mercredi 29 janvier 2014

Retour sur le Festival ''Lagunimages" 2013

Noélie Noudéhou Houngnihin, la Directrice : "[...]c’est effectivement un peu difficile d’avoir de bons rapports avec les institutions qui ont à charge la promotion du cinéma, quand vous n’êtes pas insérés dans les réseaux de lèche-culs ... "


La 7ème édition du festival cinématographique béninois, "Lagunimages", s'est déroulée, du 5 au 8 décembre 2013. Les contraintes de l'organisation passées, Mme Noélie Noudéhou Houngnihin a accepté de nous en confier ses réflexions, n'ayant pas sa langue en poche pour dénoncer certaines tristes réalités techniques et morales du milieu cinématographique au Bénin.


Noélie Noudéhou Houngnihin

Stars du Bénin : Mme Noélie Noudéhou Houngnihin, vous êtes la Directrice du Festival ’’Lagunimages’’, dont la septième édition s’est déroulée, du 5 au 8 décembre 2013. Quelles en sont vos impressions ?


Noélie Noudéhou Houngnihin : C’est une motion de satisfecit ; on est très contents du travail réalisé par tous les bénévoles, le Comité d’organisation et moi-même. Notre plus grande fierté, c’est l’action d’éducation artistique que nous avons initiée dans une école publique de Cotonou ; nous avons initié les enfants à comment appréhender l’œuvre artistique et culturelle. C’est une des plus grandes réussites du Festival.


Est-ce que le Festival suivra ces enfants qui ont été formés ou seront-ils laissés à eux-mêmes, quitte à ce qu’ils puissent réinvestir les acquis recueillis ?


Absolument, il faudra les suivre ! D’ailleurs, ils nous mettent assez la pression psychologique pour ça, d’autant plus que tous les mercredis et tous les samedis, depuis qu’ils ont fait leur prestation, ils se retrouvent à leur lieu d’entraînement, à la Place du Souvenir. Effectivement, ils attendent quelque chose de nous. Évidemment  nous allons les insérer dans notre plan d’actions, pour les deux prochaines années et, approfondir la formation qu’ils ont reçue, continuer en intégrant certaines autres écoles parce que, pour des raisons budgétaires, nous n’avions pu intervenir que dans une seule, le Collège d’enseignement général ’’Océan’’. Mais, de plus en plus, on va en insérer d’autres dans notre plan, jusqu’à ce qu’on puisse faire inscrire les activités culturelles dans les programmes scolaires officiels.


Quel regard portez-vous sur le cinéma béninois ? Nous avons constaté, dans le déroulement de cette édition du Festival, une exploitation du cinéma ouest-africain … Le cinéma béninois n’est-il pas valable pour que vous puissiez l’exploiter ?


Il y a très peu de production cinématographique au Bénin ! Donc, le Festival, vu la programmation, vu le nombre de places publiques et de marchés où nous devions faire des projections, on ne pouvait pas se limiter à la production cinématographique béninoise qui est très maigre ; il y a combien de films qui sont produits par an ? Il y en a très peu. Mais, nous avons, quand même, ouvert une lucarne aux étudiants de l’Isma (Institut supérieur des métiers de l'audiovisuel, Ndlr.), dont nous avons présenté six ou sept films, réalisés par des étudiants en fin de formation. Donc, nous espérons que, petit à petit, le Bénin produira suffisamment d’œuvres cinématographiques pour bénéficier d’une programmation significative, parce que, dans la programmation de ’’Lagunimages’’, nous avons une section ’’Vision intérieure’’, qui devrait regrouper essentiellement des films béninois, ce qui fait que nous sommes demandeurs. Mais, il faut dire aussi que ’’Lagunimages’’ est un festival international, nous avons une certaine réputation, nous sommes très vus à l’international, donc, il n’est pas question pour nous de présenter des films béninois juste pour le faire ; ceux que nous présentons doivent répondre à un certain niveau, en matière de normes et de qualité, pour pouvoir être diffusés sur nos plateformes.


Ne pensez-vous pas que le cinéma béninois, malgré les limites qu’il présente aujourd’hui, a une certaine spécificité exploitable et valorisable à l’Extérieur, même s’il ne répond pas à des canaux internationaux ?


Vous savez, le cinéma, c’est une science, c’est une profession technique. Donc, chaque réalisateur qui fait un film donne une idée de sa pensée propre ; c’est d’abord une œuvre individuelle. Mais, c’est une œuvre artistique qui doit répondre à certaines normes techniques et de qualité, sinon, ce n’est pas possible ; quand vous avez fait un film et que le son est pourri, il n’est pas diffusable, c’est ça le problème ! On ne peut diffuser des films qui, techniquement, ne tiennent pas, parce qu’il faut mettre le spectateur dans un certain confort, c’est aussi ça le cinéma, lui permettre de voyager ; c’est pour ça que les réalisateurs, ceux qui se respectent et qui respectent leur métier mettent un point d’honneur à avoir des images de bonne qualité, un son de bonne qualité. Après, si l’œuvre artistique, en tant que telle, est discutable, c’est un autre débat. Mais, pour nous, il n’est pas question de diffuser, sur la plateforme du Festival, des œuvres qui, techniquement, découragent les spectateurs, parce que, nous, nous faisons des productions dans des conditions extrêmes déjà, elles sont en plein air ou dans les marchés, donc, il y a déjà énormément d’intrusions extérieures. Alors, il faut que, techniquement, l’œuvre tienne, que le son soit bon, que les images soient de bonne qualité, que le son soit synchro, qu’il soit mixé et talonné ! Pour nous, c’est vraiment très important que les œuvres respectent ces normes-là, pour que nos spectateurs aient envie de revenir plus tard, parce que, c’est tout l’enjeu du Festival ’’Lagunimages’’, nous n’avons plus de salles au Bénin mais, nous tenons à faire voir les productions cinématographiques des réalisateurs africains à leur public, le public d’ici. Et, nous ne pouvons pas leur montrer n’importe quoi, parce que cela n’honore pas notre profession.


A part ce que vous avez fait au niveau de l’Isma, quel travail pensez-vous effectuer pour amener les professionnels qui sont dans le domaine depuis bien longtemps à se conformer aux standards internationaux ?


C’est un travail que nous avons commencé depuis longtemps, depuis la toute première édition de ’’Lagunimages’’ ; nous avons toujours prévu des formations de renforcement de capacités et de mise à niveau, en direction des professionnels du cinéma. Donc, c’est une œuvre que nous allons continuer avec ceux qui veulent bien se rapprocher de nous et travailler avec nous. Cette année, par exemple, bien avant le Festival, on a donné une formation sur le jeu d’acteur face à la caméra, qui est très spécifique. Donc, l’année prochaine aussi, nous avons en projet de remettre cette formation, de l’approfondir, de la pratiquer sur un plateau de tournage.
C’est un travail que nous avons commencé depuis et que nous allons continuer, évidemment, de telle sorte que, de plus en plus, ceux qui ont envie de faire du cinéma sachent que c’est un métier qui est difficile, exigent et qu’il faut atteindre une certaine technicité ; c’est une question de respect du téléspectateur.


Quelles sont vos relations avec les cinéastes béninois ?


Elles sont très bonnes, on se connaît. Moi, je navigue dans ce milieu depuis 2002, donc, cela fait un certain moment ; on se connaît bien, on travaille beaucoup avec ’’Gangan Productions’’ que personne ne présente, avec Claude Balogoun, on travaille beaucoup avec Madame Rosalie Daaguè avec son groupe, on se connaît, on connaît bien Christian Noukpo, on se connaît, on fait des choses ensemble, avec ceux qui pensent comme nous, parce que, c’est vrai que le Bénin est un pays particulier où tout le monde a son avis sur tout. Mais, nous, nous croyons en la solidarité, nous croyons en l’économie sociale et solidaire et, les gens qui veulent travailler avec nous doivent adopter ces principes-là, sinon, ce n’est pas possible ! On ne vient pas à ’’Lagunimages’’ pour s’enrichir, pour s’acheter une voiture, pour se faire de l’argent, non ! Tout le budget que nous engrangeons doit être réinvesti dans le Projet et, effectivement, c’est difficile, ici, de trouver des gens qui épousent ce mode de pensée mais, il y en a beaucoup avec qui nous travaillons.
Quant à nos rapports avec l’institutionnel, ils sont un peu plus délicats, parce que, nous, nous ne sommes dans aucun réseau et, cela ne nous intéresse pas d’ailleurs, on n’a même pas le temps pour ça. Oui, c’est effectivement un peu difficile d’avoir de bons rapports avec les institutions qui ont à charge la promotion du cinéma, quand vous n’êtes pas insérés dans les réseaux de lèche-culs, voilà.


Pour finir, est-ce qu’on peut connaître vos perspectives pour 2015, l'année de la nouvelle édition de ’’Lagunimages’’ ?


Il faut dire qu’entre deux éditions du Festival, nous faisons énormément d’activités. Donc, pour les deux prochaines années, comme je le disais tantôt, nous allons approfondir le travail dans les écoles, agrandir le réseau, travailler plus avec les enfants, faire des choses avec eux, puisque ceux qui sont enfants aujourd’hui sont les adultes de demain ; si nous voulons que les Béninois de demain consomment les produits culturels, c’est aujourd’hui qu’il faut les former. Pourquoi pensez-vous qu’il y a très peu de Béninois qui achètent les œuvres de nos artistes ? C’est parce qu’ils n’ont pas été éduqués pour ; la consommation de l’art s’apprend comme la façon de manger, la façon de parler, c’est une éducation artistique qu’il faut. Nous, nous avons fait ce pari, de continuer dans les écoles, afin de faire de ces enfants, aujourd’hui, des consommateurs de culture, pour demain. En étant mis très tôt en contact avec l’esthétique culturelle, ils peuvent, un jour, signer un chèque d’un million pour acheter une œuvre culturelle, parce que cela aurait fait partie de leur univers et, c’est ça notre ambition pour les deux prochaines années.


Un mot de fin, pour clore cette interview ?


Je dis un grand bravo à nos partenaires, ceux qui nous ont suivis, l’Ambassade du Brésil et la Coopération suisse au Bénin, le Port autonome de Cotonou, … ; c’est difficile de citer des gens, parce qu’on en oublie toujours.
J’encourage mon Comité d’organisation ; ses membres ont été formidables : ils ont été là, du début jusqu’à la fin, ils ont tenu et, pour ça, je leur dis « Bravo ! », je leur demande qu’on reste unis, pour qu’ils ne se laissent pas distraire par le chant des sirènes, parce qu’on a encore de grandes choses à faire dans le futur. 
   
Propos recueillis par Marcel Kpogodo 

mardi 28 janvier 2014

Vernissage de l'exposition " Pas de flash s'il vous plaît ! "

Ishola Akpo initie une performance explosive

L'événement a eu lieu ! Ishola Akpo a tenu les promesses des fleurs d'un vernissage d'une installation photographique, qui s'annonçait spécial. Il s'est déroulé, le samedi 25 janvier 2014, en tout début de soirée, à l'Espace Kpobly de l'Institut français de Cotonou. Les participants ont connu une folle surprise.


