dimanche 2 juin 2013

Benjamin Déguénon en exposition à l'Espace Kpobly de l'Institut français de Cotonou

Un artiste plasticien jugé pour ses crimes passés

Une exposition inédite ! Et, les Béninois devront se rendre massivement à son vernissage, elle qui s'intitule : "Audience", de l'artiste plasticien béninois de la nouvelle génération, Benjamin Déguénon. Ce vernissage se tient le mardi 4 juin prochain, à partir de 18 h 30. Par une petite interview qu'il a accepté de nous accorder, l'artiste décrit l'exposition, "Audience" qui se déroule du mercredi 5 juin au lundi 8 juillet 2013.


Benjamin Déguénon

Stars du Bénin : Benjamin Déguénon, le mardi 4 juin 2013 aura lieu le vernissage de l'exposition "Audience" qui relève de ton initiative. Qu'y aura-t-il, au cours de cette exposition ?

Benjamin Déguénon : Cette exposition est intitulée "Audience", parce que, quand j'étais petit, je trouvais du plaisir à jeter des pierres à des animaux, à faire du mal à toutes sortes d'animaux que je rencontrais sur mon chemin. Etant devenu grand, aujourd'hui, à travers mes dessins, j'ai commencé à retrouver les âmes de ces animaux auxquels j'avais fait du mal et je me suis dit qu'il fallait leur rendre hommage, puisque je leur avais fait cela inconsciemment  Je sais maintenant que ce n'était pas quelque chose qui était faisable. Alors, l'exposition "Audience", c'est pour un peu essayer de me faire juger par ces animaux. Donc, c'est vraiment une mise en scène qui sera faite et, quand vous entrez dans l'exposition, vous vous sentez comme dans une salle d'audience de tribunal, où il y a le public, l'avocat et les juges.

Nous aurons donc des œuvres, au cours de cette installation ...

Oui, nous en aurons ; elles vont représenter ces animaux qui vont me juger, en quelque sorte. Donc, il y aura pas mal d’œuvres, une trentaine ; il y aura des tableaux aussi, des tableaux qui seront approchés. Parlant de l'exposition, elle sera déambulatoire ; elle commencera dans la Salle Joseph Kpobly de l'Institut français de Cotonou, et l'autre partie de l'exposition, ce sont des œuvres monumentales, géantes qui seront montrées dans le jardin et, c'est autour de ces œuvres qu'il y aura le cocktail pendant lequel nous discuterons de l'art.

Un appel au public ?

Je demande à tout le public béninois de passer voir l'exposition, surtout que c'est l' "Audience" ; quand on parle d'audience, où l'artiste demande à être jugé pour ses faits passés, je pense que c'est quelque chose qu'il faut sortir massivement pour découvrir, voir et comprendre.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo     

samedi 1 juin 2013

Grâce au Projet d'appui à la Filière des arts visuels au Bénin

Le Répertoire des acteurs des arts visuels au Bénin désormais disponible

Un document très important dans le secteur des arts plastiques au Bénin vient d'être publié ; il s'agit du "Répertoire des acteurs des arts visuels au Bénin". Il a été lancé le jeudi 30 mai dernier, à l'auditorium de l'Institut français de Cotonou, devant bon nombre de personnalités dont le premier responsable de la Culture au Bénin.   

Page de couverture du "Répertoire"
12 Départements du Bénin, pour 179 artistes plasticiens, 5 historiens de l'art, 14 journalistes culturels, 7 collectionneurs, 30 associations culturelles, 31 centres d'art, galeries, lieux d'exposition ou de promotion, et 9 musées. La statistique globale que révèle le document intitulé "Répertoire des acteurs des arts visuels au Bénin", lancé le jeudi 30 mai 2013, en présence de Jean-Michel Abimbola, Ministre de la Culture, Sylvain Treuil, Directeur de l'Institut français de Cotonou, Ghislain Bidossessi Fandohan, Coordonnateur à la fois de l'Association béninoise des arts plastiques (Abap-Four P) et du Projet d'Appui à la filière des arts visuels au Bénin (Pafav-Bénin), Babacar N'Diaye, Représentant du Coordonnateur du Programme "Société civile et culture" (Pscc), des membres du Cabinet du Ministre de la Culture, de plusieurs personnalités du monde des arts au Bénin, tels le Professeur Joseph Adandé et Tola Koukoui, metteur en scène reconnu, et d'un nombre impressionnant d'artistes plasticiens.


