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mercredi 17 mai 2023

Aristide Agondanou outille des spécialistes en management musical

Dans le cadre d’une formation pratique


L’univers de la musique n’a aucun secret pour Aristide Agondanou. Cette personnalité tient une session de formation en management musical à l’intention des managers d’artistes musiciens. Elle se déroulera les 19 et 20 mai 2023 à Cotonou, au Bénin. Les inscriptions en restent ouvertes.


Aristide Agondanou, expert-formateur en management musical


25 personnes. Le nombre des participants qu’attend Aristide Agondanou pour la formation qu’il organise les 19 et 20 mai 2023 à Cotonou, au Bénin. Le thème en est : « Comment accompagner les artistes dans la gestion de leur carrière ».


Pour l’expert-formateur, cette session de renforcement des capacités est ouverte « à tous ceux qui ont envie d’accompagner un artiste ». A ce propos, il précise qu’elle concerne «  un agent artistique, un attaché de presse, un journaliste culturel, un manager ». De même, il annonce aux acteurs culturels liés au secteur musical qu’au cas où ils ne pourraient se libérer pour prendre part à la formation concernée, ils devraient y envoyer « les jeunes qui travaillent avec eux, les jeunes qui ont envie d’accompagner des artistes de la musique ».

 


Un contexte désolant, préoccupant


Un facteur de dysfonctionnements a amené Aristide Agondanou à initier la formation en management musical. Il a assuré la fonction de Directeur artistique du Festival international des Arts du Bénin (Finab). L’événement a eu lieu du 14 au 19 février 2023 dans trois villes du Bénin.


Il lui a été, alors, donné de constater des lacunes dans l’organisation des membres de l’équipe des artistes musiciens. « Lors des préparatifs du Finab dont j’ai été le Directeur artistique, on a demandé des fiches techniques mais celles qui nous ont été envoyées n’étaient pas compréhensibles par les techniciens qui étaient sur le festival ; ce n’était pas clair », se souvient-il.


« Lors de l’appel à candidatures, pour les artistes de la musique, la majorité des managers ont envoyé des pièces, des documents qui ne représentaient même pas leur artiste », continue-t-il à faire remarquer. « Nous avons eu la chance de connaître la plupart de ces musiciens et de ces artistes », assure-t-il. « Mais, les pièces que nous avons demandées d’eux, aux accompagnateurs, aux managers d’artistes, ils ne les maîtrisaient pas ; il y a eu trop de failles », a relancé Aristide Agondanou, avant de présenter des exemples précis.


« Lorsqu’on leur a demandé d’envoyer la fiche de distribution, les concernés nous appelaient pour nous chercher à savoir ce qu’on devait vendre, pour savoir de quoi il s’agissait, ce que cette expression signifiait. Dans un dossier de presse, ils ont des difficultés à comprendre ce qu’est une fiche de distribution, un plan de scène ; ils ont du mal à monter ces pièces, tout simplement, à faire la promotion de leur artiste ».


Se rappelant cette situation, le commentaire de la personnalité s’est imposé : « Cela était touchant, frustrant, surtout qu’au Bénin, il y a de grands musiciens, c’est-à-dire de la matière ». Dans le feu du constat, en pleine organisation du Finab, du manque de formation des managers béninois, Aristide Agondanou a conclu : « Il y a du travail ! ».

 


Prendre ses responsabilités


Aristide Agondanou ne pouvait laisser les lieux du management des artistes musiciens en leur état déplorable. « Nous nous sommes dit qu’il fallait que nous montions une formation pour échanger avec les managers, les accompagnateurs, les agents artistiques et pour apporter des solutions aux difficultés qu’ils ont ».


Pour concrétiser son idée, il est revenu à la réalité du bon fonctionnement de l’univers musical. « L’artiste est juste un créateur. Il faut une équipe managériale outillée pour l’accompagner », rappelle-t-il. L’expert en management musical a composé un programme de formation du corps des managers des artistes. Il s’est souvenu des conditions profondément mouvantes des normes en la matière. « C’est un métier qui évolue avec le temps. Donc, les nouvelles techniques, les outils qu’il faut utiliser pour accompagner un artiste, nous allons les présenter à tous nos collègues, acteurs culturels, ceux du domaine de la musique », promet-il.


La grande conviction de la personnalité à édifier les managers d’artiste dans les capacités techniques adéquates va de pair avec l’abondance du développement de ses idées : « Nous, en tant qu’acteurs, avec notre expérience, il nous incombe de partager notre expérience avec ces managers qui accompagnent les artistes, notamment, en ce qui concerne les dispositions à prendre lorsque l’artiste doit monter sur une scène. La plupart d’entre eux ne les maîtrisent pas », repart Aristide Agondanou, intarissable sur le sujet. Il s’en montre compréhensif : « Ce n’est pas de leur faute parce qu’il n’existe pas de grandes structures qui forment les acteurs dans les métiers de la musique, comme dans les autres disciplines ».


L'affiche officielle de la formation que donne Aristide Agondanou

Pour l’expert, l’absence du rayonnement extérieur de la musique béninoise est l’une des conséquences du manque de formation des managers d’artistes musiciens. « On a, quand même, de bons artistes, de bons musiciens, de bons chanteurs », se réjouit-il. Puis, il se questionne : « Il y a de la matière mais, pourquoi, sur le plan international, on ne trouve pas ces talents ? ».


