mardi 31 décembre 2013

Mes 18 coups de coeur de reportages culturels, politiques et de tous autres genres ....

Les personnalités 2013 qui ont impressionné ma conscience ...

L'année 2013 a été si fourni en tous domaines d'événements que les journalistes, toutes rubriques confondues, se sont intensément investis pour relayer, de la manière la plus satisfaisante possible, ces événements, marquants ou non. Personnellement, à la veille de la nouvelle année, je me dois de partager avec les lecteurs fidèles de ce Blog, mes coups de cœur, pour l'année finissante. Avant de lancer quoi que ce soit, je présente mes Voeux de Santé et de Bonheur, de Réalisation de soi à Vous, fidèles lecteurs abonnés de "Stars du Bénin". Que 2014 vous permette de réaliser un significatif pas de plus !

Dieu Esprit-Saint, Chef de la Mission de Banamè : En matière de coups de coeur pour 2013, il y a d'abord, à mon niveau, Gblagada ma su hon do, Papa Yèssissin-Mawu Yèssissin, Mawu Adja lonlon, Daagbo, Dieu Tout-Puissant, Qui fait l'insigne honneur au Bénin de Sa présence à Banamè, dans la Commune de Zangnanado. Un reportage anodin pour corroborer les rumeurs d'imposture et de décalage catholiquement religieux et, je me retrouve nez-à-nez avec Dieu Tout-Puissant, fascinant et déroutant, illisible, à l’œuvre depuis 2009 ...

 

Le Pape Christophe XVIII : Vicaire de Dieu Esprit-Saint, son éloquence véhémente et poignante, sans pareille, réveille les esprits les plus obtus de leurs contradictions, de leurs errements spirituels ...











Boni Yayi : Président de la République du Bénin, Chef de l'Etat, Chef du Gouvernement. Tout le long de 2013, il a fait l'actualité, capitalisant toutes les formes d'analyses ; il tient du roc contre qui s'écrasent les ennemis, et de l'eau qui s'infiltre inévitablement, tenant à bout de bras ses objectifs chèrement disputés et arrachés ...





Angélique Kidjo : Ambassadrice universelle de la musique béninoise : Qui l'eût ? Cette icône mondiale, en concert, entre autres, le 2 décembre 2013, au Théâtre de verdure de l'Institut français de Cotonou, énergique, du haut de ses 53 ans, gamine, branchée, fulgurante, intrépide, vibrante, humble, inspirée, faisant impitoyablement danser Madame l'Ambassadeur de la France près le Bénin et son mari, coachant, comme une maîtresse de classe, les icônes nationales de la chanson comme les Tériba, Zeynab, Sessimè, interprétant, avec son orchestre d'un standing international, plusieurs morceaux mondialement partagés : "Zélié", "Kélélé", "Batonga", "Arouna", "Sèdjèdo", "Sènamou", "Petite fleur", "Malaïka", "Gbè Agossi", "Wombo lombo", "Adouna", "Move on up", "Pata pata", "Afrika", "Agolo", "Tumba", ... Angélique Kidjo, la Diva aux cheveux ocre ...

Dominique Zinkpè : Artiste-plasticien très connu pour ses inspirations fulgurantes, inaccessibles et anticonformistes, corpulence malingre domptant des sculptures gigantesques et des lignes d'une abstraction multidimensionnelle, visionnaire, inventif, son art n'a pas échappé à Roger-Pierre Turine qui, le 3 décembre dernier, a rendu publique, à La Maison rouge, à Cotonou, l'édition du livre intitulé, Les destins de Zinkpè, retraçant la biographie et la démarche artistique complexe de l'homme, une annonce sur fond de l'exposition "Spirit maestria ", s'étant déroulée du 4 au 8 décembre 2013, comme pour concrétiser la valeur de l'homme et la reconnaissance scientifique internationale de son art. Dominique Zinkpè est sur la voie de devenir
ce qu'Angélique Kidjo est actuellement dans le monde entier.

Ousmane Alédji : Directeur du Centre culturel "Artisttik Africa", ce comédien, ce metteur en scène et ce dramaturge de talent se révèle plus qu'honorable, vu sa double envergure de roc et d'eau, faisant courageusement l'épreuve de l'ostracisme culturel mais résistant et défendant sans coup férir la capacité nationale à circonscrire et à réussir des initiatives de promotion de facteurs de la culture authentiquement béninoise. Cette combativité de peau de pachyderme voit clairement son but pendant que beaucoup le croient enlisé ... Il doit souvent rire de leur méprise !

Didier Awadi : Rappeur sénégalais de nationalité authentiquement béninoise, son art vocal et vociférateur a fait trembler les clôtures du Théâtre de verdure de l'Institut français du Bénin, en décembre dernier, donnant juste une esquisse à ses compatriotes de toute la chaleur et de toute la "battance" qui sont le secret de son succès hors du pays natal.
 







