samedi 27 septembre 2014

"Le kleenex qui tue", un drame social sur le châtiment de l'infidélité à la béninoise, en lecture-spectacle, ce samedi après-midi

Ce sera au Studio-théâtre de l'Eitb 

L'après-midi de ce samedi 27 septembre 2014 donnera lieu à la lecture-spectacle de la pièce de théâtre, "Le kleenex qui tue" d'Hermas Gbaguidi. Ce sera au Studio-théâtre, mis en place et dirigé par Alougbine Dine. Au menu de l'action, une situation de répression privée, à la mode africaine, de l'adultère. 


L'adultère, un acte que beaucoup banalisent, de plus en plus, aujourd'hui, se trouve puni, en privé, par la personne qui en est victime. Pour découvrir de quelle manière s'opère ce châtiment, selon une méthode purement africaine, il faudra se rendre à Togbin, au Studio-théâtre de l'Ecole internationale de théâtre du Bénin (Eitb), dirigée par Alougbine Dine, ce samedi 27 septembre ; il s'agira d'assister à la lecture-spectacle du "Kleenex qui tue", qui sera assurée, à partir de 16 heures précises, par les étudiants de cette structure académique.
Voilà un ouvrage de drame social appartenant à un recueil de quatre pièces, lancé, le 5 septembre dernier, à la salle bleue du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). Inévitablement, il faudra s'attendre à voir déclamer sur scène des acteurs incarnant, respectivement, Martial, le fiancé trompé, Nafissa, la fille infidèle et Rockson, l'amant de la précédente. 
Grâce à une pochette de papiers-mouchoir, le "kleenex", négligemment abandonnée, comportant deux préservatifs pleins et attachés, le premier découvre l'infidélité de sa promise au mariage, ce qui le met en querelle avec celle-ci et qui le fait disparaître des lieux, avec la précieuse pièce à conviction dont l'utilisation occulte peut causer la mort de Rochson. Celui-ci, tenu au courant de la situation, finit par se retrouver chez Martial pour des négociations finalement infructueuses. 
A tout point de vue, "Le kleenex qui tue" se révèle une concentration savamment opérée, en 23 pages, par le dramaturge, Hermas Gbaguidi, qui démontre, par là, la maîtrise de l'art théâtral contemporain : trois personnages au plus, des répliques simplifiées au strict minimum, sauf dans des rares cas, une subdivision quinquénaire, chacune des cinq parties ayant une dénomination assez expressive, de quoi en situer rapidement le lecteur sur le contenu. 
En outre, l'intrigue, très simple, du genre "Tromperie-Découverte de la faute-Châtiment", n'en demeure pas moins chargée d'une richesse thématique à la sauce endogène, ce qui contribue à faire connaître ce que nous sommes, Africains, Béninois, dans notre refus de l' "avalement" de ce qu'on peut considérer comme une banalité à notre époque : l'infidélité amoureuse.
Mais, peut-on accepter cette vengeance, lorsqu'on sait que Martial et Nafissa ne sont que fiancés ? Alors, l'absence du statut de mariage chez ces personnages ne rabaisse-t-elle pas la punition provocatrice de mort à la mesure de l'énorme marteau qui sert à tuer une minuscule mouche ? Aurait-on pu tuer un "cocufieur" qui a touché à une femme non mariée ? Socialement, en coutumes béninoises du sud, tout au moins, si les deux protagonistes que sont Martial et Nafissa ne sont que fiancés, c'est qu'il n'y a pas eu un mariage reconnu par les ancêtres, à travers la dot. Problème de réalisme social.
Pourtant, la liberté de la stratégie de traitement du sujet par le dramaturge doit être respectée, même s'il se révèle inacceptable que, pour une maison d'édition de la trempe des "Editions plurielles", chez laquelle des publications régulières laisse transparaître son aspiration à un professionnalisme indéniable, la pièce, "Le kleenex qui tue", héberge d'incompréhensibles coquilles : "Pousses-toi ...", au lieu de "Pousse-toi ...", à la 8ème réplique de Nafissa, à la page 55, une concordance de temps, manquée, à la 6ème réplique de Martial, à la page 56 : "Je ne parlerai pas de trahison si ce n'était qu'avec moi seul", au lieu de "Je ne parlerais pas de trahison si ce n'était qu'avec moi seul", un accord mal conclu, avec la seconde réplique de Nafissa, de la page 59, à la 22ème ligne : "[...] tu as foulé au pied ...", au lieu de "[...] tu as foulé aux pieds,  ...", une autre concordance ratée, à la page 61, au niveau de la 1ère réplique de Rockson, dans " [...] je savais que tu ne peux pas tenir ta langue", au lieu de "Je savais que tu ne pouvais pas tenir ta langue", un autre accord irrésolu, avec "Tu es sans scrupule ...", au lieu de "Tu es sans scrupules ...", à la 1ère réplique de Rockson, de la page 70, une erreur qui revient chez Martial qui lui répond : "Qui es-tu pour parler de scrupule ici?", au lieu de "Qui es-tu pour parler de scrupules ici?". Enfin, pour boucler une logique aussi désastreuse, une autre grosse coquille, en guise de cerise sur le gâteau : "Vous êtes entrain de me chercher", à la 3ème réplique de Rockson, de la page 75, au lieu de "Vous êtes en train de me chercher". Par ailleurs, une ponctuation complètement imprécise écume l'ensemble de la pièce. 
Ce sont, néanmoins, autant de ratés d'ordre formel qui n'enlèvent rien à la qualité d'une pièce qu'il faut aller découvrir absolument, cet après-midi, vu que c'est plutôt le texte à écouter qui sera au rendez-vous ...


Marcel Kpogodo

jeudi 25 septembre 2014

Humbert Boko, un jeu révélateur de talent

Dans une comédie musicale à l'Institut français de Cotonou

Le samedi 13 septembre dernier a donné lieu à la représentation d’une pièce de comédie musicale. Le cadre de cette manifestation culturelle était la grande paillotte de l’Institut français de Cotonou. La Compagnie ’’Doguicimi-théâtre’’, à l’origine de la pièce, a permis de faire découvrir un jeu en réussite de l’acteur Humbert Boko.