Sa réponse en est implacable : « C’est parce que la faute en est, dans une certaine mesure, aux accompagnateurs. Quand un aveugle doit guider un aveugle, cela va être compliqué ». La mission d’édification que s’est donné Aristide Agondanou prend tout son sens. « Nous nous sommes dit que nous allons partager, avec nos collègues managers et avec ceux qui veulent accompagner des artistes, notre expérience, pour que ces erreurs que nous avons constatées, pendant le Finab, ne se reproduisent plus ; voilà l’idée première », achève-t-il.

 


Aperçu d’un contenu


A en croire Aristide Agondanou, la session de renforcement de capacités des 19 et 20 mai 2023 intègre des modules. Ils aborderont le management musical. Ce sujet sera présenté dans ses facteurs de fonctionnement technique d’une exploitation immédiate par le participant. Par conséquent, « il y aura plus de pratique que de théorie », clarifie l’expert. Il en justifie la pertinence par la particularité relationnelle du métier de manager. « Votre efficacité, dans votre carrière, dépend du type de rapport que vous établissez avec les autres, c’est une profession de personnes, d’où la communication est très importante », détaille-t-il. 


Il annonce la révélation de « définitions utiles », du montage du ’’media kit’’,  l’exposition et l’expérimentation, la soumission à des études de cas de l’ensemble des comportements professionnels du manager d’artiste musicien, dans leurs volets multidimensionnels. Pour le formateur, ces volets constituent la communication, la musique et l’univers de ses métiers auxiliaires, les contrats, puis, entre autres, les droits d’auteur, les droits voisins et leur gestion en rapport avec l’artiste que suit le manager.

 


Pour un certain coût


Les chapitres de la formation annoncée seront accessibles aux participants inscrits à un montant de Dix mille francs (10.000 F) Cfa. « C’est gratuit parce que la formation n’a pas de prix », en commente Aristide Agondanou. « Les pays de la sous-région considèrent des formations pareilles, à ce prix, comme un cadeau », approfondit-il.


Il étend à l’espace européen son regard du coût de ce genre de prestation intellectuelle.  « En France, l’ancien pays colonisateur, là où j’ai fait mes stages, dans les métiers de l’art musical, ce genre de formation coûte 185 euros, environ, 120.000 F pour 3 à 5 jours », informe Aristide Agondanou. Il se justifie définitivement : « On le fait gratuitement parce qu’on n’a pas eu de sponsoring, c’est sur fonds propres ».

 


Concernant les profils


Eric Topanou animera la session de formation avec l’expert, Aristide Agondanou. « A l’origine, psychologue-clinicien et psycho-thérapeute, il est un collègue qui a une bonne connaissance dans les métiers de l’art », le présente-t-il. « C’est un collaborateur avec qui j’ai animé plusieurs formations à la carte », ajoute-t-il. Il précise ses facteurs de connexion avec Eric Topanou : « Lui aussi a envie de partager avec des acteurs culturels son expérience et ses connaissances ».


Quant à Aristide Agondanou, il est un expert dans l’art musical, en particulier, et dans les arts et la culture, en général. Ses compétences sont plus reconnues, célébrées et demandées à l’international qu’au Bénin. Il est ancien fondateur et membre des célèbres ’’Gangbé brass band’’, ancien tourneur de ce groupe, ambassadeur, au Bénin, du festival marocain, ’’Visa for music’’ (Vfm) et, aussi, acteur culturel majeur multisectoriel.


Il organise la formation dont il est l’initiateur à travers l’Association ’’Adénikè’’ culture (Aac), en collaboration avec l’Ong, ’’Etoiles de la Fraternité’’. La session se déroule au centre culturel, ’’Pôle uni des Afro-descendants’’, sis quartier de Maro-militaire, à la rue des Missions, à Cotonou, derrière le ’’Bénin royal hôtel’’, au 567, Maison Lawson.

Marcel Gangbè-Kpogodo

dimanche 2 septembre 2018

« Le Mag est une opportunité pour le développement des entreprises de notre pays », dixit Aristide Agondanou


Dans le cadre d’une interview de l’initiateur de l’événement

Pendant une bonne quinzaine de jours, plus précisément, du 6 au 21 octobre 2018, aura lieu, dans la capitale économique béninoise, la première édition d’un événement qui s’annonce artistiquement parlant, multidimensionnel, gigantesque et hors du commun : le Marché des Arts du golfe (Mag). Dans une interview qu’il nous a accordée, Aristide Agondanou, fondateur, ancien membre et ancien tourneur des ’’Gangbé brass band’’, nous décline les motivations et les conditions du déroulement d’un Projet pour lequel il appelle la participation abondante des entreprises.
Aristide Agondanou

Le Mutateur
: Bonjour Aristide Agondanou. Vous êtes le fondateur de l’événement culturel dénommé le Marché des Arts du golfe (Mag), qui se déroulera du 6 au 21 octobre 2018 à l’Hôtel ’’Eldorado’’ du quartier d’Akpakpa, à Cotonou, au Bénin. De quoi s’agit-il ?


Aristide Agondanou : Il faut des grands événements pour le Bénin, pour que notre pays émerge, parce que nous avons de bons artistes dans tous les domaines, qui émergent à l’international, qui se battent sur d’autres marchés. Mais, ce n’est pas la même chose quand ils sont dans leur pays.
Donc, mon équipe et moi, nous avons constaté ce que nous faisons : nous aidons les autres pays à organiser des événements, nous trouvons des artistes que nous proposons pour les animer, nous représentons des artistes. Et, nous nous sommes dit que, chez nous, il faut faire quelque chose pour le Bénin. Avec la volonté de l’équipe gouvernementale, nous avons décidé de créer un marché, mais un marché pas comme les autres. 
Comme vous le savez, quand on parle de la Biennale de Dakar, il y a un grand intellectuel qui oriente, qui propose d’accepter ou de rejeter telle ou telle œuvre. Mais, chez nous, les grands seront là, de même que leurs apprentis. Le concept, c’est, d’abord, de transformer Cotonou en une plaque tournante du marché d’art, et de développer le mécénat d’entreprise, de rendre les entreprises plus proches des artistes ; elles ne les utilisent pas comme il se doit, c’est-à-dire comme des ’’brand ambassadors’’. Il faudrait que cela entre dans nos mentalités.
Pendant le grand événement, il y aura la partie ’’Marché’’, avec un espace de plus de 800 mètres carrés, qui réservera, à l’intérieur, des stands qui permettront aux artistes d’exposer leurs œuvres. A part cela, il y a la seconde partie qui est constituée par des installations. Elles sont dans l’Adn du Bénin parce que l’ex-Dahomey, le Bénin, est le berceau du vodoun et, quand on parle d’installations, on pense directement au Bénin ; on parle d’ « installation du vodoun », on dit que « le vodoun a été installé », …
Ce concept est né dans les années 1970, il est allé en Europe, un peu partout dans le monde, à travers nos artistes. Maintenant, il s’agit de ramener ce concept au Bénin. Nous avons prévu dix espaces où les artistes feront des installations. Celles-ci peuvent durer dans le temps ; on ne le sait pas encore.
En dehors de cela, il y aura des projections de films documentaires sur des artistes, sur la manière dont ils travaillent ; il y en a parmi eux qui développent une technique, une manière de travailler que les participants à cette activité découvriront. Il y aura aussi des ’’workshops’’ animés par des grands maîtres. Et, dans l’événement, on fera un hommage à Ludovic Fadaïro qui est l’un des plus grands, l’une des sommités africaines en art contemporain, sur le plan international ; il est en train de fêter ses cinquante ans de carrière. Donc, nous déroulerons une rétrospective de tout ce qu’il a réalisé des années 1970 à nos jours.
Concernant la partie scientifique du Mag, il y aura des conférences-débats sur plusieurs thèmes et, notamment, sur la vie et l’œuvre de Ludovic Fadaïro dans l’art. Nous avons prévu aussi une bonne programmation musicale qui sera bien nourrie par des artistes de l’international et du Bénin, sans oublier des parades dans les rues d’Akpakpa, parce que, souvent, il n’y a rien qui se passe, sur le plan culturel, dans cet important quartier de Cotonou, qu’est Akpakpa. Donc, on va faire du bruit, avec les artistes. Il y aura des performances et des défilés, mais pas des défilés de mode classiques, mais avec une touche artistique. En effet, celui qui va en créer la scénographie sera Alougbine Dine qu’on ne présente plus.
Toutes ces activités vont permettre un genre de brassage, des rencontres entre les artistes et, aussi, il y aura des acteurs comme les collectionneurs d’art, des galeristes, qui viendront faire leur marché dans le Marché des Arts du golfe et, comme des entreprises vont accompagner des artistes, elles auront la chance de nous voir leur organiser des séminaires d’entreprise, du genre ’’workshop’’, dans le système du ’’team building’’, pour créer la cohésion, la solidarité et l’esprit d’équipe au niveau des membres de ces structures. Donc, pour ce grand événement qu’est le Mag, nous invitons le Gouvernement, de même que ceux qui côtoient l’art, à s’y intéresser.
Dites-vous que ce qui est surprenant, c’est que, depuis que nous avons lancé un appel à candidatures pour des projets, le monde entier est en train de postuler, parce que l’événement est ouvert à l’Afrique, à l’Europe et aux Caraïbes. Jusqu’à ce moment, nous ne pensions pas que nous aurions autant de candidatures. Donc, l’équipe technique qui va faire la sélection aura du pain sur la planche.
En réalité, il faudrait que nous transformions ce Marché en une plateforme de communication pour créer de la visibilité à nos artistes. Les concernant surtout, il y a une partie, dans le Marché, qui est réservée aux jeunes talents, même non professionnels, ceux qui veulent proposer ce qu’ils savent faire. En effet, il y aura des acheteurs, des acheteurs de tous genres, des acheteurs d’œuvres d’art et des acheteurs de spectacles.
A part cela, il y aura des groupes de fanfares, des animations, des soirées de jazz, des soirées de slam, des soirées de contes : c’est tout ce qui est art. C’est un Marché qu’on n’a jamais organisé au Bénin, il est unique dans son genre. Nous souhaitons que tout le peuple béninois accompagne cet événement pour que le Bénin puisse s’enregistrer dans le rang de ces grands pays culturels créateurs d’événements, comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, entre autres.


Est-ce que les moyens financiers sont disponibles pour organiser toutes ces manifestations grandioses ?