Ghislain Bidossessi Fandohan, la tête pensante du "Répertoire", cette initiative salvatrice 

Le document pour lequel toutes ces personnalités de poids se sont déplacées est un volume de 275 pages, embellies, chacune, par la photo de l'artiste plasticien exploré qu'appuie une biographie synoptique et au moins deux photos d’œuvres dont il est l'auteur. D'un feuilletage et d'une consultation aisés, ce "Répertoire" réjouit le regard, mettant en valeur un certain savoir-faire graphique. Il se termine, en annexe, par une carte des espaces culturels répartis à travers le Bénin. Un bijou qui est un véritable trésor pour les spécialistes du domaine des arts plastiques, pour les chercheurs, qui voudraient maîtriser, par leurs investigations, la sphère béninoise. Un tel document devrait inspirer les acteurs des autres secteurs de la culture, où, souvent, l'on se plaint beaucoup des acteurs fictifs et nuisibles. Voilà une stratégie, celle du Fafav, qui devrait les aider à faire l'état des vrais acteurs et à éjecter les usurpateurs. Ce bijou est une voie d'assainissement qui ne dit pas son nom, tracée pour tous les autres secteurs de la Culture.    

Jean-Michel Abimbola, Ministre de la Culture
Entre les allocutions respectives de Ghislain B. Fandoahn, de Rafiy Okéfolahan, Président de l'Association "Elowa", ayant apporté une partition décisive à la constitution du Répertoire, du Professeur Adandé, de Sylvain Treuil, de Babacar N'Diaye et, enfin, du Ministre de la Culture, le site web du répertoire a aussi été porté à la connaissance du public : www.beninartsvisuels.com. Rappelons que ce document stratégique qu'est le Répertoire succède aux deux catalogues Harmattan,  réalisés, d'abord, par l'ex-Centre culturel français, et à celui de l'Association "Elowa", conçu à l'issue du Projet "Waba", de l'année 2010. Le "Répertoire des acteurs des arts visuels au Bénin" se révèle comme prenant en compte largement beaucoup plus d'artistes plasticiens. Il se complète, en outre, par d'autres composantes comme les historiens de l'art, les journalistes culturels, les collectionneurs, les associations culturelles et les galeries, notamment. Un grand pas donc de l'Association Abap-Four P dans la constitution d'une riche base de données livresques et numériques dans les arts visuels, exploitables par tous.


Marcel Kpogodo  



Les impressions du Coordonnateur Ghislain Fandohan :

" Je dirai simplement que c'est un sentiment de joie qui m'anime puisque nous venons de franchir un pas, de relever un défi mais, il reste encore beaucoup d'autres qui nous attendent. C'est déjà bien qu'on soit un peu déchargés de ce Répertoire, après son lancement ; il ne restera que sa distribution dans tous les Départements de notre pays. Et, avec cela, nous sommes très heureux d'avoir lancé officiellement ce Répertoire qui sera distribué, dès demain, aux artistes plasticiens, aux associations, aux espaces culturels, aux collectionneurs, aux journalistes culturels recensés et aux historiens de l'art qui y sont.

Pouvez-vous parler très brièvement du processus qui a permis d'aboutir à ce répertoire? 

C'est un long processus qui a commencé par le recensement qui a été réalisé dans tous les Départements de notre pays, comme on l'a dit, et cela n'a pas été facile. de demander, de revenir réclamer des informations. Mais, les artistes, par leur patience, ont contribué, du début jusqu'à la fin. Au terme de ce recensement, nous avons réalisé le Répertoire qui est l'outil de promotion pour ces acteurs recensés, de même que la mise en ligne de ce Répertoire, sur le plan international.

On a entendu dire que certains artistes n'ont pas été pris en compte ....

On a fonctionné selon le Statut de l'Artiste, en vigueur dans notre pays, où il y a trois catégories d'artistes : les professionnels, les semi-professionnels et les amateurs. Le recensement a pris en compte les trois catégories, ce qui fait que le chiffre de 268 les concerne. Mais, pour le Répertoire qui est un outil de communication et de promotion, qui sera distribué dans notre pays et au-delà de nos frontières, nous avons jugé, sur consultation des personnes ressources et des membres du Comité technique qu'on a constitué à cet effet, de ne retenir que les artistes professionnels et les semi-professionnels dans le Répertoire, ce qui a fait que le nombre a été réduit à 179. Mais, sur le site Internet, nous trouverons toutes les catégories puisque, les amateurs, en tant que tels, sont de la catégorie des artistes plasticiens et ils font partie des statistiques.

Après la clôture du Pafav-Bénin, quelle est l'étape suivant à laquelle il faut s'attendre ?

Déjà, au cours de ce Projet, nous avons soutenu les lauréats de Prom'arts Jeunes. En août-septembre, nous prévoyons une exposition internationale pour les artistes de notre pays, avec les artistes de la sous-région.; huit pays de l'Afrique seront invités : le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d'Ivoire, le Nigeria, le Burkina Faso, le Mali et le Niger. C'est pour rompre avec la monotonie, puisqu'à chaque exposition, dans notre pays, on ne voit que les mêmes artistes. On veut faire voir au public, à nos populations, de nouvelles créations d'artistes béninois mais, aussi, étrangers, pour permettre aussi aux artistes béninois de voir autre chose et de se comparer aux artistes de la sous-région, qui sont aussi leurs promotionnaires."

Propos recueillis par Marcel Kpogodo 

Rencontre d'échange du Ministre Jean-Michel Abimbola avec les représentants des journalistes culturels

 Le Fitheb, un événement qu'il faut rebâtir

La salle de conférence du Ministère de la Culture a été le témoin, le jeudi 30 mai 2013, de la rencontre que le Ministre de la Culture, de l'alphabétisation, de l'artisanat et du tourisme (Mcaat), Jean-Michel Abimbola, a tenue avec trois responsables d'associations des professionnels des médias spécialisés dans le domaine de la culture. Il s'agissait pour cette personnalité de réagir concernant les éléments d'information circulant ces derniers jours dans les médias, laissant croire à une immixtion de l'autorité dans le déroulement du processus devant conduire à l'élection d'un nouveau Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). Précisant ses réelles intentions, le Ministre n'a pas caché sa volonté de "redimensionner" cet événement culturel bisannuel d'envergure internationale. 

Jean-Michel Abimbola, Ministre béninois de la Culture
Fortuné Sossa, Président de l'Association des journalistes culturels du Bénin (Ajcb), Happy Goudou, Président du Réseau des Journalistes et animateurs culturels (Réjac) et Marcel Kpogodo, Président de l'Association de journalistes culturels et de critiques d'art pour le développement, "Le Noyau critique", étaient les hôtes du Ministre de la Culture, Jean-Michel Abimbola, en cet après-midi du jeudi 30 mai 2013, à la Salle de conférence de l'institution. Le contexte de son intervention était le Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) qui faisait l'objet de propos de certains de ses acteurs, visant à faire croire que la première autorité de la Culture manifestait une certaine implication dans le processus de désignation de son prochain Directeur, ce que Jean-Michel Abimbola a énergiquement rejeté : "Il n'y a pas de crise ni de remous ni de conflit avec qui que ce soit, nous avons juste un processus freiné de désignation du premier responsable du Fitheb, le temps de tenir des journées de réflexion ". Entouré de plusieurs de ses collaborateurs dont son Directeur de Cabinet, le Secrétaire général du Ministère et le Directeur du Patrimoine artistique et culturel (Pac), il a, par conséquent, expliqué sa vision pour le Festival: après avoir suspendu le dépouillement des candidatures au poste de Directeur ; il entend réorienter, repositionner le Fitheb, de manière à ce que chaque édition de cette manifestation devienne une édition particulière. Et, cela doit passer par l'éradication de certains goulots d'étranglement tels que les textes fondamentaux du Festival, les résultats non encore rendus publics de l'audit exécuté par l'Inspection générale du ministère (Igm). Ainsi, selon le Ministre, les 6 et 7 juin prochains verront se réunir à Grand-Popo, non seulement les autorités de son Département mais, aussi, les membres du Conseil d'Administration du Fitheb et les représentants des fédérations et des associations liées au théâtre béninois, donc, en tout, une cinquantaine de personnes. Voilà donc la mise en oeuvre de ce que l'autorité appellera, au cours de cet échange avec les représentants des professionnels des médias spécialisés dans le domaine de la Culture, un "processus inclusif et participatif sur le devenir du Fitheb". S'étant voulu profondément rassurante, elle attend donc beaucoup de ces assises de Grand-Popo qui doivent remettre en selle le Fitheb, pour plus d'excellence et plus de rayonnement positif.

Marcel Kpogodo       



Déclaration de Jean-Michel Abimbola, Ministre de la Culture du Bénin, sur le Fitheb, le jeudi 30 mai 2013, à la Salle de conférence du Ministère de la Culture, de l'alphabétisation, de l'artisanat et du tourisme (Mcaat) 


"Pour son second quinquennat, la Chef de l'Etat a placé son mandat sous le signe de la ''Refondation". Cette ambition de remettre les compteurs à zéro et de repartir sur de nouvelles et solides bases transparaît dans son projet de société à la présidentielle de 2011, baptisé "En route pour un Bénin nouveau : Ensemble plus loin toujours plus loin", où il disait notamment, parlant de la promotion de la Culture : 

"Notre ambition d'émergence du Béin resterait vaine si elle n'est pas portée par notre culture qui réalise la synthèse de l'âme béninoise et caractérise notre communauté nationale ...

Durant le prochain quinquennat, au regard du potentiel touristique et des nombreux objets d'image positive, de notoriété et d'attractivité culturelle du Bénin, je bâtirai le rayonnement culturel de notre cher pays sur :
          -  la construction d'équipements phares et l'édification d'infrastructures spécifiques  (Grand Théâtre du Bénin, salles départementales de spectacles) qui offrent à nos différentes troupes de théâtre, à nos groupes de musiques et au Ballet national, les commodités d'une pleine éclosion de leurs génies ;
           -   une troupe nationale de théâtre et de Ballet national qui opéreront la synthèse du patrimoine théâtral et musical qu'ils diffuseront dans le monde, grâce aux échanges culturels et diplomatiques du Bénin avec les autres nations ;
          -   la réhabilitation de nos centres historiques, en l'occurrence, les palais royaux, qui seront intégrés dans les circuits touristiques nationaux ;
       -  la valorisation du patrimoine et des collections muséales (musées ethnographiques, musées historiques, musées d'arts et autres), qui constitueront un objectif majeur de ma stratégie ;
             -    les offres événementielles à portée internationale, grâce à l'amélioration de l'appui de l'Etat aux festivals culturels de nos peuples ainsi que l'instauration d'un festival national des arts et cultures des peuples du Bénin, qui se tiendra chaque année et qui donnera à tous les hommes de culture, l'opportunité de se mettre en exergue et de faire parler leurs talents. J'organiserai un audit du Festival International de Théâtre du Bénin, afin d'assurer à ce grand rendez-vous culturel un redimensionnement à la mesure de l'ambition nationale qu'il porte et du rayonnement international que le peuple béninois est en droit d'en attendre. De même, des facilités seront offertes pour appuyer l'organisations de salons culturels de portée internationale au Bénin ..."

Au regard de cette noble ambition de la Haute Autorité de faire de notre culture, un vecteur de développement, je ne peux, en ma qualité de Ministre en charge de la Culture, que saisir au bond cette volonté, en la traduisant par des actes concrets. C'est pourquoi, j'ai voulu, depuis mon arrivée à la tête de ce Département, faire de cette notion de refondation, une réalité, une expression vivante dans toutes mes actions au niveau des quatre secteurs à savoir : la Culture, l'Alphabétisation, l'Artisanat et le Tourisme.

Pour y parvenir, des réformes s'avèrent indispensables, j'allais dire qu'elles apparaissent à mes yeux comme des conditions sine qua non à l'émergence tant prônée par le Chef de l'Etat.

Et comme vous le savez, aucune réforme ne peut prendre corps sans que le cadre juridique ne soit revisité. C'est pourquoi j'ai entrepris la refonte des textes dans d'autres secteurs déjà et, c'est ce qui justifie également la nécessité de nous pencher sur les textes fondamentaux du FITHEB qui comportent en eux-mêmes les germes de la situation que traverse, depuis des années, ce Festival. En effet, une analyse couplée de ces textes (décrets et règlement intérieur) soulève quelques ambiguïtés qu'il va falloir lever."