Humbert Boko, au centre ...
Walter, profondément attristé par la disparition d’une diva internationale de la musique sud-africaine : Miriam Makéba. C’est le rôle de ce jeune homme impossible à consoler qu’a joué Humbert Boko, acteur béninois, au cours du spectacle intitulé ’’Miriam Makéba’’, présenté par la Compagnie Doguicimi-Théâtre, et que Gérard Tolohin, incarnant Kenneth, ami de Walter, a mis en scène.
Sous les traits de ce fanatique de la star mondialement connue, le personnage, armé d’un balai dont le maniement donnait à croire qu’il s’agissait d’une partenaire de danse, s’est mis à vivre dans l’ambiance de la prestation de celle-ci sur scène, ce qui a donné au public de se délecter de l’interprétation par la vedette de dix morceaux de son répertoire, celle-ci que Nadège Bada s’est chargée de jouer. Et, c’étaient des cris d’épanouissement, des balancements, surtout dans le couloir séparant les deux rangées des bancs occupés par les spectateurs, de même que la manifestation d’un état d’enchantement, autant d’élans que Kenneth avait du mal à canaliser mais qu’Humbert Boko, alias Walter, a fait exploser en lui, démontrant du talent en la matière ; il a su se mettre dans la psychologie de son personnage, et donner à distraire le public, tout en le laissant préoccupé de la thématique du fanatisme artistique. Cet acteur donne donc l’impression de se donner les moyens de dépasser les limites de toutes ses forces possibles pour convaincre. Une nouvelle incarnation de rôle nous montrera la mesure de sa capacité dramatique d’adaptation.

Marcel Kpogodo

Dix nouveaux blogueurs chez les journalistes culturels

Dans la cadre d'une formation à la création de blogs

Plusieurs journalistes culturels se sont trouvés réunis, le vendredi 19 septembre dernier, au cybercafé créé par la Société ’’Rotciv oméga consulting’’, du Quartier Agla Hlazounto, sous l’initiative de l’Association de journalistes culturels et de critiques d’art pour le développement, dénommée ’’Le Noyau critique’’, dans le but de créer des blogs culturels. L’opération, lancée, notamment, par Marie-Richard Magnidet, Conseiller à la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) et par Victor Gbénou, Directeur général de l’entreprise, a été un succès.



Photo de famille des journalistes culturels blogueurs entourant Marie-Richard Magnidet, debout, en blanc, avec à sa droite, Victor Gbénou
Une dizaine de blogs culturels béninois sont désormais en ligne, depuis le vendredi 19 septembre 2014. C’est le résultat émanant de la formation d’un peu plus d’une dizaine de journalistes culturels dans la création de ce support numérique d’information. Assurée par Marcel Kpogodo et Rodéric Dèdègnonhou, respectivement Président et Trésorier général du ’’Noyau critique’’, l’association organisatrice de la manifestation, elle leur a permis de dérouler, en faveur des stagiaires de circonstance, le processus de création d’un blog et les exigences de son fonctionnement. Par rapport à ce dernier point, il est revenu que le support d’information créé devra être régulièrement animé par leur auteur de façon à lui maintenir une réelle vie et à développer la liberté éditoriale, l’autorité et l’influence de celui-ci dans son domaine de prédilection qu’est la culture.
Cette activité a été précédée par une brève cérémonie d’ouverture que Marie-Richard Magnidet, Conseiller à la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) et le Directeur général de la Société, ’’Rotciv oméga consulting’’, Victor Gbénou, ont honorée de leur présence. Respectivement, ils ont reconnu la pertinence de la formation, vu que le blog s’est révélé un instrument d’information gratuit permettant donc de mobiliser peu de moyens mais, qui produit un impact large et profond sur l’opinion nationale et internationale. Bien avant ces deux personnalités, Marcel Kpogodo, Président du ’’Noyau critique’’, a insisté, notamment, sur l’apport particulièrement à cette formation de Victor Gbénou qui n’a pas hésité, à cet effet, à mettre à la disposition des stagiaires, pour la première mi-journée de vendredi 19 septembre, entre autres, la salle de conférence de son entreprise et son cybercafé jouissant d’une connexion Internet efficace. Plusieurs hommes d’affaires devraient suivre cet exemple qui ne contribuera qu’à approfondir la professionnalisation des journalistes culturels.

Marcel Kpogodo

samedi 20 septembre 2014

La 7ème édition des Grands prix Afrique du théâtre francophone se tient à Lomé

Selon Euloge Béo Aguiar, le promoteur de l'événement

Cela ne fait l’ombre d’aucun doute. Les ’’Grands prix Afrique du théâtre francophone’’ se tiendront bel et bien, en cette année 2014. Et, c’est la ville de Lomé, capitale du Togo, qu’a choisie, Euloge Béo Aguiar, initiateur de cette manifestation, pour son organisation réelle, selon une touche complètement inattendue.

Euloge Béo Aguiar
Pour l’année 2014, trois éléments d’innovation caractérisent les ’’Grands prix Afrique du théâtre francophone’’. La manifestation se tient, des 22 au 29 novembre 2014, dans sa 7ème édition, dans la capitale togolaise. Ce Festival à vocation africaine, purement liée à l’art dramatique, permettra à 26 pays d’envoyer des artistes faire valoir leur talent.
D’abord, selon Euloge Béo Aguiar, premier responsable de l’événement, il se déroulera sous le haut patronage de Faure Gnassingbé, Président de la République togolaise.
A cet effet, il lui sera décerné, exceptionnellement, le Grand prix Afrique des Arts et de la culture, ce qui constitue le deuxième facteur d’innovation du Festival. « C’est un jeune qui est en train de faire beaucoup de choses au Togo », justifie-t-il, en appuyant que le premier des Togolais porte à son actif la création, en 2013, d’un Fonds d’aide à la culture, avec une dotation de 300 millions de Francs Cfa, par an : « On a besoin de l’encourager pour que cela serve d’exemple aux autres pays », continue-t-il, en stigmatisant la gestion politique qui est faite, à l’en croire, d’un tel Fonds au Bénin.
Enfin, un autre niveau d’innovation des 7èmes ’’Grands prix Afrique du théâtre francophone’’ concerne le passage de 15 à 6 du nombre des Prix à décerner aux artistes participants ; il s’agit de ceux des meilleurs comédien, comédienne, humoriste, metteur en scène, auteur et pièce de théâtre de sensibilisation. Par ailleurs, les précisions apportées par Euloge Béo Aguiar montre que le Festival se déroulera dans le cadre de la première édition de la Biennale des arts et de la culture du Togo, un événement organisé par le Ministère de la Culture de ce pays. Il prévoit faire déplacer pas moins de 100 Béninois parmi lesquels on trouvera des autorités, des artistes, toutes disciplines confondues et des hommes de médias. 