Au Bénin, nous disons toujours que nous n’avons pas de moyens, que nous sommes pauvres ; quand on se cache derrière le sous-développement, on ne va jamais rien faire. Je dois vous dire que j’ai eu la chance de sillonner d’autres pays et de les aider à organiser des événements, on me sollicite souvent, à cet effet. Mais, ils ne sont pas plus intelligents que nous. Je le répète : si l’on doit se cacher derrière le sous-développement, on ne va rien faire ! Il faut oser, il faut oser, il faut rêver grand, il faut rêver grand ; nous pouvons faire plus que le Burkina Faso !
Si je vous dis que notre Charte culturelle a été copiée par le Burkina Faso, sa force réside en ce fait qu’il y a des choses qui se passent là-bas ! Au Bénin, on crée bien, nous sommes de bons concepteurs et, c’est le moment d’agir, il faut l’action ! Et, l’action consiste à mobiliser l’argent qu’il y a dans notre pays, à entrer en synergie avec les collectionneurs, avec les galeristes, avec les personnalités de tous genres, qui aiment l’art …


Comment allez-vous faire pour rendre cet argent disponible pour la tenue du Mag ?

Il faut d’abord se reposer sur des entreprises, ce qui est rendu nécessaire par le fait qu’on a constaté qu’au Bénin, les entreprises n’utilisent pas, comme il se doit, les artistes. Prenons l’exemple d’une, étrangère, ’’Glo’’, qui a fermé ses portes. ’’Glo’’ avait commencé à utiliser les artistes. Voyez-vous comment elle a renforcé son chiffre d’affaires et son image ?

La devise du Mag
A travers le Mag, nous voulons donner des occasions aux entreprises pour qu’elles utilisent la création artistique pour leur visibilité, pour la création de la solidarité au niveau de leur personnel, de même que l’esprit d’équipe, parce qu’avec l’art, nous exerçons une fonction économique et une fonction sociale. L’art aide aussi à résorber le trop plein de crises au niveau de la communauté. C’est dire que le Mag est une occasion pour les entreprises, pour les chefs d’entreprises, afin qu’ils utilisent les artistes comme une plateforme de communication. Et, en même temps, ils accompagnent ces artistes, ce qui nous permet de leur offrir le ’’team building’’. Ainsi, nous avons pensé à inviter un spécialiste en la matière, qui travaille pour l’Union européenne, en France, en Belgique et en Hollande, qui use de l’art pour concrétiser l’esprit d’équipe, au niveau des fonctionnaires. Les ministères aussi ont besoin de cela pour créer cette valeur au sein de leur personnel.
Donc, une entreprise qui accompagne un sculpteur voit celui-ci faire une exposition aussi bien sur le Mag que dans les locaux de celle-ci, et même dans le bureau du Directeur, ou dans sa salle d’attente. C’est un genre de troc ; il y a un bon nombre d’outils que le Mag donne aux entreprises et, en retour, elles accompagnent financièrement les artistes, dans le cadre de l’organisation du grand événement.
Précisons aussi qu’au cours des ’’workshops’’, ces entreprises dont nous nous sommes rapprochés et dont nous attendons la réponse favorable, peuvent voir leurs cadres mettre la main dans les peintures et construire, avec les artistes, des œuvres d’art, histoire de développer les qualités que nous avons évoquées précédemment. Le Mag est une opportunité pour le développement des entreprises de notre pays ; les responsables de celles-ci peuvent utiliser cet événement inédit comme un moyen de communication et de visibilité. Nous attendons donc les entreprises, pour une opportunité qu’il serait dommage qu’elles ratent.
A leur endroit, je peux aussi partager qu’aller faire de la communication à la télévision, ce n’est pas mal, alors qu’en Afrique, dans les pays en voie de développement, il faut une communication de masse, celle qu’utilise ’’Coca-Cola’’ qui, bien que n’ayant plus besoin de visibilité, continue à faire largement parler d’elle, l’exemple en étant la Coupe du monde où elle est toujours présente. Des entreprises béninoises peuvent faire la même chose, pour avoir de la plus-value.
Donc, c’est le moment ! Les entreprises doivent saisir le Mag qui est venu pour faire rayonner, pour développer le tourisme. En effet, le Gouvernement peut utiliser le Mag pour développer le tourisme, parce que les gens viendront de partout dans le monde ; c’est ouvert pour la diaspora, mais aussi pour l’Afrique, l’Europe et les Caraïbes. Qu’est-ce qu’on fait avec les Caraïbes ? Rien ! Or, la majorité de leurs habitants sont passés par le Bénin, de Cotonou à Ouidah, pour se retrouver de l’autre côté. Ils connaissent l’histoire et, le nombre d’artistes inscrits pour le Mag, en provenance de cette partie du monde, est énorme, énorme !
Le Mag est donc une occasion pour rencontrer ceux-là, surtout qu’il y a des galeristes qui veulent faire leur marché ici. C’est une opportunité. Le Mag est bien venu pour le Bénin, pour la visibilité du Bénin.


Que dit le Gouvernement du Mag ?

Il en a eu vent, je suis sûr qu’il est en train d’y réfléchir, je suis sûr qu’il est en train de voir comment il va nous accompagner, de voir comment il va saisir le Mag. Je suis sûr qu’il va y participer, qu’il prendra cela comme un outil de développement du pays.


Un appel à lancer ?

Je demande à toutes les entreprises qui sont installées au Bénin de saisir le Mag comme un outil de prospérité, de venir y participer. Je demande aux dirigeants, aux responsables de la chose culturelle au Bénin d’utiliser le Mag pour faire rayonner le Bénin, partout dans le monde, pour faire développer le tourisme, pour faire affirmer la culture béninoise sur le plan international.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo

samedi 10 mars 2018

Amessiamey, le talent qui explose du boisseau


Dans le cadre de son insertion dans le Bim

En matière de résurrection artistique, on ne peut trouver plus indiqué, actuellement, qu’Amessiamey. Après un bon nombre d’années de silence, cette artiste chanteuse, depuis peu, a refait surface, le Projet ’’Bénin international musical’’ (Bim) ayant permis de l’entendre à nouveau chanter, de la voir à nouveau se produire sur scène, le vendredi 12 janvier 2018. Portrait d’un esprit artistique ayant surnagé du marais …

Amessiamey
Un visage rondelet noir qui brille par de la lisseur, un visage dont le noir se rend bien éclatant par un maquillage discret, impeccable, une tête surmontée d’une épaisse et soyeuse touffe rousse de cheveux se raréfiant sur les côtés, un visage que prolonge un corps qu’enveloppe un accoutrement de scène : un simple corsage rose, vu de loin, dans lequel des motifs sombres entretiennent le contraste, un corsage à la base en dents de scie, sur un pantalon en tissu dit africain, d’un fond vert parsemé de dessins de fleurs, un pantalon s’élargissant après les genoux, pour se terminer en pattes d’éléphant, un genre de « bas d’elphe », d’une certaine époque. Les yeux fermés, les mains jointes, Amessiamey vit son morceau, le chœur dans lequel ses lèvres s’enfoncent harmonieusement, sur cette scène du Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou, le 12 janvier 2018, lors du grand concert de sortie des artistes du très radiophonique Projet du ’’Bénin international musical’’ (Bim). Bien avant, presqu’un mois plus tôt, le 15 décembre 2017, elle se produisait en un concert solo, à la Paillotte du même Institut.
Vingt-quatre ans de carrière sont passés par là ; ils ont façonné ce qui est devenu une voix claire dont l’ardeur se construit au fil des morceaux qu’elle chante ; ces vingt-quatre ans de carrière dans la musique béninoise ont fabriqué la voix éclatante qu’est aussi Amessiamey, elle qui a matérialisé ses débuts dans le fameux groupe ’’Alafia music’’, lequel, dans sa fureur du début des années 2000, a fait danser les Béninois dans les espaces convenus à cet effet, sur une salsa, copieuse à souhait, qui avait la particularité de décrisper par sa chaleur et de faire tendre le pied à ceux qui n’en étaient pas amateurs. Elle intègre ce qui s’est imposé comme un ensemble de trois membres en 1994, trois ans après sa mise en place.
Entre-temps s’amorce la traversée de désert du Groupe, Amessiamey se met à son commerce et, un fait marquant l’amène à s’extérioriser : « Ma famille est plus moi que moi ». Oui, ses collègues d’ ’’Alafia music’’ et, surtout, des membres de sa famille, étant donné ce qu’ils l’ont vue artistiquement démontrer, se sont lancés dans des encouragements qui ont produit un effet d’une efficacité intéressante : elle trouve du temps pour se mettre à nouveau au travail ; elle écrit elle-même ses morceaux, elle trouve désormais à son actif un clip et quatre chansons audio. Une figure représentative de cette famille très motiveuse : Pauline Kiti, sa grande sœur, artiste danseuse, ancienne membre des ’’Muses du Bénin’’, disponible pour la coacher, dotée qu’elle avoue, d’une force d’intuition, d’un talent pédagogique. Des conséquences s’en réalisent. Définition de rythmes de travail, de rythmes traditionnels : le ’’gazo’’ et l’ ’’élézo’’. Adoption de rythmes typiquement africains : le hi-life et l’afrobeat ! Elle se projette donc pour un album de douze titres, se démarquant par un élément de singularité : ce sera, confie-t-elle, de la « musique de salon », ses thèmes préférés en étant « l’amour fraternel, le positif, la paix dans la société, dans les foyers ». Ses langues de prédilection : le mina et le fon.
Celle dont les vingt-quatre ans de carrière se sont aussi forgés avec des ’’jam’’ au ’’So what !’’, à ’’Acropole’’, notamment, manifeste un processus atypique d’évolution : de son groupe de musique, elle est passée à une expérience en solo, pour aboutir au Bim, une véritable structure-orchestre de promotion de la musique béninoise, avec des canons rythmiques internationaux, pour des canaux puissants de diffusion, étant le réseau des radios de ’’Radio France’’ et de leurs partenaires, disséminés dans le monde entier.  

Amessiamey, deuxième position, de gauche à droite, au cours du concert du Bim, du 12 janvier 2018
Un succès, pour Amessiamey, d’avoir pu être sélectionnée pour participer à officier dans cette messe, une porte étroite. Un rude casting a révélé qu’elle pouvait en être, du fait de certains atouts : « une capacité hors pair d’improvisation sur n’importe quelle grille donnée », « sa voix qui accroche le public, qui est capable de se déployer dans tout registre, en alto, en soprano ou en aigu », notamment, explique Aristide Agondanou, ancien membre et manager des ’’Gangbé brass band’’, la tête pensante du Bim. De même, elle a démontré sa capacité rapide à concevoir des textes, à créer des mélodies.
A en croire, toujours, les réflexions de cet homme des grands festivals internationaux de musique et des réseaux influents afférents à ce domaine, ce système qu’est le Bim « apportera une communication de masse au projet personnel d’Amessiamey ». Et, « le carburant, l’énergie » dont elle a besoin pour évoluer et pour se surpasser et rayonner, Aristide Agondanou sait en produire les mots et les actes de motivation : « c’est un défricheur, un détecteur, un développeur », reconnaît de lui cette star en devenir, ce qui n’empêche pas cet esprit d’humilité, qu’est le patron de la structure de promotion, ’’Awo-négoce’’, de bien vite remettre les choses à leur place : Amessiamey « s’est personnellement trouvé sa voix, son style, sa musique, son identité ». Ainsi, le talent affermi de celle-ci reste le soleil au zénith, qui a en secoué et calciné le boisseau porteur de léthargie et d’extinction artistiques. La trentaine ferme, monolaise, Amessiamey, de son nom, à l’état-civil, Brigitte Kiti, prend son envol, avec ses collègues du Bim, dès le lundi 12 mars 2018, pour la soumission de son être artistique aux sensibilités françaises, européennes et occidentales. « Amessiamey », «Tout le monde », en langue mina, est peut-être porteuse d'un sens de l'unanimité, du consensus, qui lui portera bonheur hors du Bénin. 

Marcel Kpogodo  

samedi 9 septembre 2017

« [Le Bim], c’est d’attirer le monde entier vers le Bénin, vers les musiques du Bénin », dixit Aristide Agondanou

Dans une interview accordée à notre Rédaction

Depuis le 5 septembre 2017, la quatrième session du ’’Bénin international musical’’, une instance hautement technique de préparation de l’explosion de la musique béninoise à l’Extérieur, se tient d’une manière très artistiquement active, à l’Institut français de Cotonou, ce dont Aristide Agondanou, large et confiant sourire aux lèvres, ancien membre des ’’Gangbé brass band’’ et Directeur artistique du Projet, nous entretient des tenants et des aboutissants, lui qui n’a pu s’empêcher de dénoncer un comportement désormais très ordinaire, le désintérêt du Ministère de tutelle, face à ce genre d’initiative.

Aristide Agondanou
Le Mutateur : Bonjour Aristide Agondanou. Vous êtes l’un des directeurs artistiques du ’’Bénin international musical’’ (Bim) qui, actuellement, tient sa quatrième session, à l’auditorium de l’Institut français de Cotonou. En quoi consiste cette quatrième session du Bim ?

Aristide Agondanou : La quatrième session du Bim consiste à la formation et au travail sur la musique béninoise. A cet effet, on a transformé l’Auditorium en studio, où l’on fait travailler des musiciens, afin de produire une musique du Bénin, pas comme les autres, une musique dans laquelle le Béninois se sent, et dans laquelle l’Occident aussi se retrouvera. On ne veut pas faire une musique purement béninoise, rien que pour le Bénin. Mais, l’idée, c’est d’attirer le monde entier vers le Bénin, vers les musiques du Bénin, surtout que nos musiques sont hyper complexes, de même que nos rythmes, dont même les Africains ont peu de s’approcher. Quand on ne vous visite pas, c’est comme si vous n’existez pas.
Certes, il y a vingt ans que j’exporte, avec ma structure, ’’Awo négoce’’, la musique vers l’Occident, vers l’Europe, vers les Etats-Unis, le Canada, notamment, mais c’est comme si l’on jetait quelques gouttes d’eau dans la me. Et, il faut voir comment cela évolue : le Bénin n’est pas connu, à part dans quelques coins. On dit que l’art ouvre toutes les portes et, l’avantage, c’est que les musiques du Bénin peuvent se fusionner avec d’autres musiques, dans le monde entier. Sous cet angle, avec mes collègues, on a décidé de faire quelque chose de nouveau, pou que les gens s’intéressent à notre musique, comme ce qui se passe au Mali, depuis les années 1990. Voilà la première partie de la quatrième session du Bim. Depuis le 5 septembre jusqu’à ce 8, nous avons fait trois morceaux, enregistrés, mais qui ne sont pas encore finis, vu qu’il y a des instruments que nous devons ajouter.
Quant à la seconde étape, il y a eu la formation des ingénieurs de son. On ne peut pas faire le Bim sans ceux-ci, sans les journalistes culturels, sans les managers, sans les musiciens ; il y a plusieurs cordes qui tournent autour de la musique. Pour que celle-ci émerge, il y a du travail.
Donc, il y a un monsieur, très connu en Europe, que je connais depuis 1997, au Mali, qui a l’expérience de l’Afrique et qui a beaucoup fait dans la musique malienne, du nom de Jean-Paul Romann ; il accompagne beaucoup de musiques, de musiciens européens, surtout français. Dans les tournées, il fait le son, il est très expérimenté, c’est un monsieur qui est en train de boucler ses soixante-huit ans d’âge. C’est lui qui a réalisé le premier album du Groupe ’’Gangbé bass band’’ ; c’était au Mali, dans l’auditorium du Centre culturel français de l’époque. Il forme aussi, il a l’art d’enseigner. Donc, il forme des techniciens, il assume aussi la direction artistique du Bim ; c’est une personne-ressource dont le Bénin a besoin.
En connivence avec l’Institut français du Bénin, on a pu le déplacer. Et, l’idée, c’est, après cette formation, de choisir des techniciens de son, de les former comme des formateurs qui pourront, à la longue, travailler avec des jeunes qui aspirent à travailler le son live, parce qu’il faut cela ; c’est un véritable problème que nous avons au Bénin : le son live, le son spectacle. Donc, voilà, globalement, la quatrième session du Bim. La cinquième se déroulera en octobre prochain.


Qu’en est-il des première, deuxième et troisième sessions du Bim ?

En avril 2016, c’était le début du Bim, où l’on a fait l’état des lieux, ce qui a permis de rencontrer des artistes, des promoteurs, d’échanger avec eux, de rencontrer des musiciens, d’échanger aussi avec eux, de savoir ce dont ils ont besoin, ce qui leur manque, de voir comment on peut travailler pour amener les musiques béninoises sur le plan international. On est allés à l’Ecole secondaire des métiers d’art du Village Sos d’Abomey-Calavi, une pépinière, l’avenir de demain, dans la musique. Donc, on a vu les difficultés qu’ils ont, on a échangé avec les apprenants, avec les enseignants, les dirigeants, sur leurs difficultés, leurs besoins, sur comment on peut travailler ensemble.
Ensuite, on est allés sur le marché des percussions, pour voir ce qui existe en la matière, et comment en faire la promotion. Et, on a fait  un genre de casting, pour sélectionner des musiciens qui vont porter le Bim. Cela s’est passé en avril 2016, du 16 au 22.
La deuxième session, on l’a faite, en janvier 2017, du 17 au 21, où l’on a enregistré des musiques rituelles dans des villages ; on est allé à Zinvié, à Yèviè, un village qui est à côté du précédent. On est allés y rencontrer des vieilles dames du village qui ont des groupes folkloriques, qui chantent, qui travaillent de la musique. Et, on a continué le casting au niveau des chanteurs et des chanteuses, puis du côté des instrumentistes. Pour la télévision, on a filmé, parce qu’il faut réaliser aussi des documentaires. On se déplace toujours avec deux équipes : l’une du son et, l’autre, de la captation vidéo.  
Avec la troisième session, qui s’est déroulée du 10 au 16 mai 2017, c’est là où le travail a commencé, parce qu’on avait déjà défini l’équipe avec laquelle on devait travailler ; on a continué les enregistrements en deux volets : l’enregistrement des musiques, dans leur composition et dans leur arrangement, puis la formation des journalistes culturels, qui s’était effectuée à l’auditorium de l’Institut français de Cotonou. Cette formation était ciblée sur comment écrire un article sur un concert ou sur une sortie d’album. Cela a été piloté par deux patrons de ’’Radio France’’ : Hervé Riesen, journaliste et Directeur adjoint des Programmes et des antennes de cette institution qui, à elle seule, a sept branches. Le deuxième formateur était Olivier Zegna Rata, le Directeur chargé des Affaires internationales et institutionnelles de ’’Radio France’’. Et, c’est en mai 2017 qu’on nous a informés que le Bénin était retenu, grâce au Bim, dans le Programme intitulé ’’Radio France et l’Afrique’’. C’est un programme où ’’Radio France’’, avec le consentement du Gouvernement français, accompagnera tois pays, pendant deux ans, su le plan artistique et culturel ; il s’agira de couvrir les grands événements culturels internationaux, dans chacun de ces pays élus.
Donc, le Bénin a été retenu, devant plusieurs pays francophones tels que le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, parce qu’eux tous ont postulé. Notre pays a été choisi, surtout avec le Projet Bim, parce qu’il est innovant, les deux autres pays lauréats étant le Congo démocratique et le Gabon.
En résumé, voilà un peu ce que nous sommes en tain de faire. Déjà, nous disposons de deux dates pou le Bim, en avril 2018 ; et le collectif des musiciens du Bim ira représenter le Bénin sur plusieurs festivals, en France.


En réalité, c’est quoi le Bim et, quels en sont les objectifs ?

Le ’’Bénin international musical’’ (Bim), c’est un Projet qui est vraiment pluridisciplinaire ; son objectif est de développer la scène musicale béninoise, à l’international. Et, pour le faire, il y a des corps de métier sur lesquels on doit travailler. Il s’agit, d’abord, d’avoir de bons managers, de bons journalistes culturels, spécialisés en musique, qui peuvent écrire des articles de critique d’art, c’est, ensuite, avoir de bons techniciens de lumière, de son, pour faire ce travail. Et, au finish, c’est de montrer, à la face du monde, que Cotonou est le berceau, la capitale mondiale de la musique. On peut le faire parce qu’on en a la capacité, les potentialités et le patrimoine ; même les étrangers le disent, les Américains, notamment, reconnaissent que le Bénin est un pays dont le patrimoine musical est immensément riche et auquel on n’a même pas encore touché. Voilà l’idée, c’est de pousser l’Unesco à reconnaître Cotonou, le Bénin, comme la capitale mondiale de la musique. On peut le faire si l’on a de bons journalistes culturels, de bons techniciens de son et de lumière, de bons musiciens. Je travaille dans ce sens.


Quels sont les rythmes que le Bim exploite, pour le travail, dans le cadre de cette quatrième session ?

Pou la quatrième session, on a choisi de ces rythmes qui sont proches du style funk, comme le ’’tchinkounmè’’, le ’’zinli’’ de PotoNovo, qui n’est pas loin du blues ou du jazz. Il y a aussi des rythmes yoruba comme le ’’tchango’’, l’ ’’ogbon’’, le ’’caca’’, le ’’massè’’. Voilà ces rythmes avec lesquels nous avons commencé. Nous sommes en train de faire un plat qui représente l’échantillon des rythmes, histoire de le présenter au monde entier.


N’y a-t-il pas des rythmes du Nord-Bénin?

Bien sûr qu’il y en aura ! On a encore du travail, parce qu’on ne peut pas tout faire ; il faut commencer quelque part. On a encore du boulot, parce qu’en octobre prochain, il y aura la cinquième session, de même que nous travaillerons aussi en novembre. En décembre, nous allons travailler le plan scénique et, en janvier 2018, nous donnerons un concert, nous ferons des débats sur le Bim.


Quels sont les artistes qui ont été sélectionnés pour travailler dans le Bim ?

Certes, on ne peut pas évoluer avec quinze artistes. Mais, il y a des artistes sur lesquels on va se baser pour développer le concept du Bim : à la batterie, Jimmy Brice Tchégnon, à la percussion, nous avons un artiste polyvalent qui joue presque toutes les percussions du Bénin, lui qui est un jeune avec qui je travaille depuis trois à quatre ans : Emile Totin. Il y a Lionel qui est à la basse et, les voix, c’est Naël, la fille d’Adolphe Yélouassi, Bigitte Tiki qui appartenait au Groupe ’’Alafia music’’, qui avait joué aux côtés du guitariste Gilles Louèkè, Joséphine Vodounou Omonlara, qui est une handicapée moteur bénino-nigériane, qui évolue en chaise roulante. Il y a Sergent Markus qui est plus rap slam. En outre, il y a les Diflex. Avec la section des cuivres, moi-même je suis au saxe alto, et Bernard Vodounou est saxe ténor. Voilà les artistes avec qui nous travaillons, en attendant.


Quels sont les critères ayant permis le choix de ces artistes ?

Les critères, ce n’est pas d’abord d’être un bon musicien. Cela veut dire qu’en plus de la musique, il faut avoir le cœur, la volonté de travailler dans ce projet-là, qui est de développer la scène béninoise sur le plan international. En effet, ces artistes-là, on les utilise comme des cobayes et, là, cela va permettre aux arrangeurs de s’inspirer de notre style d’arrangement, surtout ceux-là qui veulent travailler sur le plan international. Il y en a qui souhaitent jouer uniquement de la musique béninoise au Bénin. Il y en a d’autres qui veulent sortir du Bénin. Pou sortir du Bénin, si l’on doit jouer une musique uniquement béninoise, les gens n’y comprendront rien. Le travail que nous sommes en train de faire, c’est aussi de montrer à ceux qui souhaitent travailler et sortir du Bénin, pour montrer à la face du monde leur travail, qu’ils doivent beaucoup travailler cet angle-là, parce que quand j’écoute une musique et que je me sens là-dedans, je m’y intéresse. Voilà donc l’idée.


A combien de morceaux sommes-nous, aujourd’hui, qui sont déjà finalisés ?

Nous sommes à six morceaux, au total, qu’on peut faire écouter.


Qu’en est-il des institutions qui accompagnent le Projet ?

C’est là où moi, personnellement, j’ai honte ; j’ai honte parce que ce Projet, j’en ai parlé à ceux-là qui sont responsables de la chose culturelle du Bénin. Vu que le Gouvernement du Président Talon a l’idée de développer le tourisme, il peut se baser là-dessus pour développer la culture, parce que le Bim, c’est aussi la coopération culturelle internationale, c’est le travail avec des villes de partout dans le monde, c’est le travail avec des communautés, les Caraïbéens, notamment ; il y aura des musiciens d’autres pays qui viendront jouer avec nous, dans notre musique, ce qui les trouvera intégrés dans le Bim. Comme l’on le dit, quand deux cultures fusionnent, dans l’art, c’est de l’étincelle au ciel. C’est de cette manière qu’on va développer la coopération interculturelle.
Malheureusement, cela fait deux fois que je suis allé au Ministère de la Culture, dans ses directions centrales ; les cadres ont le dossier, mais ils n’ont pas réagi. Ceux qui viennent, les techniciens, les personnes-ressource qui viennent de l’Europe, de la France, précisément, pour travailler avec moi, il faut les déplacer, les loger. La seule personne que j’ai eue comme mécène et qui fait beaucoup, qui a l’amour de son pays et de la musique, qui est un fonctionnaire d’Etat, qui aide beaucoup les artistes, c’est Richard Vodounou, de la Direction des Impôts. Grâce à lui, au lieu que j’aille faire héberger mes invités à l’hôtel, j’ai eu sa maison et, sa voiture, pour les déplacer. Il fait beaucoup, il fait beaucoup. Si l’on pouvait avoir au moins trois ou quatre personnes comme cela, de même que des structures et le Ministère de la Culture, je pense que nous n’allions pas traîner, parce que le Bim, même si c’est la musique sur la scène, c’est aussi la formation et de l’investissement. Et, depuis l’Ambassade de France, on nous a soutenus, surtout par des billets d’avion, et l’Institut français, qui nous a aussi fourni des billets, son auditorium dans lequel nous sommes à l’aise pour travailler. Ils nous accompagnent ; je les en remercie.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo