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samedi 23 juillet 2022

L’appel engagé d’Aubin Akpohounkè pour le ’’Hanlissa’’ 2022

Dans sa participation à l’émission, ’’A la découverte de …’’

 

Invité de l’émission, ’’A la découverte de …’’, du vendredi 17 juin 2022, sur le forum ’’Whatsapp’’ du ’’Noyau Critique’’, l’association de journalistes culturels et de critiques d’art pour le développement, Aubin Akpohounkè, initiateur et organisateur principal du festival, ’’Hanlissa’’, a, entre autres, abordé la difficile tenue de la 13ème édition de l’événement. Ainsi, il a appelé à la contribution financière de tous les Béninois.

 

L'affiche officielle de l'appel d'Aubin Akpohounkè

« […] nous avons lancé un appel à tout le peuple béninois pour sa contribution, ne serait-ce que par un petit geste financier ». L’essentiel à retenir de la participation d’Aubin Akpohounkè, journaliste et animateur culturel béninois connu en langue nationale du fon, à la première édition de l’émission, ’’A la découverte de …’’, qui s’est déroulée dans la soirée du vendredi 17 juin 2022, à l’interne, sur le forum ’’Whatsapp’’ de l’association de journalistes culturels, dénommée, ’’Le Noyau Critique’’.


Dans sa réponse aux questions, à travers un débat animé par le journaliste cultuel et culturel béninois, Patrick Yobodè, Aubin Akpohounkè a précisé que le festival ’’Hanlissa’’ est prévu pour avoir lieu des 26 au 28 août 2022, dans le département du Zou, plus précisément, à Adingningon, dans la commune d’Agbangnizoun. Même si cette localité en est l’un des dix arrondissements, l’invité indique avoir fait le choix de ce village comme site du déroulement du festival indiqué, contrairement aux habitudes de l’exploitation du Stade de l’Amitié Général Matthieu Kérékou, de Cotonou, à cause de l’absence de moyens financiers.


Situation financière préoccupante 

Selon lui, la morosité économique actuelle, au Bénin, rend les choses plus difficiles pour une organisation aisée, surtout qu’en outre, l’émission du même nom, ’’Hanlissa’’, diffusée sur la chaîne de télévision privée, ’’Canal 3’’, « a été stoppée », ce qui donne lieu au « repli des sponsors ». A en croire les détails qu’a apportés l’invité, avec la morosité concernée, les rares sponsors qui restaient attachés à l’événement « n’ont plus la force » de le soutenir financièrement.

 

Pour lui, c’est depuis 2019 que, confronté à cette situation, il a fait l’option de déplacer le festival vers les villages du Bénin. « Cela est, d’ailleurs, bien », a-t-il commenté, « parce que cela permet aux Béninois de l’intérieur de reprendre contact avec la musique de leurs artistes préférés », ces créateurs appartenant, généralement, à la musique traditionnelle.

 

Par ailleurs, Aubin Akpohounkè a affiché un véritable engagement pour maintenir le festival ’’Hanlissa’’ plus vigoureux que jamais : « [Le festival] ne peut pas mourir tant que je vis. Tant que je vis, chaque année, même si c’est trois personnes, je les réunirai pour leur parler du festival, ’’Hanlissa’’. Trois personnes et deux artistes, cinq personnes suffisent pour l’organisation de chaque année ». Face à un tel défi, l’invité de la première édition d’ ’’A la découverte de …’’, du forum ’’Whatsapp’’ du ’’Noyau Critique’’, s’est montré ouvert à un appui d’ordre public même s’il ne le rend pas incontournable pour relever le défi concerné : « […] je ne compte pas forcément sur l’Etat pour organiser ’’Hanlissa’’. S’il me vient en aide, je prends. Si l’Etat ne me vient pas en aide, ça passe, je continue ».

 

Par conséquent, il a annoncé, pour ’’Hanlissa’’ 2022, « Ce sera, comme d’habitude, un grand plateau », avant de promettre vivement : « Nous allons faire tout ce que nous avions l’habitude de faire à Cotonou ». Puis, Aubin Akpohounkè a décliné la puissance de ses ambitions : « Cette année, je voudrais donner, même étant dans un village, une force à cette organisation ; je voudrais que cela soit comme ce qu’on à l’habitude de faire : drainer du monde, le multiple du monde que j’ai l’habitude de trouver au Stade de l’Amitié autour de cet événement ».

 

Et, en dehors de l’aide financière que les Béninois, individuellement, peuvent lui apporter, il en attend beaucoup de l’appui des membres de sa communauté professionnelle, que sont les femmes et les hommes de médias. Selon les propos de l’invité, il a un grand besoin d’eux pour la visibilité de ’’Hanlissa’’, étant donné qu’un bon nombre de ses compatriotes croient que le festival a disparu en même temps que la diffusion de l’émission du même nom sur ’’Canal 3’’.

 

Un parcours interpellant

’’A la découverte de …’’, dans sa première édition, en valait la peine, vu que l’émission en ligne a permis de faire connaissance avec Aubin Akpohounkè concernant un parcours jonché d’obstacles qu’il réussit, chaque fois, à surmonter.

 

Natif du village de Houawé Attogouin Yomè dont il est originaire et n’étant titulaire que du Certificat d’Etudes primaires (Cep), il est devenu orphelin de père à onze ans.

 

A l’origine, comédien, il côtoie, par ce métier, l’univers des médias, par le biais d’une émission qu’il co-animait avec l’humoriste béninois bien connu, ’’Aloba Dur’’. Impressionné par sa manière de présenter celle-ci, il lui demanda de l’orienter dans la presse. En réponse à cette demande, il le dirige vers la presse écrite. « Je ne me sentais pas capable d’assurer cela parce que je n’avais pas un grand diplôme », s’en est justifié Aubin Akpohounkè, au cours de l’émission dans laquelle il était invité le 17 juin 2022.

 

Aubin Akpohounkè, alias, Dah Akpohounkè

Puis, en voyage à Pobè, une commune du sud-est du Bénin, à une époque en coïncidence avec l’éclosion des radios communautaires, il postule, grâce à des parents qu’il a dans la ville, à un stage de formation à Radio ’’Olokiki’’. Il y est admis en 2004. Un an et demi après et en possession de son attestation, il revient à Cotonou et dépose un dossier de candidature pour être journaliste et animateur au niveau de plusieurs radios, sans succès. Ayant entendu parler de ’’Canal 3’’, une chaîne de télévision naissante, à l’époque, il y postule aussi, est appelé pour un entretien qui se révèle concluant. Il est recruté comme journaliste-animateur. « […] au début, je présentais le journal en langue fon, ce qui n’existait pas sur la chaîne », a-t-il rappelé. « Ce n’était pas facile », a-t-il continué, « parce qu’il fallait traduire toutes les informations traitées du français vers le fon ». Sans tarder, sa notoriété s’établit : « Comme il s’agissait du fon et que je le parlais bien, les gens ont commencé à me remarquer, progressivement, dans ce que je faisais. […] On faisait ce qu’on pouvait pour rehausser l’image de la chaîne. Le journal télévisé fon était tellement suivi qu’il supplantait, en matière d’audimat, les éditions en français ».

 

De ’’Hanlissa’’ à ’’Hanlissa’’

Dans ces conditions intervint la création de l’émission, ’’Hanlissa’’. Il fallait, selon Aubin Akpohounkè, combler un vide. Nouveau témoignage de l’invité : « La naissance de ’’Hanlissa’’ s’est produite après un constat. En 2008-2009, venant du village, j’écoutais beaucoup de musique traditionnelle. J’ai constaté, arrivé à Cotonou, l’absence de cette musique d’une certaine époque, au profit de la musique moderne, par des morceaux, sur les chaînes de radio, et par des clips, à la télévision. Je m’interrogeais : ’’Comment se fait-il que ces anciens-là, on ne les voit plus ? Sont-ils morts ? Si c’en est le cas, il faudrait mener une enquête pour le savoir’’. Cette situation m’a poussé à réfléchir à un concept : aller vers ces chanteurs de la musique traditionnelle, devenus invisibles, sur les médias, et faire renaître la musique traditionnelle ».


Il en a, alors, fait la proposition d’émission à Berthe Cakpossa, Directrice à ’’Canal 3’’, qui l'avait, d’abord, rejetée. Puis, plusieurs jours après, alors qu’il était allé la rencontrer pour un autre motif, elle l’interpelle sur le projet d’émission, qu’il lui avait soumis. Elle lui enjoint, donc, d’aller voir le réalisateur afférent pour les préparatifs afin d’en lancer le numéro zéro. De cette manière, Aubin Akpohounkè se vit attribuer la tranche de l’émission ’’Hanlissa’’, sur ’’Canal 3’’ Bénin, un programme télévisuel auquel il dresse les fiers lauriers de sa notoriété : « Si je devais m’en tenir seulement au journal télévisé que je faisais, je ne serais pas connu tel que je le suis aujourd’hui. C’est à travers l’émission culturelle, ’’Hanlissa’’, qui allait à la découverte des artistes de la musique traditionnelle qu’aujourd’hui, je suis connu ».


Progressivement, cette émission se prolongea par le festival du même nom, avec l’objectif de mettre sur la sellette les grands noms de la musique traditionnelle afin, selon l’invité, de « ramener » celle-ci « à la place qu’il faut dans le pays puisque cette musique est délaissée ».

 

Dah Akpohounkè conseille …

L’un des temps forts de la première édition de l’émission, ’’A la découverte de …’’, du vendredi 17 juin 2022, sur le forum ’’Whatsapp’’ du ’’Noyau Critique’’, l’association de journalistes culturels et de critiques d’art pour le développement, fut l’hommage qu’Aubin Akpohounkè rendit à son village d’origine. Morceaux choisis …


« Tout ce que je suis, aujourd’hui, je le dois à mon village. [Il] m’a permis d’être ce que je ne pouvais jamais imaginer. Malgré que j’étais orphelin de père à onze ans, je me suis retrouvé entouré de gens. Donc, je ne suis rien sans ce village qui m’a donné et fait beaucoup de choses ; il m’a donné une grande vision puisque si mon village natal n’était pas un lieu éducateur, je ne pourrais pas être à cette étape. Donc, je dois remercier mes parents du village, mon village et, surtout, tous ceux qui ont participé à mon éducation ».


A en croire les révélations de l’invité, son statut d’acteur culturel, son sens de discernement des choses, la place qu’il a acquise dans son domaine d’activité et, même son diplôme, sont du mérite de Houawé Attogouin Yomè. En tant que journaliste culturel, il a, néanmoins, déploré la désaffection des autorités pour ce corps professionnel : « Les dirigeants ne donnent pas au journalisme culturel la valeur qu’il devrait avoir ». Pour autant, il invite les journalistes culturels à « résister à toutes les intempéries », à « ne pas quitter la culture pour la politique », à « penser au développement de la culture, ce que nous avons de plus cher », de même qu’il a appelé les personnes intégrant nouvellement cette profession à « ne pas poursuivre l’argent mais à être prêtes au sacrifice ».

 

Lui qui, à l’heure actuelle, sollicite l’accompagnement financier de tout un chacun pour la bonne tenue du ’’Hanlissa’’ 2022, peut recevoir tout transfert d’argent, par Mobile money, au (00229) 67009707 ou au (00229) 95691783, quel qu’en soit le montant, même s’il est de 1100 Francs Cfa.

 

Marcel Gangbè-Kpogodo

dimanche 13 septembre 2020

"229 Big tours" : 3 pièces du patrimoine culturel du Zou sauvées de l'extinction

Dans le cadre de la première édition du Festival

A l'occasion d'une conférence de presse, qu'il a animée le lundi 7 septembre 2020 au Stade de l'Amitié Général Mathieu Kérékou de Cotonou, Patrick Hervé Yobodè, Directeur du Festival, "229 Big tours", a entretenu les journalistes culturels concernant les tenants et les aboutissants de la tenue de la première édition de la manifestation indiquée à l'issue de laquelle un acquis certain est prévu pour être reconnu : le sauvetage d'une mort certaine de  trois pièces importantes du patrimoine culturel du Zou.


L'affiche officielle de la première édition du ''229 Big tours''

Le rythme "Sôhoun", la danse du même nom et le repas dénommé "Adjagbé". Les éléments de richesse du patrimoine culturel authentique du Département du Zou, que le Festival, "229 Big tours", entend restaurer, selon les explications que le Directeur de l'événement concerné, Patrick Hervé Yobodè, appuyé de Lucien Adjimè, membre du Comité d'Organisation, a présenté à son auditoire de professionnels des médias, dans la matinée du lundi 7 septembre 2020, au Stade de l'Amitié Général Mathieu Kérékou, à Cotonou.


A en croire les précisions qu'a apportées l'orateur, le premier des éléments à sauver de la disparition est le rythme de danse traditionnelle du nom de "Sôhoun" qui relève de la version profane et populaire du "Djanguédé", un rythme que pratiquent les couvents de la mère des divinités, "Sègbo Lissa". Ainsi, sept jeunes, sélectionnés à cet effet, se trouveront formés par des personnes ressources à la connaissance des différentes percussions liées au rythme concerné.


Deuxièmement, la danse, dénommée aussi "Sôhoun", qui s'exécute selon le rythme du même nom, verra trois autres jeunes qui seront formés aux pas de son déroulement.


Troisièmement, pour Patrick Hervé Yobodè, le mets appelé "Adjagbé" est le troisième sujet d'apprentissage, qui sera mis sur la sellette aux fins de la mise à la disposition d'apprenants des secrets de la confection de ce repas traditionnel, devenu rare, qui se cuisine à l'aide de feuilles de haricot, de farine de maïs et d'huile rouge, pour un choix qui se justifie par la présence en lui de nombreux éléments nutritifs.


En outre, pour le conférencier, la formation est prévue pour débuter le lundi 14 septembre 2020 à la devanture du Palais du Roi Tégbessou, sis quartier de Lègo, à Djènan, sous la houlette de Nanyé Houandjilé, Reine-mère et garante de la divinité de "Sègbo Lissa". Ensuite, elle se poursuivra, jusqu'au mercredi 23 septembre, dans l'arrondissement d'Adanhondjigon, plus précisément à Gnizinta, une localité située dans la commune d'Agbangnizoun.


Par ailleurs, la dernière étape de cette manifestation de transmission de connaissances se déroulera sous la forme d'une cérémonie de restitution, qui se tiendra le samedi 26 septembre 2020 à la Place des Fêtes, "Kayécha", sis quartier de Womey-Centre, de l'arrondissement de Godomey, dans la commune d'Abomey-Calavi.



Une genèse héroïque



De gauche à droite, Lucien Adjimè et Patrick Hervé Yobodè, au cours d la conférence de presse

« La richesse, dans notre culture, se situe dans le patrimoine immatériel de notre pays », a lancé Patrick Hervé Yobodè, avant d'expliquer que l'odyssée pédagogique qu'initie le Festival "229 Big tours" est née depuis 2006, à une couverture médiatique, de sa part, d'un spectacle du Ballet national, en tant que journaliste culturel spécialiste des réalités endogènes.


Touché et impressionné, il en a mis à jour le projet du parcours des régions du Bénin pour en récolter les rythmes, les danses et les mets en disparition pour la contribution à leur réveil et à leur survie par des activités de promotion, ce qui n'a jamais vu le jour à cause du manque de financement. Pourtant, il ne s'est jamais découragé et ses démarches persévérantes ont, à l'heure actuelle, abouti au décrochage d'un financement du Fonds des Arts et de la culture (Fac), relevant du Ministère de la Culture.


Ainsi, le journaliste spécialiste des faits cultuels, devenu acteur culturel, s'est écrié, en toute passion : « Le Bénin, beau et riche, a besoin de la promotion de son patrimoine culturel et, il faut que cela commence quelque part ». Puis, il a poursuivi : « Il faut que les Béninois osent aller dans leurs traditions par lesquelles le développement du Bénin passe ».


Selon lui, la manifestation pédagogique, placée sous le haut patronage du Chef de l'État, le Président Patrice Talon, et de Dah Kanlinmandjigbèto Baba Tao, Président-Directeur général (Pdg) de la Société, "Espoir construction Sarl", connaît le parrainage de Gilbert Déou-Malé, Directeur général du Fac, et a reçu des promesses de soutien financier de la part d'un nombre impressionnant de personnalités : Kokou Claude Balogoun, Trésorier du Conseil économique et social (Ces), Angelo Ahouandjinou, Maire d'Abomey-Calavi, Sènamy Christelle Dan, sa Deuxième adjointe,  Léon Christian Kpobli et Paul Kéta, respectivement, Chef d'Arrondissement (Ca) de Godomey et de Ganvié, Obed Couton et Igor Alignon, tous deux Conseillers communaux, Dr Guy Wokou, Alexandrine Avognon, Pdg de la Société, "Arise group", Gaston Éguédji et Souleymane Salaou, tous deux Administrateurs du Fac, Pidi Symph et Vincent Ahéhéhinnou, artistes musiciens, Dah Mèhou Mètolé Rabbi Tan et Dine Kéta "Le Pognon".


La restitution, résultat de la triple manifestation pédagogique, est vivement attendue, à Abomey-Calavi, pour la découverte des trois facteurs restaurés du patrimoine culturel du Zou.

Marcel Kpogodo

samedi 17 mars 2018

Charly Djikou, l’appel suppliant au ’’dialogue’’ salvateur entre Gouvernement et enseignants


Dans le cadre d’une exposition au Centre culturel chinois


Depuis le samedi 24 février 2018 se tient au Centre culturel chinois de Cotonou une exposition permettant à quatre artistes plasticiens béninois de faire valoir le fruit de leur inspiration concernant un sujet très simple : le ’’dialogue’’. Particulièrement, l’un d’entre ces créateurs, le sculpteur sur pierre, Charly Djikou, fait de cette situation de démonstration une opportunité pour s’inviter dans l’actualité du débrayage prolongé dans le monde de l’éducation ; par le biais d’une de ces œuvres, il appelle le Gouvernement et les enseignants à fumer le calumet de la paix pour que le pire soit évité à notre pays.

De gauche à droite, ''Awakpokpo'' et Charly Djikou
« ’’Awakpokpo’’, je l’ai fabriquée spécialement, à Savè, pour inviter le Gouvernement et les enseignants à s’entendre, afin que l’année scolaire soit sauvée ». Les yeux pathétiques, tournés vers le soleil comme s’il le suppliait de chasser, de sa lumière, les ombres de la grève, Charly Djikou, embrassant ’’Awakpokpo’’ de ses grosses mains d’ouvrier de la pierre, comme accroché à une bouée de sauvetage, s’exprime depuis l’entrée de la cour principale du Centre culturel chinois de Cotonou, où se déroule une exposition qu’il anime, avec trois de ses collègues artistes contemporains, depuis le 24 février 2018, sur le thème du ’’dialogue’’.
« Les artistes plasticiens ont leur mot à dire dans la société, au même titre que les hommes politiques, la société civile et les travailleurs », justifie l’artiste, enfonçant sa logique d’engagement : « Il faudrait utiliser le chemin du dialogue, car c’est lui qui apporte la paix, la compréhension, l’écoute de l’autre », avant de conclure : « Les artistes écrivent l’histoire de la civilisation d’un peuple, c’est ce qui me pousse à tenir compte de la crise que nous traversons au Bénin ».
Selon Charly Djikou, ’’Awakpokpo’’, le titre de l’œuvre porte-flambeau de son actuelle exposition au Centre culturel chinois de Cotonou, signifie ’’ensemble’’, en langue nagot. ’’Assemblée’’ est alors l’explication circonstancielle que sélectionne, de ce mot, en langue nationale, ce maître de la pierre, pour une très récente création qui matérialise une grande réunion, par les nombreux visages à la bouche ouverte, jalonnant tous ses côtés, ce qui fait, au décompte, pas moins d’une douzaine de personnages embarqués dans une concertation stratégique, peut-être celle entre les ministres représentant le Gouvernement Talon et les secrétaires généraux des centrales, des confédérations syndicales et des regroupements des syndicats d’enseignants. Surprise : un personnage, en bas, se trouve piétiné par tous les autres ! « C’est le sage », interprète Charly Djikou, «  il supporte tout, ce pour quoi il doit avoir le dos large », sanctionne-t-il. Ce sage est-il le Président de la République, Patrice Talon, que l’artiste appelle à l’acceptation de l’inacceptable, pour éteindre la crise scolaire actuelle ?


Irrésistible exposition

En réalité, ce maître de la pierre profite de l’exposition intitulée ’’Dialogue’’ pour prendre en otage, dans certains de ses espaces stratégiques, le Centre culturel chinois : à l’entrée principale, six œuvres, parmi lesquelles ’’Awakpokpo’’, se déploient autour d’une sorte de piscine décorative, deux autres ornent une autre entrée, celle de la résidence du maître des lieux, pendant que deux autres concèdent un message aux visiteurs voulant accéder au hall du Centre, d’autres encore vous assistent dans ce hall et, dans la galerie proprement dite, les toutes dernières vous surprennent par l’inattendu du message que les a chargés de transmettre leur père.
Si ’’Awakpokpo’’ est taillée à partir de la pierre extraite de la Cité aux trois mamelles, Savè, un matériau d’une « nature belle » dont le sculpteur laisse des parties intactes, vu sa dureté, sa résistance, sa « morphologie compacte », sa beauté à la finition, les autres pièces émanent de la pierre de la Commune de Dassa, des régions de Dan, dans le zou, ou d’Idadjo, à Ouèssè. Lorsque ces pierres de différentes origines contribuent à évoquer le ’’dialogue’’, l’artiste dénonce certaines circonstances de la vie qui le compromettent : ’’Akowé I’’ et ’’Akowé II’’ rejette le port hautain et vaniteux de l’intellectuel, qui l’amène à se bloquer à son entourage, ’’Ta vo I’’ et ’’Ta vo II’’, la vacuité intellectuelle, spirituelle, qui débouche sur la prétention, un objet de conflits avec les autres, ’’Zèle du roi’’, la même prétention, mais relevant de la promotion à un poste, l’état donnant lieu à de la vantardise, ’’Grande gueule’’, le comportement de celui qui « dit tout sans rien dire de concret », achève l’artiste.
Et, les quatorze autres sculptures  doivent aussi être vues, de quoi s’abreuver, d’une part, de l’expression des bons thèmes chers à Charly Djikou : le masque ’’guèlèdè’’, la belle tradition ancestrale, la force sociale de la mère, les valeurs du brassage, de la convivialité, du vivre ensemble, de la vie communautaire, de la sagesse, ces qualités qui, notamment, garantissent le dialogue. D’autre part, il est important de viter une telle exposition, afin de constater la capacité du sculpteur à la représentation de faits, de sentiments, de personnages.


« Je suis pierre … »

Charly Djikou manifeste de la familiarité, de la proximité, une profonde intimité avec la pierre, ce qui l’amène à ne pas la travailler extérieurement ni superficiellement ; à l’aide du burin, du marteau, de la meule avec disque diamanté, il lui dicte son inspiration, la lui inflige, la dompte de façon à lui imprimer le message qu’il lui tient à cœur de partager avec le public, il la sort de la nature, la magnifie et le rend désirable ; elle n’est donc plus un matériau, mais une partenaire, une amante et, finalement, une épouse avec qui il fait corps pour développer une vision de conquête du monde par son ’’modèlement’’, son façonnement, sa sculpture. Ainsi, fondu en elle, il est elle, d’où cette sourde déclamation : « Je sors d’une pierre. Donc, je suis pierre, je m’exprime en pierre, avec la pierre, pour la pierre. Donc, je suis la pierre, je ne peux qu’être pierre ».
De la même manière qu’elle se donne, se fusionne à lui, recevant de lui des semences d’inspiration, qu’elle développe et qu’elle enrichit, qu’elle immortalise, pour la gouverne de la postérité, il lui fait allégeance, comme à Dieu, de quoi lui imprimer son génie, de même que de puissants gènes plus qu’identificateurs.
Et, une telle symbiose avec la pierre, une communion si productive d’une analyse aussi pointue qu’inattendue de la vie, Charly Djikou avoue fièrement qu’elles ne sont nullement accidentelles, vu qu’elles viennent de son sang profond, ce qui l’amène à la référence à l’un de ses ascendants, son arrière-grand-père, à l’origine, fabricateur de meules de pierre, un outil, une unité de production, une entreprise qu’il a mise en place pour satisfaire le besoin de la population d’Agbangnizoun en écrasement de céréales. C’est ainsi que l’aïeul prophétisa, à partir d’une conviction qu’il fit vérité, d’où sortit le patronyme ’’Djikou’’ : « Dji na o kou o, axi na djè ! », ce qui signifie : « Même si la saison est mauvaise, le marché s’animera ! ». Ainsi, définitivement, existe, dans la Commune indiquée, du Département du Zou, le marché ’’Djikou Sèto’’, s’animant tous les cinq jours. Comme, alors inspiré par la veine ancestrale, Charly Djikou entretient de grands projets pierreux pour Savè, en dehors d’une initiative, lancée et tenue, du 12 au 17 février 2018, pour créer une relève certaine en sculpture de pierre.

Marcel Kpogodo