Marcel Kpogodo

jeudi 18 septembre 2014

L'Agence "Creative" tient le Concours ’’Miss Bénin France Europe’’ en juin 2015

Selon Ezin Pierre Dognon : « [...] la communauté béninoise en Europe a besoin de se doter d’une ambassadrice de beauté ... »


En juin 2015, les Béninois de la diaspora vivant en France et en Europe devront compter avec un événement qui s’annonce de taille : ’’Miss Bénin France Europe’’. Ezin Pierre Dognon, nommé Directeur de l’équipe d’organisation de l’événement, aborde, à travers cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder, les tenants et les aboutissants d’une telle manifestation, tout en évoquant sa portée hautement sociale. Avec la mobilisation de la diaspora béninoise en Europe, autour de "Miss Bénin France Europe", la Miss élue sera une grande ambassadrice de lutte contre l'ulcère de Buruli.  
 Ezin Pierre Dognon, Président du Comité d'organisation de "Miss Bénin France Europe"
Stars du Bénin : Bonjour Ezin Pierre Dognon. Vous êtes, depuis peu, le Directeur de l’équipe d’organisation de l’événement ’’Miss Bénin France Europe’’. Pouvez-vous nous dire ce que c’est, ’’Miss Bénin France Europe’’ ?

Ezin Pierre Dognon : Tout d’abord, je vous remercie de me donner l’opportunité de parler de ’’Miss Bénin France Europe’’, via votre canal. ’’Miss Bénin France Europe’’ est le concours de beauté, au sein de la communauté béninoise, en France et en Europe. C’est un événement culturel qui se veut fédérateur de tous les Béninois de la diaspora européenne. Il est conçu et créé par l’Agence Créative, agence de communication et d’événementiel, basée en France.


On sent qu’il y a une nette différence avec Miss Bénin tout court …

Nous ne sommes pas dans une logique de comparaison entre notre événement et celui de l’Association Culturelle Miss Bénin. Cette dernière a quand même 20 éditions à son actif. Il ne peut donc pas y avoir de comparaison avec nous qui sommes à la première édition. Loin d’être deux événements opposés ’’Miss Bénin’’ et ’’Miss Bénin France Europe’’ doivent être complémentaires, car il s’agit de la même communauté, même si ces événements sont sur deux territoires différents.


L’organisation de "Miss Bénin France Europe" se fait-elle en rapport avec l’Association culturelle Miss Bénin (Acmb) qui travaille au Bénin alors ?

C’est ce que nous souhaitons. En effet, nous avons mené plusieurs démarches auprès de l’Acmb afin de trouver un consensus de collaboration, et je puis vous dire que les tractations sont en cours. Nous avons fait des propositions de partenariat qui sont certainement en étude. Nous espérons que les choses évolueront dans les prochains jours.


Ne craignez-vous pas un conflit d’attributions entre la structure préparant "Miss Bénin France Europe" et l’Acmb ?

Aucune crainte à ce sujet puisqu’il s’agit de deux entités différentes mais qui peuvent être complémentaires, comme je l’ai évoqué précédemment. Les échanges avec le Président de l’ACMB ont été très cordiaux et fraternels, ce qui suppose qu’il n’y a visiblement pas de conflit d’intérêts.


Il nous est revenu que "Miss Bénin France Europe" est un événement qui s’est illustré, très récemment, dans un scandale, retentissant, de malversations de tous ordres. Etiez-vous de l’équipe ayant cela à son actif ? Que s’était-il passé ?

Déjà, à l’époque, le concours ne s’appelait pas ’’Miss Bénin France Europe’’ mais ’’Miss Bénin France’’, tout court. Nous ne sommes associés ni de près ni de loin à l’organisation de cet événement.
Avant de se lancer dans la création de ’’Miss Bénin France Europe’’, l’agence Creative et toute l’équipe ont fait un état des lieux, en l’occurrence, par rapport à ce qui avait été fait par le passé. Nous avons, certes, eu des échos très peu favorables au sujet de ’’Miss Bénin France’’, de 2012. Mais, n’ayant pas été présent à cet événement, nous ne saurions décrire avec précision ce qui s’était passé.
Ceci étant dit, il est avéré, des conclusions de notre état des lieux, que ’’Miss Bénin France’’, tel que conçu et organisé en 2012, a été une déception totale pour, en premier lieu, les participantes, les membres de l’équipe organisatrice, les partenaires et, en second lieu, pour la communauté béninoise elle-même.
Au regard de tout ceci, les Béninois de la diaspora se retrouvent privés d’un événement capable de les réunir autour d’un thème d’adhésion générale qu’est la promotion de la culture, à l’international. Au même moment, les autres communautés, dont la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mali, la Guinée, le Togo, etc., font un travail formidable, dans ce domaine, ce qui leur permet de valoriser leur culture, tout en créant un creuset d’union.
La question principale qui fonde ’’Miss Bénin France Europe’’ est de savoir s’il fallait s’arrêter à l’échec des autres ou s’il fallait donner à la communauté béninoise d’Europe une vraie opportunité d’avoir un événement culturel digne de son image.


Qu’est-ce qui nous montre que "Miss Bénin France Europe" n’a aucun rapport avec ce dont nous avons entendu parler et qui est très malsain pour la réputation des porteurs béninois de projets vivant en France ?

Comme je vous l’ai signifié précédemment, ’’Miss Bénin France Europe’’ est organisé par l’Agence Creative qui n’a aucun lien avec l’autre société qui s’était essayé à la chose en 2012. Je ne porte pas de jugement personnel à l’égard du promoteur de 2012, car un événement de cette envergure demande beaucoup de travail, d’énergie et toute une organisation, sur une longue durée. Il a certainement fait un travail formidable qui s’est heurté à des couacs qui l’empêchent de rééditer l’événement. Il faut aussi dire que nous avons tous droit à l’échec car c’est de ceci que naissent les grandes réalisations. Je pense que la communauté béninoise en Europe a besoin de se doter d’une ambassadrice de beauté et c’est ce à quoi mon équipe s’attelle.


Avez-vous fait un sondage auprès des Béninois vivant en France pour savoir s’ils sont prêts à faire à nouveau confiance à une nouvelle équipe, la vôtre ?

Vous le savez, sans doute, un promoteur culturel ne lance pas son événement sans réaliser un benchmark. Je vous avais dit plus haut que nous avons fait un état des lieux, ce qui implique que nous avons écouté un certain nombre de personnes et de responsables d’associations représentant la communauté béninoise. Le besoin d’avoir un cadre d’échanges existe mais, vu ce qui s’est passé en 2012, le travail de confiance doit être permanent. Nous avons donc comme défi de réussir cette première édition afin de gagner la confiance et l’adhésion totale des Béninois de France et d’Europe.