Un aperçu de l'installation photographique.
"Pas de flash s'il vous plaît !" est le titre de l'installation dont l'artiste-photographe béninois, Ishola Akpo, a réalisé le vernissage à l'Espace Kpobly de l'Institut français de Cotonou, le samedi 25 janvier dernier. Quelques minutes après dix-huit heures, le moment annoncé, l'entrée de l'Espace en question était toujours fermée mais, Sylvain Treuil, le Directeur de l'Institut, déclare que l'artiste y est enfermé et qu'il va en sortir.
Ce qui se fait. Et, le jeune apparaît, casqué à la manière d'un mineur, une petite lumière au front, le visage placide et pâle, sans tension aucune, vêtu d'une courte redingote rouge mal ceinturée sur une culotte de maison, une torche allumée dans l'une de ses mains.
Direction, à la grande surprise de tous, la sortie de l'Institut et, la route, qu'il traverse rapidement pour se retrouver sur le terre-plein en béton, non sans pointer sa torche, tel Diogène et cherchant quelque chose dont seul lui avait le secret. Lançant tout, il lève les deux bras au ciel, comme pour présenter à tous sa quête initiatique, fermant les yeux, se concentrant et appelant apparemment le public à se joindre à sa cause.
Cette torche se fait l'outil, justement d'un processus initiatique "diogénique", puisqu'il braque son instrument de lumière successivement dans tous les sens et, finalement, le projette sur lui-même, sur différentes parties de son corps, sur sa figure, dans sa bouche, de la tête aux pieds et, en tout calme, comme si personne n'existait autour de lui, malgré la circulation ambiante. Quelques minutes plus tard, le voilà qui traverse à nouveau la voie, revenant sur ses pas, entrant dans l'Institut, se dirigeant vers l'Espace Kpobly dans lequel il entre et se meut vers le fond où, contre le mur, est projetée une vidéo de lui, bougeant. Doucement, il se moule dans le mouvement de l'image tout en continuant allègrement l'introspection de son corps à l'aide de la torche, toujours allumée. Puis, la pénombre permet à l'artiste de se faufiler, de disparaître pour refaire surface, en tee-shirt bleu, les pieds nus, se mêlant à la masse curieuse, comme s'il avait fait partie des spectateurs. Quelques pas plus tard, il rejoint Sylvain Treuil pour le lancement de l'exposition.

Marcel Kpogodo    


Album-photos des étapes d'une performance hors du commun :

A la sortie de l'Institut ....
.... avec la prise de possession du terre-plein de la voie ...

.... et l''allégeance à la nature ...
... puis la quête dans l'un de ses dimensions ... 
.... sous le regard d'une foule médusée.
Mais, lui, imperturbable, s'évertue ... 
... à continuer d'interroger ....
... toutes les dimensions de son espace ...
... qui s'élargit à sa propre personne ...
... dans les moindres de ses recoins ...
... sans rien laisser au hasard ...
.... d'une recherche de soi ....
... qui semble exhaustive ....
.... pour revenir à l'extérieur ...
... dans son ordinaire ...
.... pour se recentrer sur soi ....
.... et en soi ...
.... pour revenir en arrière ...
... retourner sur ses pas ....
... revenir aux siens ....
.... et, sans hésiter, ...
... à la case départ de l'Institut ....
.... et de l'Espace Kpobly où continue ....
... l'exploration de soi, dans un cadre plus concordant.
Puis, réhabillé, il se mélange à la foule, ...
... donnant des explications, 
... avant de rejoindre M. Treuil, pour le lancement de l'installation, "Pas de flash, s'il vous plaît".

Crédit photos : Marcel Kpogodo

lundi 27 janvier 2014

Arsène Kocou Yémadjè au concert live d'Ignace Don Métok

Dix minutes exceptionnelles d'humour

Le concert d'Ignace Don Métok, à l'Institut français de Cotonou, le samedi 18 janvier 2014, a donné lieu, en première partie, à un spectacle d'humour, animé par un artiste béninois très en vue actuellement : Arsène Kocou Yêmadjè.

Arsène Kocou Yêmadjè, dans son jeu ...
Au moment où les "métokphiles" avaient complètement envahi le Théâtre de verdure de l'Institut français de Cotonou, en cette soirée du samedi 18 janvier 2014, attendant impatiemment que leur idole vienne donner de sa voix langoureusement édifiée par les situations du commun de ses compatriotes, un homme apparaît, en tenue locale sobre et claire, un micro miniature à la bouche, arpentant le public de ses yeux brillants : le jeune comédien et metteur en scène béninois, Arsène Kocou Yêmadjè.  
L'instant de surprise passé, du côté des spectateurs, il dégaine brutalement, d'un ton charmeur mais coupant ; le sujet sur lequel il réussit à concentrer l'intérêt de tous, rapidement, est la femme, cet être parfois redoutable mais qu'il n'arpente pas du côté où tous semblent l'attendre, s'arc-boutant au mot "lèvres" qu'il manipule dans son sens premier et, sans aucune gêne apparente, dans sa signification réellement troublante et embarrassante. Ceci lui permet, dans une mise en garde finement distillée, de recueillir quelques éclats de rire, pour finir par les recevoir massivement lorsque, dans la peau d'un personnage atypique, il révèle son dédain des vœux du Nouvel an, faisant ressortir, avec un sens dérisoire dont lui seul a le secret, le caractère hypocrite de ceux qui les formulent. Il en profite alors pour coiffer au poteau le médecin, entre autres, qui n'a aucun intérêt à attendre une bonne santé de ses semblables, vu son obligation de réaliser un bon chiffre d'affaires. Hilarité plus abondante. Stoppant habilement sa charge, il retire ses cartes, sentant son dernier jeu abattu, et file dans les coulisses pour reprendre son souffle. Ceux qui le connaissent dans la forte foule scandent son nom. C'était dix minutes chrono. Pas quelques secondes de plus !
C'était le deuxième coup d'essai d'Arsène Kocou Yêmadjè, après le premier qui a été un coup de maître, le 5 décembre 2013, dans la Salle rouge du Palais des congrès de Cotonou, à l'occasion de la commémoration du centenaire de la naissance de l'ancien Président, Sourou Migan Apithy. En réalité, cet artiste n'entend pas s'arrêter en si bon chemin, ce qui lui fait attendre un public massif, les 15 et 16 février prochains, au Centre culturel "Artisttik Africa", d'Ousmane Alédji, au quartier Agla, à Cotonou. Quelle vision hilarante et peu conventionnelle se pourrait-il qu'il donne de l'amour dont on aurait célébré la fête, la veille du premier jour de spectacle ? Attendons-y Arsène Kocou Yêmadjè qui, désormais, s'abonne au stand-up.

Marcel Kpogodo 

samedi 25 janvier 2014

"Pas de flash, s'il vous plaît"

Les surprises d'une exposition photo d'Ishola Akpo à l'Institut français de Cotonou



Ce samedi 25 janvier 2014, à 18 heures, le photographe béninois d'art, Ishola Akpo, lance une exposition photo intitulée "Pas de flash, s'il vous plaît". Quatre étapes marqueront l'événement.

L'espace Kpobly de l'Institut français de Cotonou accueillera, en début de soirée de ce samedi 25 janvier 2014, le vernissage de l'exposition photographique intitulée : "Pas de flash, s'il vous plaît!", prévue pour se tenir, de ce jour, au 22 mars. Selon l'artiste ayant accepté de se confier à nous, cette présentation d'œuvres comprendra quatre parties. 
La première consistera à soumettre au public une trentaine de photos, en grand et en petit format, celles-ci étant l'ensemble des images non sélectionnées pour cette exposition ; ce procédé a pour but de révéler au public le processus qu'il a suivi avant d'en arriver à la constitution de cette série. 
Deuxièmement, il projettera quatre photos en boucle, c'est-à-dire, qui tourneront à l'écran, de manière répétitive. 
En troisième lieu, douze photos seront projetées. Cette stratégie porte le nom de l'exposition, "Pas de flash, s'il vous plaît!". A ce propos, Ishola Akpo explique qu'il y aura l'intervention des trois facteurs que sont la lumière, le corps et la matière, avec une interaction de la lumière sur le corps, d'une part et, sur la matière, d'autre part. Alors, dans un auto-portrait fulgurant et courageux, son corps sert de fondement à l'exercice de la lumière et, il se sent mieux ainsi, puisque, comme il le dit, son propre corps peut mieux exprimer ce qu'il ressent et se plier à ses exigences d'artiste, ce qui ne serait pas le cas s'il demandait à une autre personne de se laisser servir d'objet à la constitution d'une œuvre d'art. Il considère cette auto-utilisation corporelle comme une manière de "se performer, de s'exprimer devant l'appareil photo". 
Enfin, l'artiste annonce que la quatrième phase du vernissage est une performance surprise ; il ne peut en annoncer rien de plus qu'elle aura lieu ce même samedi et qu'elle lui permettra d'utiliser son corps pour s'amuser avec la lumière, pour se brûler ...
Globalement, Ishola Akpo ne fait aucune différence entre l'artiste-peintre et lui, puisqu'il prend la photo, lui enlève ou lui ajoute des couleurs, dans le but de plus faire parler les images ; il considère qu'il ne photographie pas, mais qu'il fabrique des images, les déforme, les recompose. Voilà une démarche de travail dont les fondements et les caractéristiques se livrent à travers cette exposition qui sera lancée, dans quelques petites heures, et qui requiert la participation de tous les amoureux de la chose artistique.

Marcel Kpogodo    

jeudi 23 janvier 2014

Concert live d'Ignace Don Métok à l'Institut français de Cotonou

Une ferveur inédite du public consacrant la popularité de l'artiste chez les Béninois

Le samedi 18 janvier 2014 a été bien particulier au Théâtre de verdure de l'Institut français de Cotonou, ayant connu la prestation scénique du jeune artiste de la chanson béninoise, Ignace Don Métok. Au-delà d'un public massif ayant fait le déplacement, le comportement de véritables mélomanes témoignait de l'amour particulier que Don Métok a su cultiver en eux, par son talent exceptionnel.

Ignace Don Métok, de sa voix vigoureuse ...
De mémoire de concert au Théâtre de verdure de l'Institut français de Cotonou, quel artiste confirmé de la musique béninoise a jamais été accueilli sur scène par une ferveur aussi profonde de la part d'un public aussi passionné et acquis à sa cause artistique, si ce n'est que pour les baobabs de la musique béninoise, comme les Sagbohan Danialou, les Nel Oliver, les Tohon Stan, les Poly-Rythmo, notamment, dont le répertoire musical a fait le tour des niveaux de générations comme les grands-parents, les parents, les enfants et les petits-fils? 
Un jeune dont la carrière vient à peine de commencer, si l'on le compare à ces mammouths, a bénéficié de l'adhésion totale du public à sa personne, à sa musique, à sa voix, à son rythme musical de style tradi-moderne, à sa manière de danser, à l'exposition et au dénouement de ses morceaux, aux paroles qu'en chœur, les spectateurs reprenaient, complétaient, anticipaient, chantaient intensément, ce qui montrait un artiste complètement inculturé et authentique chez qui les Béninois retrouvaient les repères de leur culture originelle ; c'était une véritable réussite ! 


Dans l'intimité d'un succès implacable

D'une entrée humble sur scène, tout de blanc vêtu et, le chef aussi blanchement et complètement couvert d'un chapeau sans bords, à une sortie tout aussi simple, pour laquelle les spectateurs, scotchés à leur siège, ont failli verser des larmes, Ignace Don Métok a véritablement tenu en haleine et en laisse les mélomanes ayant fait le déplacement du Théâtre de verdure de l'Institut français de Cotonou, ce samedi 18 janvier 2014. 
Tout transpirant et manifestant une endurance de 90 minutes, sans pause, il a égrené un chapelet de chansons à succès, balayant tous les albums produits, jusqu'à "Hongan", celui lancé le 17 juin 2013, au Bénin Marina Hôtel de Cotonou : "Juste le meilleur", "Zogodo", "Ho nougbo", "Hokpo" + "Gnonnou", "Wake up", "Destin", "Hongan", "Dougbè" + "Gnonnou gankpo", "Roméo et Juliette", "Jhonnicus", "Atilito" et "Prière". 
14 réalisations, en acoustique et en live, si l'on doit ajouter le morceau introductif, pour lesquelles Don Métok a fait preuve d'un total don de soi, sur les plans vocal, rythmique et physique. De même, ses quatre danseurs, d'une part, qui, d'une manière intermittente bien calculée, apparaissaient sur scène pour faire vivre, de leurs pas et leurs jeux bien rythmés des bras et des jambes, de l'expression fortement souriante et enthousiaste de leur visage et de leur complicité avec la rythmique effervescente de l'orchestre en action. D'autre part, ses deux charmantes choristes, qui ont fait la scène, de bout en bout, ont régalé les regards par leurs sublimes déhanchements et, les oreilles, par leur accompagnement vocal, en symbiose avec l'atmosphère rythmique.       

La partition active d'un public comblé ....
Finalement, l'impression que donnait le public du Théâtre de verdure de l'Institut français de Cotonou, en cette soirée chaude du 18 janvier, est qu'il en avait eu pour plus que son argent, face à un chanteur, à la voix ferme, virile, au meilleur de sa forme, à un orchestre acquis à des morceaux dont la maîtrise allait de soi, face à un ensemble musical qui faisait jubiler les corps, les esprits, les sens, face à des rythmes traditionnels ressourcés par un accompagnement instrumental moderne, face à des chansons dont la quasi-totalité prenait l'envergure de tubes à succès, vu leur maîtrise des paroles, de la part des mélomanes, face à cette ultime communion entre Don Métok et les spectateurs qui se sont révélé de profonds admirateurs, des fans inconditionnels, face à des billets de banque qui, de manière incessante, pleuvaient sur le visage du chanteur, adulé, d'une manière irrépressible. 

Don Métok, rendant hommage à Gogoyi Prosper Akouègnon, son Producteur ...
Ainsi, une seule conclusion s'imposait, à la fin du concert, dans les alentours de 22h35 : le Savalois Ignace Sourou Métokin, du vrai nom
de l'artiste, se constitue en une icône de la musique béninoise, une figure forte qui, dans une humilité pragmatique, un sens de tolérance sans pareil et une ouverture culturelle d'esprit, prend racine, de manière durable, dans la richesse des rythmes locaux, tout en les valorisant par les agencements modernes, avec des paroles véhiculant des thèmes aussi simples traduisant la sensibilité sociale quotidienne de ses compatriotes!  Pour une tête froide qu'il devrait se battre pour garder, tout au long de ce processus de succès, nous ne serions qu'au "début du commencement" d'une réussite artistique programmée pour arpenter la sous-région, le reste de l'Afrique et le monde.

Marcel Kpogodo

mercredi 22 janvier 2014

Jeu de la pièce "Syngué Sabour-Pierre de patience", à l'Institut français de Cotonou

La mise en scène exigente d'Anicet Adanzounon

La soirée du vendredi 17 janvier 2014 a donné lieu à la représentation de la pièce "Syngué Sabour-Pierre de patience", d'Atiq Rahimi, à la Grande paillote de l'Institut français de Cotonou. Anicet Adanzounon, qui en est le metteur en scène, n'a pas semblé avoir la tâche facile.

Dans son corps et avec sa voix d'homme, c'est une mentalité de femme meurtrie, psychologiquement déstabilisée et fragilisée par des épreuves conjugales aussi lourdes et suffocantes les unes que les autres, c'est un traumatisme d'une personne de sexe féminin, se faufilant entre les panneaux de grille blanche, légèrement inclinés, meublant la scène à l'atmosphère rougeoyante, c'est ce genre de personnage qu'a réussi à incarner le Burkinabè, Léon Zongo, sous la supervision d'Anicet Adanzounon, dans la pièce, "Syngué-Sabour-Pierre de patience, à la Grande paillote de l'Institut français de Cotonou, dans la soirée du vendredi 17 janvier 2014.
Elle raconte l'histoire d'une femme qui monologue face à son mari en agonie, lui confiant la vérité de ses souffrances à ses côtés, en tant qu'épouse.
Il a été donné au public d'assister à la subtilité d'un jeu se manifestant par les pas feutrés d'une "femme", explorant tous les recoins de la scène, se tordant, parfois, et réclamant des conditions d'espérer face à un homme qu'elle aime, malgré tout, malgré les tortures de tous ordres que sa vie a été à ses côtés. La réussite du metteur en scène Adanzounon reste sa capacité à rendre perpétuellement présente chez le spectateur la psychologie féminine de l'acteur, dans un système relevant, à coup sûr, aussi, de l'adaptation efficace de la pièce par le dramaturge béninois, Hermas Gbaguidi.
De son côté, Léon Zongo a montré une partition par rapport à laquelle la clarté de la voix, les intonations contextuelles et les mimiques appropriées du visage ont achevé de prouver qu'il connaissait son art d'interprétation. Et, la preuve par 9 du jeu qui a réussi est tout simplement le débardeur de dénouement de pièce de l'acteur, un débardeur d'homme qui n'a pu faire éclipser des esprits qu'il incarnait une femme.

Marcel Kpogodo