Erick-Hector Hounkpè : D'une humilité peu connue et, désigné Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) par le Conseil d'administration de l'institution, son charisme de conteur, d'homme de théâtre et de déclamateur poétique lui donne un blanc-seing, du côté de bon nombre de ses pairs quant à la réussite de sa mission. Pourvu que le Ministre béninois de la Culture, Jean-Michel Hervé Babalola Abimbola, dans ses calculs très serrés, n'oublie pas sa désignation officielle, le Fitheb devant théoriquement se tenir dans trois mois !

Koffi Attédé : Directeur des "Editions plurielles", il manifeste une fougue de réussite qui ne se ressent qu'à travers les résultats probants de ses initiatives. Ses faits d'armes, la conduite, de pair avec Brice Bonou de l' "Atelier ouverture azo", du Projet "Bénin en création" et, particulièrement, du "Concours national "Plumes dorées", depuis cinq années, donne la mesure de l'engagement de ce jeune à voir mener autrement la barque de l'édition, lui qui, à la tête du système "Bénincultures", innove, chaque jour que Dieu lui donne d'user de son inspiration. Bonne relève, n'est-ce pas ?

L'Institut français du Bénin : Cet espace français de la promotion culturelle béninoise, sortant fraîchement de la commémoration de son cinquantenaire, ne cesse de briller par le rôle cardinal qu'il joue au Bénin, et que bon nombre d'acteurs culturels nationaux rêvent de voir le pays s'approprier, rien que par nécessité d'assumer une certaine souveraineté ou par orgueil national, par chauvinisme culturel, même s'ils doutent que le Bénin puisse mieux faire. Dans l'excellence d'assurance d'une partition déplaisante, pour certains, mais incontournable, cette institution, dans les dernières semaines de 2013, a plu par le jeu de la dérision de sa stature de froide structure républicaine française, en se donnant au jeu du défilé de son personnel, devant un public profondément acclamateur !

Sanvi Panou : Réalisateur béninois vivant en France, ses déboires avec Marie-Elise Gbèdo n'ont en rien émoussé son rêve de voir le Bénin, son pays, célébrer un cinéma professionnel et exportable. Mais, s'en donne-t-il les moyens? Oui, sauf que ce tenace brûle souvent les règles de ce petit quelque chose qui fait fondre le compatriote et qui le transforme aisément en un collaborateur de réformes. Mentalité métropolienne oblige !



Dag Jack : Vu et entendu de loin, c'est GG Vikey tout craché. Professeur de musique, maître de son art, il ne publie souvent pas d'album, au grand regret de ses nombreux fans, très tôt consolés dès qu'il monte sur scène. Dag Jack, valeur sûre de la musique béninoise, humble dans son parcours, gagnerait à se mettre au-dessus des sentiers battus de la victoire sur le quotidien.  






Daté Atavito Barnabé-Akayi : Professeur de Français et écrivain intervenant dans plusieurs genres littéraires, il anime, avec ses deux compères, Anicet Mègnigbèto et Armand Adjagbo, la maison d'édition "Plumes Soleil". Prolifique, aussi bien dans sa production que dans l'édition personnelle d'ouvrages, il présente toutes les caractéristiques de la mentalité frondeuse de la nouvelle génération. Rien ne l'effraie ni ne l'arrête ; il poursuit son chemin, défiant, enflammant les entiers battus, explorant, dictant des normes nouvelles, fixant des expériences inédites ...

Laudamus : Tête brûlée des arts plastiques béninois, courageux expérimentateur de la sculpture féminine vivante, créateur alchimique, innovateur inculturé, il n'a de cesse de provoquer pour survivre artistiquement, ce qui le pousse plus loin et donne, chaque fois, une dimension nouvelle à la peinture béninoise. Mordu de cinéma et de promotion d'espace culturel, il se fraie, de manière concomitante, un nouveau chemin dans chacun de ses deux secteurs, brisant les obstacles et se créant pragmatiquement ses leçons. Bonne endurance !


Jolidon Lafia, Zeynab, Jean Adagbénon et les Tériba : La belle symbiose musicale, du 14 décembre 2013, au Théâtre de verdure de l'Institut français de Cotonou, animée par cet ensemble des 4, a ému plus d'un, vu que, logés dans l'interprétation commune des morceaux personnels, ils ont donné l'image de la noyade du "tchédjinnabisme", mentalité noire relevant de la béninoiserie et poussant le Béninois à ne poursuivre que ses intérêts, marchant sur tout. Ils ont montré que le domaine de la musique est en avance sur la société béninoise, toujours emmurée dans ses recherches d'un égoïsme de jour en jour plus délétère. Enchantant et distrayant le public en cette soirée, ils ont, le temps d'une prestation commune, fait aimer la musique profondément béninoise et le Bénin.