En réalité, quelles sont les innovations de "Miss Bénin France Europe" ?

Déjà, on ne s’improvise pas créateur d’événement. Le directeur d’équipe que je suis a été recruté sur un appel à candidatures, dont les critères de sélection sont stricts sur les compétences techniques et l’expérience. Les autres membres de l’équipe que j’ai constituée ont été aussi sélectionnés sur des critères assez pointus, du point de vue motivation, intérêt pour la chose culturelle, en général, et pour le développement du Bénin, en particulier, sans oublier les compétences.
Ce premier point, pour vous dire le sérieux que l’agence a voulu mettre autour de l’événement. En plus, nous ne comptons pas organiser un concours de beauté de plus mais nous voulons faire de la Miss élue une ambassadrice de la lutte contre une maladie très sérieuse que beaucoup ignorent et qui fait des ravages dans notre pays, le Bénin. Par ailleurs, il y a cette ouverture vers les autres communautés béninoises de l’Europe afin d’élire une Miss unique de la diaspora béninoise en Europe qui représentera celle-ci à la finale de Miss Bénin, dans les éditions à venir.


Quels sont les moyens dont vous disposez pour réussir l’organisation de cette manifestation, dès juin 2015 ?

En toute chose, « il n’est de richesses que d’hommes », pour citer Jean Bodin. Il y a les moyens humains, des compétences, de la volonté et de la détermination de mon équipe. Celle-ci a mis en place des stratégies pour mobiliser des partenaires institutionnels et privés autour de l’événement. En elle-même, la communauté béninoise constitue un moyen fort de par son adhésion et sa spontanéité à inciter les candidatures des proches.


Comment pensez-vous procéder pour recruter des candidates ?

Le casting a été déjà lancé et est étendu sur une durée allant jusqu’au 31 janvier 2015. Cela permettra aux potentielles candidates, ayant 17 ans, en 2014, de pouvoir postuler. Une vaste campagne sur les réseaux sociaux et la diffusion des informations dans les réseaux associatifs, dans la presse, via des mailings, etc., sont des procédés adoptées par l’équipe pour atteindre un maximum de personnes. De plus, des flyers et des affiches sont en cours de diffusion, à des points stratégiques, dans toute la France et, dans les autres représentations diplomatiques du Bénin en Europe. Nous espérons que nos sœurs répondront nombreuses à l’appel.


Vous attachez, si notre compréhension est bonne, "Miss Bénin France Europe" à l’éradication de l’ulcère de Buruli au Bénin. Pourquoi le choix de cette maladie ? La Miss élue viendra-t-elle en mission au Bénin, dans le cadre de la lutte contre cette maladie ?

Je pense qu’il y a plusieurs concours de beauté qui s’organisent, de nos jours, de par le monde. La question d’une démarcation sérieuse s’est posée au sein de l’équipe d’organisation qui s’est donné le défi d’apporter une touche particulière à l’événement, afin de faire porter par la Miss un véritable projet de société. Des réflexions ont donc été engagées sur les maladies qui affectent la jeune enfance au Bénin. Le choix s’est porté sur l’Ulcère de Buruli qui fait partie des 17 maladies tropicales négligées en Afrique, en général et, en particulier, au Bénin.
Il résulte de l’infection par Mycobacteriumulcerans, un micro-organisme appartenant à la famille des bactéries responsables de la tuberculose et de la lèpre. 6000 à 7000 nouveaux cas sont détectés, chaque année, au Bénin, en majorité chez les enfants de moins de 15 ans, ce que je trouve personnellement énorme. La Miss élue sera au cœur d’une grande campagne de sensibilisation sur les causes, les symptômes et les traitements de cette maladie. Elle apportera également son appui pour l’insertion et l’épanouissement des personnes atteintes. Vous convenez donc avec moi qu’elle fera des déplacements sur place pour la mise en œuvre de ce projet. Tout ceci se fera en collaboration avec la Fondation Raoul Follereau qui travaille dans toute l’Afrique avec les Coordinations nationales de lutte contre l’Ulcère de Buruli.


L’Etat béninois est-il, d’ores et déjà, impliqué ?

Nous organisons un événement de promotion de la culture béninoise en Europe. La logique oblige que les représentations diplomatiques et consulaires soient associées. Des démarches sont en cours, à cet effet. Il en va de même pour le Gouvernement, via le Ministère de la Culture. A ce sujet aussi, des démarches ont été faites. Nous espérons des ouvertures d’adhésion à ces différents niveaux.


En guise de clôture de cette interview, avez-vous un appel à lancer aux Béninois, en général, et à ceux vivant en France et en Europe, en particulier ?

La culture est ce qu’il nous reste quand nous avons tout oublié et, un peuple qui ne valorise pas sa culture rend les autres ignorants de son existence. Je pense que nous avons le devoir de porter au-devant de la scène internationale ce que nous avons de mieux à vendre puisque nous sommes caractérisés par notre culture. Je comprends l’amertume des acteurs impliqués, de près ou de loin, dans l’organisation de 2012. Mais, il importe de fermer la parenthèse et d’avancer vers de nouveaux horizons. Je demande donc aux parents de nous faire confiance et de permettre à leurs filles d’être des ambassadrices de la beauté au sein de la diaspora béninoise en Europe. Aux partenaires, je pense que c’est une occasion unique de se rendre visible en choisissant de se positionner sur ’’Miss Bénin France Europe’’. Je tiens à remercier l’Agence Creative qui a porté son choix sur ma candidature pour diriger l’équipe d’organisation de ce grand événement.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo

dimanche 14 septembre 2014

Claude Balogoun, la poigne du monde culturel béninois

Selon l'homme, « On est en Afrique et, la manière de parler importe, la manière d’aborder le sujet avec les gens importe ... »


Avec sa réélection spectaculaire, tout dernièrement, au Conseil économique et social (Ces)  et sa présence, subtilement remarquable, forte, dans la désignation des différents représentants des acteurs culturels dans le Conseil d'administration (Ca) du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), Claude Balogoun s'impose comme l'incontournable stratégie gagnante du système culturel, au Bénin. Nous l'avons rencontré, aux alentours de la Salle Vip du Ministère de la Culture, le vendredi 12 septembre dernier, positionnant, avec quelques lieutenants, ses pions, en préparation de la fatidique élection des derniers membres du Ca/Fitheb. Sa réponse à nos questions montre que l'homme est bel et bien conscient d'une force de frappe qu'il détient et qu'il ne doit en rien au hasard ...


