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vendredi 12 janvier 2018

« Que l’énergie spirituelle et l’énergie des mânes de nos ancêtres comblent Oswald Homéky … », souhaite Anicet Adanzounon

Dans le cadre de ses vœux au Ministre de la Culture

Une nouvelle année constitue une opportunité pour traduire ses attentes, ses préoccupations profondes par la formulation de vœux. Parmi les acteurs culturels ayant choisi de donner une valeur particulière à l’exercice se trouve l’homme de théâtre, Anicet Adanzounon, qui envoie des vœux 2018 à une personnalité peu commune : Oswald Homéky, Ministre de la Culture.

Anicet Adanzounon
Journal ’’Le Mutateur’’ : Bonjour Anicet Adanzounon. Vous êtes comédien, metteur en scène, promoteur culturel et Président de la Fédération des associations des metteurs en scène et des arts assimilés du Bénin (Fames-Bénin). Vous avez des vœux à formuler à l’endroit du Ministre de la Culture, Oswald Homéky …

Anicet Adanzounon : Merci de m’avoir accordé votre tribune. Au nom de la Fédération des associations des metteurs en scène et des arts assimilés du Bénin (Fames-Bénin), je tiens à dire nos vœux les meilleurs à notre Ministre du Tourisme, de la culture et des sports, M. Oswald Homéky. Que Dieu le comble de l’esprit de la clairvoyance pour mieux orienter les réformes du Programme d’actions du Gouvernement (Pag) ! Que Dieu le comble de l’esprit de clairvoyance pour permettre à nous, les acteurs, qui n’avons pas de soutien, de commencer aussi à en bénéficier ! En effet, il fait beaucoup pour la musique ; j’ai compris que, jusqu’à sa prise de fonction, ce sont les musiciens qui bénéficiaient beaucoup de soutien. Nous, hommes de théâtre, nous ne nous retrouvons pas encore dans ses actions.
Mais, pour l’année 2018, nous souhaitons au Ministre Oswald Homéky de penser à faire restituer aux ayant-droit le solde de la subvention par le Fonds d’aide à la culture (Fac) des activités culturelles de l’année 2016. La récupération de ces fonds fait partie des priorités que nous nous sommes donné, pour 2018. Notre question est de savoir si le budget de la nouvelle année nous donne la chance de récupérer ce solde, parce que nous, nous n’avons pas de soutien, nous n’avons rien.
Donc, si, jamais, nous n’avons pas nos soldes, en 2018, la morosité financière qui sévit depuis l’année passée va continuer. On ne le dit pas parce qu’on ne vit que du Fac mais, du moment que cette institution a fait un appel à projets et qu’elle nous a accordé une subvention que nous lui avons demandée, nous nous sommes endettés véritablement pour réaliser notre projet et pour en déposer le rapport. Entre temps, je suis entièrement d’accord pour que le Pag soit réalisé et que les réformes s’installent ; nous sommes prêts à accompagner le Ministre s’il nous fait appel, en tant qu’homme de théâtre, en tant que promoteur de ’’L’évangile du rire’’, de ’’72h de théâtre’’ et du Festival de la danse sur bambou à travers les associations. Nous souhaiterions que Monsieur le Ministre comprenne qu’il est très important pour nous qu’il pense à ces nombreux artistes qui sont dans l’attente de leurs reliquats.
Pour finir, je demanderais au Ministre de ne pas écouter seulement certaines personnes, parce que nous sommes dans un pays où il y a trop de clans. Que le Ministre commence à nous accorder un peu son écoute, pour connaître les préoccupations de nous qui ne sommes pas à Cotonou ; il y a beaucoup d’acteurs culturels qui sont à Houèdo, à Tori-Bossito, à Zinviè, à Allada, et qui travaillent. J’aimerais que le Ministre commence aussi à s’intéresser à ceux-là, parce qu’ils ont aussi beaucoup à apporter à la nation. Que l’énergie spirituelle et l’énergie des mânes de nos ancêtres comblent Oswald Homéky pour qu’il ait la force et l’énergie de régler le problème culturel, comme il l’a fait pour le sport !

Propos recueillis par Marcel Kpogodo 

lundi 26 décembre 2016

Quand la scène immortalise l'exploit du Béninois Carlos Bossouvi

Dans le cadre d'un spectacle à l’Institut français de Cotonou


Le vendredi 25 novembre 2016 a eu lieu, en soirée, sous la Paillote de l’Institut français de Cotonou, la représentation théâtrale de la pièce intitulé, ’’La bicyclette ou l'éloge de l’incertitude’’. Une inspiration d’un haut fait d’arme réalisé par un Béninois.

Anicet Adanzounon, dans son jeu de scène ...
Carlos Bossouvi a fait, à vélo, une distance de plus de 6 mille kilomètres, pour atteindre la France, en quittant le Bénin. Le socle du spectacle théâtral, ’’La bicyclette ou l'éloge de l’incertitude’’, qui s’est déroulé dans la soirée du vendredi 25 novembre 2016, sous la Paillote de l’Institut français de Cotonou.  En réalité, le but visé par Carlos Bossouvi, par son action, était de remporter la somme de 6 mille euro, à raison d’un euro par kilomètre, afin de financer une association française exerçant dans le Nord-Bénin.

... Johann Musy et ...
Pour une pièce dont la production a été financée par les Instituts français du Bénin et de Paris, c’est aussi le partenariat entre deux associations qui en a permis la réalisation : ’’L’atelier du possible’’ et ’’Coco théâtre’’, la deuxième organisation étant dirigée par le comédien et metteur en scène béninois, Anicet Adanzounon. Celui-ci est intervenu comme un acteur dans la pièce, en même temps que  Johann Musy, Laurence Rémy et Jérôme Vion. Le quartuo a incarné des commentateurs, ironiques, à souhait, qui, par la lecture d’extraits du livre, ’’La bicyclette ou l’éloge de l’incertitude’’ de Catherine Etienne, ont revisité des étapes désertiques et difficiles du laborieux parcours très pédalant de Carlos Bossouvi.

Jérôme Vion, suivi de Laurence Rémy 
Dans un décor à la fois simple et pragmatique, des objets clés ont été valorisés par la mise en scène : le vélo proprement dit, circonstanciellement suspendu, le strict minimum de meubles pour le confort de lecture des comédiens, même si, certaines séquences l’ont brisé, à travers Anicet Adanzounon qui n’hésitait pas à se rapprocher du public. Et, la lumière fut opportunément mise à profit pour allumer et éteindre, valoriser et annuler des espaces de la scène, selon ce que le metteur en scène avait choisi de faire voir ou de faire ignorer par le public.
En outre, des sons et des vidéos puis des chansons dont l’expression était nécessaire à l’achèvement du jeu des comédiens, ont rendu incontournable tout un dispositif matériel et technique sur la scène. Cependant, le Français et le Béninois n’ayant pas forcément les mêmes facteurs de mobilisation de l’émotion, surtout en ce qui concerne une représentation théâtrale menée en majorité par des acteurs originaires de l’Hexagone, il faut reconnaître qu’Anicet Adanzounon, dans ses intonations, ses gestes et sa gestion de la scène, n’a pas manqué d’accrocher au spectacle ses compatriotes du public, pour une scénographie assurée par Bernard Jay et qui aurait pu manquer d’intérêt et faire voler en éclats la force d’une vingtaine de jours de résidence.

Ramane Aïsso

mercredi 20 juillet 2016

Jérôme Tossavi, sur le succès éclatant de la ''Nuit poétique'' : « […] on a visité tous les couvents de la bonne poésie … »

Dans le cadre d’une interview qu’il nous a accordé


La soirée du samedi 9 juillet 2016, à la petite paillote de l’Institut français de Cotonou, s’est trouvée entièrement dédiée à la poésie. Un public immense débordant de partout et occupant tout l’espace disponible et indisponible, assoiffé de déclamations chaudes et envolées, comblé ou dégoûté, selon le cas, par des noms désormais conventionnels de la poésie béninoise : Florent Eustache Hessou, Daté Atavito Barnabé-Akayi, Basile Dagbéto, Armand Adjagbo, Louis-Mesmin Glèlè, Marcel-Christian Ogoundélé, Constantin Amoussou, Jean-Paul Tooh-Tooh, Edwige Chekpo, Esther Doko, Djamile Mama Gao, Toussaint Djaho … Sous le couvert de ’’Poésie et engagement’’, le thème de la 2ème édition de la ’’Nuit poétique’’. Par ailleurs, les petits plats ayant été mis dans les grands, 20 minutes d’un spectacle vivant sur l’évolution de la poésie béninoise, de sa naissance à nos jours, présenté par l’Association ’’Katoulati’’, a planté le décor de la densité des effervescences et des effluves verbales, selon un fondement thématique d’une variété à défier les imaginations les plus fécondes, en cette soirée bénie des mots durs et forts, des paroles douces et condescendantes, venus du tréfonds des cœurs. Des anges de la musique, deux générations conciliantes, Dag Jack et Meschac Adjaho, ont fait monter la tension de l’esprit des spectateurs, tous sexes et tous âges confondus, les deux artistes, à la guitare, Bonaventure Didolanvi, de ’’Wood sound’’, à la batterie, l’homme de théâtre, Anicet Adanzounon, officiant à la platine … L’Institut français du Bénin, le Fonds d’aide à la culture et ’’Darimage’’, partenaires de cette réussite, devront se frotter les mains d’avoir fait confiance à l’Association culturelle, ’’Mignon-tourbillon’’, ayant orchestré l’existence de cette voix forte de la poésie béninoise, la ’’Nuit poétique’’, un événement par rapport auquel lequel Jérôme Tossavi, le manager principal, a accepté de partager avec nous ses idées …    

Jérôme Tossavi, Président de l'Association, "Mignon-tourbillon''

Journal ’’Le Mutateur’’ : Bonjour à vous, Jérôme Tossavi. Vous êtes le Président de l’Association ’’Mignon-tourbillon’’ qui a organisé la 2ème édition de  la ’’Nuit poétique’’, dans la soirée du samedi 9 juillet 2016. Cet événement a été un véritable succès, avec la déclamation musicalement accompagnée de près d’une quinzaine de poètes béninois parmi les plus talentueux, cette séquence de près de 3 heures de temps, précédée d’un spectacle d’une vingtaine de minutes sur l’historique de la poésie béninoise, sans oublier que les 8 et 9 juillet, un atelier de formation en écriture poétique a été offert aux lauréats de l’appel à textes, lancé dans le cadre du projet concernant la ’’Nuit poétique’’. En outre, la ’’Nuit poétique’’ a drainé un monde impressionnant à la petite paillote de l’Institut français de Cotonou, qui débordait de tous les alentours. Comment expliquez-vous ce succès retentissant ? Les Béninois sont-ils si férus de poésie ?


Jérôme Tossavi : Ce succès que vous évoquez est le fruit d’un travail acharné pour offrir une belle vitrine à la poésie béninoise en léthargie. L’association ’’Mignon-tourbillon’’, que je pilote, a simplement voulu offrir aux spectateurs la ’’Nuit’’ de tous les frissons. Ce désir ardent nous a poussés à braver toutes les obstacles pour asseoir une vraie foire aux mots et aux maux, autour de l’idéologie de la poésie et de l’engagement. On pensait avoir affaire à un projet de grande faisabilité. Mais, très vite, nous nous sommes aperçus de la grande difficulté à porter ce rêve commun en réalité. Du coup, on a visité tous les couvents de la bonne poésie pour faire le difficile casting des plus brillants poètes de notre terre et ciel. Puisqu’on tenait à la qualité, nous avons subi une forte pression dans la programmation mais, au finish, nous nous sommes entendus sur la vaste projection de notre slogan qui prise la nuit de tous les rêves. C’est ainsi qu’on a pu réunir sur la même scène et, autour du même micro, une douzaine de poètes tous engagés et enragés, pour porter la plaie d’une société en pleine chute. Cette deuxième saison nous a particulièrement motivés à aller plus de l’avant, vu la forte mobilisation nationale constatée pour porter au pinacle ce projet de grande valeur humaniste. En initiant cette soirée unique de rêves et d’émotions, nous étions loin d’imaginer qu’elle déboucherait sur une telle effervescence nationale. Mais, en toute surprise, nous avons reçu l’appel du peuple à cette ’’Nuit’’ qui n’a pas fermer les paupières de la soirée. Nous avons vu des enfants, des adolescents, des jeunes comme des personnes âgées, qui ont résisté à l’insomnie de la ’’Nuit’’. Pour nous, c’est une vraie réussite, car parvenir à rassembler le peuple béninois, mutilé par les problèmes sociaux autour de la parole, relève, à notre avis, d’un vrai mérite. Deux raisons fondamentales justifient ce succès éclatant que vous évoquez si bien. La première est relative à la grande envie étouffée des Béninois de plus en plus assoiffés de vraies distractions jouissives, faute de canaux de loisirs artistiques, en manque terrible dans le pays. La deuxième est liée à la méconnaissance totale du répertoire poétique béninois. Je pense que la ’’Nuit poétique’’ a gagné cette bataille en misant sur ces deux aspects de la réussite de tout grand événement qui doit chercher à être ludique et utile.



Quelles perspectives vous tracez-vous pour la 3ème édition de l’événement, l’année prochaine ?

D’abord, nous nous donnons comme prochaine priorité de parvenir à positionner la ’’Nuit poétique’’ sur l’échiquier international. Pour une telle réalité, il nous faut davantage habiller l’événement et le rendre plus consommable. Et, sur ce plan, nous comptons désormais créer et mettre à profit un site web entièrement dédié à la manifestation. Ceci nous assurera la nette visibilité, au plan mondial, car beaucoup de poètes, à travers le monde, nous écrivent pour réserver leurs places pour la 3ème saison qui se tiendra en mars 2017.
La 3ème saison sera encore plus belle, avec une large ouverture sur l’international. Nous attendons une forte délégation de poètes africains et européens. Et, sur le sujet, nous avons déjà une forte demande de participations de grands poètes français, canadiens et africains, de tous les cabanons. Nous ferons le nécessaire pour mettre en scène les grandes voix de la poésie béninoise encore vivantes, et pour rendre les hommages les plus mérités aux poètes béninois qui ont rendu l’âme, plume et verbe dans la bouche. Le volet ’’Formation et initiation en techniques d’écriture poétique’’ sera encore au rendez-vous, lors de la 3ème saison. La ’’Nuit poétique’’ prendra, ainsi, de plus en plus, l’allure d’un grand festival international, avec la prochaine construction, à Sékou (à quelques encablures de Cotonou) de la première résidence internationale des poètes du monde. La ’’Nuit poétique’’ se servira donc de cette résidence pour mettre en place la première maison d’édition entièrement dédiée à la poésie, en Afrique.



L’Association ’’Mignon-tourbillon’’ est l’organisation par laquelle vous avez tenu la ’’Nuit poétique’’. Pouvez-vous définir le concept ’’Mignon-tourbillon’’ ?

L’Association ’’Mignon-tourbillon’’ est d’abord une plateforme de diffusion et de promotion des œuvres littéraires et poétiques, au Bénin et en Afrique. Elle se présente comme un conglomérat de jeunes dynamiques et engagés dont le seul objectif est de parvenir à révolutionner le milieu littéraire et poétique béninois, par des actes très positifs. Elle vient de voir le jour et dégage déjà une forte température d’adhésion, de partout. Elle privilégie la créativité fertile autour des œuvres littéraires et artistiques bénéfiques, pour l’avancée de notre culture. L’association ’’Mignon-tourbillon’’, dont je suis le Président, s’investit aussi dans le domaine éducatif et social, à travers son concours d’excellence littéraire en milieu scolaire, dénommé ’’Challenge les amis du livre’’, qui sera à sa quatrième édition, en mars 2017. Elle est apolitique et ouvre ses portes à toute bonne volonté épousant les mêmes réalités que nous.



Propos recueillis par Marcel Kpogodo

mercredi 7 octobre 2015

Des installations décalées à l’Institut français de Cotonou

Dans le cadre de la 3ème édition de la ’’Nuit blanche’’


Tous les compartiments de l’Institut français de Cotonou grouillaient d’un monde réellement abondant, dans la soirée du samedi 3 octobre 2015. La ’’Nuit blanche’’, dans son effervescence, a permis d’assister à de nombreuses performances d’artistes plasticiens, certaines d’entre elles s’étant révélé plus que frappantes.
Youchaou Kiffouly, dans sa performance osée
Youchaou Kiffouly baignant dans un lit puant d’ordures, Rémy Samuz porté par une petite équipe, tous le visage grillagé, prestant, Sika, armée d’une longue canne, déambulant, imposante, Eric Médéda, alias Doudou, le corps tout en chaînes, posant, le visage apitoyé, sur le sort du monde, Sébastien Boko, sculptant sur bois, en direct, sans oublier beaucoup d’autres performances en sons et en dessins avec, en prime, à l’animation, l’inusable Sergent Markus et, surtout, Anicet Adanzounon ! Des présentations qui ont réussi à provoquer des sensations fortes, au niveau du public ayant fait le grand déplacement et n’oubliant pas de se nourrir et de se désaltérer intensément. Le menu de la ’’Nuit blanche’’, qui s’est déroulée à l’Institut français de Cotonou, de 20 h à des moments plus que tardifs de la nuit, le samedi 3 octobre 2015. 

Anicet Adanzounon, homme de théâtre, à la programmation musicale de la ''Nuit blanche''
En dehors de ces installations se profilaient d’autres, silencieuses, à l’instar de ’’Rendez-vous climat’’, ayant entièrement occupé l’Espace Joseph Kpobly, animée par une dizaine d’artistes : Hector Sonon, Charles, Moufouli Bello, Totché, Sitou, Psycoffi, Prince Toffa et, notamment, Sébastien Boko dont l’installation monopolisait le regard.
D’abord, l’artiste plasticien, Youchaou Kiffouly, vivant et travaillant à Porto-Novo, a frappé par son incursion dans un réalisme hyperbolique, noyé qu’il était dans un tas d’ordures et poussant le comble jusqu’à lécher, avec une apparente satisfaction, le contenu de ce qui était supposé être le contenu rougeâtre d’une couche de femme en menstruations. Très élégamment habillé d’un costume et d’une cravate, il s’enroulait le corps de ce qu’il appelait ’’le drapeau du monde’’. Et, le personnage qu’il jouait se dénommait ’’l’élu rêveur’’, qu’il a décrit comme un homme politique prêt à toutes les bassesses pour conquérir l’électorat, d’où le léchage de l’intérieur de cette couche. « Après son élection, il n’y a plus rien … », conclut le performeur, critiquant l’abandon de l’environnement à lui-même, alors qu’il avait focalisé les débats, avant des consultations électorales. Selon lui, sa démarche est un appel au recyclage des ordures, relatant l’exemple de l’Allemagne où chaque type d’ordure a sa poubelle ; il considère, alors, l’ordure comme de ’’l’or dur’’ dont l’homme, s’il s’organisait bien, pourrait tirer largement des bénéfices de tous ordres. « Je vais me laver rapidement », souffle-t-il, lui-même, à part lui, exaspéré et excédé par la saleté ambiante dans laquelle il a dû se vautrer, pour réussir son jeu.

Rémy Samuz et consorts
Avec Rémy Samuz et son équipe, visiblement mis en scène par l’artiste plasticien, Marius Dansou, il fallait assister à ’’Contradictions’’. « Les gens s’en foutent complètement des changements climatiques parce que leur production leur apporte de gros moyens, les enrichissent, ils sont aveuglés par leurs désirs … », lance violemment Rémy, quelques minutes après s’être débarrassé du masque de grillage qui fermait le visage des membres de son équipe et de lui, lui qu’on portait sur une planche et avec qui le groupe opérait des arrêts bien calculés, impressionnant le public par cet accoutrement facial peu ordinaire et suggestif.
Sika
En outre, dans ’’Moi’’, Sika, artiste multidimensionnelle, a aussi ému par la prestance d’une démarche qu’elle a menée, venue de nulle part, une sorte de long sceptre enfermé dans son poing gauche ou droit, selon les besoins de l'équilibre, le visage altier, des yeux brillants et un sourire vivant, semblant défier l’adversité. L’absurdité du jeu : cette allure de reine s’effritait, au fur et à mesure qu’elle avançait, de la cafétéria de l’Institut français, vers son couloir gauche faisant l’allée de bureaux. En effet, elle tombait et se relevait fièrement, se plongeait dans une boue rouge, opportunément étalée … Le corps recouvert d’un tissu rouge scintillant laissant néanmoins percevoir des jambes sexy dont la curiosité vers les parties intimes s’écourtait par une culotte noire, Sika continuait à rire et à défier, affrontait les railleries de deux personnages doutant de sa capacité à surmonter des obstacles qui donnaient l’impression d’être ceux de la vie courante. Cette modestie dans le vêtement exprimait, selon son analyse, un appel au naturel, au rejet de l'artificiel. A la fin du parcours initiatique de la souffrance et de la victoire sur elle, le public pouvait l’approcher et lui peindre ce qu’il voulait sur le corps, l’occasion d’attouchements défoulants du désir suscité par la beauté d’un corps ferme. Beaucoup de courageux se sont alors fait plaisir. « ’’Moi’’ est une exhortation à vivre notre vraie personnalité, à oser vivre sa nature, à oser être soi-même, au-delà de toutes les critiques », définit Sika. « Cette performance exprime qui je suis, et montre qu’il est possible de vivre sa nature », continue-t-elle. Et, ce ’’qui je suis’’ dépend de ce que chaque membre du public a pu lire d’elle à partir du spectacle qu’elle a livré, si généreusement. Par ailleurs, la phase où tous devaient barioler son corps a trouvé sa justification : « Quand vous êtes vous-mêmes, Vous aurez toujours besoin des autres, ils laisseront leurs empreintes dans votre vie … », débute-t-elle, avant de s’arrêter définitivement, cette fois-ci, vêtue d’une élégante et moulante robe blanche : « Tout dépend de ce que vous en faites, vous … »
Eric Médéda, alias Doudou
De plus, chez Doudou, toute une question déblaie le thème de sa performance : « A qui la liberté ? ». Elle lui sert de tremplin pour fustiger le trop plein de lois et d’institutions comme la famille, le mariage et la religion, qui privent l’être humain de sa liberté originelle. Prouvant cela, c’est enchaîné dans l’essentiel de son corps qu’il a déchaîné la curiosité de la foule qui le suivait, pas pour pas. Eric Médéda, très touché par ce qu’il stigmatisait, portait un visage d’un pathétisme un peu trop tiré par les cheveux, mais qui a réussi à rendre compte de la désolation de son esprit.
Sébastien Boko, à l'oeuvre ...
Se rapportant particulièrement à lui, comme s’il avait décidé de révéler le secret de la fabrication de ses sculptures alimentant la performance silencieuse de l’Espace Kpobly, Sébastien Boko, à l’entame de la ’’Nuit blanche’’, s’est lancé dans un travail musculaire sans pareil, durant toute la soirée. Armé d’une pioche, il taillait ardemment dans un tronc d’arbre long et intact et, plus de deux heures d’acharnement après, une forme humaine debout, à la tête surmontée d’une crête, démontrait que la vigueur du sculpteur aux nombreux galons de consécrations, avait été payante. Plus tard, ayant complètement repris ses esprit et, déambulant vers l’Espace Kpobly, il n’avait qu’une plainte, faiblement exprimée, du bout des lèvres : il se sentait faible. Donc, cette vigueur était bien celle d’un homme …

Marcel Kpogodo

mercredi 22 janvier 2014

Jeu de la pièce "Syngué Sabour-Pierre de patience", à l'Institut français de Cotonou

La mise en scène exigente d'Anicet Adanzounon

La soirée du vendredi 17 janvier 2014 a donné lieu à la représentation de la pièce "Syngué Sabour-Pierre de patience", d'Atiq Rahimi, à la Grande paillote de l'Institut français de Cotonou. Anicet Adanzounon, qui en est le metteur en scène, n'a pas semblé avoir la tâche facile.

Dans son corps et avec sa voix d'homme, c'est une mentalité de femme meurtrie, psychologiquement déstabilisée et fragilisée par des épreuves conjugales aussi lourdes et suffocantes les unes que les autres, c'est un traumatisme d'une personne de sexe féminin, se faufilant entre les panneaux de grille blanche, légèrement inclinés, meublant la scène à l'atmosphère rougeoyante, c'est ce genre de personnage qu'a réussi à incarner le Burkinabè, Léon Zongo, sous la supervision d'Anicet Adanzounon, dans la pièce, "Syngué-Sabour-Pierre de patience, à la Grande paillote de l'Institut français de Cotonou, dans la soirée du vendredi 17 janvier 2014.
Elle raconte l'histoire d'une femme qui monologue face à son mari en agonie, lui confiant la vérité de ses souffrances à ses côtés, en tant qu'épouse.
Il a été donné au public d'assister à la subtilité d'un jeu se manifestant par les pas feutrés d'une "femme", explorant tous les recoins de la scène, se tordant, parfois, et réclamant des conditions d'espérer face à un homme qu'elle aime, malgré tout, malgré les tortures de tous ordres que sa vie a été à ses côtés. La réussite du metteur en scène Adanzounon reste sa capacité à rendre perpétuellement présente chez le spectateur la psychologie féminine de l'acteur, dans un système relevant, à coup sûr, aussi, de l'adaptation efficace de la pièce par le dramaturge béninois, Hermas Gbaguidi.
De son côté, Léon Zongo a montré une partition par rapport à laquelle la clarté de la voix, les intonations contextuelles et les mimiques appropriées du visage ont achevé de prouver qu'il connaissait son art d'interprétation. Et, la preuve par 9 du jeu qui a réussi est tout simplement le débardeur de dénouement de pièce de l'acteur, un débardeur d'homme qui n'a pu faire éclipser des esprits qu'il incarnait une femme.

Marcel Kpogodo    

jeudi 3 octobre 2013

Drame dans le théâtre béninois

SOS : Aidons Anicet Adanzounon ...





Depuis le 1er octobre dernier, Anicet Adanzounon, comédien, humoriste et metteur en scène béninois, est incarcéré à la prison civile de Cotonou, accusé d'homicide involontaire. En effet, le lundi 23 septembre 2013, il s'est révélé l'auteur d'un accident de la circulation qui a coûté la vie à M. Padonou, épouse de Mme Eliane Padonou, née Bada, juge de profession.
Le dramaturge et metteur en scène, Hermas Gbaguidi, formateur d'Anicet Adanzounon, appelle toute la communauté des artistes béninois à un rassemblement, le samedi 5 octobre 2013, au Stade de l'Amitié, à 10h, pour un déplacement massif de ceux-ci vers le domicile de Mme Padonou, afin de lui présenter des condoléances et pour solliciter sa clémence face à un artiste qui risque cinq années de prison.

SOS, Aidons Anicet Adanzounon  


Marcel Kpogodo

dimanche 7 avril 2013

Anicet Adanzounon dans le théâtre béninois

Un génie de valeurs personnelles en action

Dans l'univers du théâtre béninois, un jeune homme, d'une convivialité professionnelle, envahit de son énergie  chaque environnement qu'il côtoie. Dans ses yeux, l'empreinte d'une joie de vivre peu partagée chez les personnes de son âge. Par un état d'esprit aussi dégagé, il défie l'absence ambiante de pragmatisme et gravit de nombreux échelons dans sa carrière d'artiste. Anicet Adanzounon, ce feu qui brûle sur son chemin toute situation de stagnation, impressionne par l'audace qu'il développe de ne pas s'en laisser conter par tout ce qui voudrait l'empêcher de poursuivre son évolution.

Dans la première moitié de la trentaine, dreadlocks sur la tête, comédien, humoriste, metteur en scène, il est le stratège créateur de la Compagnie ''Coco théâtre'', qui s'investit particulièrement dans ce qu'il appelle le ''Théâtre de proximité'', c'est-à-dire un théâtre qui entre en communication directe avec les Béninois en s'intéressant à leur quotidien et en faisant intervenir les langues maternelles servant de vecteur à des spectacles qui sont joués près des habitations.
C'est sa manière à lui, Anicet Adanzounon, de montrer à ses parents et à ses proches ce qu'il exerce comme métier, eux qui ne peuvent pas toujours se rendre à l'Institut français du Bénin pour suivre ses spectacles. Il prend aussi ces précautions pour sa famille qui ne comprend pas ce métier de comédien. Pour lui, celle-ci doit voir de quelle manière il travaille pour toucher du doigt le sérieux de son activité professionnelle.
Cette énergie positive active qu'il dégage physiquement et spirituellement vous envahit et vous contamine de la manière qu'il a de concevoir la vie, qui lui ouvre toutes les portes et qui lui permet de gravir facilement les montagnes, d'écraser les obstacles ; son hilarité spontanée et débordante répand autour de lui la joie de vivre et de gagner ses défis.
Anicet Adanzounon, l'hilarité au service de l'efficacité professionnelle  et de la réussite ...
A son âge, il est d'une activité théâtrale intense qui le sort d'emblée de l'atmosphère ambiante quotidienne de chômage des jeunes et de précarité de l'emploi : il est régulièrement en tournée et fait bénéficier au public, qu'il soit nationalement béninois ou sous-régional ouest-africain, de sa force artistique. Celle-ci, il la mérite bien, ayant, d'abord, sur les bancs de l'école, cultivé l'art théâtral, à travers la coopérative scolaire, au cours de la période révolutionnaire, et ayant souvent joué dans des pièces religieuses à l'église, où il imitait Jésus. Ensuite, il s'est beaucoup investi dans le Festival Kalétas, mené pendant plusieurs années par Orden Alladatin, Ancien Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). Une autre circonstance qui affermit son talent théâtral s'étant renforcé de capacités de metteur en scène et de scénographe : un an de formation au Cours d'écriture, de scénographie, d'administration et de mise en scène (Césam), une structure pédagogique initiée par un poids lourd très discret du théâtre béninois, Hermas Gbaguidi. D'ailleurs, le spectacle "Atchadido", qu'il a joué, dans le dernier trimestre de l'année 2012, à l'Institut français du Bénin, d'une part, et, avant et après, dans une tournée départementale et sous-régionale ouest-africaine, constitue  son mémoire de fin de formation au Césam.
Anicet Adanzounon a du succès ! Il travaille beaucoup, ces mois-ci, avec son ancien formateur, Hermas Gbaguidi dont, semble-t-il, il est devenu un partenaire et, c'est un engagement du duo dans un grand nombre de projets dramatiques au Burkina Faso, qui ne peuvent que l'épanouir. Il rayonne et, son secret est simple, selon ses propres propos : "Chercher à se connaître et être sincère avec soi-même ; si tu te trompes, tu détruis ton avenir". Toujours à l'endroit des jeunes de sa génération, il montre que les jérémiades sont incompatibles avec un avenir radieux, d'où une certaine thérapie en questionnement : "La jeunesse qui passe le temps à se plaindre ne consacre pas un peu de temps à sa vie : "Qu'est-ce que je suis?", "Qu'est-ce que je peux faire?", "Qu'est-ce que j'apporte?", "Je vais où avec cela?", "Je peux coopérer avec qui pour avoir quoi?", voilà ce qui suscite des réponses qui peuvent sauver la jeunesse en perte de repères". Sûrement, c'est pour être passé par cette étape assez sensible qu'aujourd'hui, Anicet Adanzounon peut s'enorgueillir de vivre de son métier d'homme de théâtre : "Je ne me plains pas parce que je ne suis pas venu au métier par hasard ; je sais ce que je veux, je suis très patient et je travaille beaucoup". Ainsi, avec une dizaine de créations théâtrales à son actif, il fait valoir d'autres supports d'ordre psychologique à son efficacité : le courage, la détermination, la persévérance. Ce père de deux enfants qui, à un moment stratégique de sa vie, a dû, pragmatiquement, laisser de côté la comédie musicale pour s'investir à fond dans le théâtre, rêve de créer un espace culturel à Abomey-Calavi, sa commune d'habitation. Etant donné la qualité de son mental, il n'y a aucun doute qu'il puisse remporter ce nouveau défi. Autant qu'il irradie de sa vision combative de la vie.

Marcel Kpogodo