Alihossi Gbènonhin Alofan : Son regard parle, plus que toute autre chose, de sa vie artistique mouvementée, cousue de déboires et de sacrifices, de petites joies, de brefs sursauts de satisfaction, mais d'une course quotidienne, lente, sûre, vers la victoire décisive. Métamorphosée en une flamme aiguillonnant son cœur, celle-ci la détermine plus que jamais, dope son espérance, lui donne forme et lui permet de louvoyer parfois à portée de ses mains. C'est ainsi que, discrète mais incrustée dans son milieu professionnel, elle se meut vers ses paires quand besoin est, ne marchandant rien de sa force de travail. Henriette Goussikindey, de la Galerie d'art Saint-Augustin de Cotonou, en sait bien quelque chose ! Alihossi Gbènonhin Alofan n'est pas souvent sous les feux de la rampe. Mais, son talent défie les frontières ouest-africaines, notamment, le temps que son endurance renforce son élan vers des contrées plus lointaines et plus prometteuses.


Tony Yambodè : Inévitablement, ce gagneur a marqué l'année 2013 par la concrétisation sans failles de sa deuxième initiative de promotion culturelle, après le Festival International et itinérant de théâtre des lycées et collèges du Bénin (Fithélycob) : le Bénin révélation stars (Brs). A la fin d'une laborieuse sélection fondée sur une interprétation de morceaux d'artistes confirmés de la musique béninoise, en live et en acoustique, deux lauréats ont été retenus, appelés à  recevoir leurs prix, le 25 janvier 2014, en même temps que sera lancée la deuxième édition de la manifestation. Quelle endurance ! Voilà une effervescence respectable à laquelle aussi bien les structures de financement de la Culture que l'Etat béninois gagneraient à ne pas rester indifférents ; les initiatives ont encore de beaux jours devant elles pour sortir le domaine culturel d'une léthargie tenace et récurrente.
Noélie Houngnihin Noudéhou : Directrice du Festival "Lagunimages", elle a patronné le déroulement de la septième édition de cette manifestation cinématographique, lui redonnant des lettres de noblesse perdues, surtout que, cet événement, qui a eu lieu, du 5 au 9 décembre 2013, a permis la formation, l'initiation d'élèves et le renforcement des capacités d'étudiants en cinéma, garantissant ainsi la naissance d'une génération plus professionnelle dans ce domaine, pour les prochaines années.






Marcel Kpogodo

dimanche 22 décembre 2013

Arsène Kocou Yêmadjè dans une nouvelle dimension artistique


Quand l’humour lui va comme un gant 

Le vendredi 5 décembre 2013, la commémoration, au Palais des congrès de Cotonou, du centenaire de la naissance du président Sourou Migan Apithy, a donné l’occasion au public ayant fait le déplacement de déguster la prestation artistique d’un bon nombre d’étoiles et de groupes. Parmi ceux-ci, le comédien et metteur en scène, Arsène Kocou Yêmadjè, a impressionné par ses insoupçonnés grands talents d’humoriste.


Arsène Kocou Yêmadjè

En cette soirée du vendredi 5 décembre dernier, Arsène Kocou Yêmadjè, connu comme comédien et metteur en scène, a planché devant le public de la Salle rouge du Palais des congrès de Cotonou, en tant qu’humoriste. C’était dans le cadre de la commémoration du centenaire de la naissance du Président Sourou Migan Apithy.
Près de vingt minutes de prestation, dont il a été difficile de sentir l’écoulement, lui ont donné l’occasion de montrer que son coup d’essai dans le domaine de l’humour a été un coup de maître. Dans un genre techniquement dénommé ’’Stand up’’, il a entraîné le public dans l’univers d’un certain médecin dont la préoccupation la plus intense est la rémunération attendue de son client, plutôt que la maladie dont il a le devoir professionnel de le guérir. Tournant en dérision ce genre de personne, il a développé un comique verbal fondé sur des jeux bien mûris de mots, comme dans l’extrait « Vous avez la foi ? Je vous conseille un cancer de foie ! »
Dans un registre de ce genre, il a exploré la complexe psychologie féminine, jouant ironiquement à faire suggérer des réalités assez intimes et licencieuses tout en montrant définitivement qu’il était loin de la rive sur laquelle il a fait accoster le public, ce qu’il a réalisé, notamment, dans un éblouissant jeu entre les mots ’’chatte’’ et ’’chat’’, sans oublier de sauter, en en laissant rien paraître, à un parallélisme entre la femme et la voiture.
Arsène Kocou Yêmadjè, humoriste, c’est le développement d’un autre comique, celui de l’absurde, grâce auquel il déclenche, à plusieurs reprises, les éclats spontanés, forts et francs de rire des spectateurs, manipulant, avec une aisance remarquable, le sens du paradoxe, d’un contraste dont la profondeur s’est révélé par une inspiration sortie des tréfonds de l’imagination de l’homme. Des rires, de même que des applaudissements à tout rompre. Voilà l’accueil que ce public d’une soirée d’hommage présidentiel a réservé à Arsène Kocou Yêmadjè lorsqu’il sortait de scène. Sachant que les Béninois n’ont pas le rire et l’approbation faciles, il n’y a aucun doute que sa prestation, ayant provoqué autant de comportements d’enthousiasme et de satisfaction, dénotait d’une qualité artistique montrant la naissance d’un nouvel humoriste au Bénin.


Selon Arsène Kocou Yêmadjè

Hors de scène, l’artiste a bien voulu se confier à nous, dans le but d’expliquer les tenants et les aboutissants de cette séquence d’humour ayant déchaîné la grande hilarité du public. Selon lui, cette prestation est le résultat de six mois d’écriture et d’à peu près une dizaine de jours de répétition. En outre, s’il a choisi de développer en lui la vocation d’humoriste, c’est pour des raisons d’un pragmatisme lié aux problèmes d’expression du théâtre au Bénin : « Economiquement, le stand-up est bon, rentable ». Ainsi, il permet de faire l’impasse sur des comédiens à payer, sur une logistique contraignante pour les prendre en charge, sur des costumes à financer, sur des artifices à mettre en place : « C’est un théâtre adapté à l’absence de financement des activités artistiques au Bénin », finit-il par conclure, indiquant, par ailleurs, qu’avec l’humour, on peut rire de tout sujet grave, mais qu’on ne peut en rire avec tout le monde. En réalité, il fallait sentir venir Arsène Kocou Yêmadjè dans le genre de l’humour, déjà qu’il avait, quelques mois plus tôt, mis en scène le comédien Alfred Fadonougbo, dans Le leurre, un one man’s show satirique, au Centre culturel Artisttik Africa de Cotonou.   


Marcel Kpogodo 

vendredi 20 décembre 2013

Exposition « Petits formats de Noël »


8 artistes béninois pour des cadeaux ouverts à tous

Bienvenu Abaï


La salle d’exposition de la Médiathèque des diasporas a connu le vernissage de la présentation d’œuvres un peu particulières, celles destinées à être des cadeaux de noël pour la population. C’était le jeudi 19 décembre, en fin d’après-midi, sous les explications de Bienvenu Abaï, Coordonnateur de l’exposition.

L’exposition « Petits formats de noël », débutée le jeudi 19 décembre 2013, se tiendra jusqu’au 23 du même mois, à la Médiathèque des diasporas. C’est ce qui ressort des propos du jeune artiste-plasticien béninois, Bienvenu Abaï, principal organisateur de la manifestation. Aimée Akpinkoun, Eliane Aïsso, Bernardine Eclou, Hermance Donoumassou, Elon-m Catalina Tossou, de même que les caricaturistes Michel Aïssè et Hervé Alladayè, et lui-même, sont les artistes dont les œuvres sont en exposition depuis hier, jeudi 19 décembre. 


De gauche à droite, Hermance Donoumassou, Eliane Aïsso, Bienvenu Abaï, Bernardine Eclou, Elon-m Catalina Tossou
Pour l’intervenant, ils ont décidé de se mettre ensemble pour faciliter l’offre aux populations de cadeaux de noël de moindre coût. Parmi les œuvres d’art, il faut compter des toiles, des livrets de bandes dessinées, des livres et des CD d’instruction syllabique pour enfants et des CD de bandes dessinées politiques, des cartes de vœux de noël, notamment. En outre, Bienvenu Abaï précise que ces œuvres de petite dimension sont faciles à transporter même s’ils sont achetés en grand quantité. 
Des livres, des CD d'instruction pour enfants, des CD de caricature, des bandes dessinées, ...


Un aperçu des tableaux à la portée de tous ...
Concernant les tableaux, il s’agit de prix se situant entre 15 et 100 mille francs Cfa, au maximum, pendant que les cadeaux d’ordre audiovisuel sont dans l’ordre de 2 à 5 mille francs. Par ailleurs, s’il invite les Béninois à se ruer massivement vers ces objets pour les offrir à leurs proches dans le cadre de la fête de noël, c’est qu’ils sont de qualité et fabriqués au Bénin, que l’acte d’achat permet d’encourager la consommation locale, que ces œuvres sont impérissables et qu’ils traverseront donc le temps, d’où une utilisation appréciée dans la durée par ceux qui les auront acquis. Pour lui, toutes les tranches d’âge sont concernées par ces cadeaux, c’est-à-dire, « l’éternel enfant en nous » et, quel que soit notre âge, « nous demeurons enfants et nous avons besoin de cadeaux », finit-il.  