Kokou Claude Balogoun
Stars du Bénin : Bonjour M. Claude Balogoun, vous êtes Conseil au Conseil économique et social (Ces). Nous vous avions vu, le mardi 9 septembre dernier, à la Salle de conférence de la Direction de la Promotion artistique et culturelle (D/Pac), dans le cadre de l’élection du représentant des promoteurs culturels au prochain Conseil d’administration (Ca) du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). Ce vendredi 12 septembre, nous vous voyons encore, non loin de la Salle Vip du Ministère de la Culture, de l’alphabétisation de l’artisanat et du tourisme (Mcaat), en train de calmer les ardeurs et de suivre de près l’élection des représentants respectifs des metteurs en scène, des comédiennes, des comédiens et des dramaturges au même Ca du Fitheb. Quelle est la signification de votre présence à ces différents lieux ?

Claude Balogoun : Merci, cher ami. Je vais répondre en commençant par vous donner l’exception qui confirme la règle. L’exception, c’est la désignation des journalistes culturels au Ca/Fitheb ; vous ne m’avez pas vu à cet événement, même si je suis journaliste, par ailleurs, je ne suis pas reconnu comme tel, c’est pour cela que vous ne m’avez pas vu là-bas. Alors, si vous m’aviez vu avec les promoteurs culturels, c’est parce que j’en suis un, ayant la structure qu’on appelle ’’Gangan production’’, qui est complètement en règle vis-à-vis des textes qui régissent le secteur. Donc, j’ai été convoqué dans le corps électoral pour voter dans le cadre de la désignation du représentant des promoteurs culturels.
Aujourd’hui (Le 12 septembre, Ndlr), je suis là. Vous n’êtes pas sans savoir que je suis comédien, metteur en scène, cinéaste et producteur. Aujourd’hui, on est venu pour élire le représentant des comédiens, des metteurs en scène, des dramaturges ; toutes ces corporations, j’y évolue ; je n’ai pas demandé à Dieu de me faire pluridisciplinaire. Donc, je suis là, tout simplement.
Par contre, je ne suis pas dans la salle. Je ne suis pas dans la salle, tout simplement parce que, d’abord, ce matin, j’avais une production audiovisuelle à aller assurer. Deuxièmement, je me dis que les associations dans lesquelles on évolue, il y a des gens valables qui peuvent être dans la salle pour désigner convenablement et valablement toutes ces différentes personnalités qui vont siéger au Ca/Fitheb. C’est simplement pour ça.
Je suis venu juste en supervision pour regarder si les choses se passent bien ou pas : ça chauffe un peu dans la salle, j’essaie de calmer les gens comme je peux, tout simplement parce qu’un Conseiller de la République, représentant les artistes au Conseil économique et social est, en réalité, la personne, outre le Ministre de la Culture, qui est à l’Exécutif, la personne à même de semer la paix dans toutes les disciplines qui représentent tous les artistes au Bénin. Je suis comme le Président de la République des Artistes ; je suis obligé de les calmer.


J’ai l’impression que votre présence sur les lieux de cette élection manifeste une grande influence de votre part sur le secteur culturel au Bénin …


Oui, si vous avez été élu, au niveau des artistes, sur la base de 538 personnes qui vous ont accordé leurs suffrages, contre 10 abstentions, je pense qu’en réalité, cela va sans dire que j’ai montré une certaine influence dans le milieu ; 538 personnes, c’est quand même beaucoup, dans le milieu artistique, pour dire : « Celui-là qui a pu mobiliser des gens, du Sud jusqu’au Nord, c’est quelqu’un à qui on doit vouer le respect, parce qu’il a son mot à dire … »
Les électeurs qui sont dans la salle, actuellement, il y en a qui sont partis du Nord, hier, il y en a qui sont venus de Parakou, de Natitingou ; ils sont tous venus me voir, en tant que leur représentant, pour me dire : « M. le Conseiller, nous sommes là déjà, pour participer au scrutin ». Voilà, c’est normal …


Quel est le secret de cette influence ?


Mon secret est simple : j’essaie de travailler positivement, j’essaie d’être avec tout le monde, de répondre à la sollicitation de tout le monde ; cela me fait dépenser beaucoup d’argent, me fait dépenser beaucoup d’énergie mais, je suis bien obligé d’être à l’écoute de tout le monde. Je n’ai pas de camp, je n’ai pas de clan. Dans la salle, il y a différents candidats ; je peux vous assurer que tous les candidats sont passés me voir et j’ai pu les aider tous, comme je le peux. Je ne peux pas dire comment je les ai aidés … Mais, tous les candidats, de quelque bord que ce soit, sont passés me voir.
Alors, je n’ai pas de secret ; si secret il y a, c’est que ma porte est ouverte à tout le monde, ma poche aussi est ouverte à tout le monde et, moi-même, je suis ouvert à tout le monde. Ce n’est que ça, mon secret ; je souhaite que beaucoup de Claude Balogoun, ouverts comme ça, existent dans le secteur, pour que les choses puissent changer vraiment.


Dans les coulisses, on dit que vous avez la mainmise sur beaucoup d’associations, ce qui vous permet d’avoir vraiment cette influence-là. Est-ce que vous confirmez cela ?


La mainmise, je ne sais pas de quoi vous parlez. Je maîtrise véritablement les hommes, ce ne sont pas les associations que je maîtrise ; ce sont les hommes qui animent les associations. La dernière fois, si on a eu cinq cents et quelque personnes, cela veut dire qu’il a eu ce nombre d’associations, divisé par trois ; toutes ces associations ont été négociées, une à une, du Nord jusqu’au Sud. Je ne peux pas refuser aux autres entrepreneurs culturels de faire pareil ; nous, on va vers les gens pour leur parler.
La preuve : votre Association, ’’Le Noyau critique’’, était venue me voir, la veille du vote, n’est-ce pas ? Alors que je n’avais pas appelé ’’Le Noyau critique’’, parce que cette organisation avait estimé que j’avais des principes qui rencontraient les siens, que j’avais une manière qui rencontrait les siennes, que j’avais un plan, un programme qui pouvait l’arranger. Donc, ’’Le Noyau critique’’ s’était rapprochée de moi pour me demander : « Est-ce qu’on peut te soutenir ? Est-ce qu’on peut faire quelque chose ? » Le débat s’est bien passé, le jour-là ; la preuve en a été que mon vote a été éclatant et, je suppose que parmi les 538 personnes, ’’Le Noyau critique’’ a voté pour moi …
Est-ce qu’on ne peut pas dire que je maîtrise ’’Le Noyau critique’’ ? Je pense que c’est oui ! Encore que ’’Le Noyau critique’’ a son indépendance.
Lorsqu’il y a une échéance, je sais comment approcher cette association pour qu’elle aille dans le sens que je souhaite. La preuve, pour le vote des journalistes culturels, j’ai dû appeler les gens du ’’Noyau critique’’ pour savoir si on pouvait encore se voir pour que vous puissiez nous aider ; le candidat que j’ai souhaité a été élu, même si celui-ci a fait son travail à son niveau, unilatéralement.
Ce n’est pas que je maîtrise les associations, il n’y a pas une autre manière de maîtriser … On est en Afrique et, la manière de parler importe, la manière d’aborder le sujet avec les gens importe. Donc, moi, j’ai une manière que les gens qualifient de bonne, de les approcher, de les solliciter, de leur demander des services, et les gens me les rendent facilement.
La preuve aussi en est que lorsque les gens ont leur festival, leur manifestation, je n’hésite pas à imprimer des affiches pour eux, à leur envoyer des caméras, par mes maigres moyens, 50 mille, 100 mille, pour les aider à organiser leur manifestation. De toute façon, il ne peut en être autrement, parce que si vous regardez les affiches que les gens mettent partout pour les manifestations, il y a toujours le logo de ma structure ’’Gangan production’’ là-dessus. Je crois que ce n’est pas gratuit ; on ne met pas le logo des autres promoteurs comme ça, c’est parce que je suis ouvert, d’une certaine manière, et que je contribue, d’une certaine manière.


On a l’impression qu’il faut aussi dépenser beaucoup d’argent pour avoir cette influence-là …


Non, je ne dépense pas … Je vous ai dit, tout de suite, que je donne une caméra ; si on doit calculer cela, effectivement, c’est de l’argent … Quand on fait le budget d’une manifestation, la captation est quelque chose qu’on facture. Si vous la facturez à 500 mille, et que vous venez voir Claude Balogoun, et qu’il vous dit de donner 100 mille, cela veut dire qu’il a participé de 400 mille, et ce n’est pas qu’il a sorti cette somme d’argent de sa poche ; ce n’est pas que j’ai l’argent, je n’ai rien, j’ai de la difficulté à payer les salaires de mon personnel, ce mois-ci, je n’ai rien … Mais, j’ai une manière de répondre aux gens, en temps et en heure, c’est cela qui les aide, ce n’est pas une question d’argent, je n’en donne pas ; ’’Le Noyau critique’’, est-ce que vous avez eu un rond, pour venir voter pour moi ? En quoi on dépense de l’argent ? Ce n’est pas une question d’argent …


Avez-vous un appel à lancer aux futurs représentants du monde culturel, en général, au Ca/Fitheb ?


Deux choses importantes : d’abord, vis-à-vis des réformes, moi, je suis un légaliste ; dès lors que l’institution qui gère la culture a décidé de mettre en place des réformes, si nous voulons exercer dans ce secteur, et travailler avec cette institution, nous sommes obligés de répondre à ces réformes. Je demanderais à tous les acteurs culturels de fournir les documents pour aller prendre leur carte professionnelle, aux associations de fournir les documents pour aller prendre leur agrément, et d’être à l’écoute des autorités, pour participer à l’éclosion de la Culture.
Deuxièmement, je demanderais aux autorités de diffuser, le plus largement possible, les informations essentielles dont les gens ont besoin pour que cela ne crée pas, à chaque fois, des frustrations.
Dernièrement, les nouveaux membres du Ca/Fitheb, qui vont siéger, je demanderais que, très tôt, ils s’approprient les nouveaux textes du Fitheb, qu’ils comprennent comment cela doit fonctionner et qu’ils aident le nouveau Directeur qui va venir à réussir véritablement sa mission, pour que le Fitheb redore effectivement son blason. Je souhaiterais qu’il n’y ait pas de division là-dedans, je souhaiterais que, même si les membres sont de différents camps, qu’ils s’entendent pour travailler ensemble, je souhaiterais également, enfin, qu’il n’y ait pas d’antagonisme avec l’autorité : avec tout Conseil d’administration, s’il y a brouille avec l’autorité, les choses ne marchent pas ; nous, on ne souhaite pas ça, je ne souhaite pas que cela arrive.
Je souhaite que ces nouveaux membres élus du Ca/Fitheb brisent complètement les liens avec les ailes de l’équipe de tous les anciens Directeurs du Fitheb, et qu’ils réinventent une autonomie créative qui pourrait nous permettre de réussir véritablement la mission qui est de faire remonter le Fitheb dans ses lettres de noblesse.          



Propos recueillis par Marcel Kpogodo

Arsène Codo, Nicolas Houénou de Dravo, Arsène Kocou Yémadjê et Alfred Fadonougbo parlent du fiasco des élections des représentants du monde du théâtre au Ca/Fitheb

Pour une montagne qui a accouché d'une grosse souris


Les élections du vendredi 12 septembre dernier, celles comptant pour la désignation des représentants respectifs des comédiens, des metteurs en scène et des dramaturges dans le prochain Conseil d'administration du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) n'ont pas pu se tenir. Dans la salle Vip du Ministère de la Culture, la tension était si vive, et on était au bord de l'affrontement entre membres de différents. C'est alors qu'Arsène Codo, Président du bureau de vote et actuel Conseiller technique juridique du Ministre Jean-Michel Abimbola, a mis un terme aux travaux. Etant sur les lieux, nous avons tendu notre micro à cette personnalité, de même qu'à trois hommes de théâtre : Nicolas Houénou de Dravo, Arsène Kocou Yémadjê et Alfred Fadonougbo. Ils éclairent, chacun, à sa manière, notre lanterne sur les tenants et les aboutissants du conflit ayant conduit à la suspension des travaux. 



Arsène Codo, Président du bureau de vote et Conseiller technique juridique du Ministre de la Culture

Stars du Bénin : Bonjour M. Arsène Codo, vous êtes le Président du bureau de vote devant conduire l'élection des représentants des acteurs culturels du théâtre au Conseil d'administration (Ca) du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). Nous vous voyons en train de sortir de la salle Vip du Ministère de la Culture, où devait se tenir le scrutin et d'où on entend un grand brouhaha. Que s'est-il passé? 

Arsène Codo : Là, c’est un malentendu entre les artistes ; certains disent que d’autres ne sont pas du théâtre … De toute façon, nous, on a procédé à la vérification des mandats, on a constaté. Maintenant qu’il y a un désordre impossible, nous sommes obligés de suspendre les opérations et de rendre compte à l’autorité, quitte à reprogrammer  l’élection.

Est-ce que vous pouvez nous décrire ce désordre, s’il vous plaît ?

En toute élection, il y a des gens qui arrivent avec des intentions ; on a constaté que, là, il y a des groupes organisés qui ne veulent pas de l’élection et qui sont en train de faire du désordre. Et, comme nous, nous n’allons pas voulu aller à l’extrémité et appeler la police pour vider les gens, et que nous avons toujours voulu du consensus, c’est pourquoi, en tant que Président du bureau de vote, j’ai pris la responsabilité de surseoir à la poursuite aux opérations, rendre compte à l’autorité et faire une autre programmation.




Stars du Bénin : M. Nicolas de Dravo Houénou, vous venez de sortir de la salle du déroulement des élections des représentants du monde du théâtre au Conseil d’administration (Ca) du Festival international de théâtre du Bénin. Que s’est-il passé ?

Nicolas de Dravo Houénou : Effectivement, nous sommes là pour les élections, en tant que comédien, metteur en scène et directeur de troupe. C’est un secteur qu’il faut quand même assainir, c’est un secteur qu’il faut amener à son émergence, comme on a l’habitude de le dire. Mais, ce secteur est pris d’assaut par des gens qui ne sont pas du métier.


Tout le monde est du métier. Mais, comme j’ai souvent l’habitude de le dire, il faut qu’on arrive à dissocier les arts de la culture, parce qu’on dit que l’art et la culture, cela englobe tout. Les acteurs même, ceux-là qui vivent, qui travaillent, qui sont présents dans le domaine doivent apprendre à se faire diriger ou à prendre en mains ce que eux-mêmes sont en train de faire.
On constate que c’est un mélange, un fourre-tout ; vous venez, vous allez, vous participez et vous constatez que ceux qui sont des professionnels sont là et ce sont d’autres personnes qui vont vous diriger, d’autres personnes qui ne sont pas de votre secteur, je ne vais pas participer à ça. Je n’étais pas parti nécessairement pour dire que si je n’étais pas responsable, que si je n’étais pas membre du Ca, ce serait la fin du monde ; il faudrait que qui que ce soit qui participe à ce vote, pour peu qu’il ait un beau projet, une bonne mentalité, une vision, je crois que ça peut permettre de faire quelque chose. Le Fitheb a fait 20 ans et on en est encore là à choisir et à pleurnicher sur les responsables, c’est vraiment malheureux, c’est malheureux !
Nous sommes tous au Bénin, on sait qui est comédien, qui est metteur en scène, qui est dramaturge. « Ce n’est pas l’habit qui fait le moine », dit-on, mais quand on voit le moine déjà, on sait que ça, c’est un moine. Quand vous êtes là et que tout le temps, chaque année, ce sont les mêmes problèmes, on prend les mêmes, on commence et, quelques jours après, on va commencer à dire que le Fitheb ne marche pas, il vaut mieux commencer à faire une autre politique ; les gens n’aiment pas démissionner dans ce pays, mais, moi, je dis qu’il vaut mieux qu’on commence un jour à le faire et, ce serait mieux.


On a appris que vous étiez candidat à siéger au Ca du Fitheb …

Oui, j’ai été candidat pour représenter les metteurs en scène, mais, j’y ai renoncé parce que ce qui devait commencer depuis neuf heures, on est à quatorze heures moins quinze et, c’est maintenant qu’on veut démarrer, on en train de tirailler sur des choses qui n’existent pas. Le décret est biaisé, il y a trop de choses à revoir, ce qui m’a amené à me dire qu’il vaudrait mieux me retirer pour permettre aux autres de continuer.
Le problème du décret est que des gens décident à la place des acteurs ; les responsables des fédérations ou des associations qui se sont réunis et qui ont validé ces textes-là ne sont même pas là, maintenant, aujourd’hui, et ce sont les acteurs qui sont là, ce sont quelques acteurs qui sont là. Ces responsables, ils restent dans un bureau, on les réunit pour des journées de réflexion ou pour des journées de sommeil, je ne sais pas, où ils écrivent, ils viennent, ils vous plaquent ça et, c’est fini, vous, vous allez rester et subir cela.
Ce qui est même grave : un metteur en scène ne peut pas être nécessairement membre d’une association, un comédien ne peut pas être membre d’une association ; c’est vrai qu’il faut réunir tout le monde, mais, je suis comédien, je ne suis pas appelé à jouer rien que dans mon association. Cela veut dire que je ne suis pas associativement comme ça et on ne peut pas me prendre pour m’imposer ce qu’il faut faire. Un comédien qui est reconnu par le Ministère de la Culture est libre de venir postuler, est libre de venir participer à une élection, alors qu’on nous dit que vous serez représentés par une association, ou bien que c’est une association qui va vous envoyer. Et, si, demain, je ne suis pas membre de cette association mais que je suis comédien ? Non, il faut arrêter ça. 



Arsème Kocou Yémadjê


Stars du Bénin : La salle devant abriter l'élection des représentants des hommes de théâtre dans le Conseil d’administration du Fitheb se vide de plus en plus et, vous, vous êtes dehors. Que se passe-t-il ?


Arsène Kocou Yémadjê : La situation s’explique par le fait qu’il y a une belle pagaille qui s’est organisée et que les véritables hommes de théâtre qui sont dans la salle n’ont pas voulu laisser faire la pagaille. Tout simplement, c’est de ça qu’il s’agit. Je suis venu ici par curiosité. Excusez-moi, j’ai pratiquement 17 ans de carrière théâtrale ; quand je regarde dans la salle, je n’ai pas identifié beaucoup de comédiens et de metteurs en scène. Pourtant, il s’agit d’élire un représentant des metteurs en scène et des comédiens. Excusez-moi, je n’en ai pas identifié beaucoup. C’est une belle pagaille, une très belle pagaille ; j’ai été heureux que des candidats aient refusé de se faire élire dans des conditions pareilles et se soient retirés ; c’est responsable !



Qui sont ces candidats qui ont refusé de se faire élire dans de telles conditions ?

Nicolas Houénou de Dravo et Alfred Fadonougbo ; je suis tout à fait d’accord avec eux.  






Alfred Fadonougbo 


Stars du Bénin : Nous avons appris que vous étiez candidat à l’élection des représentants des acteurs du théâtre dans le Conseil d’administration (Ca) du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), dans la catégorie des comédiens. Nous voyons une salle qui s’est pratiquement vidée complètement des votants. Que s’est-il passé ?


Alfred Fadonougbo : Il faut dire que, quand les membres du Comité d’organisation des élections ont lancé le processus, il y a eu des interventions qui ont énuméré un certain nombre d’insuffisances par rapport, d’abord, au libellé des agréments qui ont permis aux gens d’entrer dans la salle, pour constituer le corps électoral. Et, en substance, il a été relevé que ces agréments ne portent pas, de façon explicite, l’objet de ces associations. Donc, on ne peut pas savoir si les associations qui ont mandaté ceux qui entrent dans la salle en tant que votants sont effectivement dans le domaine du théâtre. Et, même s’ils sont dans le domaine du théâtre, cela ne règle pas le problème.
Concernant le deuxième point, il y a des associations qui ont relevé qu’on ait mis ensemble les dramaturges, les metteurs en scène et les comédiens, et que le corps électoral qui a été constitué procède à l’élection de ces gens-là. Il s’est posé un problème parce que le décret qui institue les nouveaux statuts du Fitheb n’a jamais dit qu’il faut mettre tous ces corps ensemble ; le décret a bien dit que les associations professionnelles se réunissent pour élire leurs représentants, mais le décret n’a jamais dit qu’il faut mettre plusieurs domaines ensemble.
Si les promoteurs culturels se sont mis entre eux pour élire leur représentant, si les journalistes culturels se sont mis ensemble pour élire leur représentant, pourquoi on ne ferait pas de même avec les autres corps de métier qui concourent à la création d’une œuvre théâtrale ? Les comédiens, c’est un corps responsable. Les metteurs en scène, c’est un corps responsable. Les dramaturges, c’est un corps responsable. Ce sont des gens qui ont leurs compétences. Et, s’ils doivent se faire élire, ce sont des gens qui doivent être convaincus de la compétence de ceux qui vont les élire, de ce qu’ils sont, de ce qu’ils représentent, ils doivent savoir s’ils sont membres du secteur.
En fait, un autre problème, c’est que les acteurs culturels sont très minoritaires au sein du Conseil d’administration ; sur les 15 personnes qui le constituent, il y en a 6 – si je compte les journalistes culturels parmi les acteurs culturels et, je crois que je ne me trompe pas en le faisant – le reste, ce sont des administratifs qui n’ont aucun intérêt particulier, qui ne maîtrisent pas forcément les enjeux que portent les nouvelles réformes, les enjeux du Fitheb.
Le Fitheb est tombé, nous voulons le relever et, nous nous sommes associés à ces réformes-là, nous avons soutenu le Ministre de la Culture en nous associant à ces réformes, et nous n’entendons pas être là pour que ces réformes-là, qui sont bien parties, commencent à avoir des couacs. Et, nous disons que les collaborateurs du Ministre de la Culture ne nous écoutent pas forcément ou, du moins, ceux qu’il écoute sont des gens qui ne sont pas bien aguerris, qui ne sont bien au fait des problèmes, des réelles préoccupations des hommes de théâtre. Le D/Pac (Directeur de la Promotion artistique et culturelle, Ndlr) décide d’écouter les fédérations d’associations d’artistes, alors qu’il ne cherche pas à comprendre si ceux qui sont dans ces fédérations connaissent réellement les vraies questions qui se posent au niveau du théâtre.
A la suite de ce problème qui a été soulevé, il y a eu beaucoup de remous, beaucoup d’interventions et, le candidat Nicolas Houénou de Dravo, qui était candidat pour représenter les metteurs en scène, a décidé de retirer sa candidature, ce que j’ai fait aussi, et j’ai argumenté ma décision ; en substance, j’ai dit ceci : le Rcb (Réseau des comédiens du Bénin, Ndlr), que j’ai représenté, d’abord, aux Journées de réflexion, a fait un travail colossal ; nous avons pris beaucoup de risques, nous connaissons les coups que nous avons reçus pour que les réformes se fassent de façon responsable. Mais, si on laissait faire ces élections-là ... ! parce que ceux qui étaient dans la salle, il faut l’avouer, on ne les maîtrisait pas, on ne les connaissait pas … Nous sommes combien ?
Aujourd’hui, tout le monde est comédien, tout le monde est metteur en scène, tout le monde est dramaturge ; il faut arrêter cette pagaille-là ! Et, les autorités, les cadres du Ministère ont dit d’écrire au Ministre pour dénoncer ces insuffisances et, nous avons dit : « Non ! »  On ne peut pas continuer à écrire … Il faut que vous sachiez que nous ne sommes pas d’accord. C’est ce qui s’est passé, ce matin.
En dehors de tout cela, il y a eu quelqu’un qui n’a pas pu se contrôler et qui a voulu porter des coups, cela a créé une pagaille. Ainsi, les gens ont été obligés de suspendre cette séance qui devait procéder à l’élection des représentants des acteurs du théâtre au Ca/Fitheb.
Mais, toute cette expérience pose un problème, c’est celui de la volonté réelle des autorités du Ministère de la Culture et des acteurs culturels que nous sommes, à vouloir faire des réformes vraiment conséquentes, pour le Fitheb. C’est hyper important, il faudrait que nous nous posions la question ! Et, il faut que le Ministre instruise ses collaborateurs pour qu’ils associent les vrais acteurs du milieu du théâtre ; ils les connaissent bien ! Si ces collaborateurs ne veulent pas les associer, il n’a qu’à leur demander pourquoi.
Moi, je dis que c’est eux qui sont responsables de ce qui s’est passé aujourd’hui ; il faut qu’on en tire les leçons. Malgré tout, nous allons adresser une correspondance au Ministre de tutelle pour faire le point de ce qui s’est passé aujourd’hui, pour déplorer cela et lui dire que nous, nous étions engagés dans les réformes mais, que, si cela continue comme cela, nous ne sommes plus partant. En effet, il faut qu’on arrête, dans ce pays, de mélanger torchon et serviette.
Nous sommes une corporation responsable et, nous devons être considérée comme telle. Vous voyez, il y a des flics qui ont été commis ; les comédiens et les metteurs en scène ne sont pas des gens violents. Mais, pourquoi on a été obligé d’appeler des policiers ? Est-ce que ces responsables-là qui nous ont convoqués sont bien outillés pour gérer les acteurs culturels que nous sommes ? Nous ne sommes pas des gens violents ! Ceux qui ont amené la violence, ils n’ont qu’à les chercher à les identifier. C’est important. Et, désormais, si on doit relancer ce processus, il faut que cela se passe dans les normes ; tant qu’on va amener des gens qu’on ne connaît pas, pour désigner des gens qui doivent porter des combats responsables, on ne pourra que déplorer des situations de ce genre. Il faut que les autorités et les acteurs culturels tirent les leçons de la situation que nous avons vécue aujourd’hui. Je vous remercie.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo