vendredi 24 mars 2017

Le chantier de la ’’Nuit poétique’’ bouge !

Dans le cadre des préparatifs de ce grand événement de récital poétique



A une semaine de la tenue de la ’’Nuit poétique’’, les artistes impliqués dans la phase de réalisation du récital poétique sont à pied d’œuvre. Ce qu’il nous a été donné de constater, en ce début d’après-midi du vendredi 24 mars 2017.

De gauche à droite, Daly N'Landou, Bonaventure Didolanvi et Meshac Adjaho
On s’entraîne fort, ça va et ça vient, comme dans une ruche d’abeilles, de la loge au podium du Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou. La remarque, ce vendredi 24 mars 2017. Guy-Ernest Kaho, maître d’orchestre de l’œuvre qui va se déployer, dans une semaine exactement, travaille en aparté avec l’artiste peintre et son outil de travail qui n’est personne d’autre qu’une femme, un mannequin bénévole qu’il va habiller de ses couleurs de peinture ; le comédien, Directeur artistique, aujourd’hui, synchronise avec eux les moindres détails de la manifestation publique de la grande œuvre poétique de déclamation.
Tout près, Bonaventure Didolanvi, ayant déployé ses instruments dont deux tambours, ajuste sa mesure, lui qu’écoute de très près Daly N'Landou qui, des cordes de sa guitare, se met au pas, ce qui donne une musique que les autres présents dégustent tout en travaillant. N’est pas du reste Meschac Adjaho, avec sa fameuse flûte ; elle va nous déployer des sonorités qu’il harmonise avec le jeu de leurs instruments respectifs par les deux premiers. Un peu plus à l’écart, tout en consultant le long pagne de poème qui sera déployé pour habiller les oreilles du public, Sergent Markus, ses lunettes vissés aux yeux, reste dans la danse de la note d’organisation interne de succession des poètes, que lui suggère Guy-Ernest Kaho.

Ernest Kaho, au milieu de son équipe ...
Hier, jeudi 23 mars, tous étaient à ce même endroit, ils y seront encore les prochains jours, probablement. De toute façon, tout ce beau monde prépare une bombe artistique que regretteront de n’avoir pas été là pour la recevoir en plein cœur ceux qui n’auraient pas été au spectacle de grande déclamation. Ce sera une ’’Nuit poétique’’ bien chaude, d’une multi-dimension artistique, le vendredi 31 mars prochain, dès 19h, au Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou.
   

Marcel Kpogodo

mardi 21 mars 2017

La ’’Nuit poétique’’ 2017 : « […] comment on peut lier le poème à la musique, et à un corps qu’on peint … »

Selon Guy-Ernest Kaho, Directeur artistique de l’événement


La ’’Nuit poétique’’, dans son édition 2017, aura bel et bien lieu, le vendredi 31 mars prochain, dès 19 heures, au Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou, ce que confirme Guy-Ernest Kaho, Directeur artistique de la manifestation culturelle inédite, à travers cette interview qu'il a bien voulu nous accorder. En outre, il annonce l'une des attractions, pour cette année : une performance de sculpture vivante de Laudamus Sègbo.

Guy-Ernest Kaho, Directeur artistique de la ''Nuit poétique'' 2017
Journal ’’Le Mutateur’’ : Bonjour Guy-Ernest Kaho. Vous êtes un monument du monde du théâtre au Bénin. Vous êtes reconnu comme un comédien de talent, comme un conteur de haut niveau. Si vous le permettez, que venez-vous faire dans la 3ème édition de la ’’Nuit poétique’’, qui se déroulera le 31 mars prochain ?


Guy-Ernest Kaho : Dans le cadre de cette ’’Nuit poétique’’, j’ai le plaisir de travailler avec quelques musiciens, des hommes qui ont le plaisir de dire des textes et qui ont aussi le plaisir de les partager avec le public. Donc, musiciens et diseurs de textes vont s’exprimer, pour un moment de poésie, à l’Institut français de Cotonou. Je suis chargé de la Direction artistique de cette activité-là.



Cela suppose quoi, la Direction artistique ? Quelles seront vos activités, en tant que Directeur artistique de la ’’Nuit poétique’’, dans son édition 2017 ?

Ce que j’ai à faire, et que nous avons commencé, depuis quelques semaines, c’est déjà de mettre ensemble des textes, de les distribuer, et puis de leur donner vie, dans l’espace. La ’’Nuit poétique’’ est un récital de poésie ; un récital de poésie, c’est le poème et le public. Donc, c’est celui dit le poème et celui qui écoute le poème. Je crois que René Domal qui a bien défini cette affaire : il dit qu’un poème, c’est comme la mère et son enfant ; il y a celui qui dit le poème et celui qui doit l’écouter. Cela va être un moment simple, mais agréable, j’espère … Donc, mon travail, c’était de réunir les textes, de les harmoniser, de les distribuer et de leur donner vie dans l’espace. Moi aussi, je vais faire partie de ceux qui vont dire ces textes.



Le public aura la chance de se délecter de votre diction que tout le monde reconnaît comme parfaite, quand vous êtes dans le jeu théâtral …

Oh, il ne faut pas exagérer … C’est vrai que j’aime les textes et, quand on a de la chance que des auteurs bien inspirés savent en écrire, quoi de plus beau ! C’est de la nourriture pour nous autres … Donc, j’aurai l’occasion de dire quelques textes, avec mes collègues et confrères aussi. Cela va être un travail d’ensemble, un travail d’équipe.
Et, la particularité de ce travail, c’est qu’on a un de nos grands plasticiens, Laudamus Sègbo, qui est en train de créer le récital avec la couleur, avec le corps, avec son art qu’il sait très bien exprimer, à travers des modèles qu’il est capable de proposer au public. Donc, il y a la musique, les voix et puis le corps auquel on donne les couleurs qu’on veut, pour exprimer une façon de dire autrement le texte, que par la voix.



A part l’art Laudamus Sègbo qui va, cette fois-ci, intervenir dans le récital de poésie, quels sont les autres éléments spécifiques qui permettront de faire la différence d’avec l’édition de  de la ’’Nuit poétique’’ de l’année dernière ?

C’est vrai qu’un récital de poésie n’est pas comme un concert de musique. Mais, il est prévu une sorte de première partie où nous avons la chance d’avoir des auteurs vivants et qui ont bien envie de participer à l’événement avec nous. Donc, ces auteurs-là vont commencer avec leur texte, ils sont déjà prêts à le faire. Cela va servir de première partie.
La deuxième, c’est ce récital ; nous aurons différents poèmes, de différents auteurs, de différents pays africains, mais mis ensemble comme si c’était un seul poème. C’est l’autre particularité, bien entendu, accompagnée, assaisonnée musicalement, pour nous permettre de profiter de ce que la parole poétique peut êtrte une nourriture spirituelle aussi.
Et, ce dont j’ai parlé précédemment : Laudamus Sègbo qui va apporter touche particulière ; nous avons voulu amener la poésie jusque-là parce que nous espérons cela va donner l’occasion au public de voir quelque de différent, qui va lui plaire, certainement.
On a aussi une auteure franco-canadienne, Claudine Bertrand, qui participera aussi à cette ’’Nuit poétique’’ ; c’est une autre des spécificités de l’édition de cette année. Elle nous vient de très loin, elle écrit, et puis elle dit aussi. Elle aussi dira des poèmes.



Statiquement parlant, combien de personnes, d’artistes seront mobilisés, tous domaines confondus, pour participer à ce grand rendez-vous de la poésie ?

Concernant la confirmation et la disponibilité entière des poètes, par exemple, des auteurs, j’ai une liste ; ce sera la dizaine, au maximum. Après, nous allons ajouter Claudine Bertrand, en plus de deux musiciens, Meschac Adjaho et Bonaventure Didolanvi, nous aurons Sergent Markus, puis Evelyne et Philippe qui font partie de l’équipe de Laudamus, plasticien et grand décorateur. A part eux, je vais m’ajouter à ce lot.
Nous invitons aussi Gratien Ahouanmènou et Didier Samson …



Didier Samson, l’ancien journaliste de Rfi …

Oui, nous l’associons à l’événement, parce que c’est, pour ce que je sais, avec mon équipe, nous en avons parlé, c’est un homme de culture, d’expérience ; il sera de la partie, aussi.



Ernest Kaho, une question hors sujet, une question-surprise : vous, que devenez-vous, en tant que comédien ? Aujourd’hui, combien d’années de carrière avec-vous ? Combien de pièces jouées sont à votre actif ?

J’avoue que je n’ai pas mon Cv rédigé, là, tout de suite, mais je peux dire que cela fait quelques petites années. Quand je dis aux gens que je suis timide ou qu’il y a des choses que je ne sais pas dire … Je préfère continuer de faire et d’apprendre à bien faire.
Donc, c’est vrai, j’ai commencé à faire du théâtre, cela fait quelques années ; je suis toujours celui que je suis, je suis toujours là …La difficulté, à ce moment-là, c’est que ce sont les autres qui vous voient et qui savent ce que vous êtes … En même temps, je suis toujours là, je continue de faire ce que j’ai fait, c’est-à-dire faire du théâtre, je construis, je continue toujours de construire petit-à-petit, de pouvoir faire le chemin … C’est ce que je peux répondre à cette question-surprise …



Quel appel avez-vous à lancer aux Béninois et qui devrait les amener à être là, le vendredi 31 mars prochain ?

C’est peut-être que je dise un extrait d’un texte qu’ils vont entendre, cette soirée-là. Mais, déjà, avant d’en venir au texte, je voudrais les inviter en leur disant de venir découvrir, de venir pour voir ; ça va les changer, le moment de cet échange, le vendredi 31 mars, à partir de 19 heures, au Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou. Cela va être un moment agréable ! C’est quand ils seront là qu’ils vont voir et apprécier ; ce qui est sûr, c’est que nous travaillons à ce que ce soit une soirée agréable et puis, ils viendront pour écouter des textes, certainement qu’il y en aura qu’ils reconnaîtront peut-être, d’autres qu’ils vont découvrir. Ce sera une façon d’accompagner la poésie qu’ils vont voir, parce que les musiciens seront là, et puis, ils verront comment on peut lier le poème à la musique, et à un corps qu’on peint, comment ça peut se faire, de façon simple.
Je leur demande d’être curieux et de se déplacer nombreux ; il y aura de la place pour tout le monde. Je me répète ; c’est au Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou. Donc, il y a de la place pour tout le monde, l’entrée est libre et gratuite ; ils auront aussi la possibilité de rencontrer, en direct, des poètes béninois, on n’en croise pas à tous les coins de rue. Peut-être qu’ils connaissent des textes, qu’ils disent des textes d’auteurs béninois qu’ils n’ont jamais vus. Ce sera l’occasion, certainement, de les rencontrer. Je crois que c’est ce petit pot-là, ce petit bouquet que je voudrais proposer, et pour lequel j’invite les Béninois, les amoureux de poèmes et de musique à se déplacer. Cela va être un moment agréable.

J’avais promis un petit texte :
« En ce temps-là
Le temps était l’ombrelle d’une femme très belle
Au corps de maïs, aux cheveux de déluge
En ce temps-là
La terre était insermentée
En ce temps-là
Le cœur du soleil n’explosait pas
En ce temps-là
Les rivières se parfumaient incandescentes
En ce temps-là
L’amitié était un gage
En ce temps-là
La chimère n’était pas clandestine
Alors vint un homme
Qui jetait comme cauris ses couleurs
Alors vint un homme
Dont la défense lisse était un masque goli et le verbe un poignard acéré
Alors un homme vint
Qui se levait contre la nuit du temps
Un homme stylé un homme scalpel
Un homme qui opérait des taies
C’était un homme qui s’était longtemps tenu entre l’hyène et le vautour
Au pied d’un baobab un homme vint
Un homme vent un homme ventail un homme portail
Le temps n’était pas un gringo gringalet
Je veux dire un homme rabordaille
Un homme vint 
Un homme »

Ce texte est de l’illustre, de l’éternel Aimé Césaire.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo

mardi 7 mars 2017

Koudy, une irrévocable force artistique mais …

Face au concert de l’artiste au ’’Centre’’ de Godomey


La jeune artiste béninoise de la musique, Koudy, s’est produite le samedi  4 mars 2017, au ’’Centre’’ de Godomey, situé à Atrokpocodji, dans la Commune d’Abomey-Calavi. Au-delà de la grosse énergie qu’elle a déployée pour se rendre à la hauteur du défi de tenir en haleine les spectateurs, il semble lui rester un petit bout de chemin à parcourir pour entrer dans le cercle prestigieux des stars.

Koudy, en pleine expression de son talent multidimensionnel de scène
’’Iwadjou’’, ’’Owxhé’’, ’’Iya mi’’, ’’Vivou’’, ’’N’djolo’’, ’’Wangnigni towé’’, ’’Hélou gbèto’’, ’’Zéyilo’’, ’’Winner’’. Les neuf morceaux que Koudy a exécutés lors du concert qu’elle a donné, le samedi 4 mars 2017, au ’’Centre’’ de Godomey, précédés qu’ils ont été par un instrumental tout en blues, qui a sonné l’entrée en scène d’une Koudy porteuse d’une grande détermination, après la première partie des six morceaux du jeune Sénam Malo. Pendant environ 80 minutes, elle a démontré, de par sa voix, sa capacité à assumer ses chansons, sa danse, la flamme personnelle qu’elle mettait en branle, qu’elle n’était pas venue pour faire dormir le public ni pour simplement figurer. Donner donc le meilleur de soi semble avoir été son crédo. L’ont accompagnée instrumentalement Samouraï, à la guitare basse, Daly N’dandou, à la guitare solo et, Bobo, à la batterie et à la percussion.
Et, elle s’y est mise à fond si bien que chaque spectateur, selon sa sensibilité, serait sorti de ce spectacle avec une note personnelle de Koudy lui trottant dans la tête, jusqu’à très longtemps. Ainsi, très engageante, grâce à ’’Winner’’, elle a terminé le concert en beauté, laissant chaque membre du public se satisfaire d’une phrase choc qui revenait en un savoureux refrain : « I am a winner ! ». C’était tout un programme de développement personnel que le public s’était approprié, de sorte qu’ayant quitté la scène depuis, elle s’est vue obligée d’y revenir pour servir, de sa voix, d’un excellent strident de l’instant, le même refrain plus que jamais galvanisateur : « I am a winner ! ».
Cette chanson portait une charge lyrique si forte, si intense qu’elle semblait capitaliser la somme de l’espérance et de la foi, de la conviction de l’artiste d’avoir surmonté un flot de difficultés pour se retrouver, enfin, en la confortable position de totale gagnante. Cette sensation que Koudy donnait d’avoir vaincu une certaine fatalité a fait la réussite particulière de ce morceau devant le public du ’’Centre’’. Ceci semble manquer perpétuellement à cette artiste : sortir du plus profond d’elle-même, du tréfonds de son esprit, de ses entrailles, son vécu avec attaché à lui, les émotions, les sentiments authentiquement éprouvés ; il ne manque que cela pour élever Koudy à la dimension de star, surtout qu’elle sait chanter en live, qu’elle sait faire balancer sa voix au gré des instruments qui l’accompagnent, qu’elle sait parfaitement danser.
Seulement, on sentait une Koudy manquant de souffle pour aller plus loin dans les élans vers lesquels l’entraînait sa voix qui chantait et son corps qui se secouait ; il lui faut donc plus de sport, pour procurer plus de souplesse à ses membres, fragilisés par de l’embonpoint.
N’abordons pas la tenue de scène de l’artiste, un ensemble mixant un pantalon noir collant pour, apparemment, faciliter ses mouvements, au-dessus duquel trônait une robe à manche unique d’un certain modèle. Tenue débrayée ? Peu importe !
Pour son concert au ’’Centre’’, Koudy Fagbémi a pu faire espace comble, surtout qu’elle a occasionné le déplacement de plusieurs dizaines de spectateurs. Le bout de la route pour devenir une star est désormais plus visible.


Marcel Kpogodo 

samedi 4 mars 2017

Gaba et Pouyandeh : se guérir au ’’Centre’’ d'Atrokpocodji à Godomey

Dans le cadre d’une exposition que les artistes animent depuis février 2017


Depuis le 4 février 2017, deux artistes peintres sont en exposition au ’’Centre’’ de Godomey. Il s’agit de la Franco-iranienne Nazanin Pouyandeh et du Béninois Meschac Gaba. Une tendance très curative se dégage des œuvres que ces créateurs donnent à voir jusqu’en avril prochain.

Nazanin Pouyandeh
Se guérir du sentiment de détresse, d’angoisse, de perte de repères, cela est bel et bien possible, ce que montre un processus artistique simple mais percutant : installation d’un géant collier de phares de détresse de véhicules, allumés, d’une part, celle-ci mise en communication avec un tableau aux tendances de couleurs très apaisantes pour l’esprit, d’autre part, parmi un ensemble de six toiles, pendant que, d’un autre côté, une technique classique de peinture, modernisée est remarquable à travers des petits formats de tableau, et même par des objets typiques exposés. C’est ainsi que Meschac Gaba et Nazanin Pouyandeh, donnent à voir leurs œuvres, depuis le 4 février dernier, dans le bloc d’exposition du ’’Centre’’ d’Atrokpocodji, situé dans l’Arrondissement de Godomey, de la Commune d’Abomey-Calavi.

''Détresse''
Après environ une trentaine de jours de résidence de création, Meschac Gaba, monument des arts plastiques au Bénin, peintre, récupérateur, installateur, déambulateur, fait honneur à sa réputation d’artiste particulièrement inventif, en présentant six toiles ayant suivi un laborieux processus de création. Des feuilles de son jardin, recueillies, pressées selon un système d’étalement sur une feuille de journal, laquelle est mise en contact avec la plaque en bois qui doit entrer dans la composition physique de la toile. Un poids de surface est posé sur cet ensemble pendant plusieurs semaines. Résultat : les feuilles laissent de fortes et indélébiles empreintes sur la plaque de la future toile, celles-ci étant de plusieurs espèces : hysope simple, hysope blanche, hysope aquatique, hibiscus, notamment. Aussi bien des plantes médicinales que des plantes qui portent protection et bonheur.
Et, ces traces obtenues, Meschac Gaba appliquera différentes techniques artistiques pour affiner le travail : le pointillisme, la peinture sur toile à l’acrylique avec, comme support, des couleurs multiples : vert, violet, blanc, entre autres, avec leurs sensations apaisantes sur la psychologie du visiteur.
''Hysope blanc'' et ''Misère'' de Meschac Gaba
Ainsi, dans l’une des salles d’exposition du ’’Centre’’ de Godomey, l’installation ’’Détresse’’ laisse découvrir le collier géant, qui décline différentes couleurs clignotantes de feux de détresse de voitures de toutes marques, de quoi restituer ce sentiment qui atteint les êtres humains et qui les déstabilisent. Et, en diagonale, dans la salle ’’Mon jardin’’, le tableau ’’Misère’’, paradoxalement à sa dénomination, dans son ton violet, parsemé de pointillés blancs, détend profondément, faisant oublier cette détresse. De même, les autres toiles, ’’Cérémonie des couleurs’’, ’’Hysope aquatique’’, ’’Hysope blanc’’, ’’Feuilles de jazzmen sauvage’’, et ’’Kpatima’’, viennent renforcer cette atmosphère apaisante, caractéristique de l’espace ’’Mon jardin’’, dédié aux œuvres de Meschac Gaba, pour la durée de l’exposition.



Nazanin Pouyandeh, une thérapeute culturelle

La démarche de la Franco-iranienne s’enfonce dans une pratique purement classique faisant valoir la technologie contemporaine. Elle photographie ses modèles, affiche grandement à son ordinateur l’image choisie pour la peinture, regarde cette photo et la restitue, à l’aide de son pinceau. « Cette technique me permet d’améliorer la vision qu’on a de l’homme », explique-t-elle. « Il s’agit d’un jeu avec le spectateur ; je me mets très proche du réel mais je livre une scène improbable », appuie Nazanin Pouyandeh. Chez elle, la nudité est souvent de mise, ce qu'elle démythifie aisément: « La nudité présente l'aspect de l'homme dans son état le plus primitif, le plus vierge ».

Les toiles de Nazanin Pouyandeh
Ces modèles, par la peinture sur toile, elle reproduit ce que son inspiration de l’instant lui donne à voir d’eux, ce que son esprit lui dicte de ce qu’ils sont, de leur richesse intrinsèque, de ce que, eux lui donnent à exprimer d’eux, ce qu’elle livre aussi à partir de ce que son pinceau, de ce que sa main transmet du message de ses yeux qui captent la photo prise. Une manière aussi, pour l’artiste, de se mettre à la place de Dieu, pour procéder, à sa manière, à des retouches sur la personnalité physique originelle du modèle.

Des objets symboliques dont s'inspire Nazanin Pouyandeh
En outre, comme le décrit Nazanin Pouyandeh, trois niveaux sont perceptibles sur chacune de ses toiles de petit format. Le premier concerne le personnage, telle que son inspiration a choisi de le reproduire. Concernant le deuxième niveau, il livre ce qu’elle appelle des « objets symboliques » et, dans le cas d’espèce, il faut compter avec des masques, des objets traditionnels, représentatifs du culte vaudou. Quant au troisième niveau, il matérialise le pagne dit africain qui devient le fond de décor de la toile.  

Des oeuvres ayant établi la célébrité de Nazarin Pouyandeh
Voilà une technique qui, globalement, est productive. En effet, il est essentiel de se guérir de la perte de ses racines, dans un pays comme le Bénin, anciennement colonisé par la France et où l’on accorde plus de valeur et de crédit aux éléments culturels en provenance d’ailleurs, de l’Occident. Nazanin Pouyandeh nous met en contact, à travers ses toiles, avec notre vécu culturel authentique, à commencer par des personnages de notre environnement qui lui ont servi de modèle. En outre, les objets symboliques qu’elle choisit d’immortaliser constituent un sujet pour reconstituer et immortaliser la richesse de la civilisation africaine.
Jusqu’au 1er avril 2017, les œuvres présentées par Meschac Gaba et Nazarin Pouyandeh peuvent être visitées au ’’Centre’’ d’Atrokpocodji, à Godomey.


Marcel Kpogodo