu’au 30 janvier 2016, ces 3 peintures murales, 2 installations, 10 œuvres en impression numérique de personnages debout et 18 œuvres en toiles, peuvent être vues par le public, à ce Complexe culturel de Lobozounkpa, sis Quartier Atropocodji, dans l’Arrondissement de Godomey, de la Commune d’Abomey-Calavi, dans la ruelle du Complexe scolaire, ’’La Plénitude’’. Le vernissage de cette exposition dénommée ’’Kouvito’’, ’’Revenants’’, en langue fon, s’est effectué, le vendredi 30 octobre dernier, devant un grand nombre d’invités parmi lesquels des responsables d’espaces culturels, des artistes de tous genres, notamment, et des hommes de médias. Dominique Zinkpè, Directeur exécutif du Complexe culturel, a patronné le lancement de la visite.

Les trois artistes, au cours de leurs échanges ...

Bruce Clarke, Christelle Yaovi et Stéphane Pencréac’h ont montré un premier niveau de manifestation de leur particularité artistique, à travers la peinture murale que chacun d’eux a réalisée, sans oublier la déambulation, au cours de la soirée du vernissage, d’un personnage vivant, peint en ’’Kouvito’’ par le marquage sur son corps, à l’acrylique, grâce à l’art de Bruce et de Stéphane, des traits du squelette, lui donnant l’allure d’un vrai mort vivant, d’un fantôme : Marius Bâjidé Dakpogan n’a pas voulu ne pas être de la fête.   

... avec le public
Premièrement, Stéphane Pencréac’h se fait signaler, à l’entrée dans le Centre ’’Arts et cultures’’. Dès que le visiteur franchit le 2ème portail, il remarque, à sa droite, une prise en charge artistique de la façade haute et droite du mur, représentant désormais comme un espace de plage, dans une technique de mise en perspective. Selon l’auteur de cette réalisation, il s’agit de la matérialisation d’une plage symbolique du départ massif des bras valides des pays côtiers de l’Afrique, vers l’Europe et les Amériques. Tout un réveil des trois siècles du commerce triangulaire.

Visite de l'exposition ...
Tout au fond, la deuxième peinture murale capture le regard. Du Bruce Clarke. Elle attire et soustrait vers elle. Le personnage, les deux mains en arrière, le corps tendu en avant, danse peut-être. C’est selon la lecture du visiteur. C’est l’antichambre vers l’atelier de travail de ce créateur, la salle d’exposition de la dizaine des ’’personnages debout’’ du même Bruce Clarke.  Et, la réelle logique du ’’Kouvito’’. Maintenus dans cette position grâce au vertical panneau en toile relevant d’une impression numérique suspendue par du fil au plafond, ces personnages, hommes, femmes, enfants, tous sexes confondus, célèbrent leur résurrection des entrailles d’un génocide de 1994 puissamment meurtrier, mais dont Bruce Clarke maintient la mémoire, eux qui constituent un million de condamnés dont la vérité sur les conditions de la disparition reste réservée à un cercle restreint de privilégiés, ce qui horrifie l’artiste anglo-sud-africain.

.... par le public
En revenant sur ses pas comme si l’on voulait sortir du Centre, la troisième peinture murale, celle-ci, de la Franco-béninoise, Christelle Yaovi. Elle a exploité le mur latéral de la bibliothèque pour livrer ses mots intimes, par un texte entièrement écrit à l’encre de Chine, intitulé, ’’Body trip’’, ’’Revenante vivante’’, en français (Texte à lire en annexe). Une véritable confession de la ’’résilience’’, d’un cheminement qui lui est interne, du parcours ordinairement humain de naissance, de rencontre des réalités aussi bien dures qu’absurdes de la vie, pour finir par renaître dans une espérance absolument rayonnante. « […] j’ai choisi de vivre, debout en habit de lumière », conclura-t-elle, en ’’kouvito’’ positive, ne ménageant aucun répit au visiteur et le lançant instantanément dans l’une de ses deux installations, à quelques petits mètres du mur : le ’’Body trip’’ 2, dans un espace bien délimité. L’essentiel de l’œuvre est un dispositif sur bois que de nombreuses lames parcourent, que nous soyons au sol ou au sommet du support. Et, tout près, un avertissement sentencieux, un appel, semble-t-il à l’humilité : « Poussière tu es, poussière tu retourneras ».

Les peintures murales de Stéphane Pencréac'h ...
Empreint de la force d’une telle suggestion, le visiteur aborde, en toute sérénité, la caverne d’Ali Baba, la galerie d’exposition d’une alternance de surprenantes toiles des trois anciens résidents. Du côté de Christelle Yaovi, la technique de l’acrylique et du collage fait son chemin à travers les œuvres, même lorsque certains dessins sont réalisés à l’encre de Chine. 

... et de Bruce Clarke
Cette démarche honore pas moins de 17 œuvres réparties entre les trois salles de cette galerie et son atelier de travail. Stéphane Pencréac’h, lui, occupe, de ses 6 toiles, l’essentiel de la salle 1 d’exposition, développant un procédé artistique unique, celui de l’acrylique sur pagne. Innovant. Avec Bruce, la première salle d’exposition resplendit de deux revenants, deux ’’hommes debout’’, par les œuvres ’’Muted response’’ et ’’A place in history’’. Dans la salle 3, deux catégories de toiles : deux peintures de ces personnages-revenants, le ''Fantôme de la mer'' 1 puis le ''Fantôme de la mer'' 2, un hommage, selon l'auteur, aux personnes perdues dans les immigrations vers l'Europe, et deux photos brouillées d’une longueur verticale de la même facture que celles de l’impression numérique, ’’Fantôme de la terre’’ 1 et ’’Fantôme de la terre’’2 ;  A voir absolument !

Marcel Kpogodo  




Texte de Christelle Yaovi : Body trip - Body trip revenant - Revenante vivante

Présentation murale du texte de Christelle Yaovi
Body trip, le voyage vivant du corps.
De mon corps, du corps du nouveau-né, de la petite fille, du petit garçon
Du corps féminin, du corps masculin, du yin, du yang.
La lumière fut et le cri jaillit. Voici le voyage … L’obscurité de notre humanité nous emporte. Cache-cache nous tient, nous broie. Voici le bal des faux-semblants, des âmes perdues, des mots assassins, d’une mort lente, d’une agonie sans fin. Voici la brûlure qui vide l’âme, rend l’esprit fou. Ce corps assassiné, les entrailles en feu, le cœur à l’arrêt … Voici la solitude abyssale rendue au néant, au gouffre d’avant-création.
Le voyage demeure avec le corps meurtri mutilé assassiné. Survivre jour après jour, des instants douloureux se laissant traverser vivants. Il faut se rendre à l’évidence, la vie reste la plus forte tapie de lumière. Demeurer au milieu du ko, au cœur du corps sanguinolent, les entrailles en bataille, les genoux flottants, s’agrippant à son propre pardon … Miracle chante, danse … Ecroulement des paravents, des représentations, déchirement du voile des apparences. Cette capacité d’aimer nous cheville au corps, aucune renonciation à l’horizon, une dévotion se meut, le corps devient plus fort à l’endroit de la cassure, le corps se bat, cicatrise, guérit, pardonne, s’apaise puis danse à nouveau, une danse de corps jumeaux en transe qui se noie dans la lumière de jouissance puissante d’énergie. Corps violon pour boire l’éternité, les yeux dans les yeux … Voici la présence, qu’as-tu fait à ta vie ? Qu’a-t-on fait à ta vie ? Assassinée ? Mutilée ? Sacrifiée ? Niée ? Soldée ? Naître à ce qui est, choisir de vivre, choisir d’aimer, choisir la résilience … J’ai été assassinée et j’ai choisi de vivre, debout en habit de lumière.
Going home.



Christelle Yaovi, 2015.