Marcel Kpogodo

mercredi 11 décembre 2013

Propos du metteur en scène béninois, Arsène Kocou Yémadjè, sur une situation absurde au Fitheb


« […] je suis tout aussi occupé que le Ministre de la Culture » 

Le Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) apporte chaque jour son lot de situations ambiguës. Au moment où tout le monde s’interroge sur le sort qui sera réservé à la douzième édition de cet événement culturel d’envergure internationale, une affaire de contrat non honoré vient à nouveau éclabousser cette institution et, par ricochets, le Ministère de la Culture, ce que nous révèle le metteur en scène béninois, Arsène Kocou Yémadjè, à travers cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder, et qui présente d’ailleurs, sa vision puissante et respectable pour le Fitheb. 


Arsène Kocou Yémadjè


Stars du Bénin : Arsène Kocou Yémadjè, vous êtes metteur en scène et Directeur de la Compagnie théâtrale Kocou. La situation actuelle au Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) serait en train de perturber le déroulement normal de vos activités professionnelles liées d’ailleurs à la prochaine édition de cette manifestation culturelle. Pouvez-vous en dire un mot ?
Arsène Kocou Yémadjè : Oui. Très rapidement, je dirai que je suis déçu par la situation, en ce moment. Il n’y a pas longtemps, un appel à candidatures a été lancé par la Direction du Fitheb. A l’issue de cela, Gérard Tolohin et, moi-même, Kocou Yémadjè, tous deux comédiens et metteurs en scène béninois, avons vu nos candidatures retenues. Un contrat a même déjà été signé avec la Direction du Fitheb, depuis le 3 octobre passé. Selon les termes de ce contrat, au plus tard, le 30 novembre, on aurait fini les créations. Celles-ci sont destinées à animer cette salle du Fitheb qui a eu du mal à se faire et que nous avons vu se réaliser, sous la direction de Pascal Wanou, ce que nous saluons jusque-là. Les entre-deux du Fitheb, selon les termes de cette institution, c’est ce qu’on appelle des animations entre deux éditions du Fitheb. Donc, le Festival, en principe, doit pouvoir produire et accompagner des artistes mais, cela, nous ne le voyons que pendant le mandat de M. Pascal Wanou. Nous le saluons aussi d’ailleurs. Il y a des lectures-spectacle que nous faisons, ce qui fait que la maison bouge.
Les créations devaient être faites pour animer la grande salle du Fitheb. Il est dit que ces spectacles pourraient éventuellement participer à l’édition prochaine du Festival.  Apparemment, M. Pascal Wanou, Directeur du Fitheb, ne maîtrise pas la situation, puisqu’il a signé jusqu’aux chèques. Qu’est-ce qui fait que, jusque-là, l’argent n’est pas débloqué pour que des artistes travaillent ? Est-ce au niveau du ministère que se pose le problème ? M. le Ministre  de la culture pourrait nous élucider la situation !? Je voudrais bien.
Nous autres, artistes, sommes des gens très occupés. Je suis donc tout aussi occupé que le Ministre de la Culture, tout aussi occupé que les cadres du Ministère de la Culture, tout aussi occupé que M. le Président de la République qui est un citoyen béninois. Alors, je souhaiterais que, chacun, à son niveau, fasse son travail pour que la nation évolue. Je ne peux pas comprendre qu’après avoir pris cet engagement, qu’après que les artistes qui doivent m’accompagner dans cette aventure ont pris l’engagement de se libérer pour la période de création, que finalement, cela ne se soit pas fait jusque-là. Comment ils nourrissent leur famille et comment je nourris ma famille ? Ce n’est pas nous artistes, qui sommes en train de manquer au contrat. Ce que je veux aujourd’hui, c’est qu’on me dise pourquoi cela ne s’est pas fait. Si M. le Directeur du Fitheb a signé le contrat et même signé les chèques, où se trouve le problème pour que l’argent ne se débloque pas ? Je préfère crier maintenant pour que le Ministre de tutelle lui-même puisse réagir au cas où il ne serait pas au courant de la situation, ce dont je doute fort. J’estime que j’ai le droit de savoir ce qui se passe réellement.
Le Fitheb n’est pas une petite affaire, le Fitheb est une grosse vitrine pour notre pays ; je dirai même, sans vouloir faire des jaloux, au niveau des sportifs, que le Fitheb valorise mieux le Bénin que notre football que nous ne prenons pas véritablement le temps de bien construire. Ce sont les artistes béninois qui font parler du Bénin. Il n’y a pas si longtemps, je discutais avec M. Yves Bourguignon, l’un des pères fondateurs du Fitheb, qui me parlait de l’impact de cette manifestation culturelle sur le palais royal de Porto-Novo quand, dans le temps, il était question de convaincre les dignitaires de cette ville pour qu’ils acceptent que le Fitheb puisse se dérouler au palais royal. Et, quand cela s’est fait, les résultats ont été que les visites au palais se sont multipliées par cent, dès que le Fitheb à commencé à s’y tenir ; les gens venaient de partout, du monde entier, pour le visiter.
Donc, on peut véritablement évaluer ce que c’est que le Fitheb. Pourquoi, à Abidjan, les gens se battent pour que le Masa reprenne ? Il faut qu’on cesse de faire du Fitheb un parent pauvre. C’est, pour moi, l’occasion de remercier tous les gouvernements qui se sont succédé et qui ont continué chacun à leur tour à soutenir le Fitheb. Mais il reste tellement à faire.

Face à l’absence de déblocage des moyens financiers pour mettre en place votre création devant permettre de faire fonctionner la grande salle du Fitheb, confirmez-vous formellement que vous vous êtes rapproché du Directeur du Fitheb pour savoir à quoi serait due cette situation ?
Oui, je me suis rapproché de lui et il m’a dit qu’en principe, tout était fin prêt et, pendant longtemps, lui-même disait que tout allait bien ; la preuve en est qu’à un moment donné, on a dû signer le contrat et, selon lui, d’ici à là, cela devait se débloquer. Jusque-là, cela ne s’est pas fait. A un moment donné, il a fallu attendre que le Conseil d’administration du Fitheb se réunisse, ce qui s’est fait récemment. Le conseil d’administration du Fitheb a été favorable à la poursuite des activités du Directeur actuel, donc au bon fonctionnement du Fitheb. En principe, le contrat et les chèques ayant été signés par celui-ci, le Conseil d’administration étant d’accord pour que les activités se poursuivent, s’il n’y a pas le déblocage des fonds, je ne sais pas où se trouve le problème. Apparemment, le Directeur aussi ne sait pas, jusque-là, pourquoi les fonds ne sont pas débloqués.

Selon lui, qui devrait débloquer les fonds ?
C’est forcément au niveau du Ministère que cela se fait mais, lui, le Directeur, il a fait sa part de travail à cet effet. Si, moi, je monte au créneau pour que le Ministre veuille bien m’entendre, c’est parce que, apparemment, M. le Directeur du Fitheb n’a pas d’autre réponse à me donner. Moi, je voudrais savoir si M. le Ministre est au courant que des créations devraient se faire et que, jusque-là, elles ne sont pas faites pour cette salle du Fitheb qui est réhabilitée et qui doit être animée. Pourquoi, jusque-là, cela n’a pas été fait, alors que c’est prévu, alors que le Directeur est dans ses prérogatives ? Je ne comprends pas, je ne comprends vraiment pas ce qui se passe. Je souhaiterais avoir des réponses parce que, depuis que j’ai signé ce contrat avec le Fitheb, donc, avec l’Etat, je travaille à la création de ce spectacle, de même que chacun des acteurs qui y sont impliqués. Nous n’avons pas osé prendre d’autres engagements ; j’ai décliné pas mal de propositions, compte tenu de ce contrat signé avec le Fitheb, j’ai respecté ma part de contrat en me rendant disponible. Alors, il est de bon ton que j’exige des explications.  Comment je nourris ma famille en respectant des contrats qui ne me respectent pas ?

Peut-on avoir une idée du nombre de personnes que vous avez mobilisées dans le cadre de la réalisation de ce contrat passé avec le Fitheb ?
Il y a une douzaine de personnes qui constituent l’équipe artistique et technique de cette création. Une douzaine de personnes, c’est donc à une douzaine de familles qu’on cause un tort. Même si j’estime que les fonds qui nous sont alloués pour faire la création, c’est-à-dire, quatre millions neuf cent quatre-vingt quinze mille francs (4.995.000 F) Cfa, sont presque minimes, il est de bon ton de dire qu’il est une bonne chose que le Fitheb puisse donner des moyens à des artistes pour créer ; je suis plus fier de dire que j’ai reçu une subvention de l’Etat Béninois que de dire que j’en ai reçu du colon, parce que cela voudra dire qu’enfin, dans mon pays, on commence à comprendre que la culture est importante pour le développement.

Dans votre propos, vous avez, à plusieurs reprises, interpellé le Ministre de la Culture. Vous êtes-vous rapproché de ses services pour voir à quel niveau se trouvait le blocage par rapport au décaissement des fonds ?
Je ne me suis pas rapproché du Ministre de la Culture, ni du Ministère; c’est pour cela que je parle par voix de presse parce que, justement, comme je le disais tantôt, je suis tout aussi occupé que M. le Ministre de la Culture et les cadres du Ministère. Et, j’ai horreur d’aller demander audiences sur audiences, parce qu’on sait combien c’est difficile de rencontrer une personnalité politique. Moi, je suis une personnalité artistique comme tout artiste ; c’est nous qui représentons notre pays, notre culture à l’extérieur ; si le monde n’était pas à l’envers, c’est auprès des artistes qu’on demanderait audience. Et, pourtant, pour nous rencontrer, nous autres, ce n’est pas si compliqué que cela. Si je sais que j’ai horreur de perdre du temps à demander audiences sur audiences, je sais aussi que je peux facilement parler à M. le Ministre, très respectueusement, à travers la presse, c’est pour cela que je le fais.
Ne pensez-vous pas que ce blocage de votre financement soit un peu lié à la situation actuelle au Fitheb ? La désignation d’un nouveau Directeur ?
En principe, cela ne devrait pas être lié à cela. J’estime que mon pays est encore un pays où l’on peut être raisonnable. M. Pascal Wanou n’a pas fini son mandat puisque nous ne sommes pas encore en janvier. Il a le droit de prendre des initiatives et de mener ses activités, encore que le Conseil d’administration n’y trouve pas d’inconvénients.  Nous avons appris que le Conseil d’administration du Fitheb a désigné un nouveau Directeur en la personne de M. Erick-Hector Hounkpè. Cette désignation a été accueillie avec joie et, pour cause, l’homme qui a été choisi est un homme respectable, un artiste convaincu et capable de bien diriger l’institution. Ce que je déplore et que je veux encore déplorer ici, c’est qu’on attende toujours la veille de l’événement pour passer à un autre Directeur. Ce n’est pas normal. Dans un pays où l’on sait ce que c’est véritablement que d’organiser un festival, c’est au moins un an avant qu’on installe le nouveau directeur, c'est-à-dire qu’il commence à travailler avec le directeur sortant en vue d’un bon passage de témoin. Donc, je pense qu’il faut rompre avec les mauvaises habitudes.
Et, l’autre chose que je voudrais dire, c’est que, nous avons la chance, en tant qu’artistes, de voyager de par le monde ; il n’y a pas longtemps, j’étais au Festival d’Avignon qui est l’un des plus grands rendez-vous du théâtre au monde ; les deux co-Directeurs, Hortense Archambault et Vincent Baudriller, viennent de passer dix ans à la tête du Festival d’Avignon. Le Festival est fortement soutenu par l’Etat français.
Il n’y a qu’au Bénin qu’un festival de l’envergure du Fitheb se dirige sur quatre ans. C’est une énormité jamais vue ailleurs dans le monde. Que voulez-vous demander comme bilan à un directeur de festival qui ne le dirige que pendant quatre ans ? Et, pire, en quatre ans, il n’organise que deux fois le festival. Faisons un constat simple. Depuis que le Fitheb existe, il n’est pas doté de moyens techniques suffisants, pas d’assez de projecteurs, pas de matériel son, ni de véhicules de transport de matériel, etc., alors que de petits festivals arrivent à s’équiper. Si un directeur ne reste pas assez longtemps, comment peut-il améliorer le fonctionnement de l’institution ? De toute façon, pour diriger correctement un festival, on a besoin d’organiser un minimum de cinq, à six, à sept fois l’événement, le temps de prendre le pool, de s’installer, de tâtonner, de maîtriser puis de faire grandir le festival.  Qu’on le veuille ou non, l’envergure du Fitheb est telle que l’événement est une fierté, non pas que du Bénin, mais de l’Afrique. Alors, il est temps que nous grandissions d’abord dans la tête pour que la fierté nationale prenne le devant au détriment des ambitions personnelles.

Concrètement, pensez-vous que le prochain Fitheb peut encore avoir lieu en mars 2014 ?
En principe, le rendez-vous est fixé pour 2014 ; on a intérêt à ce que cela tienne en mars 2014. Je ne sais pas où en est la machine Fitheb, par rapport à cela …

Est-ce que vous pensez que cela soit techniquement possible, avec un Directeur sortant qui est toujours en fonction et un Directeur désigné qui n’est pas encore installé ?
Techniquement, c’est très difficile mais, objectivement, il n’est pas bon que l’événement n’ait pas lieu. Et, pour cela, il faut aller le plus vite possible.

Aller le plus vite possible, cela suppose quoi ?
Cela suppose qu’il faut mettre qui il faut à la place qu’il faut. Cela suppose que si Erick-Hector Hounkpè a été désigné par le Conseil d’administration, il faut déjà prendre les dispositions pour qu’il soit investi dans ses fonctions. C’est de cela qu’il s’agit. Mais, on entend parler de réformes. Oui, il faut qu’il y ait des réformes pour faire évoluer le Fitheb mais, en quoi les réformes qu’on est en train d’entreprendre doivent-elles retarder l’installation du nouveau Directeur ? On ne change pas les règles du jeu en plein jeu ; ce n’est pas normal. Les réformes, oui mais, il faut savoir quand les faire, il faut prendre le temps d’y penser. Pourquoi ne pas commencer à faire un travail sur les réformes, pendant qu’on a fini un événement et qu’on est entre deux événements, par exemple ? On a, alors, largement le temps de faire des réformes, d’expérimenter des choses ; ce n’est pas en fin de mandat et à l’approche d’un nouveau Fitheb. Je ne sais pas concrètement ce que les réformes vont pouvoir donner. Je ne sais pas si ce sont les réformes dont on nous parle qui bloquent les activités du Fitheb en ce moment ; il y a des créations qui doivent être faites. Encore que, ce que je ne comprends pas, c’est qu’il y a un budget disponible. il faut laisser la Direction du Fitheb fonctionner comme il faut. Si le budget qui est encore disponible ne s’utilise pas, que nous dira l’Etat béninois ? Il dira : « En fait, le budget qu’on vous alloue est déjà tellement trop gros que vous n’arrivez pas à l’épuiser. Donc, désormais, on le reverra à la baisse ». C’est normalement comme cela que cela fonctionne.

Par rapport aux idées que vous venez d’émettre sur le fonctionnement futur du Fitheb, en vous inspirant du Festival d’Avignon, les avez-vous proposées au Comité de Suivi mis en place, entre temps, par le Ministre de la Culture, suite aux Journées de réflexion de Grand-Popo ?
Comme je suis souvent en train de voyager, je n’étais pas là, lors des travaux du Comité de suivi, mais j’ai écrit un petit texte par lequel j’ai soumis ces idées à Alfred Fadonougbo qui est à la tête du Réseau des comédiens du Bénin, dont je suis le Secrétaire général. Mais, je suis persuadé que, par pur intérêt, il y a plein d’artistes qui ne veulent pas de ce système qui veut qu’un directeur de festival soit élu pour longtemps. Moi, je ne cherche pas, un jour, à diriger le Fitheb, je suis un artiste de plateau. Mais, il y en a, parmi nous, des artistes qui ont les capacités de diriger le Fitheb. Il y en a qui ont les capacités de diriger  et, ceux-là, il faut les soutenir. Tout Directeur, en venant à tête du Fitheb, doit pouvoir, en partant, l’améliorer très sensiblement.
Depuis que cet événement existe, il n’a pas véritablement d’infrastructures ; jusqu’au Fitheb passé, on avait toujours des problèmes de projecteurs, alors que cette manifestation culturelle devrait pouvoir avoir de l’équipement son et lumière. Si cela ne se fait pas, c’est parce qu’on ne peut pas élire un directeur qui viendra faire plus de quatre ans pour mettre en place un bon plan d’équipement du Festival ! Ce dont je parle là, je voudrais franchement que M. le Ministre s’y penche, prenne des dispositions pour qu’on en finisse avec cette histoire de quatre ans au Fitheb. Faites le bilan de ce processus et vous verrez que les gens se succèdent à la direction du Fitheb sans que grand-chose ne change. Il y en a qui font des efforts, c’est clair mais, depuis que le Fitheb existe, il n’arrive pas à s’équiper comme il faut, c’est quand même dommage ! Qu’on aille jouer à Abomey, à Bohicon, à Porto-Novo et qu’on ait encore des problèmes de projecteurs, des problèmes de salles, des problèmes de son, ce n’est pas normal ; il y a des lieux privés qui n’ont pas autant de moyens, qui n’ont pas le centième du budget du Fitheb et qui arrivent, petit à petit, à s’équiper mais, pourquoi pas le Fitheb ? Mettez quelqu’un pour dix ans et jugez-le sur ce qu’il a pu faire.

Si nous revenons à cette situation du contrat que le Fitheb de Pascal Wanou a signé avec vous et qui n’est pas encore honoré, en ce qui concerne le financement, avez-vous un mot de fin ?
J’ai un mot de fin : je voudrais dire très respectueusement à M. le Ministre de la Culture de bien vouloir se pencher sur cette situation, parce que je ne sais plus à qui parler, il est mon ministre de tutelle ; je passe par la voie qui, à mon avis, pourrait être la plus rapide, celle de la presse, pour lui dire de bien vouloir dénouer la situation. Je pense que M. le Ministre serait honoré de voir ces créations se faire et voir la grande salle du Fitheb s’animer. Donc, je voudrais attirer son attention sur le fait qu’il y a des blocages que je ne connais pas, que je ne maîtrise pas ; il pourrait éventuellement essayer de voir ce qui fait que cela ne se règle pas. Je sais qu’il est très occupé, tout aussi occupé que moi, mais je souhaiterais qu’il fasse un petit effort pour vérifier ce qui se passe.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo